
chapiteaux fupportent des arcades. T ou te la cou- !
verture de l’égliffe eft en plomb.
L e tambour de la coupole eft décoré extérieurement
par quatre-vingt-huit co lon n es, qui fou-
tiennent des arcs fur lelquels pofent des ornemens
de marbre , qui forment comme une efpèce de
couronne. Ce tte coupole ne mérite d’être citée
que comme un des premiers effais de ce genre
de conftruâion chez les modernes : ni fa forme,
ni fa grandeur, ni fa hardieffe , ni fa décoration,
ne peuvent fouffrir de parallèle a v ec le refte de
Téglife. ( Voyc^ COUPOLE. )
Bufchetto mourut à Pife , oit il a fon tombeau
fur lequel on lit l’épitaphe fuivante. O n la rapporte
ici dans l’état où elle fe trouve maintenant.
B l/S K E T . IACE . . . HIC . . . INGENIORUM
D u LICHIO . i . PREVALU ISS E DUC1
SlENIB' JL1ACIS CAUTUS DEDIT ILLE RUINA
HUJUS AB ARTE V IR I MENIA MIRA VIDES
CALLI D IT AT E SUA NO CUIT D U X INGENIOSU
UT I LIS SSTE FUIT CALLiDIT AT E SUA
N lG R A DOM’ LABERINTHUS ERAT TUA DEDALE LAUSE
AT SUA BUSKETU SPLENDIDA TEMPLA PROBANT.
N HABET EXPLU NIVEO DE MARMORE TEMPLUM
Ç)UOD FIT BUSKETI PRORSUS AB INGENIO
RES S IB I COMMISSAS T EMPLI CU LEDERET HOSTIS
PROVIDUS ARTE SUI FORTIOR HOSTE F U IT .
MOLIS ET IMMENSE PELAGI £U A S T R A X IT AB IMO
F AM A COLUMNARUM TOLLIT AD A S TRA VIRUM
EXPLENDIS A FINE DECEM DE MENSE DIEBUS
S e p t e m b r i s GAUDENS DESERÏT E X IL IUM .
U n e autre infcription nous apprend qu’il avoit
des connoiffances fupérieures dans la méchanique,
& qu’il favoit faire m ouvoir de très-grands fardeaux
a v e c très-peu de forces.-On y lit que dix jeunes
filles é le vo ien t, par fon m o y e n , des poids que
mille boeufs accouplés n’auroient pu remu er, &
qu’un vaifleau de charge n’auroit pu porter en
pleine mer. V o ic i l’infcription elle-même:
Q u o i v ix m ille bouum p o jfen t ju g a ju n c ta m o v e rt
E t q u o i v ix p o tu it p e r mare ferre r a t i s ,
B u fc h e tti n i f u , q u a i e ra t miraille vifu ,
D e n a pue llarum tu rba le v a v it opus.
Q u e lle que puiffe être l’hyperbole poétique de
ces vers , il eft certain que l’éreétion de toutes les
colonnes d’un feùl morceau qui compofent l’intérieur
de la cathédrale de P ife , dut exiger des
moyens méchaniques dont on n’avoit eu jufqu’aJors
ni l’id é e , ni le b e fo in , & l’homme qui le premier
les mit en oeuvre dut étonner fes contemporains.
L e monument de Bufchetto donna au renouvellement
de l’architeéhire une impulfion fenfrble.
D ’abord il excita une noble émulation dans les
principales villes de la T o fc an e , & devint le principe
de la reftauration du bon goût. C ’eft ce que
Vafari reconnoît aufti quand i l dit : Fu rarijfimo
Bufcheto che dîede prtncipio al miglioramento degfî
ard del difegno in Tojcana, e*fu gran cofa mener
mano a un corpo di chie fa coji fatto , di cinque na-
vate , e quafi tutto di marmo , dentro e fuori. On ne
fait pas précifément fi Bufchetto forma des élèves:
mais ce qu’on vo it clairement, c’eft que fon édifice
en produifit une foule d’autres. P ife , Lucques,
P if to y a , F lo ren c e , fe difputèrent alors la gloire
de donner des modèles, ou de furpaffer dans leurs
copies ceux de leurs voifins C ’eft à-peu-près à cette
époque qu’on rapporte le baptiftère de Florence
& celui de Pife ( voyei Baptistère ) , les églifes
de Saint-Martin à L u cqu es, de Saint-Paul à Piftoya,
des Saints Apôtres à Florence. Mais le grand avantage
du monument que je viens dè décrire fut
d’avoir fait revivre les ordres G re c s , & d’avoir
préparé , pour des fiècles plus heureux , une efpèce
d’école d’architeâure antique, où les reftau-
rateurs du bon goût prirent des leçons & trouvèrent
des modèles.
C e t édifice n’a point encore ceffé de l’être depuis
le renouvellement de l’architeéhire. Parmi les frag-
mens qui le compofent, on retrouve des morceaux
d’ornemens de la plus belle manière grecque,
des chapiteaux du meilleur goût I des profils les
plus pu r s , & un grand nombre de détails clafliques,
dont il feroit à fouhaiter qu’on pût faire un recueil
, aufti intérefiant pour les amateurs de l’antiquité,
qu’utile aux artiftes.
BUSIRIS ( v i l le antique de la baffe E g yp te ) ,’
à laquelle a fuccédé la v i l le , o u , pour mieux dire,
le village de Ba a lb a it, qui n’occupe qu’une des
hauteurs artificielles fur lefquellés étoit probablement
bâtie la v ille de Bufiris.
Pockocke place cette v ille capitale du nome
Bufirite dans le D e l t a , un ftade à l ’eft du canal
Thabaned , dont une pa rtie , à ce qu’il c ro it, eft
l’ancienne branche Mendefenienne du Nil : mais
il fuppofe que le canal Bufiritique, paffant par
Baalbait pour fe rendre dans la branche Phatni-
t iq u e , on perça un canal jufqu’à la rivière Mendefenienne
, qui étoit plus au n o rd , comme ou
peut le voir dans la carte d’E g y p te , & que c’eft
vraifemblablement ce canal qui fait partie du canal
Thabanea.
Bufiris femble avoir été inconteftablement an
lieu qu’occupe Baalbait, & qui eft le milieu du
Delta. I l étoit fameux par fon temple d’ Ifis. Les
ruines qu’on retrouve à Baalbait feroient un indice
fuffifant pour reconnoître Burifis. Ecoutons
les détails que Pockocke nous en a rapportés.
« O n y vo it les ruines d’un temple qui paffe pour
un des plus beaux qu’il y eût en Egypte. Il eft
bâti de granit ; & il paroît par les hiéroglyphe*
& les chapiteaux des c o lo n n e s q u ’il fut confacré
à Ifis ».
« Autant que j’ai pu en juger par les fondations,
il avoit deux cens pieds de long fur cent de large :
car ce n’eft plus qu’un monceau de décombres.
11 y a tout a u to u r , à la diftance de cent pieds,
une
nue levée de te r r e , pourxle garantir des inondations
du N i l , avec une entrée de chaque côté.
Les murailles du temple avoient dix pieds d’épaif-
feur, & étoient revêtues par dehors de granit gris
tacheté de rouge : le dedans étoit d’un très-beau
granit rouge ».
ic Je mefurai les pierres , & je trouvai que la
plupart avoient dix pieds de long fur cinq pieds.
& demi de large. Les colonnes, qui font toutes
brifées & de granit ro u g e , ont quatre pieds de diamètre
: la tête d’Ifis leur fervoit de chapiteau.
Les Turcs détruifent tous les jours ces monumens
précieux , & fe fervent des colonnes pour en faire
des meules de moulin. Je conjeéturai qu’il pou-
veit y avoir eu quatrè rangs de douze colonnes
chacun dans ce temple ».
u Mais ce qui fixa particuliérement mon attention,
fut la fculpture exquife des hiéroglyphes :
car quoique les figu re s , qui ont environ quatre
pieds de hauteur, foient dans le goût E g yp tien ,
il y a quelque chofe de fi divin dans le maintien
des divinités & des prêtres, que je n’ai jamais
rien v u de pareil. J’obfervai plufieurs morceaux
de marbre rare & précieux , qui v raifemblablement
font les reftes des ftatues qui ornoient
le temple ».
B U S T E , f. m. mot tiré de l’ italien B u jlo , corfage.
I H H
C ’-eft la partie fupérieure d’une figure fans bras,
depuis la poitrine, pofée fur une plinthe, fur un
piédouche où fur un focle. Les anciens l’appel-
ïoienL hcrma, du mot hennés. Mercure , parce
que l ’image de ce dieu étoit fou vent répréfentêe
de cette manière chez les Athéniens.
La tê te , cette partie principale du corps humain
, que la natu re, par une prédileélion particulière
, a choifie pour le fiège de l ’entendement;
qu’elle femble avoir enrichie d’une manière p riv ilégiée
des organes de tous les fen s , q u i , dans
la mobilité des traits du vifage , préfente le miroir
fidèle de l’ame, & une efpèce d’abrégé de l’homme
phyfique & moral, fut .fans doute le premier objet
qui fixa les regards de l’im itation naiffante.
Quand la nature des chofes ne nous indique-
roit point la vraifemblance de ces premiers effais
de l’imitation, les monumens de l’art nous em-
pêcheroient d’en douter. Qu elles que puiflent être
les caufes' religieufes ou allégoriques qui ont concouru
à perpétuer chez les Grecs l’ufage des hermes ;
quelle que foit la liaifon très-apparente de forme
qui rapproche les hermès grecs des gaines é g y p tiennes,
dont les momies furent fans doute le type
premier » toujours eft-il certain que l’ inexpérience
& la timidité de l’art naiffant contribuèrent à répandre
ces repréfentations imparfaites du corps
humain; & que fur cet article, comme fur beaucoup
d’autres , la fuperftition devint l’appui de
1 ignorance.
Les termes ou hernies qui nous font reftés
ArchïteElure. Tome J,
des anciens, fié nous ont confervé au refte que •
la traditiqn des premiers pas & des efforts int-
puiffans d’un art au berceau. T o u s ceux que l’on
connôît font les fruits d’un art perfectionné ; mais
les différentes efpèces qui forment les diftinétions '
que l’on fait en ce g e n r e , nous indiquent trop
clairement tous les degrés par lefquels l’art a paffè ,
pour qu’on puiffe fe refuler à vo ir dans ces repré- '
fentations un développement fu cceflif des progrès
de l’imitation ( 'Voyeç Hermes 6* T ermes). •
La première & la plus fimple efpèce dû hermes
eft celle qui fe termine en pyramide renvërfée
ou en gaine par le bas. C ’eft en bloc la forme*
que préfente un homme dont les bras pendans
font appliqués le long du co rps, & dont les jambes
font ferrées l’une contre l’autre. U n e forme de
tête placée fur cette efpèce de c ô n e , f u t , dans
les premiers temps, le ligne plus que la repré-
fentation de l’homme. La fculpture parvint à ap-
percevoir les dimenfions principales du corps
humain dans cette maffe informe. Peu à peu elle
les marqua; la forme des épaules s’arrondit ; o a
diftingua lés hanches; on v it fortir les pieds^Sc
Dédale enfin ofa féparer les jambes.
Mais c’eft: dans cette première ébauche, ou ,
pour mieux d ire , dans cette ombre d’imitation
du corps humain , que je crois retrouver l’origine
des bufles. Le nom que les Grecs & les Latins donnèrent
à ce genre de repréfentation , le prouve encore
moins que l’ufage a fiez général <où ils furent
de placer leurs buftes fur des gaines, non point
à la manière des modernes , qui n ’en font qu’un
fupport amovible , mais de façon à» ce que le bufle
f ît partie de la gaine elle-même , foit qu’ il fût
du même b lo c , foit qu’ il fe plaçât après coup
fur elle.
C e t ufage nous explique celui de ces deux barres
ou anfes de méta l, qu’on v o it à deux buftes dé
bronze à Po rtici, dont on retrouve l’indication
dans les trous d’un grand nombre de bufles en
marbre, qu’on ne peut fuppofer avoir fervi en
tenou pour l’infertion des bras, qui ne purent
jamais y être adaptés, & qui paroîtroient également
inutiles à la commodité du tranfportd’un bufté
am o v ib le, fur un fupport qui en feroit indépendant.
Ces tenons ou anfes fervoient & étoient
néceffaires au tranfport des bufles términés en
g ain e, ou qui en faifoient partie. Aufli les retrouvons
nous à quelques hermes de la villa d’A lb an i,
à un terme gravé pl. 36 du 3e volume des peintures
d’Herculanum, & à des bufles dont la forme
nous indique qu’ils firent inconteftablement partie
d’un terme. Ces termes , qui n’étoient pas toujours
de bronze ou de marbre , fe portoient dans les
cérémonies & les procédions ; & cette forme d’anfes
étoit la feule qui pût en rendre le tranfport commode
& facile. Elle fervoit encore à attacher les
guirlandes dont on ornoit & eovironnoit le terme.
T o u s les bufles n’étoient pas deftinés à s’adapter
Bfcb