
l’eau accéléroit fa defliccation , en enlevant fon
mucilage, & cela èft vrai ; mais il réfulte des ob-
fervations de Varenne de Fenille, que cette opé-
îation i’ affbiblit. Il vaut beaucoup mieux, tèlon lui,
le faire fécher rapidement à la flamme. Il pèfe
iec 50 livres 10 onces 4 gros par pied cube, & Ion
retrait eft un peu plus du feizième de fon volume.
Le bois fourni par les ormes ifolés & en terrain
fec eft meilleur que celui des ormes crûs en maf-
fifs & en terrain humide; c’eft ce qui rend ceux
des routes fi précieux pour le charronnage. Ces
derniers font encore meilleurs pour la fabrication
des roues, lorfque leur élagage y a fait naître des
loupes. •
Les ormes à larges feuilles pouffant plus rapidement
que les autres, font partout, excepté en-
Flandre, où on n’en ccntroït pas d’autres y attendu
qu’on ne les a multiplies que de marcottes, regardés
comme fourniffant du bois inférieur.
Les ormes tortillards, que quelques perfonnes
croient, à to r t, conftituer une efpèce lorfqu’ on '
ne les a pas greffés fur l’efpèce, font toujours les
produit du hafard ; cependant, lorfqu’on fème de
là graine d’un pied bien caraétërifé, on en obtient
davantage que de la graine de l’efpèce. ‘L’important
eft de les recennoître fur pied, ce qui, quoi
qu’ on en d ife, n’èft -pas aifé dans la jeuneffe. Je
fuis peut-être le feul qui en ait fait greffer annuellement
des centaines , pour les multiplier
dans les environs de Paris, ou ils font peut-être
moins rares qu’ ailleurs.
Comme les autres arbres, Yorme écorcé fur
pied devient plus dur, le fèche plus àifément &
fe fendille moins. Pourquoi donc ldi fait-on fi rarement
lubir cette opération ?
C ’eft la nat,uredu terrain qui décidé de la durée
la vie de Yorme. On en voit de plufieurs fiècies
dans les bons, qui pouffent encore.avec viguetir, &
jls ceffent, dans ies’mauvais, décroître.en hauteur
avant un demi-fiède. Ceux de trois à quatre
pieds de diamètre rie font pas rares ; cependant
pomme leur coeur eft preique «toujours altéré, &
qu’on a peu fouvent bèfoip .d’une télle jroffêur
dans les arts , on doit les couper, ayant. qu’ils y
foient parvenus, à moins qu’ils fervent à ombrager
une"place.publique. J’ai établi autre part que
la ceffation de . leur croiflanCe en hauteur étoit
l’ indice que le moment de les tniiifer pour le
charronnage étoit arrivé,
Les cultivateurs de quelques* parties de la
France, furtout dans.les montagnes de î ’eft* emploient
annuellement'Us feuilles de Yorme à. la
nourriture des beftiaux, & s’en trouvent bien. Pour
cela ils coupent les rameaux de ceux- qui font dil-
pofés en. têtard , tous les deux ou trois ans, à la
fin d’août, & les font fécher pour la provifion de
l ’hiver. Voyez Ramées .
Ses fruits, avant qu’ils aient.atteint toute leur
grandeur, fe'mangent en faiadedans quelques ei>-
droits. Je les ai trouvés un peu fades, mais ils doi. j
vent être fort nourriffans , à raifon de l’excès de
mucilage qu’ils contiennent.
L'écorce de Yorme peut fe manger aufli,
été quelquefois mangée dans des temps de difette.
On en ordonne la décoéfion, comme adouciflante,
dans les maladies de poitrine & aurres.
Les vieux ormes coupés rez-terre fourniffent
un grand nombre de repouffes, hautes de trois ou
quatre pied & plus, dont les rameaux font difli-
ques, c'eft-à-dire, rangés fur les deux côtés op.
pofés. On emploie avec avantage ces repouffes
pour ramer les pois. Voyez Rame.^
Les ormes des routes offrent fréquemment des
•Exostoses le long de leur tronc, furtout à la partie
inférieure, fujette aux heurts des voitures,
exoftofes qu’on appelle Loupes , Bouzins.
( Voyez ces mors. ) On les utilife, à raifon de l’entrelacement
& de la coloration de leurs fibres,
d'une manière très-avantageufe pour faire des
meubles de luxe; aufli fe vendent-elles très-cher
aux environs de Paris & autres grandes villes.
Ainfi donc, fi Yorme ne peut pas être mis au premier
rang des arbres d’agrément, il le difpute à peu
d’autres comme arbre utile, & à nul autre comme
arbre facile à multiplier ; aufli fe cultive-t-il généralement,
dans le centre. & le nord de la France,
pour faire des „avenues , pour ombrager les routes
; on le plante même en quinconce 5 uniquement
pour le couper & le vendre a quarante ou
.cinquante ans. Il forme quelquefois des taillis très-
produéti-fs dans les pays où- on fabrique des briques,
où on cuit la chaux,'le plâtre, parce que ces taillis
peuvent être coupes tous les cinq à fix ans. On le
fu t fuecédec à la charmille dans les jardins ornés,
aux épines dans les haies -, & c. On en garnit les
pentes , pour empêcher l’éboulêment des terres,
en le tenant très-court. C ’eft principalement celui
à petites feuillés qu’on préfère dans ce cas. Si en
avoir planté des haies tranfverfales d3orme fur les'
coteaux cultivés en vignes ou en céréales, des
milliers de ces coteaux, aujourd’hui dégarnis de
terre, -^ donne roi en t encore; de riches * récoltes.
Voye^ T er ru. s s e .
Outre fa difpofttion fur les avenues & les foutes
& .en taillis , Yorme fe cultive encore en têtards,
foit à pouffeà partant feulemént du ftfmmet, foie
à pouffes fortant de tout ou dé partie.du tronc,
principalement aux environs dés maifons rurales,
pour ie chauffage » ou , ainfi que je l’ai déjà dit,
la nourriture des beftiaux; Les. ormes ainfi difpofés
vivent des fiècles, comme on le voit fréquemment
aux environs de Paris, & fe-. transforment
entièrement, ainfi qu;e certains des routes, comme
eux'çonftagament élagués , en bouzin5 qui fe vend
fort cher aux ébéniftes , lorfque le coeur n’ell pas
altéré,, p y fs • .'
Lever des ormes dans les bois pour former des
avenues, garnir des’routes , eft une très-mauvaife
pratique, qêux#p r i $ p é p i n i è r e s fournit-
" . . font
faut des arbres de même âg e , de mêm,e force, J
ayant un bel empâtement de racines & donnant* I
des chances bien plus certaines de réuflite.
La plantation de Yorme s’effeélue pendant tout j
l’hiver, les jours de gelée exceptés, à raifon de
ce que, ainfi que. je l’ai déjà'obfervé', fes racines
font très-fenfibles au froid. Sur les routes & les
avenues il eft alors défenfablê, c’eft-à-dire, que
fon tfonc a fix à. huit pieds de hauteur fans branches
& au moins deux pouces de diamètre, ce
qui fuppofe quatre à cinq ans d’ âge. On a vu
tranfplanter avec fuccès des pieds de quarante à
cinquante ans, mais alors la dépenfe l’emporte
de beaucoup fur le profit. Généralement on lui
coupe complètement la tê te , mais la théorie Ôc
l’expérience confiaient qu’il eft bien préférable ■
découper les groffes branches à une petite dif-
tance du tronc, & de laiffer quelques brindilles
pour, attirer la fève. V oyez Plantation.
On ne fauroit mettre trop dediftance entre les
ormes des avenues & des routes, car plus leurs
racines ont de terre à leur difpofition,& plus ils
pouffent vigoureufement , & plus ils ont de
foleil & d’air, plus leur bois eft de bonne qualité.
Je ne fixe pas ici de diftancé, . attendu qu’elle
doit varier félon le terrain & le but qu’on fe
prqpofe.
Les ormes repris font ou abandonnés à eux-
mêmes, ou mis fur deux brins.Ces deux pratiques
font également mauvaifes, en ce que , dans la
première, les piedss’épuifent à pouffer beaucoup
de brindilles, avant qu’ une branche verticale
prenne ledeffus, & que dans l’autre, n’ayant plus
allez de feuilles pour alimenter leurs racines,
ils pouffent très-foiblement. La véritable maniéré
de les conduire, c’eft de couper rez du
tronc, à la fécondé année, toutes les pouffes qui
rivalifent de groffeur avec la plus direéle , & à
un pied du tronc toutes les petites. Plus tard, cette
dernière fouftraélion fe renouvellera , s’il en eft !
befoin,’avec le croiffant. Fqyq; T aille en cro-
, CHET. , .
C’eft cette taille au croiffant qu’on doit préférer
au defaftreux Élagage (voyez ce mot), qui
retarde la croiffance en groffeur des ormes des
routes & nuit fi fort à la qualité de leur bois,
en faifant naître des Ulcères ou des Gouttières
, & c . Voye% ces mots.
Rien de plus défagréable à la vue & de plus
contraire à la raifon, que les ormes auxquels on
n’a laiffé qu’ une houppe de branches au fommet.
Des nombreux infe&es qui vivent aux dépens
de l’orme, trois lui nuifent particulièrement. L’ un,
la Galeruque (voyeç ce mot), en mangeant
pendant l’été le parenchyme de. les feuilles & en
l’empêchant par conféquent de croître en groffeur
j l’autre, la Bombice commune , en mangeant
fes feuilles au printemps, produit le même effet j le dernier, le C o s su s (voyez ce m o t),
Di ci, des Arbres 6? Arbujles.
q u i, en rongeant fon aubier, le fait périr avant
le temps & altère la qualité de fon bois.
Lorfqu’il doit Hentôt mourir, il tranffude du
tronc de Yorme, en automne, une fève épaiffe ou
cambium , qui eft fort recherchée par les papillons,
les guêpes & les mpuches. C ’ eft le cas de
le couper ou de l’arracher.
La multiplication de Yorme. s’effe élue de toutes
les manières , c’eft-à-dire, par graines, par accrus,
par marcottes, par racines, par boutures. La pro- .
priétédont i! jouit de fteurif en février & de donner
fes graines en mai, ne doit pas laiffer de doute fur •
la préférence à donner à fa multiplication par ferais
, lorfqu’ on opère en grand ; cependant il eft
des pays où la multiplication par accru & même par
marcotte eft la feule ufitée. Je renverrai, pour réfuter
cette dernière pratique , au mot Gr a in e .
Auflkôt que la graine de Yorme- eft naturellement
à moitié tombée, on fait tomber le refte
avec une perche, ou en fecouarat fortement fes
branches , & on la fème, ni trop- drue ni trop
/écartée, fur une planche convenablement labourée,
en terre légère & à une bonne expofi-
tion. On ne -la recouvre que de deux ou trois
lignes de terre. Quelques agriculteurs la difpofent
en rayons pfpacés de fix pouces. On lui donne des
arrofemens au befoin. II faut veiller dans les premiers
jours fur les oifeaux & les campagnols, qui
en font friands.
Souvent, à la fin de l’été, un femis bien conduit
a acquis plus d’un pied de hauteur , & peut
être mis en pépinière , foit en partie, foie en totalité,
dans l’hiver fuivant. On l’appelle alors O r -
mille.
Dans les pépinières de Verfailles, ou il me fa)-
j loi: tous les ans plus de deux cent mille pieds
d’ormille., je fai fois lever ce plant en avril ; les
plus forts brins écoient mis de fuite en lignes ef-
pacées d’un pied & à la diftancé de deax pieds
l’un de l’autre. Le refte fe plaçait, près à près, en
rigoles écartées de fix pouces; là , il acqué?oic
de la force & étoit employé , foit à regarnir les
plantations précédentes , foit à*former des palif-
fades , des maflîfs , & c.
L ’orme en pépinière ne demande que les foins
généraux de la culture. À fa feconie année de
plantation on le coupe, pendant l ’h iver, rez-terre,
pour lui faire pouffer des tiges plus droites &
moins garnies de rameaux , & on le met fur un
brin en août ; alor? ,• ce brin profitant de toure la
fève d’autome, s’ éiàlre quelquefois à la hauteur de
fix pieds & à la groffeur d’ un pouce à fabafe,
pour peu que le terrain foit bon & l’année, favorable,
ce qui récupère le temps perdu. Voyez
: pinière. ^ .
C e n’eft, comme je l’ai déjà annoncé , qu’à la
troifième ou quatrième année, après que les ormes
ont été taillés en crochet, ont eu la tête coupée
à fix ou huit pieds de hauteur, qu’ ils ont été éla-
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