-caufent moins de frottement aux bords, ' que ceux
qui font formés en cône. ( V o y e z le Traité du mouvement
des eaux de cet Auteur. Il veut encore que
la platine de ces Ajutages n’ait que deux ou trois
lignes d’épaifleur , afin que le frottement foit moindre
: ce qui mérite .d’autant plus d’attention, qu’un
îet fortant d’un gfos Ajutage , s’élève fouvent plus
haut que- quand il fort d’un petit, quoique ces deux
Ajutages (oient fournis par le même réfervoir & la
même conduite , fans trop s’écarter des proportions
ordinaires. Les Ajutages fimpies, de même que les
compofés , donnent un jet proportionné à leur ouverture
5 mais les Ajutages à l’épargne dépenfent
moins d’eau que les autres, 8c donnent un jet plus
gros. Ils ont encore cet avantage fur les premiers ,
qu’on leur fait prendre plu fleurs figures, comme des
gerbes, de pluies , d’éventails, dé foleils , de bouillo
n s , de girandoles, Sec. pour former les gerbes,
on les perce de plufieurs trous à l’oppofite les
• uns des autres 5 on y foude plufieurs petits Ajutages,
qui réunifiant l’eau , forment une gerbe. En aboutif-
fant le tuyau de l’Ajutage , en l’arrondiflant, & en
le perçant nettement, on forme des bouillons. ( Foye^
Bouillons.) Enfin, lorfqu’on veut faire paroître
le jet plus gros & blanc comme la neige 3 on fait
pafier l’eau par-deflus le jet pour le npyer, mais
alors il perd beaucoup de fa hauteur. C ’eft en général
une perte qu’on fait lorfqu’on veut varier la
forme des jets : aufli l’auteur de La Théorie pratique
du Jardinage, préfère a tous les Ajutages ceux qui
n’ont qu’une (ortie : ils font plus commodes, moins
fujets a fe b o u ch e r ,.1 ’eau en fort plus nettement,
& file plus haut. A l’égard dè la dépenfe, elle eft
à-peu-près égale dans les différens Ajutages; c’eft
ce qu’on peut vérifier en fuivant les calculs que cet
auteur a fait pour s’en affurer. (V o y e z le Chap. 8
de l'ouvrage ci-dejfus cité. )
A IX . V ille antique. (V o y e z A q v æ - s e x t iæ . )
A L A B A S T R IT E , f. f. efpèce à’Albâtre, c’eft-
à-dire de concrétion de nature gypfeu fe, qui a
une demi-tranfparence. L ’Alabaflrïte fe travaille faci-
lement, & prend un poli affez beau, mais moins
v i f qûe celui du marbre. C e poli a toujours un oeil
graifleux.
Les anciens l*ont employée à faire des vafes &
des urnes :. ils s’en font aufli fervis pour garnir les
fenêtres en guife de vitres. A Florence, l’églife de
S . Miniato , al Monte, eft encore éclairé de même,
& le jour y pafle au travers de Tables A'Alabaftrïte
très-minces. Néron fit bâtir un temple de la fortune
avec cette pierre , & l’on n’y perça aucune fenêtre,
parce que la lumière pafloit au travers de l’Alabaftrite
qui en formoit la couverture & les mufs. ( Foyer le
Diêtionalre ©’antiquités.)
A L A Q U E , f. f. ( Voye{ Plinthe op O rlet.)
A L B A -À L B A N O . La ville moderne, de ce dernier
nom a fuceedé à l’antique & fameufe yifle d’A lb e ,
de làquelle les Romains tiroient leuf origine, & qu’ils
détruifirent l’an de Rome 88. Celle-ci étoit lituée à
1 x milles de Rome entre la montagne appellée aujourd’hui
Monte Cavo , 8c le lac nommé Lago Cajlello.
Le P. Kircher & plufieurs autres Antiquaires croyent
qu’elle s’étendoit depuis Palarçuo/a jufqu’à Caftel
Gandôlfo ; mais Efchinardi & Venuti la placent feulement
à Palat^itola.
Long-temps après la deftru&ion de celle-ci , 8c
du temps de Pompée , s’éleva une nouvelle ville d’Albe
bien differente de l’ancienne. Elle fut conftruite ,
à l’occafion des Cafernes ou du Caflrum pratorium
qui étoit dans le canton , oti les Vivandiers , 8c
d’autres fortes de Marchands s’établirent peu-à-peu
à caufe du commerce qui fe faifoit avec les troupes.
Il eft eflentiel de faire la diftin&ion de ces deux
villes , dont l’exiftence commença dans des temps fi
differens 3 qu’elles n’ont rien de commun entr’elles
aufli doit-on apporter le plus grand difeernement
dans les reftes d’antiquité qu’on .voit aux environs
A' Albano , 8c que de faux jugement ont fi fouvent
confondu. On y remarque dès veftiges de l’ancienne
conftrudion des Latins 8c des Etrufques', bien différente
pour un oeil obfervateur de celle dès Romains
fous les Empereurs.
De la première efpèce , font indubitablement les
ruines du fameux temple de Jupiter Latialis bâti
fur le fommet de Monte Cavo , par Tarquin le fu-
perbe 5 c’étoit-Ià que fe raflembloient les habitans
du Latium pour célébrer les fériés ' latines. Il ri’én
exifte plus maintenant que de grands blocs de piètre
qui proviennent, foin des foubaflements du temple
foit des fortification dont la montagne 8c le temple
étoient entourés. On remarque à toutes ces pierres
des trous deftinés à recevoir dés crampons de métal
pour leur jondion. On y voit plufieurs fragmens dè
corniche épars , & les débris de deux colonnes
renverfées, dont-il refte aflez , pour reconnoître le
ftyle Tofcan dans lequel ce Temple étoit bâti. Ces
colonnes avoient des bafes avec des tores , ce qui
prouve que la bafe étoit un des caradères diftin-
d ifs de l’ordre Tofcan , ( Voye[ A rch. Etrus.)
L ’entablement qu’on trouve dans le Couvent des
PaJJionanti, bâti fur les ruines de ce temple, offre
une particuliarité remarquable pour la nature de
l’àncien ordre Tofcan : il n’a point de f r ife , 8c fon
Architrave a deux faces très-élevées ; à moins qu’on
ne veuille que la face fupérieure qui eft phis large
que l’inférieure, ne tienne lieu de frife. L a corniche
eft compofée de plufieurs petites parties, &
couronnée^’un grand larmier furmonté d’une cy-
maife taillée en talus : le ftyle en eft très-fimple.
Le chapiteau a , dans fon * gorgerin , un bandeau
en faillie, 8c au-deflous un aftragale très-prononcé $
mais on ne fçauroit avoir aucune certitude fur la
proportion générale de cet ordre , non plus que fur
le plan du temple. La route antique qui y con-
duifoit, s’eft çonfërvée intade dans plufieurs endroits:
c ’eft un des plus beaux reftes qui nous foient paryeniK
«Uns ce genre. ( Foye^ V çie. )
Nous mettrons encore au nombre des ouvrages
Latins ou Etrufques, le tombeau qu’on trouve fur
la voie Appienne, en fortant d'Albano. Le peuple
l ’appelle le tombeau des Horaces : les Antiquaires
croyent y voir celu i1 de Pompée. Il eft cependant
impoflïble de la i donner la première dénomination,
puifque Tite -L iv e nous apprend que les tombeaux
de ces Héros furent élevés dans des lieux différens.
Quant à la féconde, le goût de la conftrudion
indique un temps très -antérieur à celui , du grand
Pompée. C e monument indépendament de la manière
dont il eft conftruit, a trop de rapport pour fa forme,
8c fa difpofitipn avec celui de Clufium élevé par les
Etrufques au roi Porfenna, pour qu’on puiffie y mé-
connoitrè le goût de cette nation , bu tout au moins
une imitation de leur Architedure.
Sur un grand foubaflement de quarante-cinq pieds
*n carré, s’élèvent cinq pyramides circulaires & qui
ont plutôt la forme d ’une Meta , que d’une pyramide
ordinaire. Elles ont dix pieds de diamètre j
il y en a une à . chaque angle ; la cinquième eft dans
Je milieu des quatre : elle eft d’un plus grand diamètre,
s’élçvoit plus haut que les autres, & com-.
-mandoit à tout l’édifice. Elles fe terminent en bas
par un congé. De cés cinq pyramides il en refte
encore trois fur pied j elles font revêtues de pierre
de Peperino ; leur noyau ou maflif eft compofé de
cailloux mêlés avec de la pouzzolane. On voit en-
encore les veftiges des deux autres pyramides détruites.
L Emiflaire du lac d’Alb an e, un des plus éton-
nans ouvrages des premiers Romains , doit aufli fe
rapporter à ce premier âge de F Architedure latine.
( F cy e [ au mot Emijjaire la defeription de ce Canal.)
Les monumens fuivans, font des temps poftérieurs:
Autour du lac à' Albano , on voit deux grottes
creufées dans la montagne : l’une des deux eft taillée
régulièrement , & décorée d’Architedure. C ’étoient
des Nymphéês , efpèce de monumens dont i l eft parlé
dans Homère & dans V irg ile , fur Itfquels on s’eft
long-temps mépris, &dont nous n’avons pas encore
de defeription. ( Foye% la au mot Nymphée. )
En entrant à Albano on voit à gauche un ancien
tombeau dépouillé de fes ornemens , & hérifl'é de
blocs de marbre enclavés dans la conftrudion. Ces
■ arrachemens prouvent qu’il étoit jadis revêtu de marbre
, 8c probablement il étoit décoré de plufieurs
ordres de colonnes l’un au deflus de l’autre , 8c
en retraite , comme U paroît à la forme pyramidale
du monument. Les édifices ainfî bâtis s’appelloient> !
anciennement Scptiçoncs comme le prouve Nardioi j
de celui de Septime-Sévère bâti fur le Palatin 3 8c I
qui fut détruit, il y a environ xoo ans. On don- j
noit auflj ce nom , fuivant la remarque du même i
N ardin i, a plufieurs édifices bâtis dans, cette forme , j
quoiqu’ils n’euffent point les fgpt étages. Il n’eft j
point fait mention de Septiçones dans les Hiftoriens j
kvanc le régne de. Titus. ( Foye^ Se p t iz o n e . ) |
Le tombeau de Pala^guola , eft un des plus précieux
reftes des antiquités A'Albano : il eft prefque
tout entier , & bien confervé , à l’exception de
quelques figures endommagées fur l’un de fês
côtés. Il eft de pierre de Peperino. L a chambre
a été taillée dans le maflif 5 il fe termine par une
pyramide à degrés , dont les fupéneurs ont été enlevés.
Les faces du foubaflement font décorées de
faifeeaux rangés fix par (îx. On ÿ voit le * Le Slifler-
nlum , le feeptre d’yvoire , avec le globe & l ’aigle
au bout ; mais ces attributs , & marques de dignité ,
ayant appartenu aux R o is ,au x Confuls , & aux
Empereurs , ne peuvent fournir que des conjectures
incertaines fur l’époque de la conftruélion de ce
tombeau, & la nature du perfonnage auquel il fut
élevé. 1
L ’Empereur Domitien avoit un palais confidérable
au piéd de la montagne A'Albe , dont les bâtimens
avoient renfermé ceux de Clodius & ceux du grand
Pompée. On fçait qu’il s’y plaifoit beaucoup ; &
qu’avant d’être Empereur, il s’y retiroit fouvent pour
charmer l ’ennui que lui caufoit la longeur du régne
de fon Père & de fon Frère : il y donnoit des combats
de gladiateurs , des fpeétacles , & des jeux de toute
efpèce. On voit encore les ruines d’un Amphithéâtre ,
& une conferve, d’eau dans les jardins de l’Abbaye
de S. - Paul. Celle ci eft entière : on y reconnoit
la manière dont l’eau y arrivoit , & les iflues qui
fervoient à la vuider. Elles font revêtues, d’un enduit
aufli poli , & aufli dur que le marbre & qu’on appel-
loit Opus fegninum.
Il exifte encore à Albano des reftes de Thermes qu’on
appelle aujourd’hui Cello Majo. C e nom qui paroit
être venu de celui de Cella Magni , & la pofition
de la ville moderne A'Albano, qu’on fçait être en
partie fur la V illa de Pompée , ont fait fuppofer
que ces thermes pouvoient lui appartenir.
A l’églife de SanEta Maria délia ftella , on
voit un autel antique de maibre dans la forme
d’un trépied , encaftré dans le mur & qui fert de
bénitier. Plufieurs fragmens très riches de Corniches
& d’encablemens fe trouvent dans les églifes de Saint
Pierre , de Sainte Marie , & autres. Près celle de
de Saint Pancrace , on voit à terre un chapiteau
compofite avec une figure ailée dans le milieu.
A L B A R IU M O P U S . Il p a ro ît, par un paf-
fage de Vitruve Chap. 10. 1. y. où il recommande
d’employer à l’enduit du plafond YAlbarium opus 3
ou bien un autre ftuc Teclorium , que YAlbarium
opus u’ étoit point comme on fe F eft imaginé , un Ample
blanchifiement de lait de chaux 5 mais bien une
efpèce de ftuc , probablement fait avec la pouflière
.du marbre le plus blanc de tous. On en trouve de
ce genre dans les conftrudion s antiques ; 8c il con-
fiftoit dans une dernière couche qui étoit très mince
8c s'appliquent par defliis les enduits de ciment moins
fin 8c moins poli.
L ’Albarium opus étoit employé aux thermes