
fûmes, toutes les modifications de la penfée , l’al'r
chiteéture chez les anciens fe f eft quelquefois approprié.
M a is , comme les idées fufceptibles d’être
exprimées par elle', font en aufli petit nombre, que
les figures ou lignes qui peuvent compofer fon lan- !
g a g e , les exemples qu’on, p ou r ra iten citer ne fon
pas communs. *v:
3 Une véritable Allégorie en architecture , c’eft le
temple dé la vertu 8c de l’honneur que Marcellûs
fit élëver a Rome , & dont là conftfùétion myile-
rieufe renfermoit un fens & une_ leçon fublime.
Comme il vouloir faire férvir à 'Cet objet , les
richelfes; qu’il - avoit apportées^dë Sicile , le grand
prêtre dont il âvoit néanmoins recherché d?avanced’approbation
, lui défendit d’exécuter cette entreprife,
fous prétexte qu’un' fe u f temple ne pouvoit pas enfermer
deux divinités. Marcellûs fit donc bâtir deux
temples l’un à côté de T au tre , de mauière qu’il
falloir pafler par le temple de la vertu , pour arriver
à celui de l’honneur, voulant donner à entendre
pa r- là , que ce n’eft: que par le chemin dé la
vertu qu’on parvient à l’honneur. C e • temple étoit
à la porte Capène.
/ r>’ autres temples dévoient leur forme à un motif
)rique , tel que le. temple de V e f ta , bâti par
. . aulus, comme celui de Mantinée femble avoir
dû lé fien au foyer du feu. Un temple circulaire de
la T h ra c e , dédié au foleil , avoir pour objet le
fymbole du difque de cet Àftre. On découvre un fëns
fymbolique dans ..quelques autres édifices de l’antiquité.
, comme au portique: d’O lympie, dédié. aux
dept arts libéraux , ou lés vers qu on y re'eitoit
( félon Plutarque) étôient répétés jufqu’à fept fois
par l’écho.. On peut ranger à-peu-près dans la même
clalfe un temple de ’Mercure , qu’ori voit fur une
médaille de l’empereur Aurélien , leq u e l, au lieu
dé porter fur des colonnes ; étoit foütenu par des
formes ou termes’ , ainfi qu’on les appelle'encore
aujourd’hui. Sur le fronton de ce temple , font repré-
fentés i'. mi chien, un coq: & une langue, figures
dont la fignifîcation eft connue.
Tels font les exemples du genre & Allégorie dont
l ’architecture eft fufçeptible. Les monumens de l’E gypte
où la conftru&ion étoit dirigée par les prêtres
8c lés fagès de la nation,: préfentoiënt à l’éfprit
de femblables fymboles, dont les allufiôns étôient
intelligibles pour tout le monde : le fens en. dif-
parut avec la connoiffance dç l’écriture figurée.
Cette grande & vâfte manière décrire la penfée,
& dsy, employer de ces caractères immenfes qui la
pulfent fixer à jamais , étoit bien du géuie de l’E gypte
, Éc ne pouvoit qu’honorer l’architecture
Là iiatiôri qtih fexe rçoitf
. D’ après'ces exemples ,' quelques efprits fyftéma-
tlques' ont imaginé de réduire toute l’architecture
en Allégorie ; &. de revêtir toutes fes formes d’un
yoile emblématique. Selon eux , l’architecture née
comme les autres arts du culte religieux , aurait
participé à ces emblèmes myftérieux, qu’ils croyent
n’avoir été inventés, que pour cacher ou confervèr
le dépôt précieux des vérités de tout genre.. Ils ne .
voyent plus dans un fronton la repréientàtion . du
t o î t , ou le toît lui-même j mais, par le rapport fo r - .
tuit d’une forme de néceflité , avec une figure .géométrique
, le toît n’eft plus à leurs y eux qu’un triangle,
myftérieux, emblème de la divinité. Les colonnes ne
font plus des.fupports créés par le befoin pour foutenir
les combles & le» architraves 5 elles doivent leur origine _
aux pierres votives aux hernies, & aux autres fyni-
boles , ou premiers types des ftatues des dieux. Lés
piedeftaux des colonnes fe ^transforment en au- ^
tels. Les frifes, les entablemens , dés îiiodilions, les
corniches , les .chapiteaux , pour avoir été décores
d’accefîoires -allégoriques , deviennent eux-memes des
Allégories,
Ainfi , par la transposition abfurde des idées les
plus fimples , 8c faute de diftinguér'; les formes
effentielles des formes accidentelles l’architecture l e ’
trouveroit entièrement dëcompofée, 8c finiraitpar etre--
le réfultat de ce dont elle éft le principe. Ges fyfte-
mes étranges, qui nè méritent pas d’être combattus,
viennent du peu de connoiflancè ; 8c des id ées ’
faulfes qu’on a de Y Allégorie , dontNÔn doit diftin-
guer deux efpéces. L ’une, fruit des premières focie-
tés d’hommes , & des moyens figurés de parler 8c
d’écrire qui s’employaient -alors , n’eut rien d aufli
myftique | que Tien des genV fe l’imaginent 5 c eft
la perte de leur intelligëncè '8c de leur' fens qui dans
la fuite a produit tout le myftèré’. ' L ’âutré ëfpéce
tient aù goût que les hommes'ont pour la fiction,
& diffère de la première , ' en ce que celle-ci qui eft la
moins intelligible étoit pourtant la plus vraie,
n’étant que Fexpreflion la/ plus vive & la plus fini-'
pie des objets, des affeCfions & des fenfations. Cet»e
fécondé efpéce dont nous avons plus àifément la
c l e f , parce qu’elle eft plus .moderne, eft née dans -
les villes , & au milieu1 des’ fociétés les plus civi-
liféesj d’où il réfulte que jamais Y Allégorie n'apu donner
naiffance à F architecture. Celle-ci étant un art de
première néceflité , il eft confiant que l’idée de fè faire
un a b r i, dut précéder toutes les idées de fymbole & de
myItère; On en-fit après coup , des applications plus-
ou moins heureufes'aux'd'étails & à la décoration de
F architecture', -d’abord par l’écriture hiéroglyphique ,
8ç depuis par la fculpture qui n’en; fut que la fuite
8ç la perfection,,
C ’eft donc à la fculpture & à la peinturé qu’appartient
particulièrement Y Allégorie. L ’archkeCtè pourtant
ne faurôit trop en étudier & en pénétrer l ’efpfit 8c les
raifons dans leé' qrnéméns de F antiquité, po u ré v iter,
ces applications banales , ces allufiôns déplacées,
froides 8c infignifiantes , qui rendent' la ’décoration
des édifices une énigme pour le commun des hommes
1 & un jeu puéril pour ceux qui en comprènent
lé.feus. ( V(rye^O rnement.)
ALOSIU5,
A LO S IU S . Ce t architecte vivoit du tems de Théo-
doric, prince des 'Oftrogots ,• & roi d’Italie , qui lui
donna la conduite des bâtimens qu’il faifôit fa ire , ou
rétablir à Rome, particulièrement des bains 8c des aqueducs
qui étôient les plus endommagés dans la ville ,
& aux environs.
AM A IG R IR , v. ( Voye^ D émaigrir, )
AM A S SE R , v. aCt. terme d'architeElure hydraulique..
Recueillir l’eau d’une fource pour quelque be-
10in qu’on en a. Il y a trois attentions à avoir dans
cette opération : la première eft d’examiner fi la
fource eft découverte 8c peu profonde!, la fécondé
fi elle n’eft point apparente , & la dernière fi elle
eft enfoncée dans les terres.
Lorfquè la fource eft découverte , oh creufè
pour amafler F e a u , un trou quarré , dont on tire
les terres doucement , & qu’on foutient par des
pierres feches. A -Fendroit de l’écoulement , on pratique
une rigole dans les terres , ou une pierrée
bâtie de rocâilles ou pierres, féches , qu’on couvre
de terre , à niefure qu’on marche.
Si la foiirce n’eft pas apparente, on fait plufieurs
puits éloignés de 30 ou 40 pas , & joints par des
tranchées q u i, ramafleront toutes les. eaux.
Enfin , quand la fource eft enfoncée dans la terre,
on creufe jufqu’à l’eau un paflage en forme de
voûte par deflous les terrés , qu’on retient avec des
planches & des étréfilions y ces voûtes & ces pierrées,;
de communication fe conduifent dans une grande
tranchée de recherche dont les berges font coupées,
en talus , des deux côtés , en pratiquant des rameaux
a droite 8c à gauche en forme de patte d’oie , pour
ramafler le plus d’eau qu’il eft poflible. Toutes ces
pierrées, tranchées 8c rameaux fe rendent par une
petite pente dou ce, dans une feule & grande pierr
é e , qui porte l’eau dans le réfervoir. De cinquante
en cinquante toi fes du réfervoir , on pratique des
p.uifards ou puits maçonnés, pour favoir fi l’eau y
coule , & la quantité qu’on en reçoit. Dans ce
dernier tra v a il, il ne faut pas oublier de, marquer le
chemin de l’eau par des bornes , afin d’avertir qu’on
11e doit pas planter en cet endroit des arbres, dont
les racines perceraient les tranchées, 8ç feraient perdre
les eaux.
AM E , f, f. c’ efir F ébauche d’une figure qui fe
fait fur une armature de fer avec du mortier çom-
pofe de'chaux & de ciment , pour être couverte &
terminée de ftuc ; on la nomme aufli noyau,
AM É L IO R A T IO N , f. f. augmentations ou réparations
qu’on fait à une maifon , un château ,
une terre, &c.
A M E L IO R E R , v. aét. augmenter, réparer ou
embellir une maifon , un château, une terre , un
jardin ,& ç .
Architecture» Tom e / ,
AM EN U ISER , v. aét. fe dit généralement de
toutes les parties d’un corps qu’on diminue de v o -
1 lume.
A M É T H Y S T E , f . f. pierre précieule de couleur
violette, ou de couleur violette pourprée. On
a fait dériver fon nom de . fa couleur , parce
qu’elle reflembloit à la couleur du vin , lorfqu’il eft
mêlé d’eau.
On dit qu’il y a des Améthy(les Orientales , mais
elles font fi rares , qu’il fe-'trouve peu de per-
fonhes qui prétendent en avoir vu. Il feroit aifé de
les diftinguér des autres parleur poid s, & parleur
dureté ; car elles doiven t, comme toutes les pierres
Orientales , être beaucoup plus pefantes , & plus
dures que les pierres Occidentales ; elles doivent aufli
avoir un plus beau poli. On aflùre quelles font de
couleur violette pourprée. Les Aniéthyfles Occidentales
font fort communes ; on en diftingue deux fortes ;
l’une eft Amplement violette , & cette couleur eft
un peu obfcure dans la plupart 5 l’autre eft d’une
coulèur violette un peu pourprée 5 elle nous vient
par la voie de Carthagêne : celle-ci eft plus rare
que la première j on la défigne ordinairement par le
nom d’Amèthy(le de Carthagêne.
On fait de cette pierre divers emplois, dans la décoration
des tabernacles , meubles précieux, 8cc. dans
la mofaïque en pierre, dure qui fe compofe à Flo-
'rence , & dont on voit des tables dans les cabinets
des curieux.
Quoique cette pierre ne foit pas plus dure que
le c ry fta l, dont elle fait p a rtie , les anciens Font
cependant choifie très-fouvent pour la gravure, 8c
en particulier pour graver Bacchus , à caufe de fa
couleur vineufe. Il eft rare d’en trouver d’une: certaine
étendue , parce que la teinte de violet n’eft
pas égale 5! elle, s’adoucit prefque toujours , & fe
détruit par nuances.
AM E U B L EM E N T , f. f. On donne ce nom à
tous les meubles néceffaires pour garnir & orner
une chambre , ou un appartement, fuivant l’état &
ou la fantaifie de celui qui 'l ’occupe.
L e luxe de Y Ameublement étoit poufle au plus haue
degré chez les peuples anciens, & fur-tout chez les
Orientaux. Les Babyloniens, dans la décora» ion inté-»
rieure des appartenons, employaient des Ameublemens
de la plus grande élégance & propreté. Leur faite le plus
ordinaire en ce genre confiftoit dans des tapis de
pied , 8c dans des houfles dont on garnifloit les
fiéges & les lits. Pline , en parlant d'un tapis propre
à couvrir les lits fur lefquels les anciens mangeoienr
à table , dit que les meubles qui fortoiene des manufactures
de Babylonê, montoient à 81 mille feftei-
ces.On peut juger, par cette fomme qui équivaut à
143 6 ƒ livres de notre monnnoie r de la magnificence
de*ces, fortes de meubles. La Bible fait aufli meu-
tjoo de différens vafes d’airain, d’ivoire & de raar-
E