
h a u t , & de la foibleffe du filet qui eft fur la plinthe,
qu’on ne doit pas s’étonner fi lesanciens n’en ont point
fait ufage.( f'o y^ F iG . i 8. j Auffi ne l’admettons nous
ici que pour diftinguer les ordres par ce que chacun
d’eux peut avoir de particulier. Delorme a propofé
une bafe Ionique, qu’il dit avoir trouvée dans des
édifices antiques. Elle eft différente de celle de V i -
truve pour ce qui eft du caractère, & en ce qu’il
met deux aftragales de groffeur différente entre la
plinthe Sc le filet de la première fcotie.
Les moulures de la bafe du piédeftal Ionique qui
font au nombre de deux à l’ordre Tofcan , de trois
au Dorique , font ici ordinairement au nombre de
quatre ; la v o ir , félon Perrault, une doucine avec
fon filet , & un cavet avec fon filet au-deffous. Pour
avoir les- hauteurs de ces moulures , le tiers de la
bafe y qui au Tofcan eft divifé en fix & au Dorique
en fep t , eft ici divifé en huit. On donne quatre
de ces parties à la doucine & une à fon f ile t , deux
au cavet & une à fon filet. La faillie du cavet eft
d’un cinquième du peut module , à prendre du nu
du dez $ celle du filet de la doucine eft de trois.
Le caractère de cette bafe eft pris de l’ordre Ionique
du temple de la Fortune Virile y & il n’en diffère
qu’en ce qu’il y a un filet entre le haut de la doucine
& le filet du cavet , & que le filet de la doucine eft
extraordinairement gros. Palladio & S c amo zz i, au
lieu du petit filet qui eft entr# la doucine & le cavet,
mettent un aftragale.
Bafe Corinthienne. Les architectes venus immédiatement
après Vitruve ont inventé une bafe pour la
colonne Corinthienne qui femble être uncompofë de
la bafe antique & de l’ionique. V itru v e , ainfi qu’on
l’a d i t , laifie au Corinthien la liberté d’emprunter
la bafe de l’ionique & fes diverfes parties : & l’ionique
a v o it , félon lu i , le choix ou de la bafe que nous
venons de décrire où de la bafe Attique. Il paroit donc
que l’Attique fe vit alors plus particulièrement adoptée
par le Corinthien : les plus anciens monumens nous
le prouvent. Les colonnes du monument de Lyficrate
à Athènes ( dit la lanterne de Démofthène ) ont la
bafe Attique , mais fans plinthe. Elle étoit probablement
en ufage pour cet ordre , du tems de Vitruve 5
ou du moins la nouvelle bafe, dont nous allons parler
, n’étoit pas encore inventée, puifqu’ il n’en dit
rien. Mais elle ne tarda pas à l’être 5 car on la voit
au Panthéon qui fut bâti peu de tems après cet .
écrivain. Cette bafe qui depuis s’eft trouvée allez généralement
confacrée au Corinthien , & que tous les
architectes modernes ont unanimement adoptée , eft
beaucoup moins vicieufe que la bafe Ionique, quoiqu’elle
ait encore des imperfections. Elle paroît manquer
d’unité dans fon delïin, & annoncer la duplicité
de compofition dont elle eft le réfultat. Elle femble
en outre trop délicate, & manquer d’un certain air
de folidité fi convenable & fi néceffaire à toute bafe 5
les moulures intermédiaires en font fi fines qu’au moindre
choc elles doivent fe brifer.
L a bafe Corinthienne a deux tores comme la bafe
Attique, deux aftragales & deux fcoties comme l'ï<>.
nique. Pour prendre un terme milieu entre les petites
diverfités de proportions qu’on rencontre parmi les
ouvrages anciens & les modernes, on trouve que
toutes, les hauteurs des membres peuvent fubir la
divifion de quatre en quatre. Le demi-diatnétre de la
colonne fait la hauteur de la bafe. La quatrième
partie de cette hauteur fait celle de la plinthe. La
quatrième du reftant eft pour la hauteur du tore d’en-
haut. Le quart du refte eft pour les aftragales du
milieu qui ont chacun la moitié de ce quart 5 & toujours
dans la même proportion , le quart de ce qui
refte entre chaque tore & chaque aftragale, eft pour
le gros filet de la fcotie qui doit toucher à chaq ie
tore. Enfin le quart du reftant eft pour le petit filet
qui doit toucher à l’aftragale j & le dernier refte eft
pour la fcotie. (Foye^ F ig. j 8.)
Les faillies fe règlent à l’oidinaire par les cinquièmes
du petit module, de manière que le grand tore ,
ainfi que la plinthe , a de faillie trois - cinquièmes
depuis le nu de la colonne ; les aftragales & le gros
filet de la fcotie inférieure deux cinquièmes j le tore
d’en-haut & les.petits filets des fcoties un cinquième,
& trois-quarts de cinquième ; & le gros filet de la
fcotie fupériëure un cinquième & demie.
'Dans les proportions de cette bafe donnée pat
Perrault, il n’y a de différence avec l’antique que là
mefuredes fcoties qui font égales ici, tandis que, chez
les anciens, elles font prefque toujours de grandeur
inégale , celle du deffus étant plus petite que l’autre.
L a méthode de les faire égales fe trouve être celle de
prefque tous les maîtres modernes.
Un tore , une doucine avec fon f ile t , & un talon
avec fon filet en-deffus forment la bafe du piédefial
dont ils font la quatrième partie. Après avoir donné
au. focle de la bafe les deux tiers de cette même
bafe, on partage l’autre tiers en neuf parties , dont
on donne deux & demie au tore , trois & demie à la
doucine ( la demie eft pour le filet ) , deux & demie
au talon , & une demie à fon filet. L a faillie du tore
eft celle de toute la bafe. Celle de la doucine eft
de deux cinquièmes , & trois quarts du petit module :
celle du talon , avec fon f ile t , eft d’un cinquième.
Le caradère de cette bafe eft pris'de Palladio qui a
imité celle de l’arc de Conftantin; Celle-ci ne diffère
de l’autre que par le talon & l’aftragale. Au x autels
du Panthéon on remarque la même différence : elle
confifte en ce que le talon a un aftragale qui lui tient
lieu de filet.
Bafe Compofite. L a bafe de la colonne de cette
efpèce. d’ordre , ne diffère de la Corinthienne, qu’en
ce qu’elle a ordinairement un aftragale.de moins. Du
refte elle eft la même que la précédente, comme
nous l’indique l’arc de Titus , le plus ancien monument
de cet ordre. Quelquefois auffi il reçoit la bafe
Attique, Le temple de Baechus* l’arc de Vérone, !«•
tkrihes de Dioclétien en font foi. V ignole cependant
fait à fon Compofite une bafe particulière1 qu’il a
pii(c d’un ordre Corinthien des thermes de Dioclétien.
Elle ne s’éloigne de celle du Corinthien que
par l’afiragale qu’elle a de moins entre les deux , &
par le déplacement de l’autre aftragale qui fe trouve
entre le grand tore & la première .fcotie. Mais fon
ufa<*e n’a point prévalu. Cet aftragale qui fe trouve
feul entre deux filets étant un membre foible & mal
foutenu par des fcoties , rend cet endroit de la bafe
trop mince & trog aigu. Il femble que le caradère de
cete bafe foin pris fur celui des bafes du temple de la
Concorde , lefquelles, au lieu des deux aftragales &
dès deux filets qui font entre les fcoties , n’ont qu’ un
feul filet. Cette méthode eft encore moins fuppor-
table que celle de Vignole , dont l’aftragale eft au
moins accompagné & foutenu d^ deu x filets.
La bafe du piédefial 9 avec le focle , f a i t , de même
que dans tous les autres ordres, le quart du piédeftal
entier, & fans le fo c le , le tiers de la bafe entière.
Cette bafe , fans le focle , eft compofée de fix
membres j c’eft-à-dire d’un de plus que dans le Corinthien
: car ces bafes, comme on a pu le v o ir , vont
augmentant progreflivement & de hauteur & de nombre
& de moulures. Ces fix membres font un tore ,
un petit aftragale , une doucine avec fon f ile t , un
gros aftragale & un filet faifanc un congé avec fe
nû du dez. Pour avoir les hauteurs de ces membres ,
on divifé cette partie de la bafe , -fans le focle , en
dix parties, dont on donne trois au tore , une au petit
aftragale , une demie au filet de la doucine , trois &
demie à la doucine, une & demie au gros aftragale ,
& une demie au filet qui fait le congé. Les faillies •
étant prifes à l’ordinaire , de la cinquième partie du
petit module , on en donne une au gros aftragale ,
deux & deux tiers au filet de la doucine , la faillie
du tore étant égalé à celle de toute la bafe , laquelle
eft pareille à fa hauteur.
Les proportions & le caradère de cette bafe diffèrent,
dans l’antique, comme chez les modernes. A
rarc.de Titus elle eft compofée de dix membres
entre lefquels il y a une fcotie. A l’arc de Séptime
Sévère, elle n’en a que quatre 3 à celui des Orfèvres
elle en a cinq. Scamozzi a donné à fon ordre Corinthien
la baJt \ qui eft au Compofite de l’arc de Titus, j
La proportion qu’on vient de donner eft moyenne
entre celle de l’arc de Titus & celle de l’arc de Septime
Severe, dont l’une eft chargée de trop d’ornemens,
&1 autre eft trop fimple pour un ordre compofé de
tous les autres.
Les règles qu’on vient de donner ne fo n t , comme
on l’a d it, qu’un réfultat moyen entre les différentes
pratiques des anciens & des modernes. Le
plus ou le moins de rigidité, dans leur obfèrvance ,
ne conflitue point le mérite de l’axchitede , qui
refte toujours le maître, luivant le befoin , de
^ rier , de réduire ou de multiplier les membres
les P it ié s des bafes , félon la forme ou le
caradère de fes édifices. Le goût ou la mefure de
leurs ornëmens comporte encore moins de règles &
de principes pofitifs.' En général , tout ornement
affoibit la partie fur laquelle on l’applique, foit en
la mafquant, foit en atténuant la forme elle-même
qui en eft revêtue. Dès lors on fent affez avec quelle
économie on doit les diftribuer aux membres d’ar-
chitedure , dont l’emploi annonce la néceffité d’une
force auffi réelle qu’apparente. Les Romains nous
. ont laifie des exemples du goût le plus vicieux dans
ce genre. Il nous eft parvenu plufieurs de leurs bafes
dont tous les tores , & jufqu’aux moindres lifteîs,
font couverts & furchargés d’ornemens. Lorfque la
richeffe générale de l’ordonnance paroîtra l’exiger ,
on pourra introduire quelques détails d’ornemens
dans les moulures des bafes. Mais on obfervera ,
i ° de choifir ceux qui feront les plus légers, & donc
la nature ne tend point à altérer la configuration
des membres. z ° Les bafis étant ordinairement à
portée de la vue , on traitera ces ornemens d’une
manière douce , & l’on évitera ces taillées trop vives
qui font difparoître la forme primitive des moulures.
30 On n’en placera que fur les moulures principales
, ayant foin de laifler nues les petites’ parties,
qui fervent alois de nuance & de liaifon , & font
briller, par leur repos, les détails des autres.
BA SE. On appelle fouvent de ce nom les pie—
deftaux , foit des colonnes , foie des ftatues. ( V o y e z
Piédefial & Stylobate, )
BASE, (confiraflidn. ) On peut donner auffi ce
nom au deffus des fondemens .fur lefquels on doit
ériger un édifice. Il faut que la bafe fur laquelle on
veut élever une conftrudionfoit folide & proportionnée
à fa grandeur, à fa forme & à fon élévation. ( V o y e z
Fondemens.")
BA SE A T T IQ U E ou A T T IC Û R G E . C ’eft une
bafe qui a deux tores & une fcotie , & qu’on applique
aux ordres Dorique , Ionique , & quelquefois
auffi au Corinthien. C ’eft même particulièrement à
ce dernier que Vitruve l’avoit a ffedée avant l ’invention
de la bafe Corinthienne. Il paroît qu’elle fur
appellée attique , parce que les Athéniens furent les
premiers1 qui la mirent en ufage. ( V o y e z bafe èc
Attique. )
BA SE C O N T IN U É E . Efpèce de retraite ornée
de quelque moulure , comme d’un tore fupérieur avec
fon filet & adouciffement, qui fe trouve à la bafe
d’un pilaftre ou d’une colonne , & qui fert de ceinture
au pied d’un bâtiment ou d’un étage. C ’eft
encore celle dont le profil eft continu fur toute la
longueur de la façade d’un bâtiment , comme à la
galerie du Louvre du côté de la rivière,
B A SE D E F R O N T O N e f t , dans un fronton, la
corniche horizontale ou de hiveau qui eft oppofée
à l’angle du fomraet.