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Lorfqu’il eft poffible de-pratiquer des batardeaux
à fol découvert, cette méthode eft beaucoup plus
sûre que tous.les moyens ingénieux qu’on a inventés
pour y fuppléer, mais dont on eft cependant
obligé de faire ufage dans plufieurs cir confiances^,
BATIMENT, f. m. Nom général que l’on donne
aux ouvrages de l’archite&uremais particuliérement
aux lieux defiinés à l’habitation. Le mot d'edi- ?
fice, qui en éfi fynonyme, comporte une acception
plus nobfo & plus- distinguée. Le mot de batiment
ne fauroit convenir aux arcs de triomphe,
aux fontaines, portes publiques, &c. Celui d’édifice
emporte avec lui l’idée de monument. Les particuliers
doivent avoir des, bâtimens Amples & commodes
: les demeures divines veulent des édifices
fomptueux St magnifiques. Les. ouvriers donnent
généralement le nqm de batiment à tout ce qu’on eff
en train de conftruire. D ’où il réfulte que le mot de
bdùment a plus rapport à l’art de bâtir., celui d'èdi-
fice .h l’art proprement dit- de l’architeéhire. ( Voye^
Édifice. )
Cependant l’ufage confond fouvent ces deux
mots, que leur étymologie femble aufli rapprocher.
Mais l’idée d’utilité, , de Commodité 8c, d’économie
accompagne prefque toujours l’acception de bâtiment,
(Voyeç les articles fuivans.)
Batiment d’échine. On appelle ainfi une mai-
fon ouverte, dont on voit les planchers & les combles
fur des étaies .& cheyalemens , pour qu’il y
foit refait un mur de face ou de pignon , ou quelque
autre réparation & raccordement.
Batimens de -marine. Ce font les lieux où
l’on conftruitfos vaiffeaux 8c où Ton fait leurs équipages
; comme font les ports , arfenaux, corde-
ries, magafinSjformes, fonderies, &c. 8c les lieux
où i’on'tient lesvaiffeaux défarmès, à flot & ensû-
reté , tels que font les ports j môles, darces , baf-
fins. (Voye{ tous ces mots.)
Sous le nom de batimens de marine on entend encore
les hôtels dans lefquels on rend la ju-ftice de
l’amirauté, les maifonsde fanté, les hôpitaux, &c.
Batiment engagé, C’eft une maifon entourée
d’autres maifons , qui, fans avoir face fur aucune
rue ni place publique n’a communication avec le
dehors que par. un -paffage de fervitude.
Batiment enterré,: liment dont l’aire eft
p\us baffe que le rez-de-chauffée d’une rue , d’une
cour ou d’un jardin^, 8c dont les. premières aftifes
dç pierre dure font cachées,;
On appelle encore bâtiment, enterré celui qui eft
dominé par quelque hauteur d’une maifon Voifine
qui lui fait lunette.& dont il reçoit la décharge des
eaux.
Batiment feint. C’eftun mur mitoyen ou de
clôture, une décoration d’architeéiure de pierre ou
dîantre matière .femblable- à celle qui lui eft ref-
peéHye , pour conferver la fymmètrie du circuit
d’une cour ou. d’un jardin.
Batiment flanqué ou adossé , eft celui qui
touche à quelque grand édifice, tels que ceux qui.
B A T
font mitoyens au palais du Luxembourg à Paris.
Batiment h ydraulique : 'bâtiment deftiné à
contenir des machines pour élever les eaux, foit
pour l’utilité- publique , foit pour l’embelliffement
des jardins. (Voye{CHATEAU d’eau.)
Batiment irrégulier : bâtiment dont le plan
n’eft pas contenu dans des lignes égales ni parai-
lèles , par quelque fujétion. ou accident de fa fitua-
tioiv, & dont les parties-ne font pas relatives les
unes aux autres dans fon élévation.
Batiment isolé, eft celui qui n’eft attaché a
aucun autre, mais qui eft environné de rues ou de
places publiques.
Batiment particulier. On appelle ainfi un
bâtiment deftinè à l’habitation d’un particulier, &
proportionné à fon état & à fa condition : tels
font les hôtels j les maifons de communauté, celles
des bourgeois.
v B a t im e n t ;p u b l ic . On donne ce nom auxbd-
timens qui-font à l’ufage du pu b lic, comme les hô-
tels -de-ville, le sb o u r fe s , les banques , les hôpitaux
, les hofpices , &c.
Batiment régulier: bâtiment dont le plan eft
d’équerre, dont les côtés op'pofés font ég aux, &
les partiesdifpofées a vec fymmètrie.
B atiment ruiné , eft celui q u i , par laps de
temps, par défaut d’entretien, par vice dè corff-
truélion ou par l’effet de la guerre , eft détruit en
p a rtie, 8c eft devenu tout-à-fait inhabitable. [Voye{
Ruine.)
Batiment rustique ou champêtre. On appelle
ainfi les fermes , métairies , baffes - cours,
granges , étables, moulins j &c.
B A T I R , v .a éh C e terme1',, pris en lui-même,
& fans le confidérer par rapport à l’a r t , a trois
lignifications.
Il défigne tout à la fo is , & la dépenfe d’un bâtiment
& l’invention du deflin 8c l'exécution. Ainfi
on dit qu’un tel particulier a bâti cet édifice , parce
qu’il en a fait la dépenfe ; qu’un tel ârchite&e l’a
bâti r parce qu’il en a donné le de flin , & qu’un
entrepreneur ou maître maçon bâtit bien ; lorfqu’il
emploie dans les conflruéHons dont il eft
ch argé, de bons matériaux 8c tout le foin que l’art
demande.
B A T IR (A R T D E ) . (Confiru&ion.) O n comprend
fous cette dénomination l’art d’êxécuter toutes forte
s d’édifices , & dè mettre en oeuvre les différons
matériaux, propres à leur cenftru&ion. Vart de bâtir
eft diftinét de l’architeâure 8c de la fcience de la
iconftrûétion. L ’artde bâtir eft né du befoin : Turc
de l ’architeélure naquit du plaifir. La fcience de la
conftruétion provient de l’un & de l’autre & de
l’application des foiences du calcul. (Voye^ A rchitecture
& C onstruction.)
L ’origine de Y:art de bâtir dut précéder celle de
;l’àrchite<fiure : fa rt de fe faire des abris surs 8c lo-
lides dut naître avant l’art qui.les embellit : peut-
être même celui - ci doit - il fa naiffance à l’autre ;
car c’eft de nos befoins que Raiffentnos plaifirs.
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Sans répéter ici ce qui a été dit for cet objet au
inot Architecture , fans parler dés caufes premières
qui imprimèrent à l’art, fuivant les diffèrens pays,
des formes diverfes,nous ferons remarquer que Y art
de bâtir proprement dit, doit fes plus grandes
variétés aux diffèrens matériaux que l’homme imagina
de mettre en oeuvre. Si donc les diffèrens
genres de conftru&ion furent les types premiers
de l’archite&ure, les différentes efpèces de pierres,
,<le bois, & d’autres matériaux, furent les premières
caufes de Y art de bâtir.
Dans les pays où il y avoit des forêts, Y art de
■bâtir fit fervir aux retraites de l’homme les troncs
des arbres & leurs branches entrelacées : l’art de la
charpente bientôt en façonna les formes, St trouva
le moyen de les difpofer plus folidement.
Leshâbitans des montagnes ne tardèrent pas à
imiter les cavernes creufées par la nature, en en-
taffant des pierres les unes fur ies autres. L’induf-
trie, fille du befoin & de l’expérience, leur apprit
à les équarrir, pour les mettre, plus facilement en
oeuvre, La differente nature des pierres fuggéra,,
fuivant leur étendue ou leur dureté, de les employer
en grands blocs, ou de lés réduïreen moilons.
Dans les contrées où le bois & la pierre étoient '
rares, les habitans imaginèrent d’y fuppléer par la
terre. Ils vinrent à bout d’en former des pierres
fafticesque nous appelions briques. D’abord ils employèrent
ces briques crues, après les avoir fait
lécher à l’ombre pendant un certain temps ; enfuite
ils trouvèrent le moyen, en les faifant cuire j, de
les rendre aufli folides 8c auffi durables que les
pierres.
.C’eft de la combinaifon de ces trois manières
différentes que s’eft formé Y art de bâtir en pierres,
en briques & en bois. Quelquefois elles fe trouvent
réunies dans un même édifice, c’eft-à-dire,
qu’il y a des batimens ou l’on emploie la pierre,
la brique 8c le bois; d’autres où il n’entre qu’une
feule de ces trois /matières.
Soit que le goût du grand & du merveilleux ait
toujours étécelui.des fociétés naiffantes , qui, voisines
encore de la nature, recevoienr d’elle les
grandes impreflions qu’elles communiquoient à
leurs ouvrages ; foit que les fragiles effais du befoin
aient difparu de la mémoire des hommes ,
comme de la furface de la terre ; les relations des
plus anciens peuples, ainfi que les veftiges de leurs
monumens, dépofent tous d’un amour fingulier
pour les plus immenfes conftruélions en pierre ,
& d’iipe facilité furprenante dans l’exécution des
plus vaftes^entreprifes.
D’après les annales imparfaites de l’hiftoire des
nommes , les Egyptiens paffent pour les premiers
qui bâtirent en pierres de taille. Les carrières im-
nienfos de leur pays dûrent leur en fuggérer le,
goût, & four en feciliter les moyens. Delà ces
monumens éternels d’orgueil, où les premiers rois
Egyptiens enfevelirent leurs noms avec leurs corps.
Ees pyramides pafleilt pour les plus anciens' 8c les
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plus confidérables ouvrages qui aient été faits de
main d’homme. Les premières furent conftruites
plus de mille ans avant le temple de Salomon, &
environ huit cens ans avant les murs de Babylonc.
La plupart de ces pyramides qui exiffent depuis
plus de trois mille fept cens ans, fe font confervées
prefque entières jufqu’à nos jours, quoique bâties
d’une pierre médiocrement dure. Les pierres employées
à leur conftruâion , tant intérieure qu’extérieure
, font d’une grandeur prodigieufe , pofées
fans mortier 8c fi bien jointes , que la plus m’ince
lame lie pourroit s’introduire entre elles. Il paroît
que dans ces temps, tout Y an de bâtir conçoit à.
tranfporter 8c à équarrir des pierres d’une grandeur
extraordinaire, 8c que le plus grand mérite étoit
dans le plus grand volume. (Foye^ Archit. Égyp.)
Nous n’en donnerons pour preuve que la chapelle
monolithe du temple de Latbne à Buttis , dont Hérodote
nous a confervé les mefures. Elle avoit quarante
coudées en tout feus; 8c comme la coudée
des Egyptiens étoit de vingt polices 8c demi, le
bloc devoit avoirfur toutes fesdimenfions foixante-
huit pieds quatre pouces. La couverture de cette
chapelle étoit aufli formée d’une feule pierre de
quarante coudées en quarré , fur quatre coudées d’é-
paiffeur. Le même hiftorien nous apprend que ce
poids énorme fut tranfporté fur des radeaux, de
l’île dePhiiæ qui eft à deux cens lieues de Buttis.
Cette chapelle toute évidéç devoit pefer plus de
vingt millions. C’eft , fans contredit, le plus
énorme fardeau qui ait été mu par la puiffance humaine
, 8c tranfporté à une fi grandediftance.
Quel favoir 8c quelles connoiffances né fuppofe
pas l’exécution de pareilles entreprifes , quand on
les compare à.celles du même genre chez les peuplés
modernes ,, avec toutes les reffources de la mécanique
8c des autres foiences : car le fameux rocher
que l ’impératrice de Ruflie a fait tranfporter
de nos jours à S. Pétersbotirg, pour fervir de pié-
deftal à la ftatue de Pierre-le-Grand , ne pefoit que
trois millions, 8c le trajet n’a été que .de quatre
lieues 8c demie. L’obélifque que Sixte - Quint fit
tranfporter & élever avec tant d’appareil 8c de frais,
au milieu de la place de fàint Pierre à Rome, ne pèfoit
que 744588. Le bloc de pierre de Meudon , dans lequel
on a pris les deux grandes cymaifes du fronton
du Louvre, ne pefoit pas deux cens milliers avant
qu’on le fçiât.
Les Affyriens qui le difputoient aux Egyptiens
pojuf l’antiquité;, leur difputoient aufli la gloire
des yaftes monumens : mais comme leur pays ne
fourfourniffoit :pas des carrières de pierres , ils employèrent
la brique : c’eft de cette matière que
furent conftrüits les murs de Babylone 8c le temple
de Bélus : exemples de ce genre de conftru&ion les
plus anciens dont l’hiftoire faffe mention, 8c qui
furent mis au rang des merveilles du monde. Les
foiftoriens nous apprennent qu’on fe fervoit de
bitume pour maçonner çês briques;.ce qui donneront
à croire qu’à cette époque on n’avoit pas en