
tard. Il a les feuilles couvertes de-poils courts , |
comme les m«^/V«noir& rou ie, mais fes baies font
féparées les unes des autres par dés faiiceaux de j
poils partant d'une globule-central, ce qui a paru
fuffrfant pour le confiitueren titre de genre, fous le
n o m de B r o u s s o n n e t i e .
Cook nous a appris q ue , dans les îles des Amis
& autres groupes de la mer du Sud , on fubri-
quoit des étoffes avec cette même écorce enlevée
des jeunes pouffes & collée.
En France on ne tire encore aucun parti utile
d i mûrier à papier, quoique cela paroiffe fort
facile & fort avantageux , foit pour fe procurer
du papier qui reviendront à très-bon compte, fo:t
pour fe procurer des étoffes , finon propres à
l'habillement, au moins fufceptibles de fe r ir à
l'ameublement j mais on l'emploie fréquemment
à l'ornement des jardins payfagtrs , & quelquefois
à la nourriture des beftiaux & au foutien des
digues élevéès contre les ravages des eaux.
11 y a quelques années qu'on ne muitiplioit le
mûrierà papier que par marcottes , q u i, faites
fur des mères, dans un terrain frais, prennent
racine- dans la même année & peuvent fe me tire
en pépinière au printemps de l'année fuivante 5
mais depuis que Brouffonnet nous a apporté des
pieds femelles , i! eft devenu plus avantageux de
le faire par le fends de fes graines , dont il donne
annuellement de grandes quantités. J’ai pris à
tâche de répandre cés graines autant qu il m'a été
pôfiîblè pendant que j'ëtois à la tête des pépi
nières de Verfaill.s, & depuis.
Les graines de ce mûrier fe fèment au printemps,
dans une planche bien préparée & expofée au
levant, fort épais , parce qu'il arrive fouvent que
la plus grande partie eft inféconde. On les recouvre
feulement de deux à trois lignes de terre & on
les arrofe au bcfoin.
Le plant, qui ne tarde pas à lever, fe farde &
s'éclaircit. On le couvre de fougère aux approches
dés froids, ce qui empêche cependant rarement
fés extrémités de geler ou de pourrir j mais
il fuffir que le collet des racines fe conferve fain
pour rénftir à Fa tranfplantation , qui a lieu en
pépinière , à l'écartement de deux pieds & en lignes
éloignées de la même dittance. L'hiver de l’année
fuivante, ce plant fe rabat rez-terre & fait
des pouffes de deux ou tr\>i- pieds, donc on réduit
le nombre à trois ou quatre, lorfqu'on veut former
des touffes , ou à une F u ie , lorfqu'on defire
des tiges. Koyrj PÉPINIÈRE.
Généralement à quatrê ou cinq ans, foit les
touffes, foit les tig e s , font fufceptibles d'être
placées , ou au premier rang desmaftifs ou ifoléés
le long des ailées, au milieu des gazons, dans lés
jardins payfagers, qu'elles ornent par ieur forme ,
par leur feuillage, par leur omb-e , &c. Les ge-
lé ts frappent fouvent , en automne, l’extrémiré
de leurs branches , qui s'aoûtent fort tard , mais
cela ne fait quefavorifer kur multiplication 3 8c, 1
par conféquent, augmenter la beauté du pie,|
La croiîfance du mûrier à papier eft t ès-iapide*
lorfqu'il eft livré à lui-même & que les gelees né
le contrarient pas.
On peut auifi multiplier cette efpèce par re>
jetons, par feéti'onde racines & par. outures. La
greffe ne m'a pas réuffi, ni fur le mûrier blanc ni
fur lui-même. Jê n'ai pas pu en reconnoître le
motif.
Les vers à foie mangent les feuilles de ce m«.
riery mais fans beaucoup les aimer, probablement.!
raifon de leurs poils. Les chèvres, les moutons
les recherchent avec paflion. Sans doute, hs
vaches , Tes chevaux, les cochons s'y accoutu-
mernient bientôt. Je fais que cuites elles plaiknt
beaucoup à et s derniers. Déjà Faujas ôc autres
ont prouvé qu’on pouvoit obtenir de fon écorce,
en Fi ance comme à la Chine & au Japon, un
papier piopre à un grand nombre d’u!ages. Dans
les vallées des Alpes françaifes, on commence
à l’utilifer, avec un luccès non cont. fte, pour arrêter
les ravages des torrens , foit à raifon de
fes nombre ufes racine s s foit à raifon de la mul-
'tit ud e& delà flexibilité de fes rameaux. Ajoutez à
cela qu’il profpère dans les plus mauvais terrains
& qu'il ne craint point d’ être coupé tous les ans,
une fois que fes racines ont pris une amplitude
fuftkante.
Cette dernière propriété & le grand nombre
de fes pouffes & fes feuilles, me font croire qu'il
pourroit être utile de le cultiver uniquement
pour.le couper à la fin de l'é té , & faire entrer fa
dépouille dans la fjbrique des Compostis. Il
conviendroir très-bien , ce me femble, à cet ufage
dans les vignobles , où tant de terrain eft perdu,
& où le befoin d’engrais fe fait f i . fréquemment
fehiir.
Le cultiver feulement pour en faire des fagots,
feroit, â mes yeux , une bonne fpéculation, dans
certaines terres fablonnfeufes ou pierreufes.
Le mûrier des teintuiiers ne fe cultive pas en
Europe. Son bois, coupé par morceaux, eft
l'objet d’un commerce de quelqu'importance, en
te qu’il fert à donner une teinture jaune folide
aux étoffes de laine.
Quoique mon célèbre & ma’heureux ami Roland
de la Platière ait donné des indications fort
fatisfaifanres'fur l'éducation des vers à foie,à l'article
SOIERIE du Dictionnaire des A m & M é tie r s,
je ne puis me difpenfer d’en parler i c i , attindu
que c'eft une opération agricole, qu’on y a renvoyé
à un grand nombre d’articles, -& qu’il a été
fait beaucoup d’obfervations nouvelles depuis
l’impreffion du Dictionnaire précité.
La patrie de la chenille appelée ver a foie eft
la Chine, où elle a été.élevée en domefticits
de temps immémorial pour fa foie, avec laquelle
fe font de fi brillans & fi durables vêtemens,
& d’ou elle a été apportée en Europe en même
temps que lé mûrier fur lequel elle fe nourrir.
Cependant il eft confiant que les .vers,à foie
0'nt été nourris long - temps aprèsi-leur apparition
en Europe ,. avec les feuilles du mûr'ier
noir, beaucoup moins propres à cet o b je t, à
raifon de leur épailfeur, de leur ruieffi & de
leur épanouilFement tardif, probablement parce
que cette efpèce avoir été introduite antérieurement
comme arbre fruitier.
Quoi qu'il en foit, le ver à foie eft devenu
pour nos dé parte mens méridionaux une four ce
inépuïfable de richelfe , malgré que fon éducation
y ait. été livrée à la routine j aufli tous les
amis de leur pays doivent-ils faire des voeux pour
quelle s’y perfectionne.
Les efforts faits par le-Gouvernement'& 'beaucoup
de particuliers pour faire partager cette
induftrie. aux depurtemtns feprentrionaux, ont
été fans réfultacs, non que le mû-ier refuie d’y
profpérer , mais parce que le défaut de chaleur
empêche fes feuilles de s’y élaborer fiiffifamment,
& que la foie que fournilîciit les vers qui en font
nourris eft groiuère & caffante, amft que je l'a:
déjà «annonce pk.s haut.
L'expérience de trôis fièc’es a donc prouvé1
que c’eft dans la vallée du Rhône &r fur le premier
étage des montagnes qui ta conftituent, depuis
Lyon, ainfl que dans.les plaines, & le premier
étage des montagnes qui bordent la Méditerranée,
qu'il convient feulement, de fe livrer en grand à
l'éducation des vers' à‘ foie.
Il y a. fans doute un très-grand nombre de
variétés de vers à foie, mais il tn' êft peu qui '
entrent habituellement dans nos éducations.,
La couleur blanche & la couleur grife confti-
tuer.t quelquefois des variétés $ mais on né peut
les regarder comme confiantes, pui.que fouvent
le gris & le noir fe changent en blanc par la mue,
& réciproquement.
Une variété-venue direébment de la Chine,
il y a quelques années feulement, donne conftam-
ment de' la loie blanche ( celle des communes
eft jaune ) i mais malgré cet avantage , qui femble
de première importance, & malgré les efforts du
Gouvernement, elle eft fort peu répandue hors |
des environs d ’Alais.
L’efpèce fubic ordinairement quatre mues avant :
de faire fon cocon. Une variété , appelée mi- i
ü n a ife , ne mue que trois fois. J 1 paroît économique
de la préférer j mais la foie qu’elle donne
n ’ t f t ni aufli abondante, ni aufli bonne que celle j
de l’efpèce, ce qui la repouffe de beaucoup
d'éducàtiôn<.
On a prétendu qu’il y avoit une variété propre
à donner deux récolces par an $ mais, fi
elle exifte, elle fe confond avec l^fpèce , car, :
ajnfi que l’expérience le prouve, toutes les va- j
neré$ peuvent, dans les pays chauds, en donner j
non-feulement deux, mais trois, mais quatre,
puifque la du'ée d’ une éducation eft de moins
de deux mois } mais ce grand nombre 4P rëcoites,
en: définitif, coûtent plus cher & rapportent
nv iras ‘qu’ une feule,
j Le prçmi r foin à prendre quand on veut fpé-
! culet fur l ’éducation des vers à fo ie , eft de calculer
la quant té de mûriers qu'on poflède, pour
y proportionner la quantité de vers qu'il faudra
fe procurer, en ftatuant fur un tiers en fus,
pour parer aux açcidens indiqués plus haut.
Ceux qui élèvent d-s vers à foie, en courant
lés rifques de manquer de feuilles vers la. fin de
leur éducation, font dans le, cas de dépenfer plus
qu’ils ne gagneront , ces feuilles fe venaant
quelquefois, alors, des prix ex.orbitans.
Il eft deux fortes d’éducation, de vers à foie.
Celle qui fe fait en petit par de pauvres cultivateurs
dans leur habitation.
Celle qui s'exécute par de riches propriétaires
dans des grands bâiimens conftruirs exprès , appelés
MAGNAUiÈREi; Voye\ ce mot.
Ces deux forces offrent des différences en quelques
points. Si les bénéfices que donne la fécondé
font plus confidérabies, les caufes des
pertes s'y développent ave.c plus d’intenfité. Je
^parlerai par occafion de ces.différences.
La chenille appelée vers a foie , fort d’un oe uf
pondu par un Bombice , ou papillon de n u it,
qui eft gris ou blanc, avec trois lignes brunes
( Bombix Mori, Fab.). Dès qu'il eft né , il s’ac*
couple, & emuite la femelle pond un allez grand
nombre d’oeufs qu’elle fixe fur une étoffe, & d’où
on les enlève pour les mettre dans des petits
facs dé papier, & les conferver dans un lieu ni
rrop fec ni trop froid , jufqu'au printemps de
l’année fuivante.
Du choix de ces oe ufs , qu’on appelle graine,
dépend en grande partie le faccès de. l ’éducation.
Une bonne graine doit être bien ronde , de
couleur d’ardoife, & craquer fous l'ongle ç\ii
l’écrafe. Lorfqu'eile eft jaune, aplatie .& molle ,
c’eft quelle provient d’une ponte fans accouplement
ou qu'elle eft altérée. Ces deux fortes de
mauvaife graine s’appellent de la graine morfondue.
Si les gelées tardives n’ëtoient jamais à craindre,
il feroit de l’intérêt des cultivateurs de
faire éclore les oeufs aufli tôt que .les premières
feuilles du mûrier fe montrent ; mais fi on les
fâifoit éclore alors , les vers qui en proviendroient
ieroienc dans le cas de mourir de faim par fuite
d’une de ces gelées, car la .précaution ufitée en
Chine, de garder de la jeune feuille defféchée,
pour ce cas, n’eft point connue de nos culti-
yateurs^'-
Ce n’eft donc que lorfque la fàifon eft déjà
avancée, qu'on fait généralement éclore les oeufs
des vers à foie, foit en les mettant, lorfque ce font
de petites, éducations, dans des nouets aplatis de
toile claire ( une o.ice dans chacun ) , nouets- que
des femmes portent fur leur peau pendant le jour,
& fous leur chevet pendant la nui;.
Cette manière de faire éclore les vers à foie eft
E e e e i