
à cet édifice le nom de belvédère, le cède présentement
à celui que renferme fon intérieur, depuis
q u e , par les foins & le zèle pour les arts du pontife
régn an t, il eft devenu le centre du Mufæum
que Pie V I a fait conftruire avec tant de magnificence
, 8c qu’il ne celle d’enrichir de nouvelles
merveilles. ( Voyez Musée , Musæum. ) À in f i ,
jamais lieu ne fut plus digne du nom qu’il porte.
En France, l’on appelle aufli belvédères, 8c le plus
ordinairement, un petit bâtimentfitué à l’extrémité
d’ un jardin ou d’un parc pour y prendre le fra is,
s’y mettre à l’abri de l’ardeur du foleil ou des
injures du temps.
Les belvédères ne font comp ofés, pour la plupart
, que d’un falon percé à jo u r , ainfi qu’il s’en
v o it dans plufieurs maifons royales , ou bien d’une
feule pièce à pans, elliptique ou circulaire, fermée
de portes & de croifées, comme eft celui de
S e a u x , nommé le pavillon de F aurore; ou enfin
ils font compofés de plufieurs piè ce s; favoir, de
veftibules , fa lon s, cabinets, & c . tels qu’on en a
pratiqué à celui de la ménagerie de Seaux, nommé
ain fi, parce que ce bâtiment eft fitué au milieu du
jardin potager dans lequel font diftribuées les baffes-
cours de la ménagerie.
Lorfqu’un bel afp eé l, une campagne fertile 8c
riante , des vallons , des montagnes , étalent avec
éclat les dons de la nature, & que ces points de
v u e , qui font les délices de la campagne, fe trouv
en t éloignés de la maifon à une diftance affez
confidérable, alors on diftribue plufieurs appartenons
dans ces belvédères pour s’y raffembler par
choix 8c fans tumulte ; on appelle ces bâtimens
trianons. ( Voyez ce mot. )
La décoration extérieure d’un belvedère doit être
tenue fimple & ruftique ; au lieu de lambris, on
revêtit ordinairement leur intérieur de marbre ou
de pierre de liais, à moins que ces pavillons ne
foient affez près du château, pour être fouvent
v ifité s , dans les différentes faifons, par les maîtres
& les étrangers.
Belvedère , ( Jardinage. ) fe dit d’un fimple berceau
é lev é fur quelque montagne ou terraffe. C e
peut être aufli une éminence ou plate-forme, élevée
8c foutenue par des talus de gazon , pour jouir
de la belle vu e dont le lieu a pris fon nom. On
en v o it de cette e fpèc e, & tout de g a zon , dans
les plus beaux jardins.
B E N E V E N T , en latin B e n e v e n t v m , ville
d’Italie , qui fut la capitale du Sâmnium, offre
encore des relies d’antiquités qui rappellent fon
ancienne magnificence. Pockocke v i t , fur la porte
de la v i l le , la figure d’un boe uf de granit roug e,
de fix pieds 8c demi de lo n g , 8c de trois pieds
de hauteur, pofé fur un piédeftal où fe trouve
une infeription moderne. L’églife cathédrale renferme
plufieurs fareophages ornés- de bas-reliefs ;
elle poffède aufli un obélifque de granit rou g e ,
dont la bafe a un pied 8c demi en quarré ; on y j
vo it des hiéroglyp hes, parmi lefqpels fe trouvent
des lions avec des hommes montés defliis.
Hors de la ville moderne, on rencontre beaucoup
de ruine«, entre autres une arcade de briques
& de pierres, qui paroît avoir été le refte d’un
cirque; on découvre des veftiges d’un théâtre, de
thermes, 8c d’un pont dont on lit à peine les
inferiptions à demi effacées. Mais le plus beau refie
qui foit à Benevent ^ 8c un des plus magnifiques
de toute l’antiquité, eft l’arc de triomphe ou plutôt
le monument honorifique élevé àTra jan , à l’oc-.
cafion du travail immenfe qu’il fit faire à fes dépens
pour conduire la voie Appienne depuis Benevent
jufqu’à Brundifium, ce qui eft exprimé dans
une infeription très-bien confervée. ( Voyez ce
qu’on a dit de ce monument au mot Arc de
Triomphe. )
B E N IT IE R , f. m. vaiffeau dans lequel fe met
l’eau b en ite, 8c qui eft placé à l’entrée des èglifes.
Les anciens appelloient fympulum ' le vafe qui
contenoit l’eau facrée néceflaire aux facrifices. On
en connoît la fo rm e , elle n’a rien qui reffemble
à nos bénitiers. Cepend ant, fur le bas-relief d’un
tombeau rapporté dans Monfaucon, tom. p. y8,
on vo it un petit fromifpice de temple , à côté
duquel eft attaché & fufpendu un vafe à anfe,
fait pour contenir l’eau luftrale ; ce qui donne à
c ro ire , comme le dit aufli Monfaucon , que ce
vafe étoit là pour un objet à-peu-près femblable
à celui de nos bénitiers, 8c qu’on en plaçoit de
pareils à l’entrée de tous les temples.
Les bénitiers reçoivent différentes formes, & fe
font dJ plus d’une ' manière ; tantôt c’eft une ef-
pèce de b a flin , pour l’ordinaire de marbre, porté
fur un baluftre, lequel eft appuyé lui-même fur
un fo c le ; tantôt il eft fait en manière de coquille,
tantôt c’eft une coquille n aturelle, 8c alors il eft
ou adhérent au mur de l’é g life , ou foutenu par
des acceffoires allégoriques.
On en voit de la première efpèce dans plus
d’une églife de Rome ; cette forme eft celle qui
comporte le meilleur ftyle 8c l’imitation la plus
heureuie des ouvrages de l’antiquité. On prend
alors pour modèle ces baflins portatifs, que les
anciens pjaçoieqt ou dans les jardins , ou dans
l’intérieur même des maifons , 8c d’où s’élevoient
des jets-d’eau , tels qu’on en v o it au Mufæum de
Portici. Il eft encore des formes de trépieds ou
d’autels antiques, qui peuvent fe tranfporter aux
deflins des bénitiers. Les plus beaux que l’on con-
noifle de ce genre font à l’églife de S. Sylveftre
à Rome ; ils font de bronze, 8c des beaux temps
de l’art moderne ; leur form e, le goût de leurs
ornemens, le travail de la cife lu re , tout femble
le difputer aux ouvrages de l’antiquité. Cette forme
de bénitiers eft fans contredit celle qui peut s’emplo
y e r le plus généralement, fur-tout dans les
églifes à colonnes.
La fécondé efpèce s’adapte mieux aux piédroits
des églifes en arcades. Les plus fameux.beniwrs de
de ce getire font ceux de l ’églife de S. Pierre h.
Rome. Ils confident en une coquille de marbre
jaune antique , ajuftée devant une draperie de
marbre bleu turquin, qui fert de fond. D eu x anges,
fous la forme d’enfans de quatre ou cinq an s, fup-
portent cette coquille ; ils font appuyés eux-mêmes
fur les tores des bafes des pilaftres. Ce s enfans
ont fix pieds de proportion , 8c leur accord avec
les vaftes dimenfions de l’éélife eft t e l , qu’ ils ne
paroiffent avoir que la grandeur ordinaire d’un enfant
de leur â g e ; ce n’eft qu’en approchant d’e u x ,
& au moyen du point de comparaifon, qu’on
trouve à leur oppofer par foi-même, qu’on peut
fe convaincre de leur taille gigantefque.
L ’églife de S. Sulpice à Paris poffède deux bénitiers
remarquablès par la grandeur des coquilles
naturelles dont ils font formés. O n les a placées
chacune fur un rocher de marbre blanc.
B E R C E A U , f. m. ( ConfiruCtion.) On appelle
ainfi une voûte cy lin driqu e, dont le ceintre eft
formé par une courbe que lconque, 8c dont les
naiffances portent fur deux murs parallèles. Ces
voûtes fe conftruifent en pierres de ta ille, en moi-
lons ou en briques. D e quelque manière qu’on
les fa fle, il faut que chaque rang .foit parallèle
aux murs qui fupportent la v o û t e , 8c que les
joints foient perpendiculaires à la courbe. Une
voûte en berceau n’eft autre chofe qu’un arc dont
la longueur eft prolongée ; elle prend le.nom d’arc
.toutes les fois que fa longueur eft moindre que
fon diamètre. A in f i, les voiites en berceau, font fuf-
ceptibles des mêmes modifications que les a r c s ,
c’eft-à-dire , qu’elles peuvent être furhauffées , fur-
baiffées en plein ceintre, bia ifes, rampantes, 8cc.
( Voyez Arc. )
Berceau , ( Jardinage. ) allée couverte naturellement
ou artificiellement. A in fi deux forjes de
berceaux, l’un artificiel 8c l’autre naturel.
Le berceau artificiel fe fait de treillages, qu’on
foutient par des mon tans de traverles , cercles ,
areboutans 8c barres de fer. On forme ce treillage
avec des échalas de bois de chêne bien planés
8c bien dreffés, dont on fait des mailles de dix
en fept pouces quarrés, qu’on lie a vec du fil de
fer. {Voye^ Treillage.)
Le berceau naturel fe fait de branèhes d’arbres
entrelacées a vec induftrie, fans pourtant qu’on
veconnoiffe trop la main de l’art. Ce s arbres fiant i
le plus fouvent des ormes femelles, ou des tilleuls
de Hollande ; tous ceux enfin dont le branchage
flexible fe pi ie avec facilité , 8c qui forment,
par le grand nombre de leurs rameaux, un ombrage
agréable.
L’art ancien p rodigua, dans les berceaux, la fym-
metrie de l’ordonnance 8c la pompe des décora- !
tions. On les accabloit de treillages, de fculpture
& de dorures ; à peine le vert feuillage pouvoir-il
trouver place parmi tout ce bois mort. On les
mettoit l’ un vis-à-vis de l’autre avec une exaéti-
tude très - mal employée ; à leur entrée , -on pla-
■ Architecture* To/ne ƒ,
çoit en feutînelle des fp h in x , des dragons , &
d’autres figures monftrueufes 8c difformes.
I l eft frappant combien tout cela choque la nature.
Les berceaux font des lieux de repos voués à la
jouiflànce de l’ombrage 8c de la fraîcheur, à la
folitude 8c à la fc c ié té , aux occupations de l’efi-
prit 8c aux plaifirs de la table. Ils,demandent un
fite tranquille également écarté du tumulte 8c des
regards des cu r ie u x , une abondante feu iilé e , 8c
lorfque les circotiftances le permettent, une vu e
peu v a f t e , mais offrant des objets agréables 8t
amufans.
« D ans des lieux b oifés, dit Hirfchfe ld, la nature
•compofe fes berceaux de la voûte épa ifîe, étendue
8c affaiflee du feuillage. L ’artifte jardinier doit tâcher
d’imiter dans fes ouvrages cette aifance & cette négligence
fans art. La nature nous indique fur-tout
une diftribution noble 8c fans gêne des arbres 8c des
arbrifleaux. Un feuillage ondoyant qui s’incline en
liberté , 8c dont la voûte fournit l’ombrage, de
petites ouvertures au travers defquelles paffent
des rayons qui fe jouent agréablement ; unemouffe
fraîche , parfemée de fleurs; enfin des arbuftes 8c.
des plantes voifines , dont le parfum ranime les
fen s , tels feront les agrémens du bofquet. L ’artifte
jardinier doit chercher à façonner tous ces objets
avec g o û t , non à les défigurer par des additions mal
afforties & des raffinemens frivoles. L a fimplicité de
la nature eft le plus puiffant attrait des berceaux :
ils ne fouffrent aucune magnificence. Leur mérite ,
éloigné de tout fa fte , fe borne modeftement à la
beauté des feuilles & de leur v e rd u re , à l’agrément
des fleurs, aux jeux des lumières qui percent,
8c des ombres qui font contrafte. C ’eft dans ce
goût pur de la nature que Milton nous peint le
• fécluifant berceau d’E v e ».
« La voûte étoit un tiflu de laurier, de myrte
» 8c des plus hauts arbriffeaux dont le feuillage
n odorant 8c durable formoit le couvert le plus
» épais. D e tous côtés, l’acanthe, 8c mille petits
« buiffons , exquis par leur fenteur , paliffadoient
» le mur verdoyant. Entre les branches, l’iris nuée
» de fuperbes cou leurs, les rofes , le ja fmin , 8c
» toutes fortes d e fleurs curieufes élevoient leurs
» têtes parfumées qui faifoient un agréable mè-
» lange. Sous les pieds , la v io le tte , le fafran 8c
» l’hyacinthe émailloient la terre » . . . .
La même aifance , une négligence aufli aimable
ddlvent régner dans les alléès en berceau qui 11e font
qu’une fucceflion ou réunion de berceaux. Affranchies
d e toute furcharge de treillage, abandonnées à
la liberté plus naturelle de rac croiffement, elles
ne feront foutenues 8c nettoyées qu’autant que
-la néceflité 8c la commodité l’exigeront. Des arbuftes
à larges feuilles luifantes, à fleurs de couleurs
v iv e s , 8c d’-un parfum agréable , des
plantes farmenteufes 8c à fleurs odofantes, conviennent
ici. Pour ne rien laifler à defirer, on peut
les entremêler d’arbres fruitiers,
L !