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Girard a remarqué que la réfiftance des bois varie !
avec l’état de l’air, par leur influence hygrométrique
, c ’eft-à-dire , en raifon de l'humidité dont
ils font pénétrés. Cependant, malgré ces caufes
nombreufes de variations, Parent, Mariette,
Varir gton & plu fleurs autres ont cru pouvoir conclure
de toutes les expériences faites, que la loi de
la ré fl dan ce des bots étoit en raifon de la largeur,
en raifon du carré de la hauteur, & en raifon in-
verfe de la longueur.
Buffon, qui a fait des expériences en grand fur
la réfiftance des bois > a obfervé que la force employée
pour faire rompre des pièces d’un même
équairiiiage ne fuivoit pas le rapport inverfe des
poids; qu'il falloir ajouter à ces poids l’effort
employé par la pefanteur du bois; que, par le
moyen de cette addition, l’expérience s’accordoit
avec la loi annoncée par un grand nombre de géomètres
& de phyficiens.
Les nombreufes expériences de Girard, Traité
analytique de la réfiflance des folides , conduifent
abfoiument à la même conclufion.
La machine dont Buffon s'eft fervi pour faire
fes expériences, conflftoit en deux grands .tréteaux
fur lefquels on pofoit les pièces de bois y
une boucle de fer a fiez grande pour entourer ces
pièces de bois étoit pofée fur leur milieu. A l’extrémité
de cette boucle étoit fufpendu un plateau
pour placer des pierres qui formoient des poids
de io o , de -jo, de 20 livres, & c . C'eft à l'aide de
Lces poids qu’ il a rompu des pièces de 9 mètres
de long fur 23 centimètres, d’équarriifage. Il
a aufli rompu des bois de 3 mètres de long fur
226 millimètres d’équarrifiage , pour lefquels il
a employé jufqu’ à 13,598 kilogrammes.
Le plus grand nombre des expériences de tous
ceux qui fe font occupés de cet objet , ont été
faites fur le bois de chêne. Cependant Duhamel
en a fait aufîi fur les bois de faule & de pin du
■ Nord; Coffigr.y, à l'île de France , en a fait
fur plufieurs efpèces de bois, ainfi que Varenne
de Fenille dans la Breffe.
C e dernier s’ eft fervi d’un appareil différent
de celui de Buffon. Il a fait creufer horizontalement,
& à la hauteur de 6 pieds 6 pouces, dans
une pierre de taille faifant partie d’un mur élevé
& fort épais, un trou carré de 8 pouces de profondeur,
& de 2 pouces à chaque face. Il a armé
la partie inférieure de ce carre par un morceau
de fer à fleur de la muraille, qui y a été fc-Jlé
b o 1
d’ une manière inébranlable. Il a fait conftruire
un anneau de fer carré. L’ extrémité des iolives,
qui toutes avoient 2 pouces d’équarriffage, en-
troit jufte dans cet anneau. Sur la partie fupérieir.e
de l’anneau, on avoit ajufté une vis qui erapê.
choit qu’ il ne s’échappât de la folive pendant
l’expérience. La partie inférieure de l'anneau
étoit armée d’un fort crochet, & à ce crochet 011
fufpendoit par quatre cordeaux un plat de ba-
lance fait avec un madrier de 15 lignes d’épaiffem
& de 18 pouces en carré. Tout cet appareil pe*
foit 15 livres & demie.
A la diftance de 5 pieds jufte de la muraille,
on tenoit verticalement une tringle de bois graduée,.
afin d’ y obferver l’angle parcouru parla,
folive avant fa fraéture, & de juger par-là de fon
élafticité. |
Quelques raifons ont déterminé Varenne de
Fenille à préférer cet appareil à celui dont Buffon
s’étoit fe rv i, & qui conflftoit à placer ces
folives de forte que l’effort du poids portât furie
milieu de la folive. C'eft de cette manière qu’il
eft parvenu à brifer des pour res de 18 pieds de
longueur & de 8 pouces d’ éqnarriffage, fous le
poids effrayant de près de 28 milliers. Mais l’intention
de Buffon étoit de s’ affurer de la force
abfolue des bois d’ une même efpèce, fuivant leurs
différentes longueurs & leurs différens équirrif-
Pages. Celle de Varenne de Fenille a été feulement
de chercher la force comparée des différentes
efpèces de bois d’ une longueur & d'un
équarriffage femblables. Dès-lors fon appareil de-
venoit d’un fervice plus facile, n'ayant plusbe-
foin, pour caffer une folive par fon extrémité,
que de la moitié du poids qu'il eût fallu employer
pour la cafter dans fon milieu. D’ailleurs comme,
fuivant les” lois de la mécanique , la brifure devoit
s’opérer contre la muraille au point de contaéf,
toutes les fois que la brifure s’eft rapprochée de
la puiffance, cette circonftance démontroit que
la folive étoit viciée, & qu’il importoit de re-
| commencer l’expérience.
Varenne de Fenille a fait dreffer à la varlope
toutes fes folives le-plus Agilement qu’il a été
poftible; après les avoir fait couper à la longueur
égalé de 7 pieds 8 pouces; après avoir choifl&
marqué le côté qui devoit entrer dans la muraille,
les avoir numérotées & pefées, & s’être InunM
d’une quantité de poids fuffifante, il a comm nce
fes expériences. J’ai réduit dan«; le tableau fuivant
les réfultats de ces mêmes expériences.
B O I B O I 181
TA S LE A V déduit des expériences de Varenne de Fenille fur la réfiftance des bois.
E S P È C E S D E B O I S .
p 0 1 D s ,, ,
de
la fo liv e.
P O ID S
qui,
l’ a fafe
rompre.
D EG RES
de courbute
avant- -
de caffer.
O B S E R V A T I O N S .
Iiv. nnr Iiv. dnc; ' fTegr. min.
^Peuplier d’ I ta lie , é c o r c e fur p ied . 4 9 4 I ' s ? - 8 . S i ° Caffé au point de contaft.
'ld .................. non é c o r c e ................. 6 2 IOI Z' .7 3° Caffé én deux endroits.
5 5 3. j '73 8 9 b Caffé à 6 pôiic'. dfï point de contaft.
ld . . . v . . . . . T . ..v id . : . . . . . . . . 5 3 6 ! 9 7 53 D 33 Caffé ail point' de concaét.
■ Kl........................H US \ 9 3 8 3 , ». p
i d ...............H S 4 3 \ i °
'ld ................................. i d ......................... 5 4 4 9 9 8 13 33 id.
S 2 7 ' 188 8 10 j o id;
S 2 2 105 33 1 7 33 id.
Peuplier b la n c ...................... ............... 7 8 2 ii<> 8 1 6 33 ■ i’d: '
7 13 J 140 33 m 3° ' N ’ é to it pôint émièrement caffe.
P t uplïèr ordinaire. . . . . . . . . . . . . 6 8 6 ! 7 7 8 5 3° IX’a pbfnt caffé'au-point de conta ct.
6 8 2 14 4 S3- m Ca ffé aü point de c o n ta â .
Tremble................................................. 6 i l téi'' 132 8 io } ° id.
' A u n e . ........... ' . . . . . . . ' . 7 H *35 8' i 1 A 5 ■ id.
T lê t r e ........................................... i.i 6 3 162 8 io w m id.
rCharme . . . . . . . . ........................ 11 8 6 228 8 10 30 ■ id:
To 1 5 200 8" 21 • IX’ a 'p o in t ccffé ; la' balance tou-
• ch'oir à terre.
: 10 10 2 12 7 8 8 4 Ca ffé net aü p o in t'd e co n ta d .
.Pin fa ti v âge . . . . . . . ' . . . . . . . . . . . 7 1 4 S 12 7 8 9 ** î'd.
Bouleau........................................................... 9 2 4 150 8 \ 9 1 33 i d .
6 18 5 8 J 2 » id.
■ On fera fans doute furpris, obferve Varenne
Me Fe ni! le 3 que le chêne ait oppofe moins de ré-
Ifjftance que le bouleau ; cépendant la folive étoit
^parfaitement fa:n e, fans aubier & provenant d’un
icliêne vigoureux. Cela prouve combien les expériences
en petit font défeétueufes, furtout dans
■ ’objet qui nous occupe, pu'i'que les réfultats
■ peuvent changèr par la moindre circonftance. Un
'noeud ra hé, une légère fente, le defféchement
Jplus ou moins parfait, une difpofltion particulière
fflans l’arrangement des fibres, une qualité dé bois ,
■ en un mot, plus ou moins avantageufe dans l’é-
Ichantillon fournis à l’ épreuve, opèrent une varia-
Ition dans les bois de la même efpèce. Ce n’ eft donc
■ que par des expériences variées fur un grand
Inombie de bois de divers pays, & en prenant la
^moyenne proportionnelle, qu’on peut arriver à
«quelques réfultats qui approchent de l’exadlitudé.
■ Les peupliers d’Ttalie que l’auteur a .fait caffer
|ét oient dans l’état d’ un parfait defiéchetrvent ;
|rra:s les bois plus denfes, tels que le chêne, le
■ charme, le hêtre, & c . , n1’ et oient point encore
«totalement fecs, da manière que les expérienc
e s ci-defiiis ne concluent pas à leur égard
Id’une manière abfolue.' La conféquencè certaine
fque l’auteur tire dé cés* expériences, c’eft que
l’ opération dei’écoréerïient-n’a prefque rien change
à la pefanteur fpéc-itique du- peupiier d’Italie , &
que fâ force en a plutôt diminué qu’augmenté.
Dans irn Mémo i r e fur -l’ E e o RG emh n t - nous avons
démontré que ce tte opération étoit loin d’opérer
dans le; bois l’amélioration qu’ on s’en étoit pro-
m:fe: d’après lés ex-périenc-es de Buffon.
M. Haftenftarz-a réuni les expériences faites1 par
Duhamel & dé Co&gny fur toréflftancé comparée
de pïufleurs efpèces-de bois dont les échantillons
étoiènf de longueur & de groffeur différentes, &
il a rapporté toutes ces expériences aux poids que
les échantillons auroient fupportés, s’ ils avoient
eu lès mêmes di me niions; & cela en faifant ùfage
de la ldi en rai'fon-direét • des largeurs, carfee des
hauteurs & inver-fe des longueurs. Il a iui-meme
fait des^expériences , non-feulement fur les mêmes
efpèces de bois qu’avoient é p r o u v é e s Duhamel 6c
j Cofligny, mais encore fur un bien plus grand nem-
i bre d autres efpèces. Nous nous bornerons am.'p-
J porter un extrait du tableau qu’ il en a dre fié, e"n
I renvoyant à fon ouvrage ctux qui voudroient
; prendre une connoiffance détaillée des procédés
qu’ il a employés, Toit pour fes propres expé-
I riences, Toit pour réduire les autres à des termes
• communs. •