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nit , telles qu’on en voit*en tant d’endroits de Rome ,
8c qui ont é t é , pour la plupart , trouvées dans les
thermes. Elles étoient de grandeur différente. (Voyci
Baignoire. )
Piranéfi penfoit que tout le terre-plein , autour
des grands thermes , étoit voûté 8c rempli de chambres
pour les bains. Mais, outre que les bains, dont
nous venons de parler, & ceux qui etoient dans les
o-rands thermes , paroilTent plus que fuffifaus pour
contenir le nombre de trois mille perfonnes , 8c les
feize-cens fiéges dont parlent Spartien & Olimpiodore;
on voit par les fouilles faites dans les jardins Gavotti
& Carciofolo , qu’ il n’y a d’autres fouterrains que ceux
qu’ il falloit pour conduire l’eau des rélervoirs aux
grands thermes , & des grands thermes aux bains
dont il vient d’être parlé.
D e s B a i n s C h a u d s .
Les bains d’eau chaude fe prennoient dans des falles
échauffées par des fourneaux ou conduits de chaleur
pratiqués fous le pavé. Vitruve dit que l’eau deftinée
a l’ulao-e des bains chauds, étoit contenue dans trois
grands vafes d’airain, dont un renfermoit l’eau froide,
le deuxième l’eau tièd e , le troifîéme l’eau chaude.
L ’eau fe communiquoit d’un vafe à l ’autre par la
moyen de trois petits tuyaux ; de manière que, lorf-
qu’on droit de l’eau du vafe d’ eau chaude, elle fe
trouvoit tout de fuite remplacée par une égalé quantité
d'eau tiède ; & cette dernière par de l’eau q u i, à fon
to u r , étoit remplacée par celle qui venoit du réfervoir.
Ces vafes n’étoient pas difpofés de manière qïl’on
pût fe fervir de l’eau tiède plutôt que de l’eau chaude
{ car il n’y avoit que cette dernière qui arrivoit dans
le bain) ; mais ils étoient ainfi difpofés, afin que l’eau
chaude qu’on tiroit pour le bain, étant remplacée
par de l’ eau tiède , il fallut moins de tems pour la
réchauffer. I l faut cependant obferver que la chaleur
de l’ eau dépendoit du tems qu’elle étoit reftée
dans le vafe d’eau chaude. On voit cet arrangement
parfaitement exprimé dans une ancienne peinture des
bains de Titus , rapportée par B ellon. Elle fait voir
que les conduits de chaleur pratiqués fous le pavé
des appartemens des bains que Vitruve appelle Suf-
penfura , s’étendoient fous les bains chauds , & en
partie fous l ’endroit ou l’on fe deshabilloit. Pour
entretenir la chaleur , il y .avoit , d’efpace en efpace ,
des fourneaux cii l’on faifoit du feu ; ils avoient affez
d ’élévation pour qu’un homme pût y entrer.
On voit encore, par cette peinture, que le vafe
d’eau chaude étoit placé au-deffus d’un fourneau , à
une plus grande hauteur.que le payé des bains ; &
qu’il n y avoit qu’une voûte fort mince qui le fépa-
roit du fourneau. Le vafe d’eau tiède , pofé fur un
gradiu plus élevé, n’ étoit échauffe que par la chaleur
qni fe communiquoit du premier fourneau , dans un
fécond , vuide, fait en forme de tuyau de cheminée ,;
8c féparé de la cheminée du fourneau par un cloi-
fon fort mince. Dans cette' cloifon , çonftruite probablement
en briques, étoit un trou par lequel pntroit
B A I
la flamme 8c paffoit la chaleur. C e vuide ou tuyau
étoit divifé, a la hauteur où pofe le premier vafe,
par une petite voûte qui féparoit un endroit moins
chaud, au-delfus duquel étoit une fécondé voûte : fur
celle-ci pofoit le vafe 'd’eau tiède , qui , par ce
moyen, fe trouvoit féparé de la chaleur dii^deuxieme
tuyau -par deux efpaces & deux voûtes. Enfin le
troifîéme vafe qui recevoit l’eau froide du réfervoir,
étoit placé fur le plus haut gradin , & fepare des
tuyaux échauffés par deux grands efpaces vuides&
deux voûtes : ainfi la pofition de ce dernier vafe ne
devoit pas beaucoup changer la température de l’eau
qui y arrivoit.
On pourroit conclure de cet arrangement que l’eau
couloit & fe renouvelloit fans ceffe dans les bains. II
paroît aulli que les cuves dans lefquels on prennoic
les bains chauds , étoient femblables à celles, de la
place du Palais ;Farnèfe ; ( Vyye^ Baignoire. )
qu’elles pouvôient contenir plufieurs perfonnes j &
quenfin les bords fervoient à s’appuyer 8c à s’affeoir,
comme on l’a dit précédemment.
C o n s t r u c t i o n et D i s p o s i t i o n
D es Fourneaux & Conduits de chaleur.
Vitruve entre à ce fujet dans un détail allez cir-
conftancié. Il fa u t , dit-il , commencer à faire une
aire en pente , carrelée avec de grandes briques d un
pied 8c demi en quarré. Cette aire devoit être dif-
pofée de façon qu’une boule qu’on jettoit- par la
porte du fourneau ne pût être arretée nulle part > &
revînt fortir par la même porte, De .pçtte manière,
la flamme ou la chaleur pourra parcourir tous les
détours & vuides des conduits pratiqués fous le
pavé. ,
Pour former le double plancher qui couvre ces
vuides , 8c que Vitruve appelle Sufpenfura, on.con-
ftrù it, à des diftances égales., de petits piliers en
briques , de huit pouces en quarré , efpaces de deux
pieds de milieu en milieu. Ces piliers dévoient avoir
environ deux pieds de hauteur dans 1 endroit ou la
pente étoit la plus baffe. Quand ils étoient bien arrafés
de niveau , on pofoit deffus des briques de deux
pieds en quarré , dont les angles portoient fur chacun
des piliers , de forte qu'un feul recevoit les angles de
quatre briques. Il reftoit autour de chaque pilier 16
pouces de vuide ou d’ifblçmènt. Au-deffus de l ’efpèce
de plancher _de briques , pofé fur ces piliers, on
faifoit une aire de tuileau pilé , broyé avec de la
chaux qu’on recouvroit d’un enduit fin , ou d un pave
de mofaïque. Cependant, comme les briques qui p0'
fsient fur ies piliers pouvoient fe caffer avant que
faire du deffus eût acquis affez de confiftance pour
fe foutenir indépendamment de la brique, pour pllis
de folidité , on voûtoit les efpaces d’un pilier a
fautre. / . • ' ,'f , .
On trouve parmi les ruines de l’ancienne ville a
Pompéii les relies d’un bain particulier avec ®s
étuves. Le double plancher en Sufpenfura étoit forme»
à - p e u - p r è s ,
B A I
à-peu-près , de la manière dont on vient de l'expliquer
, avec cette différence qu’au lieu de petits piliers
en briques , ce font des tuyaux de terre-cuite faite
exprès. Ces tuyaux font terminés par deux efpèces de
-carreaux avec un trou au milieu ; ils ont dix-neuf
pouces de hauteur ,& environ quatre pouces 8ç>demî
de groffeur par le milieu. Le quarré du bas a huit
pouces, 8c celui du haut fix pouces ; ce qui a sûrement
été oblèrvé pour leur donner plus de bafe. Ces
tuyaux font pofés debout fur une aire en pente,
comme le preferit Vitruve. Ce lle-ci eft carrelée en
grandes briques de huit pouces, quarrées : chaque
tuyau eft placé de manière qu’il recouvre l’endroit
où fe réunifient les angles des carreaux ; de forte
qu’ils font efpaces de dix-huit pouces, de milieu en
milieu. Au-deffus de ces tuyaux eft un plafond formé
par un double rang de briques , auffi de dix-huit
pouces en quarré, dont chacune pofe fur quatre
tuyaux ; fur ce double plafond eft une aire en mortier
fait avec du tuileau pilé’, de la pouzzolane 8c du
rapille. Cette aire eft recouverte d’un pavé en mofaïque.
'
Le lieu qui fervoit d’étuvé eft fort petit. Son
plan eft un reélangle de dix pieds de lon g , fur cinq
de large , terminé par une niche qui forme un fiége
par le bas. On y entré par une très-petite porte qui
eft a l’autre extrémité dans un angle. Comme les
murs de cet endroit font à moitié démolis , & qu’ ils
n’ont guères plus de deux à trois pieds d’élévation,
on ne peut pas favoir s’il étç>it voûté ; ce qui, eft
très - probable ; mais on devine encore moins de
quelle manière il étoit éclairé , ou s’il ‘ recevoit
même la lumière du jour.
Le pavé de cette étuve , ainfi que du bain chaud
qui étoit à cô té , eft élevé d’environ deux pieds 8c
demi, de plus que celui de la place où eft l ’entrée du
fourneau. On voit encore dans le même endroit un
relie de tuyau de plomb qui conduifoit l’eau dans
les bains chauds. Il a environ, deux pouces & demi
de diamètre extérieurement. C ’eft dans cette pièce
qu’étoient les fourneaux pour les chaudières où l’on
échauffoit l’eau. On ne v o i t , dans l’étuye , aucun
veftige du laconicum dont parle Vitruve ; feulement
du coté du fourneau, on a pratiqué dans le mur un
renfoncement quarré avec un banc. Cette place devoit
etre beaucoup plus chaude que celle de la niche du
fond , .ainfi' l’on fe plaçoit dans l ’ime ou dans l’ autre,
fuivant le plus ou le moins de chaleur qu’on défiroit.
Dans,un autre endroit des ruines de la même v ille ,
ôn trouve une autre étuve dont le plan e ft circulaire
avec .un, gradin 8c des.niches dans le, pourtour. Elle
<ft éclairée par un trou rond d ’un pied & demi environ
diamètre pratiqué dans le milieu de la voûte. C e
<rou pou-voit être aufli l’endroit où l’on- plaçoit le
boucher d’airain dont parle'Vitruve , qu’on éleyoit ou
qu on abaiftoit plus ou moins , pour augmenter, ou
pour diminuer la chaleur de Tétuve". . ' :
La, peinture .tirée des bains de Titii? nous.repré-
«nte Létuye. quârrée & .entpurée par je. bas de deux
Architecture* Tome / .
B A I 1 9 3
rangs de gradins avec des niches pratiquée? daus
trois faces. L a quatrième face eft occupée par des
croifées qui répètent les niches. Au-deffous des croi-
fées eft le laconicum. Il paroît que c’étoit une efpèce
de poêle rond , bâti eu briques , 8c couvert par une
voûte fphérique, au milieu de laquelle eft un trou:
par ce trou paffe une chaîne attachée à un globe de
cuivre qu’on tenoit fufpendu à une certaine- hauteur
au-deffus d’un tuyau rond qui communiquoit a*
fourneau fouterrain.Oa élevoit plus ou moins le g lobe,
félon le dégré de chaleur qu’on vouloir donner.
Il y a quelques années qu’on découvrit à Pidme
un bain qui mérite qu’on en faffe ici mention. L e
badin étoit revêtu d’un enduit de ciment <{uï avoir
acquis une fi grande dureté qu’on a jamais pû parvenir
à le diffoudre , pour en analyfer 1« fubftance.’
Ce t enduit avoit un palme Romain d’ épaiffeur ; il
étoit dans le cas de réfifter non-feulement à la chaleur
de Kean , mais encore à l’ad:ion de tel plo-
giftique que ce fût.
Les Romains avoient introduit par-tout l’ufage 8c
les pratiques dii bain ; les pays les plus éloignes du
centre de leur empire confervent encore des veftiges
d’édifices où l’on retrouve les mêmes procédés de
bâtir. On a découvert à Wroxter , dans le Comte
de Shrop , une petite chambre quarrée dont le pavé
é^oit conftruit de la manière fuivante. Il y avoit quatre
rangs de piliers en briques de huit pouces en quarré ,
maçonnés avec un ciment rouge très-fin. Ces piliers
étoient pofés fur un carrelage en briques d’un pied,
en quarré. Le plafond , au-deflus des piliers, étoit
formé par des briques quarrées de deux pieds & d’une
dureté extraordinaire. L ’aire, au-deflus, étoit com-
pofée d’un mortier fait de tuileaux pilés ; 8c de gros
gravier. Autour des murs intérieurs étoient fixé s,
par des crampons de fer , des tuyaux dont l ’extrémité
inférieure aboutiffoit aux plafonds en grandes
briques qui formoxent le plancher au-deffus des
piliers. L ’autre bout venoit à la fuperfîcie du pavé
fupérieur. Il étoit recouvert par un1 rang de briques.
Chaque tuyau avoit deux trous oppofês pour faciliter,
la communication de la chaleur.
A Hope qui eft a fix milles de C h e ftè r , ùn jardinier
, en bêchant la terre, découvrit une partie de
bain qii’ori a reconnu être de conftruclion Romaine.
C ’étoit un hypocaufte long de cinq aunes , fur quatre
de largeur, 8c d’une demie-aune de hauteur. Il étoit
entouré de murailles taillées dans le ' roc. Le pavé
inférièùr étoit de briques pofées avec du ciment. L e
plafond étoit foutenu par des pilieirs de briques. Ces
briques qui paroiflbient polies avoient en plufieurs
endroits des trous au-deffus defquels il. y avoir des
tuyaux de brique qui fervoient à diftribuer la chaleur.
On lifoit fur quelques-unes de ces briques »
L E G , X X . d’où l’on infère que cet hypocaufte
avoir été.' conftruit par la vingtième légion qui fe
nommoiti la V iE lo n e u fe& .qui étoit alors en gar-
nifon à Chefter.
Pour ce qui concerne les voûtes des bains chaudsj
B h