
cailloux en petite ma ffe , Sc répandus fou à la
furiàce , foit dans l ’intérieur de la terre.
Le mot caillou vient du latin calculas, qulfignifie
la même choie. En conftrnéHon , on donne ce
nom à toute efpèce de cailloux, de.quelque nature
qu’ils fo ien t , parce qu’il eft plus analogue
à leur forme qu’à la matière dont ils font com-
pofés.
I! y en a de calcaires , dont on fait d excellente
chaux ; ce font ordinairement ceux qui font d un
blanc opaque, Sc qui ne donnent pas ou prefque
pas d’étincelles lorfqu’on les frappe 1 un contre
l’autre ou avec le briquet. O n diftingue encore
les cailloux calcaires, parce qu’ils font effervef-
cence avec l’acide nitreux.
Les cailloux qui ne font pas calcaires font les
plus durs : on les emploie avec fuceès dans les
maflifs de maçonnerie qu’on appelle blocages;
on s’en fert encore pour faire des murs ordinaires,
pour paver les rues : il s’en trouve qui ont juf-
qu’ à fept à huit pouces de groffeur.
O n fe fert des petits cailloux pour paver les
aqueducs , les grottes, les fontaines : mêles avec du
ciment, puis fciés Sc polis , ils fervent aux ouvrages
de mofaïque & de rapport.
O n fait a v ec les cailloux une poudre qui peut
tenir lieu de tuileaux p ilé s , & dont on fait des
cimens qui réfiftent à l’eau. Pour réduire ces
cailloux plus facilement en pou dre, on les fait
rougir auparavant dans un fourneau. ( Voye£ les
articles Ma ço n n e r ie & Pavé ).
C A IS S E , f. f. terme tiré du mot latin capfa,
coffre ou boîte.
C ’eft dans chaque intervalle des modillons du
plafond de la corniche corinthienne, un renfoncement
quarrè qui renferme une rofe. Ces ren-
foncemens, qu’on nomme aufïi panneaux ou caJJetes,
font de diverfes figures dans les compartimens des
voûtes & des plafonds.
Le mot de caiffon fe donne encore à cette efpèce
de renfoncement, comme l’ufage l’a fait prévaloir
depuis quelque teins. Je renvoie a cet article tout
ce qui concerne cette partie des plafonds ( Voye%
C a i s s o n ) . - ;
Caisse ( eonftrutlion ) . On donne ce nom à des
efpèces de coffres qua rrés, fans deffus , dont on
fe fert dans certaines circonftances, pour fonder
dans l’eau. O n forme ces caiffes avec de forts
madriers & des bâtis de charpente ( Voye^ les
articles En c a iss em en t 6’ F o n d a t io n ).
Caisse ( Jardinage ). Vaiffeau qua rré, fait le,
plus fouvent de planches de ch ên e, clouées fur
quatre piliers du même b o is , qui fert à renfermer
les orangers , les jafmins , grenadiers, lauriers-
rofes & autres arbuftes à fleurs ou arbres nains.
Pour faire durer les caiffes & les orner en même
tems , on Je?- peint par dehors de deux couches
à l’huile , foit de blanc , foit de verd : l’intérieûr
fe goudronne. Les petites caiffes fe font des douves
qu’on emploie aux tonneaux : les moyennes de
mairain ou panneau : les grandes de chevrons de
chênes , avec de gros ais du même bois attachés
de ffus, garnis d’équerres Sc de liens de fer,. Ces
caiffes fe tranfportent l’hiver dans les ferres ou
jardins d’h iv e r , pour mettre les arbuftes à l ’abri
de la gelée.
C A IS S O N , f. m. C ’eft le nom qu’on donne
généralement à cette partie de plafond qui fe
renfonce en creux Sc qui fe diftribue en compartimens
fymmétriques, quelles que foient leur forme
& leur décoration.
C e mot eft dérivé de ca iffe, nom qu’on donne
aufli à ces renfoncemens, parce qu’ils ont l’apparence
de boîtes ou d’efpèces de coffres.
L’origine du caiffon eft du nombre de celles qu’il
faut chercher dans la charpente ou dans les aflem*
blages de bois qui formèrent les premières conf-
truélions. Les folives d’un plancher, difpofées
également & coupées par d’autres folives dans lesquelles
elles s’emboîtent, forment naturellement
des coiffons. Dans, beaucoup de pa ys Sc fur-tout
en I ta lie , les plafonds de tous les appartenons,
de toutes les chambres , font faits de cette forte.
Les folives du plancher n’y font recouvertes par
aucun enduit. Cette méthode aufli favorable à la
confervation des bois qu’à l’économie de la conf-
tru&ion, a de 'plus l’avantage d’offrir à l’embel-
liffement des plafonds, un parti de décoration aufli
Ample que naturel, Sc d ’autant plus agréable que
le plaifir des y e u x a fa fource dans la néceffité
même & la nature des chofes.
L ’origine des coiffons eft trop fenfible pour qu’on
doive s’arrêter à la prouver. Quoique cette partie
de décoration tienne au fyftême d’ imitation que
j ’ai développé ailleurs avec beaucoup d’ étendue
( voye^ Architecture ) , elle a peut-être fur
d’autres du même genre l’avantage de pouvoir fe
paffer des preuves analogiques & des indu&ions
fyftématiques qu’elles demandent. Ici la réalité fe
trouve tellement liée à l’imitation, que l’une devient
la démonftration de l’autre. La pratique habituelle
de la conftru&ion ne permet pas de démentir
la théorie de l’art.
Si l’origine des coiffons n’a pas befoin de preuves
; s’il eft inutile Je s’arrêter à démontrer ce
qui eft, é v id en t , il ne i ’eft pas de ramener l’art
de la décoration à la fimplicité d’un principe qui
doit invariablement fixer fon goût en ce genre.
D ès qu’ il eft inconteftable que les coiffons ne
font & ne peuvent être autre chofe que ces espaces
creux & renfoncés que laiffent entre elles
les folives d’un plafond , on ne peut fe refufer à
tirer de ce principe les trois confèquences fui-
vantes.
i° . Q u e la forme des caiffons ne fauroit être
aufli arbitraire qu’ il a plu à bien des décorateurs
de le croire; Sc que celle qui fe rapprochera le
plus du fyftême de la charpente fera la plus conforme
à la vérité comme au bon goût.
2°, Q u e la difpofition des coiffons Sc leur emploi
doivent dépendre des befoins & de la convenance
des lieux , Sc qu’on ne doit jamais les appliquer
à tout ce qui ne comporte pas l’idée de platoncl
ou de couverture.
«°. Q u e la décoration des coiffons, de quelque
matière qu’on les faffe , doit être telle qu’on puiue
fuppofer poflible dans la réalité tout ce que Ion
fe permet dans l’imitation.
De la forme des coiffons.
Il eft peu d’objets dont la forme effentielle foit
plus évidemment, plus impérieufement écrite
Sc ordonnée que celle des coiffons\ L en eft peu
cependant dont le caprice fe foit joué avec plus
de nardieffe, & ait plus dénaturé l’efprit & le
cara&ère. T e l a toujours été le fort de l’archi-
teéture, que manquant d’un modèle v ifib le , cet
art s’eft infenfiblement dégradé par les copies que
la routine a multipliées. U n monument devenant
toujours le modèle d’un autre , les types primitifs
dévoient s’altérer au point que les vérités les plus
fondamentales feroient bientôt des fujets de doute
Si finiroient par avoir l’air de paradoxes.
C ’eft fur-tout le génie de la décoration & de l’ornement
qui introduit dans l’ architeéhire cet abâtar-
diffement de formes Sc ce néant de principes. L ornement
, comme l ’on aura occafion dé le dire ailleurs,
( voye^ Ornement ) , ne pofe véritablement fur
aucune bafe folide. I l n’eft à l’architeâure que ce
que les broderies font aux vêtemens, c’eft-a-dire
un acceffoire prefque toujours indépendant des formes
effentielles, Sc dont l’a r t , à toute rigu eu r,
pourront fe paffer. Cependant, femblable à ces
intrigans parafites, qui admis par grâce dans une
maifon , y fèment bientôt le trouble Sc finiffent
par s’en rendre maîtres , on a vu dans tous les
tems l’ornement, introduit d’abord avec refervefur
les parties les moins effentielles , s’étendre peu
à peu fur les principales , atténuer & divifer les
formes. Par une progreflion infenfible de confé-
quences équ ivoques, U s’empare de la conftruc-
tion m êm e, en altère les membres; & dans la
confufion de tous les principes, il laiffe à douter
qu’il y en ait jamais e u , ou qu’il puiffe y en
avoir. Enfin, ne diftinguant plus le principal de
l’acceffoire, on prend les, détails pour les membres
, ou , pour mieux dire , l’art fe réduit a n être
qu’un jeu de caprices propres à divertir les y eu x
de pelui qui n’a que des yeux.
Il ne faut pas defeendre jufqu’aux ouvrages des
modernes en architeâure, pour fe convaincre de
tous les travers que le génie mal-faifant de l’ornement
a portés dans la partie des édifices dont je
parle. Les monumens de Baalbeck Sc de Palmyre
font remplis de ces caprices en forme décoiffons,
dont les Combinaifons fans doute font ingénieufes ,
mais qui feroient tout au plus admiffibies dans
l’arabefque. A u milieu de tous les compartimens
fubdiyifés qui les comp ofent, l’on cherche en
vain la fprme effentielle du caiffon : elle difparoît
confondue dans toutes les figures que le jeu de
l’arrifle s’eft plû à y tracer ; on croit vo ir dans
ccs entrelas plutôt le deflin fantaftique d’un pavé
ou d’ une mofaïque, que la repréfemation des fo lives
d’un plancher.
C e genre d’abus a été porté par les modernes
à un degré bien plus incroyable. O n conçoit que
la tranfpofition du bois à la purre peut amener
enfin l’oubli des formes de la charpente. L ’on
doit perdre de vue un modèle dont l’exiftence
ne fe retrace que dans des imitations de plus en
plus imparfaites. C ’eft ainfi qu’ un grand nombre
de parties caraâériftiques de la charpente fe font
trouvées infenfiblement dénaturées ; Sc que le goût
de l’ornement, propre à tout décompofer , eft parvenu
à détourner de leur véritable fens les membres
les moins fufceptibles d’équivoque. Mais on
a peine à concevoir que cette diffolution de principes
ait pu s’opérer jufques dans les plafonds en
bois que les modernes- ont fi fouvent employés :
car en fin , fi le principe des coiffons avoit pu s’altérer
dans les conftruélions en pierre, où fo ch an gement
de matière pou v o it égarer l’ar tiffe , rien
ne pouvoir plus efficacement le ramener au vrai
que l’ufage des plafonds en bois. C ’eft en ce genre
cependant qu’ont été produites les bifarreries les
plus extraordinaires. I l n’efl: point de formes irrégulières
, grotefques & tourmentées , que le délire
des architeéles n’ait enfantées dans le deffeln de ces
coiffons. Lojanges, guillochis, entrelas les plus ridicules
, mélange monftrueux Sc choquant de toutes
les figures géométriques , contre-fens abfurd.es
d’exécution, invraifemblance de détails, incohérence
d’o b je ts, impoflibilité même d’exifter fans
les refforts cachés & la fo perche rie d’un mêcanifme
mal-adroit: voilà ce que l’on voit dans une multitude
de plafonds en bois, dont les compartimens
bifarres n’appartiennent à aucun ordre de chofes.
Q u e lle ; influence ne dut pas avoir ce goût
fur les plaifonds de conftrudion ! Par une réa&ion
naturelle, tous ces vices furent bientôt transportés
dans les matières les plus durables. Il fe
fit comme un cercle vicieux du modèle à font
imitation, dont il ne fembloit pas poflible de fortir.
L e dernier fiècle épuifa dans ce genre toute la
fécondité du mauvais goût. L’on me difpenfera
fans doute d’en faire le détail. I l feroit infini;
car l’irrégulier & l’extravagant n’ont point de limites.
Le goût plus fage & plus p u r , qui depuis quelques
années fernble ramener l’archite&ure à la
; connoiffance de fes vrais principes , a déjà proferit
dans la décoration des plafonds , toutes ces formes
bâtardes de coiffons que l’arabefque même auroit
honte d’employer. Effayons donc d’établir brièvement
les règles de convenance que comporte ce
genre.
Les formes régulières font les plus parfaites en
géomé trie ; elles font aufli les plus agréables à
l’oe il, qui les embraffe aifémenr.