
offroient, par leur entrelacement' plutôt l’idée
d’une cage ; que celle d’une véritable charpente. On
a vu en même temps que la configuration de ces af-
femblages fera t celle qui conviendroit encoremieux
i l’édification d’ un pavillon. Si l’on rapproche l’ab-
fence d’étages, la grandeur ordinaire des maifons ,
qui ne font que des rez-de-chauffées, la privation
d’efcaliers qui en réfulte , & fi l’on veut de nouveau
jetter les yeux fur les figures où l’oeil faifit
ce que le raifonnement ne fauroit faire bien concevoir,
je crois qu’on aura peine à difconvenir de
la vérité des principes & de l’effence de 1'archi-
teCture chinoife. . , .
Maintenant qu’on fe rappelle ce qui a ete dit
à l’article Architecture, des différens modèles
que les différens genres de vie indiqués par la
nature, avoient du fournir a 1 architeflure des premières
, fociétés d’hommes raffemblés en villes, &
l’on aura dès notions affez certaines fur ce que doit
être le carâftère de l'architiElim chinoife.
- Sans redire ici ce qu’on trouve à l’article indiqué,
il eft facile de voir que l’extrême légèreté doit être
le réfultat de l’imitation dont il s’agit. L’efprit &
le caraâêre des tentés, tranfpofé dans les conftruc-
tions des villes, pouvoir, par le changement des
matériaux, fe perdre & s’alterer du moins en réalité.
L’apparence de la légèreté pouvoit fe trouver en
contradiftion avec la folidité effendelle de la matière
& de la confttuâion. Le caraâêre eût été
toujours le même; mais ce caraâêre n’eût été
qu’intèlleâuel ou moral. Cependant une chofe a
contribué encore à l’identite de la copie avec fon
original, c’eft l’identité de matière. En effet, les
Grecs, qui prirent leur modèle dans la charpente,
ne la copièrent que d’une manière ..figurée, & la
métamorphofe dubois en pierre, ôta bientôt jufqu’à
l’apparence de la foibleffe SC de la légèreté que
pouvoit avoir le modèle. Mais à la Chine , la madère
n’a prefque pas fubi de changement. C’eft
toujours, ou prefque toujours, en bois que Var-
chi'eCtim copie ou femble copier fon modèle; &
c’efl ce qui fait que la légèreté de l’original s’eft
tranfportée dans des copies auxquelles ce nom ne
convient que trop parfaitement. , '
Mais lorfque d’autres matières fe font lubftituees
à celles qui formoient les tentes, lorfqu’avec des
pierres, des briques , des marbres, & tous les
autres matériaux qui peuvent-donner de la folidité
aux édifices, on a voulu rendre toutes les formes
& tous les contours du modèle , la légèreté, qui
en eft le principal attribut, eft devenue d’autant
plus frappante, qu’il y avoit moins d’analogie entre
les' madères de l’original & celles de la copie. Ce
qui dans l’emploi des madères primitives., n’étoit
que'l’effet de la nature des choies, a paru , dans
les madères repréfentàtives , être le réfultat du
caprice. C’eft qu’il V a , dans le fait, trop loin, quant
au matériel, de l’objet repréfenté, à la matière re-
préfentante. C’eft que dans cet échange le caraâêre
tju modèle empêche l’art de donner à la copie
Fappâfèrtdê de folidité, dont la privation forme utl
dés vices principaux de] cette architecture,
La légèreté forme donc le cara&ère efîèntiel de
l'architecture chinoife ; & d’après ce qu’on a ex-
pofé de Fart de la conftrudion en Chine , on
voit qu’aucun autre caraélère ne fauroit s’y faire
fentir, puifque le défaut de folidité eft inhérent
a l’eftence mêmevde l’art, comme aux.moyens qu’il
emploie, puifque' ce défaut eft dans les qualités
intellectuelles, comme dans les qualités pofitives
& matérielles des édifices. • ; -
Au refte, quand je me fers du mot Gérant, celt
parce que je rapporte toujours les idées & les ju-
gemens qu’on porte dans une telle analyfe à des
principes que l’on fuppofe fondés fur une con-
noiffance plus générale de la nature. Mais, a.vrai
dire, en admettant à Y architeflure chinoife 1 origine
qu’on lui a donnée, en reconnoiffant 1 exil-*
tence du modèle qu’elle s’eft plu à copier , il faut
convenir qu’il y auroit plus que de 1 inconfe-
quence à lui trouver des défauts dans cela meme
qui conftitue la vérité de fon imitation. Un véritable
défaut dans cette architecture, ce feroit
d’avoir l’apparence de folidité qui fait le mérite
de quelques autres. Puifqu’on’eft obligé de recon-
noître qu’il y a différens types eonftitutifs des difi
férentes manières de bâtir, c’eft le ty pe en lui-même
qu’il faut examiner, & non les copies qui en font les
réfultats. J’ai fait voir au mot Architecture , que
le type de l’architeéture grecque étoit bien celui
qui devoit produire le meilleur ordre de combi-
naifons dans l’architeéture. Mais comme la raifon
qui peut choiîir entre ces modes, ne fauroit parvenir
à en rejetter un feul puifque tous ont dans
les premiers befoins de la nature une communs
origine, je penfe que reprocher à Y architecture
chinoife fes formes, fon caraétère de légèreté, lori-
qu’on reconnoit fon effence & fon origine,, c’eft
reprocher.au daim léger de n’ayoir pas la conformation
folide du cheval.
Je n’ai point parlé de toutes les raifons qui pour«
roiertt juftifier à la Chine ce peu de folidité dans
les édifices, & je,ne parlerai ni des motifs économiques,
ni de la crainte des tremblemens de terre,'
ni des matériaux, ni de tout ce qui s’éloigne du
point de vue fous lequel on-doit confiderer cç
qu’on appelle le caraétere d’une architecture. Pour
moi, je trouve que l’architeCture de la Chine ayant
pour motif d’imitation des tentes & des pavillons
, on ne la doit juger que d’après fon modèle , 8c
que fi la légèreté exceffive eft le propre du typé
qu’elle imite, plus elle eft parvenue à rendre cetta
qualité, pliis on doit l’admirer.
Mais il eft encore une qualité caraCtériftique de
ce modèle & de l’imitation qu’on en retrouve dans
les édifices de la Chine, c’eft la gaieté. A cet égard
aucune architecture ne doit préfenter.d’afpeCt plus
riant, plus flatteur pour les yeux.
Ces combles & ces doubles toits brillans de
couleurs, dont l’effet eft comparé par les poètes
. 'chinois aux ’nuances de l’arc - en - ciel ; ces portiques
diaprés de toutes fortes de couleurs ; ces vernis
répandus fur toutes les parties des édifices ; 1 accord
de ce genre de décoration avec les formes
légères des bâtimens : tout celà doit îp p^ r
un genre de plaifir dont il feroit bien difficile
de défabufer les yeux qui y font habitués ; &
il faut avouer que le coup - d’oeil de notre architecture
doit être bien froid & bien monotone
pour des hommes accoutumés à mettre le plaifir
, des fens dans les arts , avant celui de l’ intelligence.
Cependant, fi nous faifons peu d’ufage de ces
moyens de décoration fi fréquens dans les pays
méridionaux, & fiuniverfels dans l’Afie, peut-être
obéiffons-nous en cela moins aux .règles du goût
qu’à celles de la nécefiké ; peut-être privons-nous
l’architeCture d’un des moyens dé variété & de plaifir
les plus fenfibles &,le plus à la portée de la multitude.
| Lorfqu’on veut porter le luxe & la durée de
J l’ornement à fon plus haut point , c’eft en employant
Le goût, confidéré paflivement , c’eft-à-dire,
dans les ouvrages, de l’art plutôt que dans les ar-
tiftes, eft une qualité aflèz vague ; elle .embraffe en
quelque forte les autres qualités ; elle fe compofe de
toutes les caufes phyfiques & morales qui ont quel-
> que influence fur l’a rt-C’eft particuliérement dans
l ’ornement & ..la décoration qu'on eft habitué à la
chercher. Cependant , comme tout , dans l’archi-
teCture, fe lie par des rapports mutuels, on ne fau-
roit’ dire combien il y a de corrélation entre là
■ conftruCtion & la décoration , fur-tout dans X’ar-
. chiteElure chinoife.
Le goût de décoration ou d’ornement dans cet
art , refulte ■ donc particuliérement de la nature
ou des moyens de conftruCtion, & de ceux que
fes différens genres d’induftrie naturels à ce pays,
ont fti y appliquer, -
Qn en a dit affez fur l’origine de cette architecture,
fur l’efprit dé légéreté qui en réfulte, ainfi
que des matériaux, des’ bois & des rofeaux qui
forment fs charpente. Mais rien n’eft mieux d’accord
avec cette organifation & l’offature de toutes
fes parties, que le genre d’ornemens qui encom-
pofe , en quelque forte , le revêtement.
Qu’on ne cherche point à la Chine ce goût d’or-
nemens en fculpture, auxquels l’ideefe. porte naturellement
, quand on parle d’ornemens. Rien
de femblable ne s’y remarque. L’art d’orner les
édifices n’y eft autre chofe que celui que nous
fommes habitués d’appliquer à des meubles ou aux
■ objets que nous jugeons, parleur peu d’importance,
ne deyoir recevoir que les parures du caprice. Qn
, traite à- la Chine un édifice comme nous, traiterions
, comme ils traitent eux-mêmes une armoire ,
un meuble, &c. Sa beauté y confifte dans le foin
& la propreté. On vernit les colonnes, on colore
les toits, on enduit les murs de fubftances
colorantes ; & les plus belles, les plus brillantes ,
les plus inaltérables, font le plus grand mérite des
plus beaux édifices. Lés figures qu’on y peint ont
des rapports avec les- croyances fuperftitieufes, &
fe mérite de l’art n’y feroit que le fécond,
les touleurs que le feu rend inaltérables
dans la porcelaine. Les plus fameux monumens, le
palais de l’empereur, les tours dont on a parié, brillent
de l’éclat de ces matières réfervées pour les
dieux & pour le fouverain.
L’art des ornemens n’eft à la Chine que l’art -
des découpures. C’eft fur-tout dans les entrelas que
les Chinois excellent. Leurs meubles, leurs ftèges,
leurs tables ont dans ce genre un charme particulier
, que l’inépuifable fécondité de tous les deflins
qu’ils inventent, fait ctiverfifier à l’infini. Les chaf-
lis de leurs croifées offrent tous les compartiinens
imaginables. Ce goût fait une partie très-remarquable
de leurs édifices. , On : n’en voit pas où
ces entrelas > compofés de matières plus ou moins
folides’, ne tiennent la place de ce que nous pour-
l rions nommer la. frife.
On voit donc que toutes les parties de Y architecture
chinoife font parfaitement d’accord entre elles.
Aucun goût étranger n’ayant pu s’y mêler, cet
art a reçu fon développement d’une manière conforme
aux befoins du pays, aux reftbtirces de l’in-
duftrie ; & l’efprit dé routine qu’on a vu être ce-
■ lui qui devoit préfider à tous les acceffoires &
aux détails qui fouvent parviennent à changer le
principe de l’enfemble , a retenu l’archite&ure, depuis
un grand nombre de fiecles> dans un état d’où
il n’eft pas facile de croire qu’elle puiffe fortir.
Tout ce qui fe fonde fur des principes naturels,
tout ce qui a eu le tems de s’afforrir aux befoins
Amples bc peu nombreux d’un peuple immenfe ,
& que fon immenfité même ifole de tous les autres
, doit durer autant que ce peuple.
CHOEUR , f. m. partie de nos églifes qui eft
à la fuite & dans l’alignement de la nef. Elle renferme
l’autel & les places des prêtres & des chantres.
L’autel eft dans le lieu appellé aujourd’hui
( fanttuaire, nom que l’on donnoit autrefois au lieu
i même où les prêtres avoient feuls droit de fe
placer;- ce qui le • fit aulli appeller presbytère,
| prtsbyttnum, autre nom qui a pafte à la maifon
qu’ils occupent en commun. On l’appelloit encore
apfis, du genre de fa conftru&ion f voye£ ce mot ).
Mais enfin le nom qui en dèfigné l’ufage aéluel
a p r é v a lu & lui eft feul refté.
Ifidore , évêque de Hifpalis , maintenant Séville
, au livre intitulé de Ojficiis, le fixième de fon
ouvrage fur les origines, explique ainfi celle du
mot choeur. Il vient , dit-il ,. de ce qu’au commencement
, ceux qui fréquentoient les temples
formoient comme une couronne autour des autels
, & ehantoient dans cet ordre, Qubd initio in
modujn -coronot circi aras, Jlarent & ita pfallèrent. Il
ajoute que plufieurs font dériver ce mot de la concorde
oui naît de la charité fraternelle. A con-
cordiâ qutz in charitate confiitit. Cette dernière étymologie
dut fans doute être adoptée des chré