
plaifirs de la table. Celui-ci demande un fite frais
& ombragé, une p erfp eâ iv e égayée.
Un autre bâtiment champêtre peut être voué
à la danfe & à la mufiquè , un autre à l’étu
d e , un autre au fom meil, d'autres au x jeux
variés que le loifir de la campagne permet.
T o u s ces édifices font le charme des maifons
de campagne. O n peut les multiplier autant que
le goût & la fortune du propriétaire l'exigent.
Mais leur détail étendroit trop cet article ; on le
réferve au mot Batimens champêtres. ( Voyez
Champêtres batimens ).
C A M P A N E , f. f. mot dérivé du latin campana,
qui fignifie cloche.
C 'eft le nom qu’on donne au corps du chapiteau
corinthien , q u i, dénué de feuilles 8c de tous
les ornemens acceffoires dont il eft environné ,
reffemble effectivement à une cloche renverfée.
Le corps du chapiteau corinthien s’appelle aufli
quelquefois vafe, quelquefois tambour ; & le rebord
qui touche au tailloir s’appelle levre.
Les noms qu’une certaine analogie de formes,
& une rencontre fortuite de configuration , ont
fait appliquer à certaines parties de l’architeâure,
ont produit quelquefois des équivoques dont il
n’eft pas toujours aifé de fe garantir. A in f i , le
rapport qui fe trouve entre la forme du corps du
chapiteau corinthien & celle d’un v a f e , a fait
croire à plus d’u n e . perfonne que—l’architeéture
s’étoit propofé cette imitation dans la forme de »
c e chapiteau. L ’hiftoire de Ca llimaque, à qui la
rencontre d’un panier ou d’un v a f e , revêtu de
feuilles d’acanthe, fuggéra l’idée d’appliquer cette
plante à la décoration du chapiteau corinthien,
ont encore accrédité cette croyance futile d’une
imitation imaginaire dans la forme du corps du
chapiteau. C e n’eft pas ici le lieu de développer
la véritable raifon de cette méprife : je renvoie
c e détail à la théorie de l’ordre corinthien. ( Voyez
Corinthien. ) Il fu f fit , pour en appercevoir ici
l ’o r ig in e , de remarquer que le mot de vafe emp
lo y é à la dénomination du corps du chapiteau,
ne doit pas plus indiquer l’imitation d’un vafe ,
que celui de campane, plus ufité en c o re , n’y dé-
figne l’imitation d’une cloche. C e que l’on peut
dire de raifonnable à cet égard, ainfi qu’à l’égard
de beaucoup d’autres formes de l’archite&ure, c ’eft
que fi l’imitation doit toujours produire la reffem-
blance , la reffemblance n’eft pas toujours une
preuve de l’imitation.
Campane ( terme de décoration ) , ornement de
fcu lpture, en manière de crépine , d’où pendent
des houppes en forme de cloch ettes, pour un
dais d’a u te l, de trône , de chaife à prêcher, & c .
T e lle eft la campane de bronze qui pend à la corniche
compofite du baldaquin du Saint-Pierre à
Rome.
Campane de comble. O n appelle ainfi certains
o rnemens de plomb, chantournés & vu id é s ,
qu’on met au bas du faîte & du brifis d’un comb le,
tels qu’on en vo it de dorés au château de Ver-
failles.
Campanes. ( Voy ez Gouttes. )
C AM P A N IL E , f. m. C e m o t , tranfporté de
l’italien en françois', eft fynonyme de clocher
8c fignifie un édifice deftiné à fufpendre les
cloches.
Nous donnons trois noms différens à ces fortes
d’éd ifice s; la v o ir , tour, clocher & campanile. Ne
ferqient-ils pas fufceptibles, quoique le plus fou-
v en t on les emploie indiftin&ement, d’exprimer
les différences de forme 8c de difpofition qu’on
y remarque? C ’eft ce dont on v a juger.
Parmi les conftruâions appropriées à l’ufage des
clo ch e s , il en eft de forme entièrement pyramidale
, qui s’élèvent au-deffus du comble des églifes,'
principalement 'des gothiques ; c’eft c e que l’on
nomme le plus fouvent clocher ou flèche. Il en eft
d’autres qui font partie des façades des églifes,
& fe trouvent ordinairement au nombre de deux ;
c ’eft ce que nous nommons tour. Elles font def-
tinées au fupport des groffes cloches ou bourdons,
& à la décoration des façades. Il y en a une troi-
fième efpèce en forme d e tour ronde ou quarrée,
qu’on bâtit tout près des ég life s , mais dont elles
ne font point partie. On les voit fur-tout en Italie,
où cet ufage eft général : on les y appelle du nom
générique campanile. C ’eft à cette troifième claffe
de conftruéfion que nous appliquons particuliérement
ce mot : c ’eft d’elle que nous allons parler
ici.
L ’Ita lie , je viens de le d i r e , eft remplie de
ces édifices, Ils font l’ornement des v ille s , qui
toutes ont cherché à s’y furpaffer en hauteur, en
richeffe 8c en magnificence.
On vante fur-tout le campanile de Cré'mone, qui
eft auprès de la cathédrale, & d’où l’on voit tout
le cours du Pô 8c des vaftes campagnes qu’il ar-
rofe. C e t édifice a trois cens foixante-douze pieds
de hauteur, y compris la croix. O n monte pour
aller jufqu’aux cloches quatre cens quatre-vingt-
dix-huit marches : la partie quarrée n’a que deux
cens quarante-fept pieds de hauteur : elle eft fur-
montée de deux parties oiftogon.es à jo u r , ornées
de colonnes, enfuite d’une partie conique & d’une
c r o ix , qui font encore cent vingt-cinq pieds. Aufli
il n’eft pas étonnant que cette tour paffe dans le
pa ys pour être la plus haute de l ’Europe. La
manière dont l’aiguille eft fupportée par les colonnes
a quelque chofe de lurprenant.
Le campanile de Florence eft une tour de deux
cens cinquante-deux pieds de hauteur fur quarante-
trois pieds en qua rré, toute incruftée de marbre
n o ir, rouge & blanc. Il fut bâti fur les deflins de
G io t to , comme fon infcription l’annonce ; & malgré
les veftiges de gothique qui s’y trou v en t, on
ne peut s’empêcher d’en admirer le travail & la
richeffe. Le deflin eft en compartimens, ce qui
en rend le coup-d’oeil fort gai. L ’empereur Charles-
Qu in t d ifo it , dans le raviffement où il en étoit.»
mie la laiffer aux yeu x du public étoit la prof- j
tituer, & q u e lle méritoit d’ être dans un étui. On
monte’ au haut de ce campanile par un efcalier de
quatre cens fix marches , pour jouir parfaitement
de la vue de Florence & de fes environs. {Voyez
Giotto 1 R ,
La grande é lé v a tion , jointe au peu de Date,
a occafionné , à plufieurs de ces édifices en Italie ,
un affaiHement fenfib le, & des hors d’à-p lom b
très-remarquabh s. On trouve que plufieurs campaniles
ont fubi une inclinaifon plus ou moins
eonfidérable : ect effet eft lenfii le à celui de Ra-
venne , à celui de Pad oue, 8c à celui de Sainte-
Agnès à Mantoue , mais particuliérement à ceux
de Bologne 8c de Pife.
Celui de Bologne , qu’on appelle la tour de
Garifendi, bâti en m o , a cent quarante-quatre
pieds de hauteur, 8c huit pieds deux pouces d’in-
clinaifon. On a fouvent répété que cette inclinaifon
étoit le réfnhatdu c a p r h e& d’un jeu v o lontaire
de l’architefte : cependant il eft certain
que l’intérieur de la to u r , les tablettes des fenêtres,
& jufqu’aux trous qui fervirènt à l’échafaudage
, tout a la mènie inclinailon : cela femble
affez prouver que cette pente ne vient que de
raffaifltment du terrein , comme à Pife. O n fut
même autrefois obligé d’ abattre le fommet de cette
tour, parce qu’il menaçoit ruine. On ne fauroit
douter que la folidité ne vienne de fa conftruc-
tion , qui eft de briques liées av ec un cimen t, qui
femble n’en faire qu’un feul morceau , 8c rend fa
décomposition beaucoup plus difficile. Si l ’on vou-
loit encore une preuve que cette inclinaifon eft
accidentelle, on la trouveroit dans la tour voi-
fine appellée degli afinelli, qui a trois cens fept
pieds- de hauteur, 8c trois pieds 8c demi d’incli-
naifon : mais la pente de la première eft fi frappante,
qu’on n’apperçoit pas l’affaiffement de celle-ci.
La campanile de P i f e , qu’on appelle campanile
jlorto ou torre pendente , eft un des plus remarquables
ouvrages de ce genre. Sa forme , qui n’eft
ni d’une mauvaife proportion , ni mal décorée ,
eft celle d’un cylindre environné de huit rangs
de colonnes, pofés les uns fur les autres, ayant
chacun leur entablement. Le dernier rang qui forme
le clocher eft en retraite. Toutes lès colonnes font
de marbre, Sc paroiffent avoir été tirées des ruines
d’anciens édifices. Chacune porte deux retombées
d’arcades. Il y a un intervalle fufiifant pour paffer
entre les colonnes 8c le mur circulaire de la tour.
Sa hauteur jufqn’à la plate-forme eft de cent
quarante-deux pieds. Si l’on jette un plomb de
deflùs la plate-forme en bas . on trouve qu’il s’éloigne
de douze pieds de la bafe de la tour. Te lle
eft la mefure qui en a été prife p a rM . SoufRot,
lors de fon premier v o y a g e en Italie , 8c qu’il
publia dans le Mercure d’o âo b re 1758 , avec un
deflin de la coupe de cette tour , qui décide toute*
les queftions qu’on pourroit agiter fur la manière
dont elle a été conftruite.
O n a déjà p a rlé, au mot Ap iOMB ( voye^ ce
mot ) , de l’incUnaifon du campanile de Pife ; il
en fera queftion encore au mot Inclinaison
( voyez cet article ) , où l’on traitera cette matière
en détail.
Un plus grand nombre de deferiprions n’ajou*
teroit pas beaucoup aux connoiffances que comporte
cet article. O n trouvera au 'm ot T o u r les
observations relatives à la conftruêïion, à la difpofition
8c à la décoration de ce genre d’édifice,
dont l’ufage eft devenu depuis quelque temps beaucoup
moins général.
C AM P EN ( J acques Van) , architeâe b o l-
landois, mort en 1658.
Il naquit à Harlem , d’une famille illu ftre, 8c
fut feigneur de Rambrock : il s’appliqua d abord
à la peinture par amufement ; 8c l’on raconte que
comme il alloit à Rome pour fe perfectionner dans
cet a r t , une vieille difeufe de bonne aventure lut
prédit qu’ il en deviendroit archite&e ; que lh ô te l-
de-ville d'Amfterdam feroit brûlé ; 8c qu’ il en conf-
truiroit un beaucoup plus beau. Carnpen plaifanta,
comme tout homme raifonnable , fur une pareille
prédiéfion. Cependant il devint très-bon architecte ;;
8c l’hôtel-de-ville d’Amfterdam ayant été entièrement
confumé par les flammes, il fut choifi
pour le rebâtir ; ce qu'il exécuta avec autant d e
goût que de magnificence.
L ’hôtel de-villé d’Amfterdam e f t , fans aucune
comparaison , lé plus bel édifice de toute la Hollande
; il eft fupérieur à tout ce que l’on con~
rioît ailleurs en ce genre. La grandeur dé fa maffe |
la régularité de fon plan , la beauté de fa conf-
truClion, fa richeffe, les Angularités curieufes qu’on
y remarque tant au-dedans qu’an-dehors ; les beaux
ouvrages de peinture 8c de fculpture qu il renferme,
tout contribue à le mettre au rang des principaux
monumens de l’Europe. E n fin , pour f e
fervir des termes de ceux qui en ont fait la def-
cription , « l’on peut dire que c’eft un abrégé de
» tout ce que. le bon g o û t , tant ancien que mo-
n derné, a pu raffembler; 8c que ce chef-d’oe u v re
» de l’art fera l’admiration de la poftérité la plus
» reculée n.
C e t édifice eft fondé fur treize mille fix cens
cinquante-neuf pilotis, joints en femble dans un
endroit marécageux, où il é toit impoflible de fondefc
autrement.
Son p lan , qu’on v o it à la pi; 2 4 6 , offre
un grand quarré, qui s’étend fur une longueur
dé-' deux cens quatre-vingt-deux pieds , 8c en a
deux cens vingt deux de barge. On peut en . dmirer
la régularité, la fym m é t r ie , la belle en ten te , la
diftributioh , aufti grande que commode , & les.
dégagemens faciles. La figure qu’on mer fous les.
yeux nous dii’penfera d’entrer dans le détail d e
toutes fes parties;
L’on vo it à la planche 2 4 7 , la principale f i*
çade de cet édifice ,. confidèré. du côté de la plac e
du Dam. Sa largeur eft de deux cens quatre-vingt?-