charrue, ou mieux à l’araire. Le vin de ces v i - ;
g n e s eft fort mauvais. -
Près de Cerdon, il eft des v ig n e s baffes plantées ;
dans une argile mélangée des débris de la
roche calcaire primitive, dite d u J u r a , qui confti--
tue les montagnes. Le m a l ^ a ig e y eft la -variété
dominante.
Les v i g n e s des environs de Gex font plantées
de deux manières.
Les unes offrent des hautins diTpofés en lignes
écartées de trente à quarante pieds, portés
iur des érables champêtres, qu’on tient à trois ou
quatre pieds de haut, & qu’on taille tous les ans.
Toujours une guirlande, prife des deux ceps voi-
fins, les lie dans la direction du midi au nord.
C ’eft fur ces guirlandes que fe fait la plus forte
partie de la récolte. On laboure à la charrue &
nettoie à la pioche le pied des ceps.
Les autres font des fouches de trois à quatre '
pieds de haut, plantées également en lignes écartées,
mais échalaffées & cultivées comme aux environs
d’Auxerre. Elles donnent autant de v in ,
& de meilleur vin que les autres, & nuifent moins
aux cultures voilïnes.
- Dans le Revermont, le p u l f a r e eft très en faveur
fous le nom de r a i f in m e t t ié .
Dausle canton-de Virieux, le m o n d o u le3 pu m e x i -
m i e u x n o i r , & la ro u jfe t t e b la n c h e , font préférés
pour les v ig n e s baffes, 8c le m o n tm é l ia n & le m o r -
t a g n e y pour les v ig n e s hautes. On y voit auffi quelques
pieds de g am e t & de f a v i n i e n .
Plufieurs v ig n e s de ce canton font dirigées de
manière à former du côté du midi, au moyen de
perches tranfverfales, un demi-berceau de fîx à
huit pieds de haut, de forte que leurs raifins ne
voient point le foleil. Je n’ ai pu deviner la cauTe,
de cette fingulière & même ridicule difpofition,
très-défagréable à la vue.
•Dans le canton de Seiffel, immédiatement fur
le bord du Rhône, il y a un petit vignoble que
fon profond encaiffement affimile, pour la chaleur,
aux pays les plus chauds, & qui donne, en
conféquence, de bons vins. Le fol où il eft planté
eft une argile lè che, rougeâtre, furchargée de
fragmens de calcaire du Jura, fur laquelle elle
repofe, & des cailloux roulés tranfportés par le
Rhône. Sa culture fe rapproche encore de ceux
du midi, c’eft-à-dire, que les ceps font des têtards
de plus d’un fiècle, élevés d’ un à deux pieds,
qu’ on n’y emploie d’échalas que pour les provins.
La plupart des v i g n e s {ont expofées au levant,
mais il y en a auffi qui le font au midi 8c au
gôfijs
Lés ceps font planté? en lignes dans le fens de
la pente, & efpacés de trois à quatre pieds. On
ne les arrache jamais, &*on ne fait de provins que
lorfqu’il s’agit de garnir une place-vide ; auffi font-
ils de la grofteur "du bras & couverts de moufle,
ï s reçoivent un labour & deux ou trois binages
par an. Lîur taille s’exécute | deux yeux au plus
fur les deux, trois, quatre, cinq branches qui les
terminent. On ébourgeonne en juin, mais on r.e
rogne pas, les bourgeons confervés retombant
vers la terre 8c pouffant faiblement.
Ce mode de culture eft fort économique , &
j’ en provoque d’autant plus l’emploi, partout eu
il eft poffible de l’appliquer , que le vin qui en ré-
fulte doit toujours être bon, relativement aux
qualités particulières des variétés, puifqu’ il entre
fort peu de raifins de jeunes ce^s dans fa compo-
fition. - ■ '
Les variétés cultivées dans ce vignoble , fonr:
Le f a v o n e t n o i r . C ’eft le plus multiplié, celu; qui
donne le meilleur vin & réfifle le plus à la gelée.
Le f a v o n i e n n o i r donne également du très-bon
vin 8c craint peu les gelées. Plus rare.
Le p ie d -d e -p o u le n o i r fait du vin fort bon & très-
coloré.
Le g o u a i s b la n c . Son vin eft abondant, mais dur
dans fa nouveauté. 11 devient bon avec l’âge. *
Le r e b i n o i r . L’ abondance de fa récolte le fait
planter, mais fon vin eft peu eftimé.
Deux variétés de c h a j f e l a s , dont l’une eft appelée
d r u m o n t & le m u f e a t b l a n c , fe trouvent encore
dans* ce vignoble.
Le canton de Belley cultive beaucoup de v lg n e s t
tant hautes que balles, dans un terrain calcaire
primitif.
Tantôt on défonce (mine) le terrain avant la
plantation , tantôt, on fe contente de faire des
foffes en lignes de dix-huit à vingt pouces de profondeur
, à deux pieds & demi de diftance.
Les plants enracinés & les crocettes s’emploient
également. Ceux deft’nés à devenir des hautins »
font dirigés tranfverfalement à la pente du terrain,
& félon cette pente, ceux qu’on veut tenir en
v ig n e baffe.
Une ouvrée de v ig n e reçoit 1 200 plants, 8c
^reçoit chaque année huit à dix foffes pour le provignage.
Le provignaee s’exécute depuis la vendange
jufqu’en mai. Celui d’automne eft préféré. On
met des cendres ou du fumier, au fond des foffes.
Un provin s’appelle un p r e u x .
La taille fe fait à la fin de l’hiver, fur deux far-
mens nommés p o r t e u r s , les autres étant coupés
rez de la fauche. |
Quelquefois on coupe d’abord les farme.ns a
cinq ou fix pouces , puis plus tard on fupprime
ceux qu’ on n’eft pas dans le cas de conferver.
Cette inutile & coûteufe opération s’appelle f a l -
g o t ie r .
F o J f e r e r y c ’eft donner le labour d’hiver avec une
houe triangulaire appelée M a i l l e . Le S i l l o n eft
une petite pelle de fer recourbée en haut, avec
laquelle on donne les binages dans les v ig n e s baffes,
& la b ig n e -u n e houe fourchue , avec laquelle on
les donne dans les v ig n e s hautes.^
On attache les bourgeons aux échalas avec de la
paiile*
^bourgeonner
Ebourgeonner le nomme M o n d e r .
En général, ces v i g n e s font fouvent fans pro- 1
duit, par fuite des gelées & du mauvais choix de
leurs variétés* qui font tardives.
Tantôt on égrappe, tantôt on n’égrappe pas.
- Le d é p a r t em e n t d e S a ô n e & L o i r e cultive 32,000
hectares de v i g n e s , dont la plus grande partie
font expofées à l’e ft, mais il en eft beaucoup qui
le font au midi, & quelques-unes au nord. Le fol
où elles font plantées eft argileux & repofe fur un
calcaire primitif.
On appelle cô te c h â lo n n a if e 8c cô te m â c o n n a i f e les
montagnes les plus vôifines de Châlons & de
Mâcon. La première donne les excellens vins de
Mercurey, de Givry, de Saint Martin, de Mon-
broge, &c. j la fécondé, ceux non moins eftimés
du Moulin-à-Vent, de Pouilly, de la Romanèche,
de Soultré, &c.
■ Les coteaux des environs de Chauflîn, de l’autre
côté de la Saône, font couverts de v ig n e s qui four-
niffent un vin fort agréable. Leur fol eft le même
que celui ci-deffus, mais leur expofition eft à l’oueft
ou au midi.
Les vignobles des environs d’Autun , de Châ-
rolle’s , de Tournus, de Louhans, font dans des
terrains granitiques ou fehifteux, & le vin qu’ils
donnent eft au-deffous du médiocre.
• Toutes ces v ig n e s fe plantent & fe cultivent
comme celles de la Côte-d'Or. On provigne les
ceps tous les deux ou trois ans en remontant. On
taille fur deux ou trois y eu x , fuivant la vigueur
du cep.
Les labours , les binages, l’ébourgeonnement,
le rognement, s’exécutent de même.
Il exifte environ 12,000 ht&ares de v ig n e s d a n s
le d é p a r t em e n t d e /’A l l i e r 3 8c un peu plus dans celui
de l’I n d r e , toutes donnant des vins greffiers qui
fe confomment dans le pays.
Le d é p a r t em e n t d e L a t i e n n e en contient près de
80,000, dont les vins fe diftillent en grande partie,
& le relie fe confomme également dans le pays.
Le meilleur vignoble de ce département eft
celui de Vaux, près Châtellerault, que mon ami
Creuzé la Tou che, qui y étoit propriétaire, a
confidérablement amélioré.
Le fol de ce vignoble eft une marne blanche
primitive, qui repofe fur un grès très-dur. Son
expofition générale eft au levant j mais il y a des
v ig n e s au midi.
Les variétés qui s’y cultivent, font :
Le b la n c - n a n t a i s , ou c h e n in .- C ’eft la plus multipliée,
celle qui donne le meilleur vin. Elle eft
très-vigoureufe.
Le v e r d in b la n c . Très-peu différent du chaffelas,
mais produifant peu.
L e g o u a is b l a n c ; même obfervation.
Le f o i r e a u b la n c . Donne peu, mais fon vin eft
délicat.
Les f ié s j a u n e 8c v e r t . Leur vin eft très-bon, mais,
extrêmement peu abondant.
La f o l l e b la n c h e . Donne un vin capiteux, qui
D i c b . d e s A r b r e s & A r b u f i c s ,
ne fe garde que quelques mois, & dont on fait
généralemènt de l’eau-de-vie. Elle fournit beaucoup
8c de groffes grappes;
Le p in e a u b la n c . Son vin eft bon, mais il produit
peu.
Le g r o f e i l l e r b la n c y même obfervation.
Le f r o m e n t e a u b la n c . Très-produélif , mais rare.
La v i c a m e . Donne abondamment, mais fon vin
eft plat.
Le c a u l i , ou j a c o b in , ou c o s n o i r . Eft très-productif,
& fon vin eft excellent. Il eft en conféquence
très-multiplié dans les v ig n e s .
La v ig n e r o n n e . Son produit eft confidérable, 8c
la qualité de fon vin eftimable.
Le g r o s 8c le p e t i t b re to n fe placent dans la catégorie
du précédent.
Le b o r d e la is n o i r produit beaucoup, & fon vin
eft eftimé ; cependant il fe mêle toujours avec les
autres.
Le l a c e t ou n o i r lu a ç o n eft peu cultivé $ fon vin
eft cependant affez bon.
Le f a l a i s ou é p i c ie r n o i r . Bonne variété très»
cultivée.
Le n o i r d o u c in . Vin agréable. Peu multiplié.
Le b a l^ a c n o i r . Son vin eft abondant & généreux
} auffi en culcive.-t-on de grandes quantités.
L z v i c a r n e n o ir e . Très-gros raifin. Mauvais vin.
Le n o i r à ! O r lé a n s ou t e in t u r ie r .
Le m e u n ie r .
Il y a 18,000 heCtares de cultivés en v ig n e s dans
le d é p a r t em e n t d e s D e u x - S è v r e s , 8c l 6,000 dans le
d é p a r t em e n t d e l a V e n d é e . L e s vins qu’ils fournifi-
fent font au plus de troifième qualité 8c fe gardent
rarement plus d’un an. Tout ce qui ne fe confomme
pas dans le pays eft converti en eau-de-vie.
Le d é p a r t em e n t d e l ’i f e r e cultive environ 20,000
heCtares de v i g n e s , qui la plupart donnent d’ex-
cellens vins. Les plus réputés d’en t r eux proviennent
de celles de Sêyfluel & de Revantin, & fe
vendent fous le nom de ceux de C ô t e -R ô t ie .
Trois modes de culture de la v i g n e ont lieu,
dans ce département 5 celui des hautins, celui des.
treilles élevées 8c celui des ceps bas.
Pour former les v ig n e s félon le premier mode ,
dit Decandolle , on plante d’avance des érables
en quinconce, 8c on fait pouffer à leur fommec,
en .leur coupant la tête , cinq groffes branches ,
appelées m a î t r e s , qui ont chacune en dehors deux
autres branches appelées v a l e t s . C ’eft fur ces dix
valets & ces cinq maîtres que les farmens font
difpofés.
Comme je n’ai point étudié ces vignobles ; j e
ne puis en parler plus au long.
L e d é p a r t em e n t d u R h ô n e fe divife, relativement
à iès vins, en trois parties diftinCtes : celles du
B e a u j o l a i s , qui ne diffèrent pas , par leur culture
8c par la qualité de leurs vins, de celles du
j M a ç o n n a i s ; celles des environs de L y on , qui
i fourniffent d’affez bons vins , & celles au midi de
' cette v ille , où fe trouvent les fameux crûs de
Condrieux, de Côte-Rôtie, de Sainte-Foy & c .
I i i i i
_iP