
1 é té dans la te rre , & p én ètre de p ro che en proche
jufqu à tre n te pieds de la furface , où elle n 'arriv e
q u au folfiice d 'h iv e r & q u 'elle rem o n te jufqu'au
folftice d’été. C 'e ft c e tte chaleur, ainfi mife en rése
rv e , qui conferve les plantes pendant l'h iv e r & les
fa it v é g éte r au printem ps. C 'eft en core elle q u i,
fo rta n t abondam m ent en autom ne > pendant la
n u it j aélive la m aturation des fru its placés près de
te r r e , du raifîn principalem ent. Foÿei V igne.
Il ne fau t pas cro ire cependant q u e c e tte accum
ulation & c e tte d ifpem on de la chaleur de la
farface d éjà te rre fe faffentrégulièrem ent. Elle varie
au contraire conftam m ent ; d ’ahord le jo u r & la
n u it, c eft-à-dire, que chaque nu it d 'é té une partie
de la chaleur accum ulée pendant le jo u r fe difperfe
dans 1 air. E n fu ice, & le jour & la n u it, félon que
le v ent dom inant v ien t du n o rd , de l'e ft, du fu d ,
d e l'o u e ft, félon que le foleil b rille o u eft caché y
félon q u 'il p le u t, & c„
Si les fom m ets des Alpes font conftam m ent couv
erts de n e i g e c ’eft que les vents.les refroidiffent
fans c e ffe , ainli que l'a p ro u vé Sauffure en plaç
a n t, fur un d e ces fom m ets, dans une b o îte noirc
ie de tro is côtés & ferm ée d e v erre d e ï a u tre y
un th erm om ètre qui s'y éleva en une h eu re à 70
d e g ré s, tandis qu’en plein air un th erm om ètre fem -
blable ne m arquoit q u e ƒ degrés.
L a th éo rie des glacières en l’air , q u e j'ai
v u e x écu ter en C a ro lin e , eft fo n d ée fur le m êm e
principe.
O n s'ap erço it de l'influence de l'évaporationftir
la produélion du fro id , feulem ent en m ouillant fon
d o ig t & en l'expofant à l’air. Les A rabes rafraî-
chiffent leu r eau en la m ettan t dans des vafes pore
u x qu'ils expofent a u grand foleil. E n Italie on
p ro d u it le m êm e effet, dans la m êm e circonftance,
en la m ettant dans des vafes très-m inces de métal,,
e n to u re s d^un linge m ouillé q u 'on renouvelle
plufieurs fois. A ujourd hui la chim ie eft parvenue
à faire d e la glace dans le v id e , prefqu'inftantané-
m e n t & à to u tes les époques de l'année.
L a nature des terres co n co u rt aufli puiflam m ent
a. leu r chaleur. C elles qui font fèches acquièrent
plus facH em ent de la chaleur & la p erd ent le m oins,
principalem ent les fablonneufes. Les argileufes & les
crayeufes hum ides font les plus tardives de to u tes.
L a chaleur pro p re de la terre > c'ë ft-à -d ire , celle
q u ’elle a au-delà d e tre n te p ie d s , & qui eft entièrem
ent indépendante de celle du foleil g ne s'é lè
v e pas au -d elà.d e io d e g ré s , vers le 4ye. d egré
d e latitu d e. Il paroît q u 'il en eft de m êm e de celle
d e l'e a u , aux profondeurs où l'aétion des vagues
d ev ien t nulle. A u -d elà du cercle polaire elle eft
conftam m ent au-deffous de z é ro , a deux ou tro is
pieds de la furface , puifque la glace y eft perm an
en te 5. de-là ces cadavres d 'é lé p h an s, de rhinocéros
& autres q u a d ru p è d e s, qui s y confervent
en tiers depuis des centaines d e fîècles.
P o u r expliquer pourquoi la te rre de la L aponie
m P1»* froide que celle de la F ran ce,, il fuffit de
fe rappeler que j’ai d it plus h a u t que les rayons
du foleil p ro d u ifen t d 'a u ta n t plus de chaleur
qu'ils agiffent plus lo n g -tem p s, & que leur direction
eft plus perpendiculaire. Ils font les fix
m ois entiers d 'h iv e r fans naître au - delà du cercle
polaire y 8c ils y font prefque parallèles au fol
pendant l'é té . La diftance du foleil à la terre paroît
avoir fore peu d’influence fur ces ph énom èn es, car
elle eft m oindre pendant l'h iv e r que pendant l'été..
Il eft probable q u'au-delà d ’une certain e profond
eu r on retrou v e au p ô le , com m e ic i, la tem pératu
re de dix degrés au-deffus de z é ro .
Il réfulte d 'e x p érien ces, p e u t-ê tre pas affez auth
e n tiq u e s, mais cep en d an t dignes de croyance,
q u e la chaleur accum ulée dans la te rre pendant
l'é té , p o ur le clim at de P aris, é to it vingt-fix fois
plus grande q u e p en dan t l'h iv e r 3 cependant il eft
extrêm em ent ra re que le th erm om ètre l'indique
auffi é le v é e , ce qui eft d û à l'é v a p o ra tio n , aux
v en ts. C e n’eft que dans les pays fablonneux ou
a b rité s, que l'influence de c e tte caufe jo u it de
to u te fon intenfîté.
C 'e ft parce que la chaleur s’eft accum ulée,
p arce que la te rre s’eft defféchée pendant l’été »
que les deux p rem iers m ois de l’a u to m n e , c*eft-à-
d ire , ju illet & a o û t, font les plus chauds d e l’année,
quoique pendant leur d u ré e ,le tem ps que le foleil
refte chaque jo u r fur l'h o rizo n dim inue dans une
progreflion très-rapidem ent croiffante.
Q uelques faits do nn en t lieu de cro ire que le
fro id des hivers & le ch aud des étés dim inuent en
F ra n c e , mais il n 'e ftp a s poflible de re c o n n o ître à
quelles caufes o u d o it a ttrib u e r ce changem ent de
tem p ératu re.
Les v o lc a n s, les fources th e rm a les, indiquent
un foyer de chaleur au cen tre de la te rre. D es expériences
nouvellem ent faites dans les m ines les
plus profondes de l'A n g leterre & de l’A llem agne,
& rapportées par m on collègue F o u rie r, dans un
M ém oire lu à l’In ftitu t, conftatent ce fait qui fert
d e bafe à la th éo rie d e la form ation du g lo b e,
im aginée par Buffon.
L a chaleur anim ale s'augm ente par le mouv
em e n t, com m e il n 'eft p erfonne qui ne l'ait
expérim enté m ille & m ille fois 5 mais la chaleur si-
gétale ne p eu t ê tre accrue que par le m oyen de la
concentration d e celle du fo le il, ou par des
moyens, artificiels, tels que le feu & la ferm entation.
C’eft au moyen des. poêles ou fourneaux conf-
truits à côté ou fous les Serres, les Bâches,,
qu'on y. entretient, pendant l’hiver, une chaleur
convenable à la confervation & même à l'accroif-
fement des plantes des pays intertropicaux.
C ’eft âu m oyen des Couches de Fumier, de
Feuilles, de T an , q u 'on fe procure au printemps-
une chaleur affez élevée p o ur p o uv o ir avancer la
germ ination dès g rain es, la v égétation des plantes
é tra n g è re s, des fleurs d 'o rn em e n t, de beaucoup
de légum es de diverfes efpèces,.
Pour em pêcher la difperfion de la chaleur pro- '
duite par ces co u ch es, on les co u vre, ou feulem ent
pendant la n u it, de Paillassons,, ou conftam ment
de C hâssis.
U ne chaleur très-fèche &» une chaleur très-humide
fo n t égalem ent nuifibles aux plantes re n fe rmées.
A infi, un cu ltiv ateur jaloux de voir profpé-
rer les plantes de fa fe rre ,, de fa b â c h e ,, d e fon
châffis, d o it v eiller fur la nature de celle q u i y
exifte, afin d’a rro fe r> fi elle eft fè c h e , & d’é ta blir
un co u rant d 'air avec le d e h o rs, fi elle eft hu-
mide.
La chaleur des m atières végétales en ferm entation
p eu t ê tre naturellem ent p o r té e , à l’aide cle
l’h um id ité, jufqu’à l'inflam m ation5 de*là les incendies
de m eules de fo in , de m eules de b lé , de
granges, de fu m iers, attrib u és quelquefois à la
malveillance.
Les effets de la chaleur fur l’eau ne p euvent jamais
aller au-delà d e l'é b u llitio n , p arce qu’alors c e tte
eau fe v a p o rife -C 'e ft donc b ien in utilem ent q u ’or.
augm ente le feu lo rfqu'ell’e eft arrivée à cet é ta t.
Voye^s com m e fupplém ent à cet a rtic le , ceux
Calorique, Oxigène, Air , Soleil, Feu,
C ombustion, Fumier, Fermentation , &
ceux déjà cités dans celu i-ci.
C H A L O SS E . L es tiges des Légumineuses fé-
chées pour fourrage p o rte n t ce nom dans quelques
lieux.
C H AM A R IA S. A rb re de l'Ind e d o n t le fru it fe
mange & d o n t les feuilles s'em p lo ien t com m e
purgatives. J’ig n o re à q u el g enre il appartient.
C H A M P E C IÈ R E . B ord in térieu r des haies
qui clofent les cham ps dans le d épartem ent de la
M anche, ou q u 'o n laiffe en h erbe p o u r fo u rra g e ,
ou qu'on laboure à la h o u e , p our le p lanter en
pommes de te rr e , en h aric o ts, & c.
C H A M P E L U R E . Les vignerons d 'O rléan s ap pellent
ainfi les taches noires p roduites fur l’éco rce
de la v ig n e , fo it par la Grêle , fo it par la Brûlure
, foit par la Gelée.
C H A M P 1E . Ckampia.G enre de plantes établi
aux dépens des V arec s. Il avoir é té appelé Mer-
T1NSTE.
C H A N C E L A G U E . P lante céléb ré par fes vertus
m édicinales, qui cro ît au P érou & qui fe rapporte
au genre C hirone.
C H A N C IÈ R E . Synonym e d e C hampeciêre.
C H A N D E L L E . C ylindre de Suif traverfé par
un affemblage de fils de c o to n , appelé mèche, qu’on
emploie à l'éclairage.
A utrefois les chandelles é to ien t un luxe fo rt aur
deffus de la fo rtu n e des habitans des campagnes ,
qui ne s’éclairo ien t pendant la n u it, & quand ils
alloient dans leur c a v e , qu’avec des lampes d ’une
fconftruétion trè s-v ic ie u fe , & d o n t l’effet é to it
fo ib le & par co nféquent trifte. A u jo u rd ’hui elle*
foncrepouffées par l'o p u len ce, qui p réfère les b o u gies
& les lampes fi m al-à-propos nom m ées quin~
quets.
La fab ricatio n d es chandelles eft affez {Impie
p o ur q u 'il foit facile aux cu ltiv ateurs de faire
celles néceffaires à leur confom m ations mai*
com m e elles feroient & plus chères par la p e rte
de m atières & d e tem p s, & m oins bonnes par le
d éfaut d 'e x p é rie n c e , que celles achetées ch ez les
chandeliers , je leu r eonfeille de ne pas s'y livrer.
Je vais cep en d an t d o nn er une idée d e là m anière-
d 'o p é re r.
Le Boeuf, le Mouton & la C hèvre font les
feuls animaux domeftiques qui fourniffent du
Suif. ( Foy*\ ce mot.) Celui de boeuf eft le plus
mou & celui de la chèvre le plus folide.
A p rès av o ir féparé le fu if d'u n de ces anim aux
d e la viande & de la g raiffe, on le débarraffe d e
la plus grande partie des m em branes dans lefquelles
il eft e n v elo pp é, & on le fait fo n d re après l'av o ir
co u pé en p e tits m o rceau x, à une d o uce c h aleu r,
dans un vafe de fe r o u m ieux de c u iv re. P o u r
l'av o ir plus b la n c , on fait c e tte o p ératio n fous
l’eau. L e fu if fum age à m efure qu’il fo rtd e s u tri-
cules o ù il é to it ren ferm é, & on l'en lèv e avec une
grande cu illère. Les dernières portions , qui font
les plus im pures , fe re tire n t au m oyen de la preffe
& 1e v en d en t p o ur l'ufage de l'h o n g ro irie ou autres
arts.
L e fu if refro id i eft fondu d e nouveau dans l’eau ,
pour ê tre d 'a u ta n t m ieux n e tto y é , & p o u r le re n d
re & plus blanc & plus fe rm e , on y fa it diffou*
dre environ un centièm e d'alun.
Les m em b ran es, auffi privées que poffible d e
fu if, s'appellent du creton. E lles ferv en t à la n ourritu
re des c h ien s, des cochons & des oifeaux de
baffe-cour.
O n fab riq u e les chandelles de deux m an ières, à -
; la b ag uette & au m oule.
P o ur faire des chandelles à la B a g u e tte , on enfile
plufieurs m èches dans une b a g u e tte , & on plonge
| ces m èches dans un vafe rem pli de fu if fo n d u , mais
très-peu chaud. O n é tire chacune d e ces m èches
. avant que le fu if qu i les a im bibées foit fig é , afin
qu’elles fo ien t bien d ro ites. P u is , lorfqu'elles
font com plètem ent re fro id ie s, on les p longe d e
nouveau dans le vafe p o ur les en d uire d ’une nouvelle
couche de fu if5 ainfi d e fu ite , ju fq u 'à c e que
les chandelles foient arrivées à la groffeur defirée.
C om m e le fu if d e b oe u f eft le m oins ferm e,,
ainfi que je l'a i déjà o b fe rv é , beaucoup de fabri-
c a n s, par éco nom ie, l'em p loient p o ur les p rem ières
couches.
D ’autres em ploient p o u r les d ern ières, o u d u
fu if d e c h è v re , o u du fu if de m o u to n , dans lequel
ils o n t mis plus d’un centièm e d'alun.
Les chandelles ï la b ag uette fo n t les m eilleures,
en ce qu'elles coulent m o in s, mais elles o n t ra re m
ent un bel afp eft & font plus longues à fabri*