
bon vin & beaucoup de v in , pour le moins craindre
la gelée, la cou'ure, & c . 11 ft point de ces
1 pieds & on les replante où ils doivent définitivement
vignobles , ainfi que la plantation de la pépinière J
du Luxembourg 8c mes voyages me le prouvent ,
qui n’en contiennent de distinguées, & les vignerons
fâven.t généralement les connoître.
Cependant il pourra être utile que les propriétaires
riches faffent quelquefois la dépenfe d’en
faire venir de loin, malgré fin certitude du fuccès,.
car il en peut réfulter un grand avantage pour le
pays j & , à cet égard 3 je leur donnerai plus bas
des indications nombreufes.
Les inconvéniens du mélange d’ un grand
nombre de variétés dans la même v ig n e ont déjà
été lignalés ; ainfi je fuppofe qu’on n’en mettra
qu’une 3 ou au plus deux ou trois.
Actuellement, lequel à préférer, des plants enracinés
3 ou des boutures ou des crocettes, pour j
faire la plantation ?
Le plant enraciné provient, ou de marcottes
faites à cet effet dans fes propres vignes ou achetées
, ou de boutures mifes en terre- l’année précédente
& relevées , comme les marcottes , au
moment de l’emploi. 11 coûte cher, demande de
grandes précautions dans fa tranfplantation pour
réurfir, & ne peut être employé dans les lieux
éloignes des vignobles.
11 eft deux fortes de boutures ; celles faites avec
un farment de la dernière pouffe, coupé fur cette
pouffe; celles faites avec un farment de la dernière
pouffe, auquel on a confervé un talon du bois de
la pouffe antérieure. Voye£ C r o c e t t e .
Les opinions des vignerons varient fans fin fur
la préférence à donner à l’une ou à l’ autre. Je puis
allurer que ce choix eft indifférent pour Je fuccès.
Les boutures 8c les crocettes, fur les ceps
mârqués avant la vendange, fe coupent au mor
ment de la taille & fe confervent le gros bout
dans la terre ou dans l’eau. Plus elles font groffes,
& mieux elles réuffîffent. Il eft des v ig n e s foibles
qui ne peuvent en fournir, telles que celles de
la côte de Reims, côte où on tire de Velly-fur-
Aine celles néceffaires aux repeuplemens.
La reprife des boutures & des crocettes eft affûtée
, lorfqu’on les enfonce à plus d’ un pied en
terre & qu’on les courbe un peu par leur gros
b out; cependant il eft des, terrains tellement
fecs, que des arrofemens ou des moyens propres
à empêcher l’évaporation de l’humidité font néceffaires.
Je citerai le vignoble de Joigny, où ,
comme je m’ en fuis affuré, il eft utile au fuccès
des plantations de mettre fur la courbure des boutures
ou crocettes une poignée de terre argileufe.
Lorfqu’on a peu de boutures 8c qu’on veut
augmenter le nombre des pieds à en obtenir, on
couche ces boutures à trois pouces de profondeur,
dans une terre humide & ombragée, & il fort un
pied de chacun de fes noeuds. L’hiver de l’année
Suivante , on lève ces boutures, on fépare les
fèfter.
La nature du fo l, l’état de la faifon, la con-
i venancedu vigneron, déterminent exactement le
j moment de la plantation des v i g n e s , attendu qu'on
j peut ,l ’effeCtuer depuis la vendange jufqu’ à la
pouffe des feuilles, c’eft-à-dire, pendant tout
l’hiver. On gagne généralement à lés faire plus
tôt dans les terrains fe c s , & plus tard dans ceux
qui font humides.
Lorfqu'on veut faire des boutures de vignes
pendant l’é té , dans l’ intervalle des deux fèves,
époque où elles réuffîffent fort bien, il faut couper
leurs feuilles, les ombrer & les arrofer ;mais
ce n’ eft que dans les jardins qu’ on en fait alors.
Il m’eft impoflîble de fixer la fliftance à laquelle“
il convient de planter les ceps de v i g n e , attendu
que cela dépend du climat, du fol, de la variété,
8c c . En général, il y a toujours à gagner,
furtout dans les pays chauds, pour là qualité 8c
l’abondance, à les éloigner plutôt qu’à les rapprocher.
Chaque pays a , a cet égard, des ufag.s dont
j’ ai déjà parlé, & que je rappellerai plus en détail.
On lit dans les Géoponiques que les Anciens
efpaçoient les ceps de deux pieds & demi, dé-
fonçoient le terrain d'un pied & plantoient un
jugerum ( 28,800 pieds carrés ) , par-le travail d’ un
horrime pendant trois jours: %
Le terrain étant difpofé pour la plantation de
la v i g n e , il s’agit de déterminer la manière dont
on rexécutera.
La plus mauvaife de ces manières eft de faire
des trous dans la terre avec un Pl a n t o ir ( voyeç
ce mot), & de mettre un ou deux plants dans
ces-trous..
Faire les trous avec une tarière, comme cela
fe pratique dans quelques lieux, eft préférable,
puifque la terre n’eft pas taffée dans l’ opération j
mais auffi elle n’eft pas ameublie, & fa facile perméabilité
aux racines eft une condition de fuccès.
| Une autre, c ’ eft de faire , à la pioche , des
i trous de trois pouces de large & de fix pouces
de longueur & de profondeur, d’ y mettre également
un oü deux plants.
Une troifième, c’eft de faire des foffes de trois
pieds carrés , fur un pied de profondeur, 8c de
mettre un plant à chaque angle.
Une quatrième, c’eft de mettre à trois pieds
de diftance les plants de chaque côté de foffes
de trois pieds de large fur deux de profondeur 3
foffes qu’on ne remplit de terre d’abord qu’à
moitié, & dans l’ intervalle defquelles on forme
des dos d'âne pour cultiver des lentilles, des
haricots, du froment, de l'avoine, & c
Cette dernière manière, qui eft celle ufitée
dans une grande partie des vignobles du nord de
i la France, eft fort dans le cas d’être préférée ,&
i je la recommande partout; cependant elle a l’ in-
j convénient de favorrfer les effets de la gelée', par
l ’humidité où elle place les jeunes plants, aumoment
où ils entrent en végétation, du côté qui
n’eft pas expofé au foleîl levant.
Quoique la direction des foffes dans le fens de
la pente occafionne une plus prompte defcente
des terres, on la préfère généralement, à raifon
de la facilité des travaux. On eft raremenc le
maître de cette direction.dans les pays-de petite
culture, le partage d e s v ig n e s fe fuilant toujours
dans celle précitée , 8c les propriétés y ayant généralement
fort ptu de largeur.
,On ne touche point aux v ig n e s la première année
de leur plantation. On le contente de donner
un binage aux foffes, & de planter ou femer. quel- .
que choie fur les ados de leurs intervalles.
Au printemps de l'année fuivante, fi le. plant i
fe montre vigoureux , on coupe toutes fes pouffes,
hors la plus forte & la plus droite, qui eft deftinée
à xdevenir la fouche, 6c on donne un labour. S i,
au contraire, le plant eft foible on fe contente
du labour, 8c un an après , on coupe tous les plants
rez terre, afin de lui faire poulier de nouveaux
bourgeons, dont les plus foibles font fupprimés
entre les deux fèves. Le bourgeon reliant fe fortifie
pendant l’automne, au point qu'il devienc
fouvent plus fort que ceux qui n’ ont pas été ré-
cépés. Il eft, l’hiver Suivant, taillé fur un ou
deux yeux, fes pouffes font pourvues d’ un échalas,
& on le traite comme un cep plus âgé , c’eft à-
dire, qu’ on l’ébourgeonne & qu’on lui donne les
labours 8c les binages ufités.
• Ce n’eft qu’ à quatre ou cinq ans après fa plantation,
que la v ig n e commence à donner du raifin.
Elle eft généralement en pleine produélion à fept
a n s , elle donne du bon vin à quinze, & ,
comme je l’ai déjà dit plus haut, elle peut fubfifter
plufieurs fiècles lorlque le terrain eft de bonne
nature & qu’elle n'eft pas tourmentée par la fer-
pette. V o y e i T a i l l e , F e u i l l e 8c R a c i n e .
Mais la v i g n e 3 pour donner du bon vin, demande
à être plantée dans des terrain^ de très-mau
vaife qualité, 8c on la taille rigoureulement tous les
ans; auffi, toutes les fois qu’on ne la provigne
pas pour renouveler fes racines, elle ne fubfifte pas
au-delà de. 80 ans ; 8c dans les vignobles où on
fpécule uniquement fur l’abondance de fes produits,
où la qualité n’ êft comptée pour rien, on
l'arrache dès que fa fertilité commence à diminuer,
c'eft-à-dire, entre vingt 8c quarante ans. Il
y a tant de diverjités d’ufages à cet égard, que
je ne puis les détailler ici.
Dans ce cas les eaux pluviales fe portent autour
des ceps ,• & cela eft avantageux dans les terres
légères & les expolïtions chaudes. Dans les terrains
Les labours font indifpenfables à la v ig n e . Ils
varient dans chaque vignoble, en nombre, en
époques, en modes. Généralement elle reçoit
un labour plus ou moins complet avant l’hiver,
fojt à la Hou e3 foit à la Pioche, foit à la Bêche,
foit à la C h a r ru e . ( V o y e ^ ces mots.) Tantôt on
le fait profond, tantôt on le fait léger-, tantôt
on fe contente de ramener entre les rangées la terre
qui entoure les p L is , 8c on l’ y difpofe en buttes
ou en dos-d’âne. V o y e \ Labour.
argileux & les pays humides, il faut opérer
les labours en fens inyerfe.
Les v ig n e s ont une grande difpofition à pouffer
des racines à fleur de terre, & prenant plus de
force , font périr celles qui font plus enfoncées
en terre & nuifent aux-labours. Il faut les détruire
en faifant ces labours, quelqu’utiles qu’elles
foient à la bonne végétation de ces v ig n e s 8c
à l’abondance de leurs produits. Cependant il
convient de les ménager un peu dans les terrains
humides, comme le confeilloient les Anciens,
parce que celles qui font profondément enterrées
font expofées à périr.
Des centaines de houes ou de piochesque j’ai vues
ufitèes dans les vignobles que j’ai vifités,jene parlerai
que des trois auxquelles toutes les autres peuvent
fe rapporter ; favoir : celle qui eft à fer carré, m
qui convient aux terres compactes & dépourvues
de pierres ; celle qui eft à fer triangulaire , laquelle
s’applique aux mêmes terres lorfqu’elles font de
plus tiès-caillouteufes ; celle à deux ou trois dents
plates, dont on fe fert avec plus d’avantage dans
les terres graveleufes S c lablonneufes. V o y . Houe
& Pioche.
J'ai vu labourer des v ig n e s avec une petite
bêche à fer arrondi, bêche qu’on introduifoit
dans la terre obliquement, par le feul effort de la
main, & il m'a paru que fon aétion étoit plus
rapide 8c moins fatigante que celle de la houe 8c
de la pioche.
Il n’eft point indifférent de labourer dans un
féns plutôt que dans un autre; lorfque les v i g n e s
font en pente, il faut toujours, quoique cela foit
plus fatigant pour le vigneron, tendre à remonter
la terre. Le labour diagonal eft donc fort à
recommander.
Faire les labours alternativement dans un fens 8c
dans un autre, l’eft encore.
L’économie dés labours à la charrue doit engager
tous les propriétaires des v ig n e s qui ne font
pas fur des coteaux très-rapides, à les planter de
manière qu’ à l’exemple de ceux du Médoc &
autres cantons, ils puiffent les employer. Les vignerons
y gagneront une vie moins fatigante 8c
une vieilleffe moins malheureufe, car il arrive
très-fréquemment qu’ ils fe voûtent dès cinquante
ans, de manière à 11e pouvoir plus travailler,
même plus fe fervir dans les befoins de la vie.
V o y e i C h a r r u e .
Les binages de la v ig n e fe font, le premier, au
printemps, après la taille; le fécond à la fin de
cette faifon, après la floraifon; le troifième en
é té , lorfque le raifin commence à fe colorer. Lorfqu’on
en donne un quatrième, on rapproche les
autres d’ une femaine. i Les binages d’été doivent être très-légers dans
B 1
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W H Ê Ê Ê M