
reufes , on eft obligé de tirer du plant de Velly
ou de Vie , vignobles fur l’Aifne.
Les deux feules variétés, qui conftituent lè
vignoble de la côte de Reims, font le r o u g e d o r£,■
extrêmement peu different du pineau de Bourgogne,
s’il l'eft, & le b la n c d o r é , qu’on doit regarder
comme le même que le pineau blanc de Bourgogne.
Si on y voit des pieds de meunier, de chaffelas .
dur & de gouais blanc, variétés peu propres à
donner du bon v in , c'eft en très-petit nombre.
Les plantations s’efft&uenr dans des folles d’un
pied carré, difpoféts en ligne dans la pente du
terrain.
Les ceps morts fe remplacent par des provins
pris fur leurs voifins*
Lorfque les plants font arrivés à fix ou huit ans,
on les couche tous lés ans, en montant, jutqu’à ce
qu’on foit arrivé à l’extrémité de la v i g n e , où on
les abandonne. Il fe plante de loin en loin quelques
ceps dans le bas , pour occuper la place de
ceux couchés. Il eft très-rare qu’on arrache une
vieille v ig n e en entier.
On taille toujours fur deux yeux , de forte que
les raifins font conftamment très-près de terre, &
comme la mauvaife nature du fol ne permet que
peu aux feuilles de grandir & aux farmens de
s’alonger, ils font conftammenr fournis à l’aétion
des rayons du foleil, & mûrifîent convenablement.
( f^ o y e i C haleur & Maturité. ) Le
feul reproche qu’on puiffe faire à ces v ig n e s > c ’eft
que leurs raifins font très-petits 8c ne dédommagent
pas toujours, mêm^ dans les années favorables,
malgré le haut prix du vin qu’ils donnent,
des frais de leur culture.
Un labour d’ hiver, & trots ou quatre binages
d’é té , font néceffaires à ces v ig n e s . Avant de faire
le labour, on répand fur le fol la terre des corn- !
pofts, appelés le m a g a s i n , établi à la proximité ;
de toutes les propriétés, compofts dans lacompo-
fition defquels entrent toujours les Lignites du
fommet de la montagne ou leurs C endres.
V o y e % ces mots & C omposts.
On procède à l’ébourgeonnement avant la flo-
raifon. Il eft extrêmement rigoureux. Il en eft de
même de la rognure, ou fuppreflàon de l'extrémité
des bourgeons, ce qui concourt à affaiblir
les racines.
Une v ig n e de Rilly, d’une aflez grande étendue,
dont la culture eft négligée depuis nombre d’années,
donne en ce moment du meilleur vin, mais
beaucoup moins, que lorfqu’elle étoit très-foi-
gnéej ce qui explique peut-être la différence qui
eft reconnue dans le pays entre celui des différens
vignobles, différence dont je n’ai pu reconnoître
lacaufe, quelqu’attention que j’y ai apportée. ^
Le territoire de Sillery eft prefque en plaine
& un peu tourné au levant.
Celui de Saint-Thierry a la même expoficion ,
mais eft plus fablonneux.
Partout la vendange n*a lieu que lorfqu’ il y a
excès de maturité dans les raifins : tantôt les raifins
rouges font dtftinés à'faire du vin rouge, tantôt
du vin blanc, comme à Sil'etÿ ; on les mélange
avec les blancs pour faire du vin de cette dernière
couleur.
On opère avec le plus grand foin dans la pref-
fée , le cuvage, &c.
Quelque bien cultivé que foit le vignoble de
Reims, relui d’ A y , fitué au revers méridional de
la même montagne, l’ eft encore mieux. C eft un
charme que de s'y promener.
La compofition Au fol eft la même, a très-peu
de différence près ; mais il y a , dans certaines parties,
encore moins de profondeur, c’eft-à-dire,
qu’il y a à peine lix pouces au-deffus de la ci aie.
V a r i é t é s q u i d o n n e n t l e m e i l l e u r v in . .
Le p e t it p l a n t d o r é ; c’ eft le vrai p i n e a u de Bourgogne.
-
Le g r o s p l a n t d o r é n o i r y c’ eft le franc pmeau.
Il fa it, ici comme à Reims, le fond des v ig n e s .
Le g r o s p l a n t g r i s , fort rapproché du précédent.
Le p e t it b la n c , le c h a j f e la s b l a n c , te m u f e a t b l a n c ,
le m u f e a t n o i r , le g r o s p l a n t v e r t .
V a r i é t é s q u i d o n n e n t u n v i n d e m é d io c r e q u a l it é .
Le p e t it p l a n t v e r t , le v e r d i l l a s , lé l a n g u e d o c ,
l'e n f u m é n o ir .
V a r i é t é s q u i d o n n e n t le p l u s m a u v a i s v i n .
Les g o u a i s b la n c & n o i r y le g o u a i s de îÆ a r d e u ily le
g r o s g o u a i s b la n c y le m a rm o t y le p l a n t d o u x , le m e u n
i e r , le t e in t u r ie r .
La culture de ce vignoble différant peu de celle
du précèdent, je n’en parlerai pas.
Les vins d’Epernay pafîent pour inférieurs a
ceux de Reims & d’Ay i mais pour qui, comme
moi, a bu de celui dc.s Clofetz , la plus vieille v i g
n e d e ce vignoble , qui appartient à M. Moërte,
& qui eft expofée au levant, foutiendra qu’ il y
en a d’éeaux, fi ce n’eft de fupérieurs.
J’ai obfervé dix variétés dans les v ig n e s d’Epernay.
Le d e m i - p l a n t n o i r i c’eft le pineau de Bourgogne,
le petit p l a n t d o r é d’Ay > le ro u g e d o r e de la
côte de Reims. 11 fournit peu, donne le meilleur
vin blanc.
Le p in e a u n o i r v r a i y c’ eft le franc pineau, le
gros plant doré noir d’ Ay. Il eft le plus multiplie
de tous, & donne plus de vin que le précédent.
Le p e t it p l a n t d o r é ; il paffe pour different du
premier, mais je n’ai pu l’en diftinguer. Il fournit
peu de grappes, mais fon vin eft fouvent fupé-
rieur en qualité à celui des deux pvécédens.
, Le p e r lu f o i donne encore du bon vin,
Le c o u le u x
Le c o u le u x n o i r & le m e u n ie r font rares, & de-
vroient être arrachés.
Le g am e t b la n c ou é p in e t te ne paroit pas différer
du p in e a u b la n c . Son vin eft bon âfc généreuxj
mais comme il eft moins délicat que celui fait
avec les raifins rouges, on le conferve pour le
prefler féparément.
Le m a rm o t b la n c & le m e f iie r donnent des vins
de cabaret. * „
Le p in e a u g r i s eft rare.
C e que j’ ai dit à i’occafion de la culture du vignoble
d’A y , s’applique encore à celui-ci.
Des autres vignobles de ce département, je
n’ai vifité que celui de Vitry. Il eft expofé au
levant & au midi. Le vin rouge, produit par le
g o u a is n o i r ou b o u r g u ig n o n , eft extrêmement dur,
mais de longue garde, & très-foncé en couleur.
Quant au vin blanc, il eft fourni par le p in e a u
b l a n c ; auffi l’ ai-je trouvé excellent.
La culture, dans ce vignoble, eft fort différente
de celle des précédens. Les ceps font élevés de
trois à quatre pieds, divifés en deux montans, &
extrêmement rapprochés. On ne les marcotte que
lorfqu’il s’agit de regarnir une place vide. La
taille a lieu à deux yeux. Lorfqu’un bourgeon fort
du vieux bois, on le réferve pour la taille de
l’année fuivante, afin de pouvoir fupprimer toute
la partie du montant qui lui eft fupérieure. La
longueur des^ échalas eft proportionnée à celle des
ceps. On donne trois labours.
D é p a r t e m e n t de l’ A i s n e .
Il n’y a de v ig n e s que dans les parties orientales
& méridionales de ce département. On en eftime
rétendue à '9000 hedtares. Je n’ai vifité que celles
de l’arrondiffement de Laon, mais ce font celles
qui foutniffent le meilleur v in, parmi lefquelles
fe diftinguent les cuvées de Saint-Vincent, de
Cuifly & de Craone.
Le midi eft l’expofition générale de ces v ig n e s y
cependant il en eft à toutes les autres, principale-
jment au levant.
Le fol eft une marne d’un pied de profondeur,
repofant fur une pierre calcaire très-fendillée, appelée
c r a n y laquelle repofe elle-même fur la craie.
On le mine ou défonce toutes les fois qu on veut
planter une nouvelle v i g n e .
Cette plantation fe fait dans des foffes dirigées
félon la pente.
On laboure avec la bêche & on bine avec la
houe trois ou quatre fois par an.
Rarement on fume, mais on remonte la terre &
on apporte du gazon fur les v i g n e s donc le fol eft
^11 fe voit des arbres fruitiers & d’ abondans légumes
dans ces v ig n e s .
Généralement les v ig n e s durent quatre-vingts
D i c i . d e s A r b r e s & A r b u f i e s .
ans, après quoi on les arrache i on en cultive le fol
pendant huit à dix ans en céréales & en fainfoin.
puis on les rétablit.
Il y a des v i g n e s groffes & des v ig n e s balles.
Dans les premières, compofées de variétés pro-
duifant beaucoup de vin, mais du vin grofher, les
ceps font élevés de deux à trois pieds-, fe taihent
court, & portent des arcs. On les plante principalement
dans les vallées & dans les plaines.
Dans les v ig n e s baffes, compofées des variétés
reconnues pour donner le meilleur v in , mais en
petite quantité, on provigne tous les ans, en montant,
comme en Champagne.
Ce provignement s'exécute en meme temps
que le labour d’hiver. Immédiatement après que
la fève eft entrée en mouvement, on taille & on
forme les ares, qui font fouvent complets, ce qui
fait que leurs yeux s’éteignent & que le but de
l’opérationeft manqué. V o y e [ C o u r b u r e & (Eil.
Il eft quelques vignobles, tels que celui de
Manfion, où on greffe, & c'eft à la même époque.
C ’eft encore alors que fe placent les échalas,
qui font le plus fouvent de faule & ne durent pas.
Le premier binage fe donne en juin, & elt
précédé de l’ébourgeonnement & du rognëment
de la fommité dés bourgeons confervés.
Le dernier a lieu lorfque les raifins roüges commencent
à fe colorer.
Généralement on vendange, dans le Laonois,
avant'la maturité complète du raifin, crainte des
gelées 8c de la pourriture. Les récoltes manquent
très-fouvent par fuite des gelées du printemps &
de l’automne, par l’abondance des pluies, par
défaut de chaleur, & c . Les vins fins font agréables,
mais foible^î les communs ne font fufeep-
tibles de fe garder qu’ un an ou deux au plus.
Voici les variétés de raifins que j’ai étudiés &
décrits dans ces vignobles.
Le b o n n o i r ou m a î t r e n o i r . C ’eft le p i n e a u f r a n c .
Son vin eft le meilleur & le plus durable des rouges.
I! dominée à Cuiffy, à mon avis, lé premier
dès vignoble* de ce département.
Le b o n b la n c a les mêmes qualités. C ’eft 1 e p in e a u
b la n c . ,
Le r om e r é b la n c fe rapproche beaucoup du pre-
cèdent, cependant fon vin eft très-inférieur.
Le v e r t b la n c mûrit tard, & en conféquencefon
vin eft ordinairement médiocre j mais quand 1 automne
eft chaud, ce vin diffère peu de celui du
bon blanc.
V e f p l e i n v e r t eft rouge. 11 demande un fol fertile
, & produit beaucoup. Gomme le précédent,
‘ fon vin n'eft bon que dans les années chaudes.
f r o m e n t ê b la n c . Ce plant ne fe cultive qu a
Arrancy; le vin qu’il donne eft médiocre. On le
mêle avec le vert-blanc.
- Le g am e t n o i r , qui s'appelle ici g ro jfe n a t u r e ,
le m e u n i e r , le g o u a i s b la n c & le p e n a i l l a r d n o i r
donnent les mauvais vins, mais chargent beaucoup.
G g g g g