
feu eft trop dangereux dans de pareils endroits.
Une table & quelques fièges fufnfent à l’ameublement
de cette pièce.
Le cabinet proprement d i t , ou le lieu de trava
il & d’étu d e, ne fauroit avoir ni des proportions
bien déterminées, ni des règles fixes de décoration.
Sa grandeur & fon cara&ère doivent
dépendre de la qualité du propriétaire, de la nature
de fon état & du genre de fes occupations.
Si c’eft un homme public , dont le cabinet doive
être ouvert à tous ceux qui ont affaire à l u i ,
cette pièce aura de la grandeur & fera fufceptible
d’un goût de décoration fimple & n o b le , & dif-
tindfe de celle qui doit convenir au falon. Le
falon eft un lieu de converfation , de plaifir & de
repréfentation. 11 permet tous les genres de luxe
dans l’ameublement & l’ornement ; mais tous ces
objets feroient déplacés dans un cabinet tel que
celui dont on parle. Deftiné aux affaires graves
& à recevoir des hommes de toute condition, il
demande un ftyle fage & rejette tous les orne-
mens fuperflus. 11 n’y faut rien qui puiffe partager
l’attention , rien d’incompatible avec la décence
qu’on doit au public.
C e cara&ère de fimplicité n’exclut pas cependant
toute efpèce de décoration. Ce lle qui réfultè
particuliérement de l’a rch iteâure, de l’application
des ordres , convient à ce genre de pièces. Mais ,
pour obferver les véritables nuances, de caractè
re , on n’y admettra que l’ordonnance férieufe
du dorique. Les membres des corniches & profils
, fi l’on y introduit d’autres ordres, feront
tenus liftes ou le moins découpés qu’il fera pof-
fible. Les ftatues & les buftes pourront y trouver
place ; mais l e . choix des fujets ou perfonnages
n’y fera point indifférent. O n rejettera toute figure
qui '-n’y- entreroit que comme objet de curiofité.
Les tableaux, les bronzes, les bijoux font deftinés
à un autre genre de cabinets.
Si le cabinet de travail ou d’affaires exige un
f ty le de gravité & de n o b lefle, le cabinet d’étude
permet plus de grâce & de légéreté dans fes proportions
& dans le fty le de fa décoration. Des
peintures & des ornemens allégoriques y figu--
reront fans aucune difconvenance ; les objets même
de fimple curiofité pourront y être admis, de
manière cependant qu’il n’en réfulte point cette
confufion capable de diftraire l’efprit & l’attention
de l’homme qui étudie. En général, le g®ût
feul de Farchite&e peut difpofer de la forme &
de la décoration des cabinets ; & tous les pré-
cep tes qu’on peut donner à cét égard font fuboj»-
don nés à trop de convenances particulières, pour
qu’on puiffe en faire des loix générales.
L ’expofition des cabinets ne dépend pas moins
de la diverfité de leurs ufages. 11 eft effentiel de
placer les cabinets de travail & d’étude au le v an t ,
ceux de livres & de tableaux au féptentrion , le
jour étant plus égal de ce côté-, comme on l’a
déjà dit. 11 convient aufti que leur hauteur correfponde
à leur diamètre, & qu’on y faffe, autant
qu’il eft poffible, venir le jour d’en haut ; ce qui
procure deux avantages : le premier que l’on gagne
de la furface pour ranger les livres ék les tableaux •
le fécond que les ouvrages de l’art y reçoivent
une lumière plus uniforme ; qu’enfin on eft moins
expofé à la diftraélion dans ces fortes de pièces
ou le recueillement eft néceffaire.
C abinet d’antiquités et-de médailles. Le
cabinet de médailles & d’antiquités doit avoir en
dimenfion pour fon plan un parallélogramme qui
aura une fois & demie en longueur ce qu’il peut
avoir en largeur. On ne fauroit lui donner un
jour trop févère : celui de l’orient eft le plus favorable.
Il y aura plufieurs» belles armoires artif-
tement rangées & garnies de petits tiroirs dans
lefquels feront placées les médailles. Dans le
furplus de la pièce régneront des tables de marbre
blanc le long des murs, fur lefqueUes on difpofera
les bronzes & autres morceaux. L’enfemble de
cette pièce tiendra de l’ordre dorique. Les croi-
fées , les portes , les trumeaux, les maffes enfin
doivent en avoir les proportions ainfi que les profils.
Le caraâère général exige de la févérité ;
toutes les formes doivent être prononcées énergiquement
& d’un ftyle auffi fimple que mâle.
C abinet d’histoire naturelle. Il doit former
une belle galerie. Ordinairement, fi c’eft un
cabinet particulier, il fe trouve pratiqué en aile ,
c’eft-à-dire, qu’il ne fait pas partie de l’enfilade
principale des appartemens de fociété ; & la garde
en eft confiée à des perfonnes sûres qui veillent
à fon entretien.
Peut-être eft-il à defirer que les jours y viennent
d’en haut, ou au moins du deffus des corps
d’armoires qui doivent être dans tout le pourtour.
On pourroit donner à chacun de ces corps d’armoires
le genre d’ornemensJpropre aux objets
qu’ils renferment, quoiqu’ils foient tous égaux
en maffe & en compartimens pour le befoin de
la fymmétrie. Par ce moyen, à la feule infpec-
tion de chaque partie , on connoîtroit ce qu’elle
doit contenir. Toutes ces armoires doivent avoir
des tablettes d’une hauteur proportionnée aux différentes
claffes d’objets qu’elles renferment. Toutes
les portes en doivent bien fermer & être garnies
de grands carreaux de verre , pour éviter la pouf-:
fière & faciliter la jouiflance du fpeélateur.
Les bas de ces armoires formeront à hauteur
d’appui des efpèces de buffets en corps avancés
de fix à fept pouces. La tablette deftinée à couvrir
cette partie fera en marbre blanc, & procurera
l’avantage de pouvoir y pofer différens objets
, en attendant qu’ils foient placés, ou pour
les voir de près. C ’eft un moyen aufli de donner
retraite aux corps qui ont un plus grand volume,
& qui demandent une plus grande place.
Tour ce local fera en carreaux de marbre ou
de pierre de liais : on doit préférer ce genre de
l carrelage au parquet. Si ceux qui ont à 'y tra;
vaille1, fe plaignent du froid, une légère depenfe
de tapis à mettre fous les tables corrigera en partie
cet inconvénient. Le carreau a l’avantage d’amaffer
moins de poufiière , & de ne pas fervir de refuge
aux rats & aux fouris. La petite fraîcheur qu’on
lui reproche eft un moyen d’écarter les mfeftes
nue le parquet entretient, & dont on ne fauroit
trop fe défendre dans un pareil lieu.
La variété des objets qui compofent un cabmel
d'hillairi naturelle , femble s’oppofer à toute efpèce
de décoration étrangère. Les richeffes de la
nature raffemblées avec goût femblent n’admettre
aucun partage avec celles de l’art. Peut-être fe-
roit-il difficile d’y introduire une difpofttjon d’ordonnance
régulière, & capable de fixer l’attention
du fpeélateur. Si elle avoir lieu, on croit
que l’ordre ionique feroit celui qui conviendrait
à la natupe de cette pièce. Du moins au défaut
d’ordre, on appliquera à la difpofition générale
& à toutes fes parties les proportions ioniques ;
le carafière moyen de cette ordonnance fera le
plus analogue au caraélère tout-à-la-fois riche ,
fimple & varié, qui eft celui d’un cabinet d’hif-
l o i r t naturelle..
A côté de cette pièce, on en ménagera une
ou plufieurs autres moins grandes, garnies feulement
de tablettes pour, fervir & même pour y
travailler aux différentes préparations.
Cabinet de t a b l e au x . Ce genre de pièces
n’a pas paru jufqn’à préfent fufceptible.de recevoir
une décoration particulière d’architeflure ;
du moins il feroit difficile d’en citer un qui réunifie
au mérite & au choix des tableaux celui
d’une compofition d’architeâure analogue & régulière
On ne s’occupe prefque dans les cabinets
de tableaux que de la fymmétrie dans la manière
de les placer relativement à leur grandeur, ou
de l’ordre dans lequel on doit les clafler par rapport
aux' fujets ou aux diverfes écoles.
Les grands cabinets de tableaux fe divifent ordinairement
en différentes falles , où les tableaux
de chaque école trouvent une place particulière.
Le choix de la meilleure méthode à fuivre en
ce genre n’eft pas du reffort de cet article; &
la defeription des plus fameux cabinets feroit encore
plus déplacée ici : mais on ne fauroit trop
recommander à ceux qui font chargés de ,1a difpofition
de ces pièces , de les éclairer par en-
haut ; cette méthode eft indifpenfable. ( Koytj
Galerie. )
C abinet , conjidlrè comme diminutif de chambre.
On appelle fouvent du mot cabinet toute petite
pièce attenante à de plus grandes, quels qu’en foient
l’ufage & la fituation. C’eft dans cette claffe que
l ’on met les oratoires, les toilettes, les méridiennes,
les boudoirs , les lieux à foupape., &c. Leur ex-
pofition eft allez indifférente , parce que l’on ne
les occupe que par intervalles., & que fouvent
c’eft la difpofition générale ou la convenance
de la fymmétrie qui décident de leur emplacement. I
Leur décoration dépend de la variété de leurs
deftinarions. ( Voye^ ces différens mots. )
C abinet secret , . forte de cabinet dont la
conftruétion eft telle, que la voix de celui qui
parle à un bout de la voûte eft entendue, à l’autre
bout. Oli voit un cabinet ou chambre de cette efpèce
à i’obfervatoire de Paris. Tout l’artifice de
ces cabinets confifte en ce que la muraille auprès
de laquelle eft placée la perfonne qui parle bas,
eft unie ■ & ceintrée en ellipfe. L’arc circulaire
pourroit auffi convenir, mais il feroit moins bon.
C abinet , fe dit encore ‘d’une efpèce de meuble
en forme d’armoire -, fait de marqueterie, de pièces
de rapports & de bronze , fervant à ferrer des
médailles, des bijoux, &c. Ces cabinets étoient
fort en ufage dans le dernier fiède : mais comme
ils ne laiffoient pas que d’occuper un efpace a fiez
confidérable dans l’intérieur des appartemens, on
les y a fupprimes. Il s’en voit cependant encore
quelques-uns dans les anciens hôtels , exécutés
par Boule, ébénifte du r o i, ainfi que des bureaux ,
des fecrétaires, ferre-papiers, bibliothèques, &c.
dont l’exécution eft précieufe , & d’une beauté
fort fupérieure à ce qu’on a fait depuis en ce
genre.
C abinet (Jardinage.) On appelle ainfi de petits
bâtimens ifolés en forme de pavillons, que l’on
place à l’extrémité de quelque grande allée, dans
un parc , fur une terraffe ou fur un lieu éminent.
Leur forme étant prefque toujours fphérique,
elliptique, ou à pans couverts, en calotte, &■ fou-
vent percée à jour, le nom de falon femble leur
convenir davantage. Lorfque ces pièces font accompagnées
de quelques autres, comme de vestibules
, d’antichambres , garde-robes , &c. on
les nomme belvedères. ( Voyeç Belvedère.)
C abinet de treillage. Dans les jardins du
genre peigné, les cabinets de treillage font partie
de la décoration des efplanades. Quoiqu’on puiffe
eu mettre dans des endroits éloignés du château,
on affeéle du moins de les placer à l’extrémité
de quelques grandes allées, qui alignent les principales
enfilades, de tnaiiière-qu’elles paroiffent
faire partie du tout enfemble lorfqu’on les apper-
çoit. Leur exceffive dépenfe les a fait fupprimer
dans la plupart de nos jardins. On en voit cependant
encore quelques-uns. Les cabinets diffèrent
des portiques,. en ce que ceux-ci fervent de fron*
tifpice à l’entrée de quelque grande allée : c’eft
ainfi que fous le nom de berceau l’on entend ces
alléesconfirai tes artificiellement avec du treillage
garni de verdure, telles que font celles des jardins
de Seaux , de Marly , qui ne diffèrent des
berceaux naturels qu’en ce que ce font les arbres
& la verdure qui font les frais de ces derniers.
C abinet de verdure , efpèce de berceau fait
par l’entrelacement de branches d’arbres. ( Voyeç
B e r c e a u .*)
C A B L E , f. m. ( Conflruftion. ) On appelle ainfi