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multipliés, & qu'on a fu apprécier & fa beauté,
comme arbre de décoration, & l'excellence de
fon bois , comme arbre d’ébinifterie, qu’il eft devenu
commun aux environs des grandes villes.
Bientôt, fans doute, il fe répandra dans les campagnes
les plus reculées, car il elt un des arbres les
plus avantageux à planter le long des routes, dans
les avenues, &c>Il demande un fol léger & profond
, & fe développe dans toute fa plénitude,
lorfque ce fol eft de plus fertile & humide. Sa hauteur
alors atteint "fouvent cent pieds & fon diamètre
fix pieds. La rapidité de fa croiffance, lorf-
qu'il eft venu de graines, fur paffecelle de la plupart
des autres arbres. Les gelées du climat de Paris ne
lui nuifent jamais. Son bois eft trèsffort & agréable^
ment marbré de brun. Il réfifte long-temps à la
pourriture lorsqu'il eft privé de fon aubier, a
beaucoup de force & ne fe fend ni fe tourmente,
eft fufceptible d’un beau poii, ne craint pas J'attaque
des vers. Il fe prête également au tour,
à l'ébénifterie , a la mer.uiferie.
L'emploi de ce bois eft très-étendu en Amérique,
& il peut remplacer en France , en toutes
circonftances, celui du noyer royal. '
Les fruits de ce noyer font ronds & varient
beaucoup de forme •> ainfi que de groffeur. Leur
amande n'eft pas propoitionnée à leur volume
& n'eft pas agréable au goût On en tire de l'huile
propre à la lampe. Leur brou ferr à la teinture.
La multiplication du noyer noir a lieu par le fends
de fes fruits, par marcottes, par racines .&
par greffe fur le noyer royal ; mais la première manière
eftaujourd hui la feule qui fe pratique, parce
qu'on n'obtient pas de beaux arbres par jês autres.
Ainfi donc, dès que les noix font tombées des
porte-graines, c'eft-à-dire, au milieu d’octobre,
on les met en tas , à l'air , jufqu'au milieu du mois
fuivant, époque à laquelle elles-font femées à la
diftance de deux à trois pieds en tous lens, ou
elles font mifes au germoir, pour ne l’être qu'au
mois de mars de l’année fuivante.
Le plant levé fe farcie & fe bine félon le befoin,
& s’il eft deftiné à être planté dans une enceinte,
il fe met en place définitive dès l’hiver d’après ou
au plus tard à trois ans, à raifon de la longueur de
fon pivor, qui n’a de racines qu a fon extrémité ,
& qui plus tard ne pourroit plus être levé entier.
S i, devant être planté en plein champ , il a à
craindre les hommes & les animaux , alors il faut
le repiquer le premier ou le fécond hiver, à une
plus grande diftance, pour ne le mettre en place
qu’à cinq ans, après l’avoir taillé en crochet, &
lui avoir formé une flèche s’ il a perdu la fienne.
y°yei Pé p in i è r e .
L'eiagage du noyer noir 3 mis en place, ne doit
fe faire que fucceflivement, c'eft-à-dire, ne retrancher
chaque année que les deux ou trois branches
les plus inférieures, à un pouce au moins du
tronc. Il eft très-important de le redreffer s'il fe
contourne, car c’eft de la régularité de fa tige
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qu’if tire fon principal avantage. Quand cette tme
eft arrivée à environ vingt pieds, on abandonne
l’urbre à lui-même , fe contentant de raccourcir
les branches qui s’étendroient trop ou rivalife-
roient avec la flèche.
C'eft à quarante ou cinquante pieds de diftance
qu'il convient de planter les noyers noirs, lorlque
le terrain eft de bonne nature, parce qu'a lorsi|$
prennent rapidement une grande amplitude, &
qu'on jouit plus tôt de leur i-mbre & de leur
afpeét.
Le noyer cendré reffemble beaucoup au précédent
dans fa jeuneffe,, mais il n’a que dix-fept folioles,
& fes fruits fontalongés, il s'élève beau-
coup moins & fon bois eft plus léger 5 -fon fruit
eft oval^On tire de fes amandes une huile propre
à manger & à brûler. On emploie la décoétion
de fon écorce comme purgative, d'où le nom
de cathartique qu'il, porte.
Cettè efpèce eft également cultivée -depuis
long-te mps dans nos jardins j mais comme elle eft
moins belle , comme fon bois eft moins utile, je
n'infifte pas autant fur fa multiplication. La culture
qu'elle exige eft exactement la même.
Le noyer pacanier a quinze folioles & porte une
noix ovale , unie, de la groffeur du pouce, dont
l'amande eft fort bonne à manger, même, à mon
avis, encore plus délicate que la noix commune.
Son introduction en.France eft dans le cas d’être
defîrée par les amis de notre profpérité agricole!
mais comme il gèle conftamment en automne, dans
le climat de Paris, à raifon du retard de fon entrée
en végétation , ce n’ eft:que dans le midi de
la France, en Efpagne & en Italie qu’il faut la
tenter. On le multiplie par graine qu’on eft encore
forcé de tirer d'Amérique , par marcotte & par
greffe fur le noyer royal.
Cette efpèce s'élève à plus de foixante pieds &
eft pourvue d'un bel afpeCt; mais fon bois a le
grain groffier & ne s’ emploie qu'à des ouvrages
qui demandent de la force & de l'élafticité.
_ Une terre riche & humide eft celle qui convient
le mieux au pacanier.
Le noyer aquatique qui a onze folioles, dont
la noix eft anguleufe & petite., fe voit dans deux
ou trois jardins des environs de Paris ; mais, ainfi
que le précédent, il gèle tous les,ans & n’y fait,
par conféquenr, pas de progrès. C'eft dans des
marais qu’ il croît exdr.fi vement.
Le noyer amer, qui a quatre paires de folioles
& la noix cordiforme. Il veut une bonne terre,
& ne gèle pas dans le climat de Paris.
Le noyer velu a neuf folioles & la, noix grofle
& fortement anguleufe. Sa végétation # des
plus lentes.
Le noyer à écorce é.cailleufe, qui a cinq folioles,
la noix légèrement anguleufe , l’amande fufceptible
d’être mangée. On en voit plufieuts pieds
portant graines dans les. jardins des environs de
Paris. Il lui faut un bon fol. Son écorce fe lève.
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I naturellement en écailles qui tombent au moindre
1 6 Le noyer lacinieüx, qui offre fept folioles, dont
»ja noix eft grolfe, forcement anguleufe, très-
■ ointue, fon amande fe mange également. Il fe
■ [uitive auffi dans nos jardins & n’y craint point
■ les gelées. Son écorce fe-lève comme celle du
■ précédenr.
I r Le noyer à cochon , qui a fept folioles, la noix
■ petite, ovale , non anguleufe, s’élève extrê.me-
B ment haut. Il profpère dans des terrains d'affez
■ mauvaife nature. Les gelées du climat de Paris ne
I lui nuifent pas. I Le noyer mufeade. Tout ce que j’ ai dit du pré-
I cédent paroît lui convenir.
I Ces fept dernières efpèces font généralement
I confondues en Amérique , fous le nom à'hickery ,
I gi l'avoient été par Linnæus fous le nom de juglans
■ ü/5û.G’eftà Michaux fils qu’on doit de les avoir dif-
■ tinguées convenablement par de bonnes def:rip-
i; tions & de belles figures, dans fon ouvrage fur les
■ arbres d’Amérique. Leur bois eft blanc, extrême-
I ment tenace, très-pefant, mais très-fufceptible de
■ l’attaque des vers & de la pourriture. Auffi ne
I l’emploie-t-on ni dans la conftruétion des mai-
■ fons ni dans celle des vaiffeaux. On éh fait des
■ manches d’outils, des cercles de tonneaux & au-
■ très articles de même nature. On l’emploie furtout
I à brûler, objet auquel il eft plus propre qu’aucun
■ autre du même pays. Le meilleur , fous ce der- ,
I nier rapport, eft le noyer velu, & le plus mau- ,
■ vais, le noyer amer.
I Les Michaux père & fils ont envoyé en France
■ des millions de noix de ces hickerys, dont une
V grande partie a été femée par moi dans les pépi-
I nières de Verfailles , ou elles ont parfaitement bien
■ levé; mais cependant il exifte fort peu d’ arbres
■ faits dans les environs de Paris, parce que les
■ plants ont fucceflivement péri à la faite de leur
I tranfplàntation.
I C’eft donc en place & dans une bonne terre
I qu’il eût été convenable de placer l^s noix
B hickerys envoyées : or , c’dft ce qui ne pou- B voit être fait par moi, qui ne l'a pas été même
B par radminiftration foreftière qui en â reçu égale-
I ment. M. Dandré féul en a fait femer en place
B au bois de Boulogne, dont le terrain leur con,-
B vient p,eu , comme trop maigre & trop fec, mais B où elles femblènt cependant profpérer.
I C’eft au printemps qu’ il faut mettre en terre,
| a la profondeur de trois pouces & à la dif-
B tance de fix pieds au moins, les noix d’hickerys
B arrivées d’Amérique, après les avoir laiflTé trem-‘
K per huit jours dans l’eau. Le plant levé fe biné
B & fe farcie au befoin. Les branches qui s'écar-
B tent trop du tronc ou qui rivalifent trop de
B groffeur avec la flèche feront coupées à quelque
I diftance du tronc > mais on touchera le moins
■ pofl.ble aux autres, car ces efpèces ont befoi:.
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d'un grand nombre de feuilles pour pouffer avec
quelque vigueur.
Au refte, d’après ce que j’ai dit plus haut
du peu d’importance pour les arts du bois des
hickerys, il eft peu à regreter que leur culture
en grand fait fi difficile. Les marcottes qui prennent
racines dans l'année, lorfque le terrain où
elles font placées .eft convenable , fuffiront toujours
aux befoins des écoles de botanique. J’ai fait
quelquefois réuffir leur greffe fur les racines du
noyer royal.
Le noyer à feuilles de frêne, a été trouvé par
Michaux père fur les bords de la mer Cafpienne.
Un des pieds provenant des graines qu’il avoit
.envoyées exiftoit encore il y a peu dans le jardin
de M. le Monnier, à Verfailles, & y fleurif-r
.fait toutes Les années. Aujourd’hui il eft répandu
dans toutes les pépinières , où il fe multiplie
f de marcottes avec la plus grande facilité. L e s ,
gelées du printemps le frappent fouvent fansJui
faire beaucoup de tort. Il croît avec affez de
rapidité. Une terre fubftantielle eft celle qui lui
convient le mieux. Ses folioles nombreufes ( 1 9 ) ,
& d’une couleur vert clair luifanre, le rendent
très-propre à l'ornement des jardins payfagers ,
où i! fe place au fécond ou au troifième rang des
maffifs. Je fuppôfé qu’ il doit s’élever au moins à
vingt ou trente pieds. Ses noix font portées fur
une longue grappe, & au plus de la groffeur d’ un
pois.
NYSSA. Nyjfa. Genre de plantes de la polygamie
dioecie 8c de la famille des é'éagnoïdes,
i qui renferme cinq arbres, dont trois ou quatre
fé cultivent en pleine terre dans le climat de
Paris, & encore mieux plus au midi.
Efpèces.
1. Le Ny s sa aquatique.
Nyjfa grandi dent ata. Mich. De la Caroline.
2. Le Nyssa des bois.
Nyjfa fyivatica. Mich. fils. T? De la Caroline.
3. Le Nyssa biflore.
Ny/fa biflora. Walter. f> De la Caroline.
4. Le N y s s a ogeché.
Nyjfa capitata. Walter. T? De la Caroline^
5. Le Nyssa vëlu.1’
Nyjfa tomentofa. Mich. I? De la Caroline.
Culture.
Lè nyjfa aquatique, ainfi que je l'ai fréquemment
obfervé dans le premier de ces pays,
croît dans les fondrières de la Caroline, de la
Géorgie , de la Louifiane, là où il y a plufieurs
pieds de boue pendant l'été & plufieurs pieds
d’eau pendant l'hiver. On l'appelle vulgairement
tupelo. Il parvient à quatre-vingts pieds de haut 3c