
les voiturer à flot. D ’abord , il n’ y a pas beaucoup
de bois en Hollande, & en fécond lieu, le peu de
forêts qui s’ y trouvent, ne font guère peuplées
que d’arbres verts. Or, il eft certain que l’inconvénient
d’ abattre les arbres en été en beaucoup
moindre pour les arbres réfineux , foie quant a la-
qualité du bois, foit quant à la fouche qui ne repouffe
pas, que pour les arbres à feuilles, dont la
fèv e, dépourvue de principes réfineux, s’altère
bien plus facilement. Quant aux arbres que les
Hollandais font venir des bords du Rhin, la coupe
s’en fait en hiver.
Duhamel ajoutoit que dans le royaume de Na-
pies & en piufieurs lieux d’ Italie, on coupoit les
arbres des forêts en juillet & août, préférablement
à tous les autres mois 5 que ces bois étoient
de longue durée, & que des vaiffeaux conftruits
en cette faifon étoient encore, après 2.5 ans
conltruélion, très-fains & fans apparence de pourriture.
Il citoit enfin la Catalogne & le^Rouf-
iillon, où les payfans coupoient leurs chênes en
juillet & août, dans la perfuafion que leurs bois
en étoient meilleurs. Après avoir établi fon opinion,
tant fur fes propres expériences que îur
i’ ufage de quelques localités, il la propofa avec
la bonne foi dont il faifoit profeffion, & il étoic
iurtout d’ avis q ue , lorfqu’on fe trouvoit dans le
cas d’ employer des bois fur-le-champ, on en de-
voit faire la coupe en été> parce qu’alors ils fe
fèchent plus promptement. Cette dernière opinion
pourroic bien n’être pas dénuée de fondement
j mais quant à la coupe des bois en été , hors
Ja circonftance d’urgence dont il s’ agir, elle doit
être proferite, nonobftant les ufages contraires
qu’on pourroit c ite r , & dont, au furplus, il fau-
droit examiner les motifs & le mérite, par rapport
à la nature des bois & aux localités.
Telles d’Acofta penfok avec tous ceux qui
font exploiter les bois, ou qui les travaillent,
que l’on devoir les couper en hiver.
Guyot nous dit dans fon M a n u e l f o r e f t i e r ,
que l’on peut couper dès le 1y octobre fans
inconvénient ; que les taillis abattus les premiers
repopffent aufli les premiers l’année fui-
vante & à la première fève,.tandis que ceux abattus
dans les mois de mais & d’avril ne r-epouffent
qu’ à la fécondé fève, & qu’il fe trouve fouvent
des fouches qui attendent l’année fuivante : affermons,
qui. font a (fez ex a êtes, quoiqu’on ne
puiffe les généra ifer, ainfi que nous le ferons
voir plus. loin. 11 penfe, en conféquence,. qu’il
eft très-avantageux de couper les taillis &c les
futaies pendant les mois de novembre, décem
bre, janvier & février, parce qu’alors le s Touches
repouftent toutes dès la première année $ ma:s
que, malgré cet avantage, c’eft une erreur de
croire que le bois periffe lorfqu’on le coupe pen-
dant la première fève , c’eft-à-dire , dans les mois
d’avril, mai, juin & juillet inciufivement.
M» Lintz, dans fes differcations. foreftières,
rapporte piufieurs faits qui prouveroient que les
taillis exploités comme e jf a r t s (1) , dans le ci-devant
département de la Sarre, & même des taillis
ordinaires, fe coupent avantageufement au moment
de l’afeenfion de la fève. Nous fommes loin
de contefter l ’exaétitude des faits rapportés par
M. Lintz, car nous avons remarqué nous-mêmes
dans- les Ardennes, que des coupes effartées dans
une faifon un peu avancée, repouffoienc avec vigueur,
Mais il faut obferver qu’il s’agit ici de pays
froids, où la diflipation de la fève, qui affoiblit les
fouches, & où le defféchement & la gerçure de
ces fouches font beaucoup moins à craindre que
1 dans les pays chauds. D'ailleurs, comme l’obferve
M. Lintz, la reproduction dans les effarts fe fait
beaucoup plus par les racines que par les étocs..
M. Hartig s’exprime ainfi fur la faifon à laquelle
il convient de couper les t a i l l i s : « L’ expé-
| rience, dit-il, nous apprend que les fouches de
bois à feuilles coupés jeunes, reproduifent des
nouvelles pouffes de leur écorce, n’importe dans
quelle'faifon de l’année la coupe en ait été faite.
Mais elle nous apprend aufli que les bois coupés
a u p r in t e m p s y avant le développement des feuilles,
donnent les pouffes les plus nombreufes & les plus
vigoureufes, & en général le plus beau recru.—
Si on coupe p e n d a n t 1' é t é , les fouches s’ affoiblif-
fent par la grande quantité de fève qui fe perd,
le bois eft moins bon pour le chauffage , la main-
d’oeuvre eft plus chère, les feuilles qui tiennent
aux bois rendent l ’emploi des branches moins
avantageux, les plants de femences qui fe trouvent
fur la coupe éprouvent plus de dommages ,
& la repouffe aes fouches ne fe fait qu’au printemps
fuivant. — C oupe-t- on en a u t o m n e , après
la chute des feuilles ? on n’éprouve point, il eft
vrai, les inconvéniens dont nous venons de parafer
j mais dans ce cas, comme dans celui qui précède
( l a co u p e d e l ' é t é ) , on a à craindre que l’é-
j-corce ne fe fépare de la fouche,.fi dans l’hiver
qui fu it, il arrive fubitement, après de longues
pluies, une forte gelée, qui faffe tuméfier l’eau
interpofée entre l'écorce & le bois, & occafionne.
ainfi la défunion de l’écorce. — Enfin , veut-on
couper e n h i v e r ? non - feulement l’inconvénient
ci-deffus eft à redouter, mais on éprouve encore
' celui de ne pouvoir, à caufe de la neige, couper
’ le bois tout près de terre, & d’éprouver beaucoup
' d’embarras pour le façonnage des brins de taillis-
& des branches..
m Audi, continue M. Hartig, le temps le plus
àvorable & le plus avantageux pour exploiter les
aillis, eft celui q »i luit la difpâ'-ition de la neige,
ifqu’au moment où le» bourgeons commencent
i fe gonfler, par coi féquent. fe m i l i e u de f é v r ie r
ju fq u e d a n s le m i l i e u a a v r i l . . Lar;qu’on coupe a
(1) Ge font ceiuCoù l’on fait pafler le feu a p r è s l’exploitation
, pour préparer la terre à recevoir un enfemencejnent
entrain scette
époque, les fouches -peuvent fé cicatrifér
alfez pour ne point éprouver une grande perte
de févej on n’a plus à craindre les effets des gelées
fur ces fouches 5 & les pouffes nouvelles ont
je temps de fe mieux d o u t e r & de fe préparer à
mieux lupporter les gelées , que dans les e x p lo it a tions
faites plus tard au printemps, &; feulement
dans le mois de m a i . Dans ce dernier cas, les
pouffes ne paroiffent que fort tard, & leur extrémité
refte tellement tendre & herbacée dans certains
pays, que les gelées de l’hiver les détériorent
en grande partie. . ,
» Toutes les fois donc que les circonttances le
permettent, on doit couper les taillis d e p u is le
m ilie u de f é v r i e r j u f q u a u m i l i e u d ' a v r i l . Il n’ y a
que quelques cas particuliers où il foit permis de
s’écarter de cette règle. Mais il faut éviter autant
que poflible l a co u p e e n é t é , parce que de toutes
les.faifons, c ’eft la plus mauvaife.»
Comme on le voit, M. Hartig fe prononce fortement
contre la coupe en é té , & non moins fortement
en faveur de celle qui fe fait au moment
où les bourgeons font fur le point de s’épanouir.
Nul doute j en effet, que la coupe faite en été I
ne foit la plus défavantageufe j mais celle qui a
lieu èn automne, après la chute des feuilles &
dans le courant de l’ hiver, nous paroît avoir dans
les climats tempérés, comme l ’intérieur de la
France, beaucoup moins d’inconvéniens que dans
les pays froids, tels que ceux où M. Hartig a fait :
fes obfervations. Les neiges & les gelées dont il ;
redoute les effets, y font moins à craindre. Quoi j
qu'il en foit., les préceptes de notre auteur font
conformes à l’expérience j &r il fera toujours utile
de s’y conformer toutes les fois que les circonftan-
ces ne s’y oppoferont pas.
Ces obfervations s'appliquent particu’ièrement
à la reproduction des fouches , que Duhamel n’a
pas contefté être affoiblie par les coupes en temps
de féve. Mais revenons aux inconvéniens de ces
coupes par rapport à la qualité des bois.
M. Hartig recommande de couper tous les bois
de conftruCtion dans le milieu de l’hiver, & il a
prouvé par fes expériences que les bois coupés
en temps de fève valoient beaucoup moins pour
le chauffage, que ceux coupés en hiver* M. le
baron de Werneck a également reconnu qu’ ils
produifoient un charbon de moindre valeur. Quant,
aux bois de conftruCtion, dit M. Hartig, il eft
certain que lorfqu’on les coupe en hiver, ils ne
fe gâtent pas aufluot, né fe gercent pas auffî fa-
. cilement, font moins vite attaqués par les infectes,
durent plus long-temps, & fourniffent plus
de chaleur que ceux abattus en temps de fève.
On ne doit donc en abattre aucun , fi ce n’eft en
hiver, & on doit furtout choifir les mois de décembre,
janvier & février i & fi on pouvoit admettre
qu.elqu’exception , ce ne fer oit que pour
ceux qu’on emploie de fuite dans des conftruc-
tions fous l'eau.
Outre M. Hartig, un grand nombre d’autres
foreftiers allemands ont combattu l'opinion de
Duhamel. Cependant elle a eu aufli quelques parti
fan s parmi eux. Nous allons rapporter les fen-
timens des uns & des autres.
M. de Carlowitz, dans fon ouvrage fur la culture
des arbres foreftiers, fe prononce contre la
coupe des bois en fève, à caufe de l’humidité qui
devient le principe de la pourriture qu on aperçoit
bientôt fous l’écorce. Il fe prononce également
contre celles faites pendant les fortes gelées,
& rappelle le précepte de Pline, qui veut qu’on
ne commence les coupes que fur la fin de l'hiver,
mais qu’on les continue fans relâche, même pendant
le croiffant de la lune.
M. Doebel obfervé, relativement au précepte
de couper les bois hors fève, qu’ il n’eft que relatif
au plus ou moins de fève que contiennent les arbres,
& q u e , s’il étoit abfolu, il faudroit attendre
que les arbres fuffent morts & entièrement defle-
chés, vu qu’ ils contiennent de la fève dans tous
les temps.
M. de Môfer, dans fes p r in c ip e s d 'é c o n o m ie
f o t it f t i é r e , avertit qu’aucune efpèce de bois , foie
pour le feu, foit pour les conftru&ions & autres
ufages , ne doit être coupée en pleine fève.
M. Beckmann, dans fon S u p p lém e n t a V a m é l i o r
a t io n d e l a f c ie n c e f o r e f i ié r e , contredit la def-
cente de la fève dans les racines, mais il admet
l’épaifliffement de cette fève pendant l'hiver, &:
fa liquéfaction pendant l’été. Sa théorie le conduit
à affurer que la fè v e , comme I’ame & la vie
du bois, s’échappe par l’effet de la chaleur, quand
on le coupe dans jes mois de l’été > d’où il fuit
qu’il faut couper fe bois de chauffage en hiver.
Quant au bois de conftruCtion, il penfe que la
fève épaiflie ne lui eft d’aucune utilité. Il ajoute
que fi on l ’abat en pleine fève & qu’on le faffe '
fécher convenablement, il devient plus léger ,
& qu’il eft néceffaire de lui faire fubir ce defféchement
avant de le mettre en oeuvre.
L’ opinion de cet auteur fe rapproche de celle de
Duhamel, relativement au bois de conftrudtion, &
elle peut être combattue par les mêmes moyens.
M'. de Burgfdorf s’exprime ainfi dans fon M a -
n u e l f o r e f t ie r3 dont nous avons donné la tradu&ion :
« 11 eft important que les arbres deftinés aux
conftruétions foient dépouillés de leur écorce &
dégroffis le plutôt poflible j & comme on ne peut
pas efpérer que de grands arbres, dans la claffe des
bois à feuilles, repouffent bien de fouches, la
faifon dans laquelle on les abat eft indifférente ;
car les objeClions qu’on a faites à cet egard ne
font fondées que fur des préjugés, & n’ont pour
elles ni les preuves de l’expérience, ni celles de
la phyfique. Quant aux petits affortimens de bois
à feuilles, on les prend toujours dans les taillis,
& on les coupe h o r s f è v e y pour favorifer la repro-
duétion de la fouche i on en ufe de même à l’égard
des bois réfineux, pour leut procurer une plus
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