
de la fécondé année, de forte qu’au prlntësnps, *
-époqùe. de leur floraifon, ils font èn même temps
chargés de fleurs & de fruits. -
En France, lé climat dés orangers fe réduit au
territoire de la ville d’Hières. Il femble même
vouloir l'abandonner , tant ils font fréquemment
frappés par la gelée. Le premier mois de 1810 leur
a été principalement fatal. Ce n'eft donc plus
•qu'au moyen .des couvertures pendant l'hiver
•qu’on pourra à l’avenir ên conferver encore -en
;pleine te r re .. / r
Les côtes de Gênes, un peu mieux abritées,
au moins dans quelques-uns de leurs points, que
les environs d’Hières, ont confervé une partie
de leurs orangers; mais tous ont Touffe rt de la
même gelée. ' ■ t
Il y a aufli des orangers en pleine terre dans le
midi de l'Italie, de l’Efpagne & du Portugal,
dans la Grèce & les îles de la Méditerranée. ;
On les retrouve dans plufieurs parties de l’Afri* j
•que & de l’Amérique. •' ' - \ - 9
Mais c ’eft dans for. pays natal , qui eft l’Inde &
Tes île s , ainfi que la C h in e ,,q u ’il faut aller,
comme je l’ ai déjà obfervé plus haut, pour voir
ce t arbre dans tout fon luxe, pour connoître toutes
les variations dont il eft fufceptible.
Tous les orangers que j’ai vus en pleine terre &
en liberté de s’élever, étoient beaucoup moins
chargés de fleurs & de fruits que ceux de l’orangerie
de Verfailles, oranger ie que j’ai éu plufieurs*
années fous ma direction, ce qui provenoit de
ce qu’ ils pouffoient beaucoup plus de branches. Il
en etoit de même de ceux qu’on avoir paliffadés
contre des murs, & qu’on affujèttiffoit à une taille
plus ou moins bien entendue, & ce par la meme
raifon.
Une terre franche , ni trop Tèche ni trop humide,
eft celle dan» laquelleY oranger en pleine
terre fé plaît le mieux.
On lui donne, dans le midi de.l’Europe, un ou
deux labours par an, & on le taille, ou mieux le
débarraffe de Tes branches foibles, chiffonnes &
gourmandes; mais fur la côte d’Afrique, dans
l’ Inde, en Amérique', &rc., on l’abandonne complètement
à lui-même.
A Hières, où la terre eft peu fertile, on fume
le pied des orangers dans le mois de mars. Il'en eft
de même à Malte, & probablement dans beaucoup
d’autres lieux. Quand on eft à portée de les
arrofer, Toit par l’eau des puits, foit par irrigation,
on le fait avec avantage lorfque les fécherefi'es de
l’été font très-prolongées.
Il eft a fiez ordinaire de voir quelques fleurs fur
les orangers vers cinq à fix ans, mais ce n’eft qu’ à
vingt ans qu’ ils .commencent à devenir productifs
en fleurs, caV les fruits ne font bons que lorfque
ces arbres ont acquis l’âge de quarante ou cinquante
ans , plus ou moins, félon le terrain ,
l’expofiticn,. la variété, &c.
Les orangers & les bigaradiers donnent leurs
fleurs Sc leurs fruits au commerce. On récolte les
premières dans les mois de mai & de juin, en fe-
couant tous les deux jours les arbres fous lefquels
on a étendu des toiles.
La récolte des oranges a lieu à la main pendant
trois mois, c’ cft-à-dire, qu’on .cueille au com.
mencement de novembre, lorfqu’ à peine elles ont
pris une teinte jaune, celles qu’on deftine à être
envoyées au loin; en décembre, lorfqu’elles font I
; à moitié mûres, celles qu’ on met en vente dans
les environs; enfin, en février & même plus tard,
lorfqu'elles font parfaitement mûres, celles qu’on
veut manger dans toute leur excellence, qu’on
veut confire dans du fucre, &c.
C ’ eft parce qu’on ne voit fur les marchés de
Paris que des oranges de la première & de la fe- J
conde récolte, qu’il eft fi rare d’en manger de
bonnes.
Le bois de Y oranger s’ emploie dans l’ébénifte-1
rb , mais "moins ahjo&çd’h’.û qu’autrefois. Ses
feuiibs font d’un fréquent ufage dans la médecine, |
en infufion, comme calmantes. On en retire une
huile effentielle parfumée, appelée petit-grain dans
le commerce. ' • :
Ainfi que je l’ai déjà obfervé , les fleurs des)
orangers & des bigaradiers ont une grande valeur
commerciale. Ces derniers en donnent dp plus)
parfumées & de plus nombreufes ; c’eft pourquoi
on préfère les cultiver dans les orangeries du
Nord, où les fruits des premiers n’acquièrent jamais
la bonté qui leur eft propre. On en tire par la dif-1
tillation avec de l’eau, une liqueur d’une odeur
& d’ une amertume agréable, dont oh fait un grand
emploi dans la médecine & dans les alimens, c’eft
Veau de fleur d'orange, & par la diftillation à feu nu,
une huile effentielle peu abondante & rarement
bonne ; aufli préfère-t-on la fixer dans les huiles ou
dans les graiffes par le fimple attouchement des
fleurs dans des boîtes hermétiquement fermées.
• Ces fleurs fe combinent direélement avec le
fucre, ce qui donne lieu à des frîandifes de plufieurs
fortes qu’on aime toujours trouver dans les
| dfcfferts. • ' '
Infufées quelques heures dans l’ eau-de-vie, ces
fleurs y dépofent leur arôme , & donnent, après
avoir faturé cette eau-de-vie de fucre, une liqueur
de table aufïî agréable que faine, dorit le
luxe fait un ufage très-étendu.
La pulpe des oranges eft délicieufe lorfqu’elle
;c.ft parfaitement mûre, & que l’ arbre qui la'four:
nit a crû dans un climat chaud &: dans un terrain
fec. Le Tue de cette pulpe fert à compofer 1 [orangeade,
ainfi que d’autres liqueurs rafraîchiflantes
& parfumées, du goût de tout le monde.
fermentation on en obtient un vin qui,*en viemif
Tant, prend le goût de celui de Madère. Av#
l’ extérieur de fon écorce, ainfi qu’avec celle n*
bigaradier & de l’eau-de-vie, on compofe des h*
. qùeurs de tdble fort différentes de celles citéesplus
haut, d’un excellent goûtlorfqu’eiles ont.été con*
yênablement fucrées, dont l’une eft connus fous
le nom àeeumff'au^
La pulpe des bigaradiers ne s’utilife guère que
pour arrofer les viandes les poiffons de fon
lue; mais au tiers ou à moitié mûrs, on les confit
dans du fucre, fort entiers, foie coupés en qûar-
Dans le midi de l’Europe, on multiplie les orangers
& les bigaradiers par lefemis de leurs graines,
par les marcottes & par les boutures.
Les graines fe Té ment fur une planche bien
abritée , convenablement labourée , & fe recouvrent
d'un demi-pouce de terre légère. Des arro-
femens ont lieu toutes les fois que cela eft jugé
néceffaire.
Les graines de bigaradier font généralement
préférées, furtout celles du fauvage, attendu
quelles germent mieux & donnent des arbres
plus vigoureux, qu’on peut greffer plus tôt.
Les marcottes ne font -pas d’un emploi très-
commun, parce que les arbres qui en proviennent
ont de la peine à prendre des racines pivotantes
&à fe redreffer, mais elles s’enracinent la même
année lorfque le terrain eft frais.
Pour multiplier les orangers & les bigaradiers i
par boutures, on coupe des gourmands, dont il fe
trouve toujours affez, & on les place bien profondément,
pendant les mois de janvier & de fé - :
vrier, dans un fol frais & convenablement fumé
& labouré. Couvrir le fol de mouffVeft fort avantageux
, en ce que cela empêche l’évaporation de ;
l’humidité, mais ne difpenfe. pas des arrofemens
lorfque la féchereffe Te-prolonge.
Les plants à'orangers & de bigaradiers ne fe lè-
vent guère.qu’ à la troifième ou quatrième année,
»au printemps, pour être-tranfplantés, foit à demeure,
foit en pépinière, dans ce dernier cas, à
la diftance de deux à trois pieds ; on les greffe
l'année-fuivante, & on peur les vendre celle
d’après, quoiqu’il foit.mieux d’attendre deux ans.
Le commerce des pieds à'orangers & de bigaradiers
ainfi greffés, eft un objet important pour
Gênes & Nice,, en ce qu'il s’ ën envoie tous les
ans de grandes quantités dans lés villes du Nord,
pour entretenir Tes orangeries. On les appelle des
i.bâtojis.
Les pieds greffés avec deux écuffons oppçTés.
font préférés, . en ce que. leur tête fe forme plus.
. promptement & plus régulièrement.
Quoiqu’on place fréquemment des o ran ge rs 6c
des bigaradiers en efpalier, en çontr’ efpalier, en
buiffon, la feule, bonne ou utile manière de les,
. cultiver eft en plein vent, à la diftance moyenne
de vingt pieds, félon la nature du fol 6c la variété.
Si cette .diftance paroît trop ’ confidérable, on
; pourra mettre entre des variétés naines. Comme
ceft le foleil qui fait profpérer. les pieds de ,ces
arbres & mûrir.leurs fruits, on doit éviter tout ce
.peut qui diminuer fes effets. V o y e \ Ombre.
La vie dos.orangers eft généralement/l’un fièçle
à uhfiècle & demi. J’ai annoncé plus haut qu’il y
avoit dans l’orangerie de Verfailles un bigaradier
qui avoit quatre fois cet âge. On peut: tranfpUn-
ter les uns & les autres pendant la première moitié
de leur exiftence, avec certitude de repiife fi 011
y procède convenablement.
Les gelées de dix degrés & au-deffous frappent
de mort les orangers & les bigaradiers, mais ils repouffent
toujours de. leurs racines. Ainfi » dès
qu'on eftaffuré que leur tronc eft frappé, il convient
de le couper rez-tetre, & de ehoifirparmi
Tes rejets , celui qui.eft le plus droit & le plus vigoureux,
pour remplacer le pied. (V o y e^ Rejets.)
Les années 1709 & 182.0 font celles où ceux de
France ont le plus fouffert.
A&uelîement je paffe à la culture des orangers
& des bigaradiers en caiffe dans les orangeries
de Paris & des autres climats du Nord.
A Verfailles on préfère1 femer des graines de
limons, parce que les plants qui en proviennent
croiffent plus rapidement dans leur première jeui
neffe, & craignent moins les atteintes de la gelée.
On fème cepëndant quelquefois celles des bigaradiers,
furtout de la variété à fruits canaliculés.
Ces graines font placées en mars dans des terrines
remplies de terre à oranger, & recouvertes d’un
pouce de terreau, fur une couche à châfiîs ou
fous une ba„. e , & on les arrofe convenablement.
Le plant s'élève à douze ou quinze pouces
pendant l’année. On le conferve l’hiver dans l’orangerie.
Au prinremps fuivant on fépare les pieds &
on les met, feul à feul, dans des pots de fix
pouces de diamètre,, qui fe placent de nouveau
fur une couche à châffis. Dans le cours de l’été ,
les plus forts pieds peuvent être greffés a la
Fontoife ( voye[ G r e f fe ) , & les autres l’année
fuivante.
Cette manière de former des orangers d’un
pied de haut, chargés de fleurs & de fruits, eft
extrêmement agréable auffi s’en vend-il chaque
année, à Paris bien des milliers pour bouquets,
iefquels ne vivent guère que trois ou quatre ans,
mais dont il exifte des individus qui font de l’âge
de la découverte , c’eft-à-dire , qui ont cinquante
ans. Je ne puis trop ën provoquer la pratique en
tout pays, même dans ceux où Yoranger croît en
pleine terre.
Les pieds d'orangers3^de bigaradiers ou de limoniers,
deftinés à former de grands arbres, reftent
dans des pots , ou mieux dans des caiffes, dont
ils changent chaque année ou chaque fécondé année
, à mefure qu’ ils grandiffent, & font, laiffés
pendant Pété au grand air, dans une expqfition
méridionale. L ’hiver on les rentre dans l’orange-?
. rie ; ayant foin de les placer à la lumière..
A leur fîxième ou huitième année, félon leur
; force , après avoir fucceflivement élagué leurs
branches inférieures, on les greffe, foit en éenf-
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