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nulle part, à ma connoiffance, elle n’eft employée. '
Je !a recommande aux regards des cultivateurs
aii’é s , qui ne craignent pas de faire #u ne expérience
coûteuïe pour arriver à un perfectionnement.
MOUSSADOS. Billon de plus de huic raies
dans la Haute-Garonne.
MOUSSE. Oreille de la C harrue dans le
même département.
Mousse. Synonyme de Mélilot aux environs
de Toul.
MOUSSO. Synonyme d’ I s aire.
MOUSSOLE. Variété de Froment.
MOUT. Nom de la liqueur qui fort du Raisin
placé fous le Pressoir.
Le moût expolé à Pair, dans une température
chaude, ne tarde pas à Fermenter , à être
transformé en V in , s'il n’eft pas Muté. Voye[
ces mots & C idre.
MULOTIS. Plaies faites par accident à l'écorce
de la bafe des ceps de vignes, & que Les vignerons
croient être dues aux mulots.
Lorfque ces plaies ne fe guériffenc pas dans
l ’année, il convient de couper le cep rez-terre
pour donner lieu à un rejet, F'oye? ViGKE.
MURIER. Morus. Genre de plantes de la mo-
noecie tétrandrie & de la famille des urricées,
dans lequel fe rangent douze efpèces; dont quatre,
d’ un intérêt plus ou moins grand fous les rap-<
ports agricoles, fe cultivent dans nos jardins.
Obfervations-,
Le genre Broussonnetie ou Papyriêr a
été établi aux dépens de celui-ci par quelques
botaniftes. ,
Efpeces,
i. Le Mûrier blanc.
Morus alla. Linn- T) De la Chine.
2. Le Mûrier hoir.
Morus nigra. Linn. T) De Perfe.
3. Le Mûrier rouge.
Morus rubra. Linn. T) De l’Amérique fepten-
trionale.
4. Le Mûrier à papier.
Morus papyrifera. Linn. f) De la Chine.
5. Le Mûrier de Tartarie.
Morus tatarica. Linn. f) De Tartarie.
6. Le Mûrier des teinturiers.
Morus tinüoria. Linn. 7? Des îles de l’Amérique.'
7. LeTWuRiERdes Indes.
Morus indice, Linn. f) Des Indes.
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8. Le Mûrier auftral.
Morus aujiralis. Lam. b De ƒ île de Bourbon 9. Le Mûrier râpe.
Morus ampalis. Lam. De Madagafcar.
10'. Le Mû rier à feuilles de noifeuer.
Monts corylifolia, Humb. De 1 Amérique
méridionale.
11 . Le Mûrier à feuilles de micocoulier.
Morus celùdtfolia. Humb. 1> De l'Amérique
méridionale.
12. Le Mûrier à larges feuilles.
Morus latifolia, Lam. fr De FAm£rique méri* i
dionaie.
Culture.
Les cinq premières efpèces font celles qui fe
cultivent en France en pleine terre.
La première a été introduite' vers la fin du qua.
torzième fiècle, avec les V ers a soie (voyq
ce mot) , auxquels fes feuilles fervent de nourri-1
ture. On la cultiva d'abord dans l’Afie mineure ■
& aux environs de Conitantinople, d’où elle palfj
en Sicile, en Italie, & aux enviions, de Mar-
feiile , fous le règne de Charles V IL C'tft à
Henri IV que la France doit les premières plantations
qui y aient été faites'en grand , comme I
Olivier de Serre, auquel il s'étoit adrefle, nous
l’apprend ; mais il fallut, fous Louis XIV, recommencer
ces plantations, qui àvoient été négligées
fous Louis XIII. Un tort qu’eut le Gôu-
, vernement à cette époque, & qu’ il a tenté plu-
fieurs fois depuis de renouveler, c’eft de vouloir!
que la France entière fût couverte de mûriers.\
lorfque la nature a voulu que fa culture, fous le i
rapport de la qualité de la foie, fût circonfcritq I
; à fes parties méridionales.
Les feuilles du mûrier fe développent de tris*
bonne heure au printemps, & la plus pet-te gelée I
les frappe de mort. Cet inconvénient eft le plus !
grave de ceux qui lui font propres, parce que
d’abord fes fuites font l’ afFoiblîffement de l’arbre^
& enfuite parce qu'il expofe les vers éclos à périr. !
ou au moins, retarde les éducations toujours
d’autant meilleures qu’elles font plus précoces.
Ce n’ eft pas, je dois le dire, parce que le
mûrier gèle plus fouvent ou plus fortement dans
le Nord, que la qualité de la feuille" diminue,
mais parce que cette feuille n’acquiert pas, par
défaut de chaleur, la confifîance néee(faire; la
preuve en eft que, même dans le Midi, cette
qualité lui manque lorfque le-s arbres font plantés
dans un lieu h um id e , ou que leurs branches
font trop rapprochées du fo l , ou qu’on les a greffés
avec des variétés à feuilles larges & épaiffes.
L’ancienneté de la culture du mûrier & la fréquence
de "fa multiplication par graine, a dû fournir
une grande, quantité de variétés , •dont-les
unes , ayant, les feuilles , bien plus larges, plus
épaiffes & plus nombreuses, ont dû paroïtre pié-.
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Arables* & ont été en effet préférées, & en
confé-,uence multipliées par les greffes; mais,
•pli que je viens de l’annoncer, il s’eft trouvé
e |a (oie des vers qui en étoient nourris, n’of-
froit ni la fineffe, ni la ténacité de ceux qui
^voient vécu de feuilles petites & provenant
d’arbres crûs dans les fols fecs & chauds. De-là le
défaut de fnccès des tentatives faites parle Gou-
ncment> pour introduire la culture ^u mûrier aux
environs dé Paris (1 ), de Tours, de Reims, d’Abbeville
& autres lieux. Aujourd’hui il eft reconnu -
que Lyon, encore feulement les bords du Rhône,
eft la limite où il peut être planté en grand avec
uiilité. .
Kn Dalmatie, le comte d’Andolo obtenoit une
livre de cocons dé dix livres de feuilles, & de dix
livres de cocons, une livre de foie. En Frap.ce,
il faut, terme moyen, dix-huit livres de feuilles
pour avoir une livre de cocons.
Quoi qu’jl en foit, dans le midi de la France,
on compte quatvie variétés principales de mûriers
fauvages, & autant de variétés de mûriers greffés.
L'. s premières font la feuille rofe , ,1a feuille dorée ,
la reine bâtarde & la femelle. Les fécondés font la
reine a feuilles lui faite s , la greffe reine, la feuille
d'Efpagne & la feuille de Flore. J'ajouterai qu’on cultive
dans les jardins de Paris deux autres variétés
remarquables de mûrier d'Italie^ qui a les fruits
rofes & très-fucrés, & le mûrier de Conjlantinople ,
qui ale tronc & les branches rabougries.
II feroitavantageux, dans quelques cas, d’avoir
des variétés de mûriers à feuilles plus hâtives;
mais comme ces variétés font plus expofées aux
dernières gelées du printemps , on ne les recherche
pas beaucoup, & je n’en connois pas qui fe
propagent par la greffe dans le climat de Paris.
La multiplication des mûriers a lieu par graine,
parmarcottes, par boutures, par racines-, par greffe.
La multiplication par graine donnant feule des.
arbres d’une grande durée, c’eft celle à laquelle
on fe fixe généralement dans les pays où on ruî-
tiveçes a.bres en grand. Ge fera donc celle dont
je parlerai le plus en détail.
La multiplication'par marcottes eft fi èxpédi
tive, que c'eft celle qu’on préfère -dans les pépinières
des- environs de Paris, où on -ne trouve
qu’un petit nombre de perfonnes donc le feul
objet eft de produire de la variété dans leurs jardins
payfagers, ou au plus de fournir à leurs filles
les moyens de s’amufer une ou deux fois à faire
une petite éducation de vers.
L’erreur où on eft encore affez généralement,
que plus les feuilles font larges-, épaiffes & nom-
breufes, plus on a de profit à efpérer de l'éducation
des vers, a déterminé beaucoup de propriétaires
des pays les plus favorablement placés pour
(1) Henri IV avoir fait planter en mûriers le local appelé
Ls Champs-Elyjtds.
cette éducation, à faire greffer les variétés qui ont
ces qualités ; mais le temps arrivera bientôt, je ne
puis trop le redire, où on fera partout convaincu
que ce font, au contraire, les variétés à feuilles
petices & lèches qu’il faujr préférer. '
La greffe s’emploie aufli dans les pépinières,
pour la multiplication des mûriers-' noirs & ro.i-
ges, quoique les pieds qui en réfultenc (oient
peu vigoureux & peu durables. Elle a lieu tn
écuffon, à oeil pouffant & à oeil dorma.-.ï, a Ldi
qu’en fente.
Il eft affez rare que la graine du " mûrier foie
fertile dans le climat de Paris ; âuffi elt-ce de
Ni mes que les pépinériftes tirent celles qu’ils
fèment.
Dans le -dernier fiècle , on a mis beaucoup
d’importance au choix de la graine pour mule - 1 2 3 4 5 6 7
plier les mûriers , parce qu’ on vouWt conftamment
avoir des variétés plus éloignées, que celles connues
, du type de l’efpèce, & que, pour arriver
rapidement à ce but, il faut choifir la. plus grolfe
graine des ai b res les- plus vigoureux; mais aujourd'hui
qu’on fait que les petites feuilles contiennent
plus de matière de la foie que les grandes ,
il riVft plus, aux yeux des cultivateurs inftruirs.,
aufii important de faire un pareil choix : il fuffit
donc de prendre la graine fur un’ arbre vigoure. x
& exempt de maladies héiécitaires, & d’attendie
qu’elle foit arrivée à complète maturité.
Pour l’avoir, an fecouera l’arbre choifi, pour
accélérer la chute des mûres,, on les ramal-
- fera à la main, & on les dépofera quelque paît
à l’ombre, à l’abri des volailles, iufqu’ à ce que
la graine foit lèche, ou qu’ on veuille la Cerner. •
Ceux qui frottent les mûres dans l’eau entre les
mains, auffitôc quelles font ramaffées, pour enlever
le mucilage qui entoure les graines, ne L -
vent pas qu’il concourt; jufqu’ à fa defticcation ,
au perfectionnement 5e à la bonne conservation
du germe. Cette opération n’eft tolérable que
lorfqu’ il s’agit d’envoyer la graine au loin. Foyc%
G r a in e .
Laider fermenter, pourrir, môifir les mûres en
tas, eft, à mon avis, moins fujet à inconvénient
grave, que de les priver trop promptement de
leur pulpe & de les faire féoher trop rapidement.
Mêler les mûres avec de la terre, & en former
des boulës de la grofieuv dè la tête, qu’ on con-
ferve à la cave , ou qu’ on recouvre de deux pieds
de terre, eft encore un excellent moyen de con-
ferver la graine en bon état de germination.
Les graines de mûriers, foit pourvues, foit dépouillées
de leur pulpe, fe Cernent, ("oit avant,
foit après l ’hiver , dans des planches en terre
légère 5c amendée par de bons iabours.
Dans le.Nord, on ne fème généralement qu’à
i cette dernière époque, & c e , encore fort tard,