
Chênes toujours verts•
•98. Le C hêne toujours vert.
Quercus virens. Mich. fa De l’Amérique fepten-
trionale.
99. Le C hêne yeufe, ou Amplement chêne-vert.
Quercus ilex. Linn. fa Indigène au midi de
l’Europe.
100. Le C hêne liège, ou Amplement le lïége<
Quercus fuber. Linn. T? Indigène au midi de
l’Europe.
10 r. Le C hêne balotte.
Quercus balota. Desf. fa De Barbarie*
102. Le ChÊNE à feuilles rondes.
Quercus rotundifolïa. Lamarck. b D’Efpagne.
105. Le C hêne de Gibraltar.
Quercus hifpanica. Lamarck. fa D’ Efpagne.
104. Le C hêne à feuilles d’égylops.
Quercus egylopifolia. Lamarck. fa D’Efpagne.
ioy. Le C hêne de Turner.
Quercus Turneri. Lamarck. T? D’Efpagre.
106. Le C hêne kermès.
Quercus coccifera. Linn. T> Du midi de l'Europe.
107. Le C hêne faux-kermès.
Quercus pfeudo-coccifera. Desfont. fa De Barbarie.
108. Le Chêne arbnfte.
Quercus deprejfa. Humb. fa Du Mexique.
109. Le C hêne à feuilles touffues. •
Quercus confertifolia. Humb. fa Du Mexique.
110. Le Chêne ondulé.
Quercus undulata, Noifette. fa D’Efpagne.
Culture.
Les cinq premières efpèces de chênes fe confondent
par un A grand nombre de variétés intermédiaires,
que long-temps on les a regardées
comme ne fe diftinguant pas fuffifammerit, 8c par
fuite elles fe. trouvent déAgnées, dans prefque
tous les ouvrages d’agriculture, fous leur Ample
nom générique. Pour éviter des répétitions , je j
traiterai de leur culture en commun ; mais je |
dois auparavant donner quelques indications par-, j
ticulières fur la croiffhnce ainA que fur la nature
du bois de chacune d’elles , 8c l'emploi qu'on efl
fait dans les arts.
Le chêne commun, le quercus des Anciens, croît
principalement dans les bois en bon fonds humide
de toute l’ Europe. C ’eft lui qui eft le plus répandu
& dont le bois fert à plus d’ ufages , attendu que
c’eft le plus droit, celui qui fe fend le mieux.
On ne lui reproche que d’avoir-trop d’aubier. 11 pèfe , fec , $q livi es par pied cube. Les
conftru&eurs de vaiffeaux , les charpentiers, les
menuiftcrs, les fabricans de merram, d’effentes,
de lattes, le recherchent. Il parvient, avec le
temps, dans les bons terrains, à une groffeur 8c
à une hauteur très-conAdérables, j à 4 pie(fe
de diamètre , & 80 à 100 de haut. Ses branches
forment dans fa jeuneffe un angle aigu avec le
tronc; mais elles s’ en écartent, par Taétion continuelle
de leur propre poids, dans fa vieilleffe
de forte qu’alors il prend un peu de l’afped du
fuivant.
Le chêne roureyle robur des Anciens, fe-voit le
plus fouvent dans les terrains ou arides, ou fa-
blonneux, ou graveleux. C ’eft lui qui fait le fonds
du bois de Boulogne près Paris. Il étend davantage
fes rameaux que le précédent, mais s’élève moins.
Sa groffeur eft quelquefois plus confidérable. Son
Üois a peu d’aubier, ell prefqu’incorruptible &
très-dur : de-là le nom de durelin qu’il porte dans
quelques lieux. Il fe fend difficilement, & pèfe,
fe c , 70 livres par pied cube.
Le chêne taurin fe diftingue difficilement de
quelques-unes des variétés dit précédent; mais
il conftitue cependant certainement une efpèce
particulière, qui poffède la propriété de pouffer
des rejetons de fes racines , 8c par conféquent de
fe multiplier par cette voie. Son bois eft très-
noueux & fe tourmente beaucoup : auffi ne Remploie
t-on pas pour la fente. Il pèfe, fec, 60 livres
par pied cube. Son écorce eft très-eftimée par les
tanneurs, comme préférable à toutes autres.
Le chêne pyramidal fe reconnoît de fort loin*
à la difpofition de fes rameaux. On le recherche
dans les jardins pour fa beauté. C ’eft des environs
de Dax ou il a été apporté, dit-on, il y a une
quarantaine d’années, de la Baffe-Navarre, qu’on
tire fes graines. Les qualités de fon bois ne font pas
connues.
Le chêne ofier fe rapproche du premier & du
dernier. J’en ai vu deux pieds cultivés dans les
jardins de Verfailles, qui fe fai foi en t remarquer
par la difpoAtion traînante de leurs raoenaux. II.ne
paroît pas s’élever beaucoup. On emploie ft$
pouffes de deux ou trois ans , en guife d’ofier,
pour faire des paniers d’une grande réfiftance SC
d’une grande durée.
Le chêne des Apennins a été fouvent confondu
avec une variété du fécond, fous le nom de chêne
a crochet. Il ne perd fes feuilles qu’au printemps :
de-Sà la dénomination de chêne hivernal qu’il porte
aux environs de L yon, où il eft commun. Son
bois m’a paru prefqu’auffi dur que celui du chêne
vert, mais fes qualités n’ont pas encore été étudiées.
*
Le chêne de Bourgogne n'eft pas très-rare dans les
forêts de l’eft de la France, même dans celles du
nord. Son bois paroît être de très-bonne qualité,
mais il eft peu connu.
Le chêne d’Autriche, qui diffère à peine du
précédent, donne lieu aux mêmes obfervatioos.
Le chêne haliphUos a été appoïté de l’Orient
par feu mon collègue Olivie r, mais il eft très-
rare dans nos jardins.
Le chêne a la galle paroît peu s’élever > ceft
fur lui que fe récolte la noix de galle du commerce.
Ce feroit une bonne acquifttion que la
fienne & celle du diplolèpe qui forme fa galle,
pour les départemens méridionaux de la France.
Le chêne grec eft un petit arbre du fud-efi de
l’Europe, dont les glands fe mangenr.-
Toutes ces efpèces fe cultivent dans les jardins
des environs de Paris.
Le chêne ve/anède ne s’y voit pas encore, malgré
les envois de graines faits par Olivier. L'importance
de fes cupules dans la teinture doit faire
deiirer qu’on en faffe de nombreux lêmis dans le
midi de la France.
Le chêne nain n’eft pas cultivé en Fiance.
Le chêne de Portugal s’élève peu. On en voit j
quelques pieds dans nos jardins , mais ils fo offrent j
des gelées de l’hiver.
Les chênes a glands couverts, de Tournefori 8c de
Richard ne s’y cultivent pas encore. Deux beaux !
pieds de chêne d'Excefter fe font remarquer dans
le parc de madame Simonin , route de Verfailles
à Bièvre.
Les chênes lèpre s lé-permien & prafe exiftoient ih
y a quelques années dans la pépinière du Roule,
dont il en fortoit, de temps en temps , quelques
pieds pour les écoles de botanique des départe-
inens. Une difpoAtion d’architeéte a fait périr les
deux premiers.
Je poffède un échantillon du chêne fpatuléve-
nant du Jardin de botanique d’Arr.fterdam, où
cette joiie petite efpèce eft cultivée.
Les chênes h feuilles de hêtre, de Nîmes , hyber-
ncen & caftillan, me font connus. Piulîeurs fois
leurs glands, qui fe mangent comme les châtaignes,
ainfi que j’ ai eu occafïon de m’en affurer perfon-
nellement pendant mon féjour en Efpagne, ont
été femés dans les pépinières des environs de
Paris; mais ou ils n’ont pas levé, ou les pieds
qu’ils ont produits n’ont pas fubAfté. Je fais des
voeux pour que les amis de la profpérité agricole
de la France ne fe rebutent pas ; car quoique
leurs glands ne foier.t pas égaux en groffeur 8c
en bonté à la châtaigne, ils offrent une reffource
de plus. D’ailleurs, leur bois participe de l’ excellence
de celui du chêne yeufè.
Aucun des chênes de la Chine & du Japon n’ a
encore été cultivé dans les jardins d’Europe.
il n’en eft pas de même des chênes d'Amérique.
Nous poffédons la plus grande partie de ceux des
Etats-Unis, grâces aux efforts du Gouvernement
& au zèle de MM. Michaux père & ftls. Mais
combien des millions de pieds qui ont levé dans
les pépinières de Verfailles, de Mouffeau, du
Houle, du Jardin du Muféum , ainA que dans les
pépinières marchandes, en eft-il parvenu à l’état
d'arbres faits 5 Je n’ ofe avouer que c’eft à peine
quelques centaines. Efpérons que ceux qui fe
voient en ce moment dans le bois de Boulogne,
°üils ont été femés, fous l’autorité deM. Dandré,
I adminiftrateur des domaines de la Couronne, prof-
péreront mieux.
Je vais., d'après MM. Michaux père 8c Als,
indiquer les qualités des bois de ces efpèces,
que j’ ai d’ ailleurs perfonnellement obfervées ,
tant dans leur pays natal, où j’ai demeuré deux
ans, que dans les pépinières commifes à ma fur-
veillance.
Le chêne blanc. Il s’élève à 80 pieds. Son bois
eft moins pefant, mais plus tenace & plus élaf-
tique. que celui du chêne pédonculé, avec lequel
il a beaucoup de rapport. Oh le recherche dans
toutè l’étendue des Etats-Unis, toutes les fois
qu’on veut donner de la force 8c de la durée
aux conftrnéHons. Son écorce eft excellente pour
!e tannage des cuirs. .Ses glands pourroient fe
manger.
C e chêne ne craint point les gelées du climat
de Paris ; mais cependant , malgré qu’ il en ait
exifté des milliers dans les pépinières, je n’en
connais aucun pied d’une certaine groffeur.
Le chêne a feuilles de châtaignier ( paluftris,
Mich. fais ). C'eft un fuperbe arbre qui s’élève
autant que le précédent, mais dont le bois eft
trop poreux pour fervir à faire des douves de
tonneaux à vin. Il croît très-rapidement & ne
craint point les hivers du climat de Paris, où il
n’y en a cependant aucun vieux pied, du moins
à ma connoiffancé.
Le chêne des montagnes reffèmble beaucoup au
précédent. C ’eft le plus eftimé comme bois de
chauffage. Il vient fort bien dès les environs de \
Paris, où il y en a quelques vieux pieds à Tria-
non, à Saint-Germain & ailleurs.
Le chêne acuminé a les feuilles plus femblables
à celles du châtaignier, que celles de l’avant-dernière
efpèce. Les qualités de fon bois font très-
eftimables 8c fort analogues à celles des précéd
e r . On le cultive en grande quantité dans les
pépinières des environs de Paris, & un pied de
plus de 60 ans & de plus de 60 pieds de haut fe
voit dans le jardin du Petit-Trianon.
Le chêne à feuilles drapées ( difcolor, Mich. Als )
diffère encore fort peu des précédens M pour la
taille & pour la nature de fon bois. AinA qu’eux
il avoit été regardé comme une Ample variété du
chêne châtaignier. Plus que celle d’aucune des ,
autres, fon écorce fe lève naturellement«n feuillets,
qui tombent plus ou moins promptement,
foit par l’effet des vents, foit par l’aétion des
pattes des écureuils 8c autres quadrupèdes grim-
pans. On le cultive beaucoup dans les jardins des
environs ade Paris, où il ne fubAfie cependant
pas long-temps, car je n’en connois pas qui ait
plus de 30 ans d’ âge.
Le chêne chincapin. Cette efpèce eft plus petite
qu’aucune des précédentes , 8c s’en rapproche
également beaucoup ; elle ne s’élève qu’ à deux ou
trois pieds : elle fournit immsnfément de glands,
& pourroit être cultivée avjmtageufement pour
N n i