
gnoble. L’importance de ce dernier n’y eft pas
affez appréciée.
C ’eft fur une colline très en pente, expofee au
fud-eft, au fud & au fud-oueft, que fe trouve le
vignoble d'Ornans. Son fol eft une argile rouge
très-furchargée de fragmens de la pierre calcaire
primitive qui lui fert de bafe. Ses nombreufes ter-
rafles retardent fa dénudation, & permettent de
remonter, à peu de frais, la terre que, malgré
elles, les eaux pluviales ont entraînée.
Toujours on les plante en lignes, dans le fens
de la pente, mais on les provignè irrégulièrement
tous les fix à huit ans pour le g a m e t , & tous les
trente ou quarante ans pour le p u l f a r e , les deux
feules variétés qu’on y cultive.
On donne un labour d’hiver & trois binages
d’été aux v ig n e s de ce vignoble, avec une petité
houe à fer arrondi.
Les ceps ont deux ou trois pieds de hauteur, &
fe rabattent au premier point toutes les fois qu’ un
bourgeon forti du vieux bois le permet.
On ne fait que du vin rouge.
D é p a r t e m e n t d e l a H a u t e - S a ô n e .
Ce département renferme 12,000 hectares de
v ig n e s . Ses principaux vignobles font ceux de
Vefouf, de G y , de Pefmes, de Gray & de Cham-
plitte. Je les ai tous vifités. _ -
Les meilleures v ig n e s de celui de Vefoul font a
Navenne, au couchant. Les plus mauvaîfes font a
la Motte, au midi. Toutes ont pour fol une argile
rougeâtre, mêlée des détritus de la pierre calcaire
fur laquelle elle repofe; au-deffous eft le
fchifte. . . • 1
L’ efpacement des ceps eft de trois pieds en
tous fens, & leur alignement régulier, mais variable.
On ne plante que la moitié du nombre des
lignes, l’autre fe garniffant trois ans après, par le
moyen du marcottage. Dans*l’ intervalle on cultive
des céréales ou des légumes.
Le provignement, hors ce cas, n’a lieu que
pour regarnir des places vides, ou lorfque les ceps
ont atteint vingt-cinq ans : dans cette dernière
circonftance, la v ig n e eft provignée en entier dans
un feul hiver.
Les ceps font tenus très-bas, & leurs bourgeons
font paliffadés à des perches de faule fixées
à fix pouces du fo l, & parallèlement à lui, au
moyen de piquets de chêne d’ un pied de haut.
Cette pratique eft celle que je crois la plus
avantageufe, dans le Nord furtout, comme je
l’ ai déjà annoncé plus haut, & à la qualité & à la
quantité du vin, celle qui permet le plus d’éco-
'nomie dans la culture. De temps immémorial elle
eft ufitée dans le Médoc.
Les engrais font refufés à ces v ig n e s lorfqu’elles
font en bon fonds, mais on leur donne du fumier
tous lés douze à quinze ans dans les mauvais.
Lés propriétaires d’ un vignoble peu éloigné, à
Courtchaton, font enterrer en fleurs, pour le
même objet, du farrafin, dés fèves de marais,
femés après la vendange.
Voilà deux excellens exemples qu’ on n’imite
pas affez.
Un labour d’hiver & trois binages font donnés
à ces v i g n e s , &: rien n’empêche de donner le labour
avec l’ araire ou charrue fans roues.
Le g a m e t , le p in e a u f r a n c & le p in e a u b la n c font,
dans l’ ordre de leur multiplicité, les feules variétés
qui fe voient dans ce vignoble,
v La vendange eft mife à fermenter dans des foudres
de trente pièces de deux cents litres de capacité
chacune. Encore un excellent exemple à
fuivre, lorfqu’on veut du bon vin & beaucoup
de v in, la perte', par ce procédé, étant beaucoup
moindre.
La côte où eft le vignoble de Gy fe préfente
directement au couchant. Il y a quelques v ig n e s
au levant, au midi , en plaine. Le vin qu’ il
donne a joui d’une affez grande réputation, qu’il
a perdue depuis qu’ on y a fubftitué le gamet au
pineau.
Les variétés qu’on y cultive le plus généralement
& que j’y ai obfervées, font;
Le p in e a u . f r a n c ( noir). Il conftitue le quart du
vignoble, & eft tantôt planté feul, tantôt mélangé
avec les fuivans. Le vin qu’il fournit eft le
meilleur.
Le p in e a u b la n c . Il ne fe vendange pas féparé-
ment.
Le n o ir ie u ou p in e a u d e B o u r g o g n e . Il eft devenu
rare, ce qui a diminué la qualité des récoltes.
Le g am e t n o i r . C ’ eft lui qui fait aujourd’hui le
fond du vignoble. Il offre deux fous-variétés moins
eftimées, dont l’une a les grains moins foncés en
couleur, & l’autre coule fouvent.
Le m e lo n ou g am e t b la n c . Des v ig n e s en font entièrement
plantées.
Le l u i f a n t b la n c . Même obfervation.
Le f e r n e y , le p u l f a r e , les r u f e y n o i r & b l a n c ,
les b r e t a y s n o i r & b la n c , le m a i l l é , 1 e l io t n a u 3 le
l e n d o u le a u ou p l a n t d * A r b o i s , le m e f l ie r j a u n e & le
p l a n t d 1jEfp a g n e , font fort rares.
Une argile jaunâtre , fort chargée de fragmens
de la pierre calcaire primitive qui conftitue la
montagne où il fe trouve , forme le fol du vignoble
de Gy. Il eft fort compacte & fort fujec
à retenir les eaux pluviales. C ’ eft au moyen d’une
houe à fer arrondi qu’on le travaille.
Les plantations fe font dans ce vignoble fur
des lignes écartées de trois pieds, au moyen de
foffes ou de filions, avec des crocettes. Le plant
commence à produire à quatre ans & eft dans
toute fa vigueur à fix. On ne provigne que lorf-
qu’il y a des places à regarnir. La v ig n e dure tant
qu’on la cultive bien.
Ondonneun labour &deuxbinages,SoMBRAGE,
Retersage & Rétérissage. Après le premier,
on taille fur deux ou trois yeux, & on fait des
Courgées,
M
C ô'ürgées , qui diffèrent des A rcs ou Saute
ll es ,'en ce qu’ elles font Amplement étendues
d’un échalas £ l’autte. Ces échalas font très-
petits. Avant le fécond on ébourgeonne, &
avant le troifième on rogne.
On vendange généralement trop t ô t , parce que
les propriétaires pattagent les produits avec les
vignerons, & que ces derniers font toujours
preffés de vendre,
Le v ig n o b le d e P e fm e s eft fur une côte argiîo-
calcaire , èxpofée en majeure partie au midi ,1 e
long de l’Ognon. Il fe cultive comme celui de G y,
excepté qu'on y fait plus de courgées, furtout
en blanc, & qu’il s’y laifle beaucoup de ceps
fans échalas. Son vin commun, c’eft-à-dire, fait
avec le mélange des variétés, eft médiocre ; mais,
lorfqu'on le compofe feulement en p in e a u f r a n c
& en p in e a u b la n c , il eft très-bon.
Outre ces deux variétés, on y cultive le g a m e t ,
qui fait le fond des v i g n e s y le f e r n e y de Gy , qui
s’y nomme d u r f e y , le L u if a n t n o i r , la f e u i l l e ro n d e
ou m o r i l lo n . ' /
Le v ig n o b le de G r a y eft peu confidérable & eft
en majeure partie au midi 5 mais les cantons appelés
la M a i f o n d e b o is & de R e y , qui fourniffent
le meilleur vin , font au levant. I) prouve toute
l’importance du choix de la variété, car le canton
de la Maifon de bois, planté en pineau de Bourgogne
, donne de l’excellent vin.; celui de R e y ,
planté en pineau franc , en donne du bon , & le
refte du vignoble, où le gamet domine, en
donne dis fort médiocVe. - 1
Le fol & la culture de ces vignobles different
peu de ceux de Gy.
Le v ig n o b le d e C h a m p l it t e couvre les Coteaux en
demi-cercle, au centre defqu^ls eft bâtie la ville.
Son fol & fa culture 11e diffèrent pas non plus du
fol & de la culture de G y , mais on ne fume pas,
& on égrappe les raifins rouges pour faire du vin
rouge, & non les raifins rouges & blancs lorfqu’
on en veut faire du vin blanc. Ces vinsétoient
jadis'très-eftimés. Ils font encore fupérieurs-à
ceux-de G y , mais ils perdent annuellement,
parce qu’on plante les nouvelles v ig n e s uniquement
en gamet, pour en obtenir de plus abondantes
récoltes.
Le département de la C ô te -d Or renferme
24,000 hectares de v i g n e s , parmi lefquelk’s fe
trouvent celles- qui fourniflent les vins de Bourgogne,
fi réputés & réellement fi excellens loi f-
qu’ ils font bus à point. Toutes celles 'en côte
font plantées dans une argile remplie de fragmens
du calcaire primitif qui en fait la bafe. Celles en
plainé font dans un gravier de même nature.
Les vignobles les plus célèbres de la côte font
Vo fne , Chambertin , la Romanée, Montrachet,
Vbugeot, Pomard , Volnay, Nuii.ls , Beaune,
Fiffjn, Maies-d’ or, Aboffe , Sàvigny, Chaffagne,
Santenay, Saint-Aubin, Mer geo t,. Blegny, Mal-
l'eau, &rc.
D i â . d e s A r b r e s & A r b u jl e s ,
La bonté des vins de Bourgogne, comne je
l ’ai déjà obfervé plufieurs fois, eft principalement
due au pineau de Bourgogne & au franc
pineau, ainfî qu’à la vieilîeflVdes ceps; mais il
eft des v i g n e s qui ne font réparées que par un
mur, une haie , un fentier , qui donnent du vin
d’un prix fort fupérieur au prix commun, ce qu’on
attribue partout au g r a in d e l a t e r r e , & ce que je
me propofe de vérifier avec.toure l ’attention dont
je fuis capable, cette année même ( 1823 ) : cette
caufe cependant me paraît peu probable. -
On fe plaint généralement que la qualité des
vins de Bourgogne s’affoiblit, 8r, quelqu’atta-
chement que je garde pour ce département, où
j’ai paffé les plus belles années de ma jeuneffe,
je fuis obligé de reconnoître que cette plainte eft
fondée.
Voici une partie des caufes qui ont conduit à ce
féfultat.
Autrefois il y avoir beaucoup de propriétaires
riches, principalement parmi les moines, qui. ne
payoient prefque pas d’impôts & qui ne s’inquié-
toient pas du prix auquel revenoit le vin qu’ils
buvoient. Aujourd’hui, les petits propriétaires,
qui font toujours defireux d’avoir beaucoup de
vin, ne regardent qu’à l’argent qu’ils reçoivent,
s’inquiètent peu de la réputation future de leur
vignoble , multiplient le gamet, fument fouvent,
& arrachent les v ig n e s ultraféculaires , lefquelles
concourent fi puiffamment à améliorer le vin de
pineau, comme je l’ai déjà annoncé plufieurs fois.
D’un autre c ô té , les-marchands vendent partout
, fous le nom de v i n d e B o u r g o g n e , des mélanges
qui n’ont ni bouquet ni bon goût, qui rie
fe gardent pas , & qui doivent déconfidérer le
véritable auprès de ceux qui ne le connoiffent
pas. Il eft extrêmement rare que moi, qui les
connois, puifle boire avec piaifir les vins qu’on
m’ offre fous leur nom même dans les bonnes maifon
s de Paris.
La malheureufç habitude prife depuis quelques
années r de mêler de la caffonade dans le moût,
pour rendre ces vins plus tôt potables, concourt
auffî à détruire la réputation des “vins rouges de
Bourgogne, ne fut-ce qu’en les privant du bouquet
qui les caradlérife & qui leur donne tant
d’agrément. V o y e rL V in.
Le vin de Fiffin , vignoble appartenant à M. de
Montmort, eft aujourd’hui celui qui eft le plus
eftiraédes connoiffeurs du pays , parce qu’ il eft de
pur pineau, & que fon propriétaire ne le vend jamais
à des commiffîonnaires; mais il coûte douze
francs la bouteille, ce qui eft hois de la portée de
bien des fortunes.
Celui du clos de Vougeot a perdu de fa réputation
, parce que le précédent propriétaire l’a
fait regarnir de jeunes ceps dans fa partie fupé-
rieure, où il n’y en avoit que de fix cents ans
d’âge.
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