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Ath èn e s, au temple de la Fortune virile à Rome ,
ainfî qu’au théâtre de Marcellus.
Ces formes & ces divifîons font généralement les
mêmes pour l’ordre Corinthien : cependant, en jettant
les yeux fur les monumens antiques de cet ordre,
o n obferve que cette partition de$ faces de l'architrave
y varie depuis deux jufqu’à quatre. Dans un bel entablement
du frontifpice de Néron rapporté par Cham-
bray , l'architrave n’a que deux faces 5 & dans l’édifice
antique de Bordeaux, dont nous avons parlé plus
h a u t , il en a jufqu’à quatre , avec de petites moulures
entre quelques-unes des faces. Cette grande
fubdivifion de parties paroît n’avoir été employée
dans ce monument que pour y compenfer la privation
de la frife & de la corniche. Mais la divifion la
plus ordinaire , celle qui plaît le plus à l’oe i l , & dont
il y a le plus d’autorités eft la divifion ternaire.
L a décoration de l’architrave , dans le dorique, fe
réduit aux gouttes pendantes défions les triglyphesj
quoiqu’elles femblent appartenir autant à la frife dont
elles font acceffoires , elles font cependant partie de
Varchitrave. Nous avons v u , que dans les plus beaux
monumens doriques , les Grecs & les Romains en
confervèrent l'architrave liffe & fans ornement. Quant
à l’ionique & au Corinthien : l’embelliflement de
leurs architraves confifte, en grande partie , dans ces
faces ou bandes dont on a parlé , & que les Romains
appelaient Fafeia, parce qu’elles refîemblent en quelque
façon à des bandes ou rubans étendus dans des
largeurs différentes. Il ' confifte auïïï en rangs de perles
, feuilles d’e a u , ou autres ornemens du même
genre , qui féparent les bandes. Vitruve nous apprend
que le plus ancien Corinthien n’ayant point de caractère
encore bien déterminé dans fes proportions , em-
pruntoit quelquefois les membres de l’Jonique , &
quelquefois ceux du dorique 5 & qu’il avoit alors aufli
des gouttes dans fon architrave. I l ne nous eft refté
aucun exemple de cette pratique.
Il eft des architraves qu’on appelle mutilés, c’cft-à-
dire dont les moulures font arrafées ou retranchées
pouf recevoir une infcription, comme au temple de
la concorde à Rome , & au portique de la Sorbonne
du côté de la cour à Paris. Cette licence eft vicieufe:
elle rend l’entablement monotone & pefant : elle eft
inutile , puifque ces infcriptions peuvent être mifes
dans la frife qui de fa nature eft lifte. ( Voyez Frife.
Il eft aufli des architraves qu’on nomme coupés ,
parce qu’ils font interrompus dans l’efpace de quel-
qu’entre-pilaftre , afin de laifler monter les croifées
jufques dans la frife. On peut en remarquer defembla-
bles à la façade des Tuileries , dans les aîles qui font
décorées de pilaftres d’ordre compofite : mais cette
pratique eft tout-à-fait contraire au principe de la'
bonne architecture , & ne doit être fuivie par aucun
architecte, malgré le nombre prodigieux d’exemples
qu’on remarque de cette licence dans la plupart de
nos édifices.
ARCHIVES , f. f. pl. lieu deftiné à la garde des
titres, Chartres, papiers, qui contiennent les droits,
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prétentions, prérogatives d’une maifon , d’une ville
ou d’un royaume. C e mot vient du latin area coffre
ou du grec oepyett01». Les archives des Romains étoient
confervées dans le temple de Saturne.
A R C H IV O L T E , f. m. C e mot dérive du latin
arcus volutus arc contourné. Sous ce nom , l’on entend
le bandeau orné de moulures qui règne à la tête des I
voufloirs d’une arcade, & qui vient fe terminer fur I
les importes. ( Voye[ Imposte. ) Les archivoltes I
doivent être ornés à raifon de la richeflé ou de la I
fimplicité des ordres. Leurs faces fe divifent , fe I
multiplient ou fe diminuent de la même manière & I
par les mêmes raifons que celle des architraves : I
(V o y e z architrave. ) elles reçoivent aufli les mêmes I
ornemens & les mêmes détails de moulures. Vignole I
ne donne au Tofcan qu’une feule bande. L e dori- I
que a fon archivolte compofé de deux faces : l’Ioni- I
que & le Corinthien en admettent trois. ( Voyeç dans I
le volume des planches les fîg. 1 4 , 18 & 34, ) L'ar- .1
chivolte eft ordinairemenr décoré d’une agraffe ou I
confole , (V o y e z agraffe. ) dont le caractère & la I
forme dépendent aufli de la décoration plus ou moins I
grande de l’arcade, & de l’ordre qui s’y trouve appli- I
qué. On le couronne par des figures de victoires I
ou autres qui le furmontent, & rempliflent le vuide I
triangulaire formé par le ceintre de l’arc & l’angle I
de la colonne & de l’architrave. C ’eft ainfî que font I
ornés la plupart des arcs antiques dans lefquels on E
peut trouver les plus beaux modèles d’archilvoltes.
On appelle archivolte retourné celui dont le ban- I
deau ne finit pas , mais qui, retournant fur l ’importe, I
fe joint à un autre bandeau : cette manière eft pefante I
& ne convient que dans une ordonnance ruftique.
L 'archivolte ruflique eft celui dont les moulures font I
interrompues par une c lef & des boflages Amples .& I
ruftiques. (V o y e z Boffage.)
A R C U E IL . Bourg de l’Ifle de France à une petite I
lieue au midi de Paris. On voit encore dans plufîeurs I
endroits entre Arcueil & Paris, les reftes d’un aque- I
duc conftruit en cailloutage qu’on croit avoir été fait I
par l’empereur Julien II , pour conduire les eaux à I
fon palais de Paris. C e palais étoit fitué où eft aujour- I
d’hui l ’hôtel de Cluni , plufieurs veftiges très-remar- I
quables , en exiftent encore rue de la Harpe. O11 y I
montre une partie d’édifice allez entière , qu’on afsiire I
avoir fervi de thermes à Julien. (V o y e z thermes.) I
L ’aqueduc bâti à Arcueil par Marie de Médicis eft I
placé à côté de l’ancien. (V o y e z Aqueduc).
A R D O IS E , f. f. pierre d’un bleu noirâtre qui fe I
débite par feuillets pour fervit à la couverture des I
bâtimens. Elle fe trouve à une grande profondeur I
dans la terre ; mais elle n’y eft ordinairement qu’une I
efpèce d’argile, & elle acquiert fa dureté en étant I
expofée a l’air. C e n’eft pas qu’en creufant beaucoup, I
on ne trouve quelquefois de l 'ardoife dure & féche. Elle I
eft alors difpofée par bancs, dans lefquels font des fentes I
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£ près les unes des autres , que les lames qu’elles
forment ont très-peu d’épaifleur. C ’eft par ces fentes
qu’on les divife lorfqu’on les deftine à fervir de couverture
aux bâtimens.
On ignore fi les anciens l’employèrent à cet ufage.
II paroît qu’en plus d’un endroit on s’en fervit comme
de moilons pour la conftruction des murs. C ’eft ce
que prouve la plupart des murs d’Angers qui font
bâtis de blocs d'ardoife. Il eft vrai que cette pierre eft
fi abondante aux environs de cette ville , q u e lle a
dû être préférée à toute autre. On trouve là les plus
fàmeufes carrières d'ardoife , & c’eft de la province
d’Angers que s’en fait le plus grand commerce pour
le royaume & pour les pays étrangers. On y diftingue
quatre efpèces d’ardoifieres ou pierrerières : la première
s’appelle la grande quarrêe forte , dont le millier fait
environ cinq toifes : la fécondé la grande quarrée fine,
dont le millier fait cinq toifes & demie : la troifîéme
la petite fine , dont le millier fait trois toifes. Enfin
on nomme la quatrième la Cartelle. On employé cette
dernière fur les dômes. Le millier de cette ardoife
fait environ deux toifes & demie. D e ces différentes
fortes à'ardoifes , la plus noire, la plus luifante & Ia
plus ferme eft la meilleure.
On a découvert à quelques lieues de Charleville
de Y ardoife aufli belle & aufli bonne que celle d’Angers
, quoiqu’elle n’ait pas une couleur aufli bleue &
aufli noire. Il y a encore des ardoifîères à Murat &
à Prunet en Auvergne, auprès de la petite ville de
Fumai en Flandre, a la cote de G ènes, dans les
montagnes de Savoie , & en Angleterre.
On prétend que les premières ardoifes ont été tirées
du pays d’Ardes en Irlande y & que c’eft de ce pays
appellé en latin ardefia que cette pierre a été tranf-
portee. On diftingue Y ardoife de la manière qui fuit.
A rdoise C artelette. C ’ëft le nom de la plus
petite ardoife., & qu’on taille quelquefois pour les
dômes, comme on en voit à celui de la Sorbonne.
A rdoise D ure. Ardoife dont on fait'des carreaux
des tables. On tire cette ardoife dés côtes de Gènes,
, *es Italiens s’en fervent comme d’une planche fur
laquelle il peignent.
A rdoise Fine. On appelle ainfî une ardoife qui
r “ f » comme on donne le nom à.'ardoife forte
a celle dont l’épaiffeur eft double de Y ardoife fine.
A rdoise G rosse ou Rouge , ou plutôt ràuffe
noire. C ’eft Y ardoife la plus commune.
V uant à la manière d’employer Y ardoife en couverture.
(V o y e z Couverture. )
A R E A chez les Romain:s avoit plus d’une figni-
ficatl
1 1 Atiflbit 1
maifon ’ ( V o y e z Z f H f " H l ° " bâtiffoit une
& oui M ? , " • ) ou Ia place qui 1 environnoit, ■ — B temples. ( V o y e z PW . ) Sur i l
Paulini i a .1 e teprefenté le fameux temple de
tifpice une E l A § j pen.o r> on ™it devant fon froneufe,
dit P lin e , parce qu’il n’y pleuvoit
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jamais ; & c’eft pour cette raifon que les monétaires
n’auront pas manqué de l’exprimer. T ac ite en parle
a u fli, & ajoute d’autres détails qui confirment l ’explication
qu’on a donnée de cette médaille.
A R E L A T A , ( Foye^ A rles. )
A R E N E , f. f. étoit le fol , ou la partie de l ’amphithéâtre
, dans laquelle s’exécutoient les je u x , ou
les combats de gladiateurs & de bêtes féroces. C ’éüoit
proprement la lcène de ces fortes de Ipeétacles, fon
étendue étoit proportionnée à la grandeur de l’édifîcej
& fa forme étoit ordinairement ovàlè comme celle
de l’amphithéâtre. ( V o y e z amphithéâtre.) C ’étoit
autour de l'arène qu’étoient pratiquées les loges ou
voûtes qui renfermoient les bêtes deftinées aux combats.
On lui donna le nom d'arène , parce qu’ordi-
nairement cette aire étoit fablée , a fin , d it-o n , que
le fang répandu s’imbibât & dilparût plus promptement.
L ’arène devenoit quelquefois un grand baflin
qu’on rempliffoit d’eau , & qui fervoit aux jeux
naumachiques. Quelquefois , par le moyen d’arbres
qu’on y plantoit, elle fe changeoit en une forêt où
l’on donnoit le fpe&acle de la chaffe. ( V o y e z le
T)iH. d'Antiq. )
O n défîgne encore, dans certains pays, fous le nom
d'arènes, en prennant la partie pour le t o u t , ces
fameux amphithéâtres q«e les Romains y élevèrent à
fi grand frais : ainfî l’on dit les arènes de Nifmes.
Il eft encore fait mention, dans nos anciens hiftoriens,
des arènes de Rheims, de Périgueux, & de celles de
Paris qui étoient devant St-Vi&or. C e nom fubfîfte
aufli dans quelques autres villes de France qui n’ont
plus le moindre vertige d’amphithéâtre.
A R E N É , ( Voyez A fpaissi.\)
A R E N E R ou s’A R E N E R , v. a<ft. C ’eft s’affoi-
blir extraordinairement. Un bâtiment s’arène, ou p a r ,
fa trop grande charge , ou par le vice de conftruction.
.
A R É O P A G E . C ’eft le nom du lieu où les aréo-
gagiftes, fameux juges d’Athènes, s’aflembloient pour
rendre la juftice. I l fîgnifîe montagne de Mars , &
lui fut donné , félon la fable , parce que Mars accufé
du meurtre d’un fils de Neptune, en fut abfous dans
ce lieu par les juges d’Athènes.
L 'aréopage étoit- fitué fur une hauteur qui étoit
prefque au milieu de la ville. Aujourd’h u i, il eft hors
d’Athènes. Spon & WEéler prétendent en avoir vu
les reftes , dans des fondemens qui forment un grand
demi-cercle bâti de pierres taillées en forme de dia-
mans, & d’une grandeur prodigieufe. «■ C es fonde-
» mens (Spon , voyage de Grèce , .cornu z. p. 1 16 .)
m foutiennent. une terrafle ou plate-forme d’environ
m 140 pas de long 3 qui étoit proprement la falle où
33 fe tenoit cet Augufte Sénat. Car on y jugeoit à
93 découvert, afin que tout le monde pût être témoin
99 de la juftice des jugemens. Aufli l’on voit que
99 cet édifice n’a point été élevé plus haut qu’un rez-
99 de-chauffée, ce qui fait qu’il y a lieu de s’étonner
» de ce que quelqu’un a pris ce lieu pour un plan