
574 M A R
nier à longs épis a befoin d’ être placé dans de
la terre de bruyère, & fréquemment arrofé pendant
l’été. La ferpette ne doit le toucher que
dans des cas extrêmement rares, car la forme
fphérique, boffelée, fi je puis employer ce.mot,
qu’il prend naturellement, eft très-appropriée à la
forme pyramidale de fes longs épis, qui reftent
en fleur plus de quinze jours. On le place dans
les parties humides & ombragées des jardins pay-
fagers, autour des fabriques, des rochers, &c.
C ’eft dans le mois de juin qu’ il eft dans tout fon
éclat. | . . . !
En Amérique comme en France, il arrive fou-
vent que le pied qui contient cinquante épis, &
chaque épi cent fleurs, n’amène pas un fruit i
bien; c’ eft dommage, car Poiteau nous a appris
que ce fruit eft plus excellent à manger que la
châtaigne, chofe que je n’ ai pu encore vérifier
que tvès-incomplétement, quoique placé favorablement
pour cela.
La greffe de cette efpèce fur le marronicr
d’Inde réulfit, mais ne fubfifte que deux ans au
plus. Ainfi, c ’eft de rejetons, de marcottes &
de racines feulement, qu’on peut la multiplier
dans nos pépinières. Il donne allez fouvent des
premiers lorfqu’ il eft convenablement placé; les
fécondés s’enracinent dans l’année lorfqu’elles
' font faites avec des branches de l’année. La
pouffe des tronçons des racines manque rarement.
Les produits de ces trois moyens de multiplication
fe placent en pépinière, à deux pieds de
diftance, & deux ans après ils font propres à être
mis en place.
MARSËCHE. Seigle qui fe fème en Auvergne
après rhiver. Ses produits font foi blés , mais précieux
dans un pays où la longueur des hivers rend
fouvent fans effet les femailles faites avant l’hiver.
MARTELAGE. Opération foreftière, dont le
but eft de fixer fur le tronc des arbres, lors de
la coupe des taillis ou des futaies, de ceux qui
doivent être confervés , foit pour donner de la
graine, foit pour fournir des pièces de bois de
haut fervice, une empreinte qu’on ne puiffe effacer.
Cette opération eft faite avec une petite hache
qui porte à la partie oppofée à la lame un marteau,
fur lequel font gravées en relief quelques
lettres de l’alphabet, ou une figure repréfentant
autrefois les armes du roi ou du feigneur du lieu.
- Avec la hache on coupe l’écorce & une petite
partie de l’aubier, dans une largeur de la grandeur
de la main, àjenviron trois pieds de terre, &_en
frappant fur l’aubier avec le marteau, on y imprime,
dans la profondeur d’environ une ligne,
la marque qui s’y trouve.
Il y a quelques inconvéniens à marquer ainfi les
arbres; mais on ne connoïtpas de moyens qui en
offrent moins, & le martelage eft néceffaire dans
les bois appartenant au Gouvernement, aux corn-
M E L
munes, aux grands propriétaires, pour affurer la
régularité de leur aménagement. .
Le principal de ces inconvéniens, c’eft que le
retranchement fait à l’aubier fe recouvre bien,
mais qu’il n’y a jamais d’ union réelle entre l’ancien
& le nouveau -bois, ce qui altère la qualité
du tronc, principalement pour les ouvrages de S
menuiferie', de tour, de boiffellerie, &c.
La plaie faitejiux jeunes arbres fe recouvre en
deux ou trois ans, mais il en eft, de celle faite aux
vieux j qui ne le font qu apres quinze ou vingt,
même point du tout. On peut accélérer leur recouvrement,
en faifant, tous les ans .une nouvelle
ilaie au bord du Bourrelet . plaie qui facilite
epanchement de la Seve. V^oyt^ ces deux mots,
& ceux Arbre , Exploitation des bois.
Les réglemens relatifs au martelage & a fon récolement.
fe trouvent reunis dans 1 important ou-
vrage de M. Baudrillart, intitulé : Traité général
des forêts.
MARTINET. Synonyme de V rille de la Vigne
aux environs d’Oriéans.
MASSAIS. Murs de bauge, dans la ci-devant
Normandie.
MATANOS. Synonyme de T ouffe de Eli
dans le midi, de la France.
MATON. Synonyme de T ourteau.
MATRAS. Ce font des tas de Fumier dans le
I à les jeunes filles mettent de la gloire a les |
bien difpofer; aufli eft-ce avec plaiiïr quon con-
fidète leur régularité & leur propreté.
MAYÈRE. Aux environs de Lyon. ce font les
EchalI s de saule.
MAY-RE. Synonyme de Lie de vin dans les
départemens méridionaux.
MAZIEZO. Les champs qui entourent les mai-
fons portent ce nom dans les Cévennes.
M A ZU T . On appelle ainfi les C halets dans
le Cantal.
MEGER. Cultivateur qui partage fes récoltes
avec le propriétaire..
MEGERIE. Produit brut de la terre cultivée
par un MegeR,
MÉLEZE. Larix. Genre de plantes de la
noecie monadelphie & de la famille des conifères
, qui a été réuni à celui des pins & des fapins,
mais qui offre des caractères fuffifamment impor-
tans pour en être diftingué par les botaniftes.
comme il l'eft dans toutes, les patries du monde
pir les cultivateurs, qui tirent un parti fort avau-
M E L
„geux du bois & de la rélins des efpèces qu’il
contient- Ljpeces.
i. Le Mélèze d’Europe.
Larix eurpp&a. Linn. D’Europe.
2. Le 'Mélèze d’Amérique.
Larix americana. Mich. T) De l’Amérique feplentrionale.
- , Culture.
Nous poffédons dans nos jardins ces deux fortes
d’arbres, d’un grand intérêt pour les pays-froids,
& d’une élévation de plus de cent pieds. Ce
qUe je dirai du premier s’appliquera au fécond,
refté rare dans nos jardins, malgré la grande
quantité de graines envoyées par Michaux, &
de plants que j’ai difperfés, parmi les amateurs,
pendant que j’étois à la tête des pépinières de
! Verfailles, parce que ce plant n’a pas été placé
dans des lieux conformes à fa nature, c ’eft-à-
dire, fur des montagnes élevées &c humides.
Alton & Lambert ont décrit deux efpèces de
mélèze d’Amérique, l’ un appelé par eux 1 e mélèze
a rameaux pendans, & l’autre,, le méle^e a petits [
K fruits; mais Michaux ne Tes regarde que comme :
[ des variétés, & je dois le croire, car il eft allé fur
I les lieux. Cependant il a envoyé, féparément, des cônes gros & petits, ce qui peut appuyer l’o- I pinion des .botaniftes précités.
I Les montagnes les plus élevées & 1 extreme
I nord, font les lieux où croît naturellement le
I mtl\e d’Europe. Il lui faut une terre très-fertile,
K très-légère & conftamment humide, fansetrema-
I récageufe, telle qu’ il la trouve dans la région des
I nuages. Quelque foin qu’on en prenne, il ne de-
I vient jamais auffi beau dans les plaines, & fubfifte
I d fficilement dans les pays chauds.
J Ainfi on peut le cultiver dans les jardins du c)i-
I mat de Paris, qu’il orne par fon beau port, la dé-
iiicateffe & le beau vert de fes feuilles, même par
■ fes fruits, qui tranchent avec elles au printemps &
1 en automne; mais on a inutilement tenté d enfor-
I mer des forêts, l’air y étant conftamment trop fec.
C’eft ifolé, au milieu des gazons, fur le bord
I des maflîfs, ou groupé en petit nombre, que le ’
K méle^e produit le plus d’effet dans les jardins payfa-
I gers : on peut aufli en former avantageufement des
I avenues. Il perd de fes àgrémens lorfqu’il fe trouve
■ placé au miiieu des mallïfs, ou qu’ il forme feul
futaie. | P
Les cônes du méle^e, pour la graine, doivent
être cueillis à la fin de l’automne, & confervés.
dans un lieu ni trop fec ni trop humide. Au printemps,
lorfque les gelées ne font plus à craindre,
on les expofe au foleil, fur dès toiles. Ils s’ouvrent,
& la plus .grande partie de la graine en
; fort;..' . „
Ces graines fe fèment de fuite dans les pépi-
M E L 575
nières en une plate-bande de terre de bruyère ex-
pofée au nord. Le plant ne tarde pas à lever. On
l'arrofe fréquemment, mais peu abondamment,
lorfque l’air eft fec & chaud.
Au printemps de l’année fuivante, on repique
ice plant dans la même terre & à la même expofi-
tion , er> 1’éfpaçant de fix pouces. Il fe bine &
s’arrofe au befoin. Au bout de deux ans, il fe repique
encore, mais c ’eft alors dans la terre ordinaire,,
qui doit être légère, fi on veut qu’il.prof-
père , & on l’efpace de deux pieds.
Deux ou trois ans après /il a atteint douze à
quinze pieds, & eft propre à être mis en place.
Lorfqu’on attend plus long temps, on rifque qu’il
Ane reprenne pas, pour peu que la laifon lui foit
contraire. _ . _
Jamais le mtCe\e ne remplit mieux fon objet
comme arbre d’agrément, que lorfqu’il conferve
fes branches du bas; on ne doit donc l’élaguer
que dans les cas d’abfolue néceffité. Dans ce cas,
il eft utile d’opérer graduellement, c ’eft-à-dire,
de n’enlever chaque année que quelques-unes des
branches les plus inférieures, ôc de plus de leur
laifferun chicot de quelques pouces, qui fera fup-
primé l ’année fuivante.
Quelquefois on multiplie le mèle\e par marcottes
, qui, dans un terrain frais, prennent racines
la mêhie année, mais les arbres qui en
proviennent ne font jamais beaux, & durent rarement
long-temps.
Quoique j’ate vu le méle\e dans les Alpes, je
ne l'ai pas étudié , faute de temps , avec toute
l’attention convenable. Je ne puis mieux faire que
de tranfcrire ce que l’eftimable & infortuné Ma-
lesherbes a lailTé fur ce qui le concerne.
«c Le méLe\e eft le plus haut, le plus droit , le
plus incorruptible de nos bois indigènes, il eft
excellent pour tous les ufages & eft très-recherché.
» En 1778, dans le Valais, on me fit voir une
maifon de payfan , corftruite en mete^e, qui exif-_.
' toit depuis deux cent quarante ans , & le bois
en étoit encore fi fain & fi entier, que je ne pou-
; vois prefque y faire entrer la pointe d’un couteau.
od On a fait des recherches pour employer le
mèle^e à la mâture, mais on en a trouvé très-
peu q u i, avec une hauteur prodigieufe, euffent
la'groffeur requife.
»Ontire malheureufementpeu de parti d’un bois
fi précieux', parce que la nature ne le produit
ordinairement que fur les montagnes très-efcar-
pées, au-defius de la région où fe trouvent les
I fapins, & d’où il eft très-difficile de defcendre
| de groffes pièces de bois. Il faudroit, pour les
exploiter, conftruire -des chemins à grands frais.
» Dans le Valais-, où j’ai fait le plus d’oofer-
vations, des pâturages fans arbres font immédiatement
au-delfous des neiges & des glaces perpétuelles.
Les bois viennent enfuite. Il y en a de