
Tous les modes connus de multiplication s’ap- j
pliquent au laurier-thym. Ainlï fes graines, fe- I
mées dans des pots, fur couche & fous châflïs,
donnent du plant qui fleurit à trois ou quatre ans.
Ainlï fes boutures, placées dans la même fituàtion,
s’enracinent, en quelques femaines, affez pour
être regardées comme reptifes. Ainfi fes racines,
coupées à la même époque, & encore placées de
même, donnent de nouveaux pieds quelques mois
après. Ainfi fes branches , couchées au printemps,
donnent des marcottes qui peuvent être
relevées dans le courant de l’hiver fuivant. Ainfi ,
enfin, il pouffe naturellement ou par ble (Turcs faites
à fes racines, des rejetons qui, féparés, fôumiffent
auffi des pieds. C ’eft ordinairement à 'c e dernier
mode de multiplication qu’ on fe tien t, comme
étant le plus aifé, & comme fourniffant plus de
jeunes pieds que n’en exigent les befoins du commerce.
•
La multiplication du laurier-thym , en p o t ,
pour orner les appartemens, eft un objet de grand
bénéfice pour les pépiniériltes des faubourgs de
Paris, en ce que, comme il fteufjt à une époque
où il y a encore peu de verdure, on ne craint pas
de le payer ch;r.
La croiffance du laurier-thym eft allez rapide
dans fa jeune’fîe, mais elle fe ralentit bientôt ;
auffi un pied de quinze à vingt ans d’âge n’eft-il
pas d’une grofteur remarquable.
Les principales variétés* du laurier-thym font :
celle A f le u r s r o f e s , celle à f e u i l l e s v e in é e s , celle a
p e t it e s f e u i l l e s , celle a f e u i l l e s t r è s - v e lu e s '6z celle a
f e u i l l e s p a n a c h é e s d e j a u n e o u d e b la n c , Les deux derrières
font beaucoup plus délicates que leur type,
&: ne fupportenc pas en pleine terre les gelées du
climat de Paris.
Les baies du laurier-thym font purgatives, mais
je ne fâche pas qu’on les utilife fous ce rapport.
. L.a v io r n e à feuilles roides fe voit dans toutes
les orangeries & s’y fait remarquer par là largeur
de fescorymbes de fleurs , mais là longueur
de fes rameaux ne permet pas d’en tirer parti pour
!’.agrément de nos jardins. Elle fe multiplie le plus
f»uventpar boutures fous châlfis, boutures qui
manquent rarement.
La v io r n e commune eft fort multipliée dans les
bois htm ides, & les embellit lorfqu’elle eft en
fleurs & lorfqu’ elle eft en fruits, ces fruits étant
d’abord d’un rouge vif. On l’appelle vulgairement
m a n c i e n n e , ou c o u d r e m a n c i e n n e . Ses bourgeons
de l ’année précédente font recherchés, dans les
taillis, à rai Ion de ce qu’ ils font tiès-flexibles,
très-droits, paffablement longs, pour en faire des
1-ens, des paniers, des corbeilles, &*c. ( V o y e ^
O sirR . ) Ses feuilles , du goût de tous les
beftiaux, font deflréchées , pour leur provifion
d'hiver, dans quelques lieux. Ses fruits nvûrs,
aftringens & rafiraïchilïans, font du goût -des
eu fans & des oi féaux. L’ écorce de fes racines con- j
tient de la Glu , qu’on en. extrait par les mêmes !
procédés que pour celle du H oux & du Gui..
V o y e ç ces mots.
Cet arbufte, qui s’élève au plus à dix pieds,
orne beaucoup dans les jardins payfagers, & doit
y être introduit avec modération cependant, foit
au fécond rang des maftïfs, foit à quelque diltance
de ces maflïfs, ou ifolé au milieu des gazons. On
le multiplie avec la plus-grande facilité de graines,
de marcottes, de boutures & de rejetons, il offre
une variété à feuilles panachées qui m’a paru
moins agréable que fon type.
La v o rn e du Canada diffère a peine de la précédente,
mais cependant s’ên diftingue fort a:le-
ment (ur le vivant. On la cultive dans les écoles
de botanique & dans les jardins de quelques
amateurs.' ;
Les v io r n e s des nos. 9 , 1 0 , 1 1 , 1 2 ,1 3 , 14, 1 f
& j 6 , fe voient auffi dans nos écoles de botanique
& dans nos jardins payfagers, qu’elles ornent
également, mais , à mon avis, moins que la commune.
On les multiplie de la même manière. Parmi
elles, la quatorzième & la quinzième fe font le
plus remarquer.
La v io r n e obier, ou Amplement V o b i e r s croît
très abondamment dans les bois humides, où elle
s’élève à dix ou douze pieds. St-s longs rameaux ,
termines par des corymbes de fleurs blanches 1.-
gèrement odorantes, dont les extérieures fotvt
grandes&ftériles, S: aux ]uellesfuccèden tê es baies
d'un rouge v i f , ainfi que fes feuilles élégamment'
découpées, la rendent propre à l'ornement des
jardins payfagers. Tous les bsfti ;ux furtouc les
chevaux & les cochons, aiment fes feuilles avec
paifion j auffi feroic-il probablement avantageux
de la piaütsr pour.eux dans certains muais impropres
à toute autre production. J en ai vu former
de fort bonnes Ha ie s . V o y e ^ ce mot. >
Le bois de la v io r n e .obier ne fert qu’à biûler &
à faire du charbon pour la poudre à canon.
Comme les autres efpèces de v i o r n e s , celle ci
fe multiplie par toutes les voies poffibles. Elle ’
pouffe fréquemment des rejètons qui fuffifent, &
au-delà , pour les befoins du commerce. Ses fruits
fe mangent par ies enfans & font du goût de tous
les oiféaux.
Mais ce n’eft point l’efpèce qu'on cultive le
plus dans les jardins, c’êft une variété, ou mieux
une monftruofit-é, à fleurs toutes ftériles & difpo-
fées en boule, connue fous le nom de h o u le de
n e ig e , ro fe d e G u e ld r e . Rien n’ eft plus éclatant que
cette variété,qui, lorfqu’elle défleurit, couvre la
terre de fes fleurs} mais, à mon a v is , elle eft
moins élégante que fon type. Eda fe place avec (
avantage dans les jardins en buiiToti, contre lés
murs, au fécond ou troifième rang des maftïfs, &
en tiges dans les angles.de ces maftïfs, fur le bord
des eaux , &rc. Comme ce font principalement fes
rameaux, courbés foiis le poids de fes fleurs, qui
lui donnent de la grâce, il ne faut pas la tailler,
mais feulement fnpprimev les branches irrégulières.
Ses
Ses boules de fleurs font plus grofles dans un bon
terrain & fur des pieds nouvellement récépés.
Elles font plus nombreufes dans un terrain fec &
fur les vieilles tiges.
La multiplication-de cette monftruofité a lieu
par rejetons toujours nombreux, par marcottes &
par boutures.
La v io r n e efcnlenté fe confond très-aifément
avec la précédente au premier coup d 'oe il, mais
elle s'élève moins, a les feuilles moins laciniées
& les fruits plus gros. On mange habituellement
ces derniers dans le Canada, fous le nom de p i -
m i n a . Je les ai trouvés auffi peu agréables que
ceux de l'obier.
Pour que cette efpèce ne fe perde pas en Eu-
rop e, je l'ai beaucoup multipliée pendant que
j'étois à la tête des pépinières de Verfailles ; de
forte qu'elle doit fe trouver dans beaucoup de
jardins & d'écoles de botanique des départemens.
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W fU T H I E . W r i t h i a . Genre de plantes établi [ a été queftion à ce dernier mot de la feule efpèce
pour placer le L aurcSse des t e in tu r ie r s . Il | qu'il contienne.
Z
Z a NTH.ORIZE. Z a n t k o r i f a . , Arbufte de l'A-
mérique feptentrionale, où il croîf*dans les fables
les plus arides, & où il s’élève à peine à deux,
pieds de h a u tq u e nous cultivons depuis quelques
années dans nos jardins. Il appartient à la
pentandrie monogynie & à la famille des renon-
culacées.
Les gelées de Paris ne nuifent aucunement au
z a n t h o r i^ e . Il ne profpère que . dans la terre de
bruyère. Sa multiplication a lieu par le femis de
fes graines, dont il donné abondamment, par déchirement
des vieux pieds, par racines & par
boutures. On fe contente généralement du fécond
de ces moyens , qui fuffit, Sc bien au-delà , aux
befoins du commerce.
La place du z a n t h o r i ç e , dans les jardins payfagers,
eft le premier rang des maftifs , la bafe des
fabriques, les. corbeilles de terre de bruyère. Il
eft élégant par fes feuilles & par fa difpofition,
mais fournit peu à l’ ornement.
J'-ai cultivé le ^ a n t h o r i ^ e en Amérique avant de
le cultiver en France. L à , la couleur jaune , l’odeur
Ôc la faveur de fes' racines m’avoient fait
penfer qu’elles pourroient être utilement employées
à la teinture de petit teint', & comme
fudorifiquès dans la médecine » mais je n’ai trouvé
ni teinturier, ni médecin qui ait voulu vérifier
mes idées, & j*en ai été pour les frais de tranf-
port du gros fac que j’avois deftiné à ces utiles;
e fiais.
F IN .
D î Û . d e s A r b r e s & A r b u f i e s , Mmmmm