
la rature des cultures & l’ étendue de chacune
d’elles : ainfi , ils feront plus vaftes dans les pépinières
foreftières', & plus petits dans celles d'arbres
d’ agrément. Plus les allées qui féparent ces
carrés feront larges, & plus les plants auront d’air
& de lumière. Douze pieds font cependant le
point où il faut s’arrêter.
* Urî» défoncement fait fix mois d’ avance , à au
moins deux pieds , eft de néceffné abfolue lors
de la création d’ une pépinière qui doit fubfifter un
certain nombre d’années, afin que les racines des
arbres puifient facilement, péné^er dans le f o l ,
qu’ on puifie en lever les grofies pierres, le chiendent,
& c . Comme , dans beaucoup de c a s , ia terre
ramenée à la furface refte infertile pendant plu-
fieurs années, il fa u t , dans ces c a s i recharger le
défoncement de quelques pouces de terre v égétale,
dans les lieux où on fepropofe de faire les femis.
Les mauvais terrains s’ améliorent au moment
du défoncement, en mettant dans la jauge du
fumier, des vafes de marais, des gazons de p rés ,
& après, avec du terreau , de la bonne te r re , & c .
Dans toute pépinière, il faut confacrer une petite
portion de terrain, autant quç poffible, près de
la maifon & de l’ e a u , pour les fëmis. C e terrain
fera abrité & amélioré autant que pofiible. Il y
aura de la terre de bruyère en ta s , s’ il s’en trouve
dans le pa ys , pour en faupoudrer les graines fines,
qui lèvent moins bien dans celle qui eft confif-
tante.
Le s pépinières fe divifenten quatre for tes , dont
il eft nécefiaire de traiter féparément, à raifon de
la différence des travaux qu’elles néceffitent,
quoiqu’on ne puifie cependant pas établir une ligne
rigoureufe de démarcation entr’elles. C e font
celles des Arbres forestiers, des Arbres
fruitiers > des Arbres d’agrément & des
A rbres verts. Ce lles des arbres d’ agrément'
fe fubdivifent encore en Arbres de terre
ordinaire & Arbres de terre de bruyère.
Pépinière des arbres foreftiers.
Les arbres provenant de graines devenant plus
beaifx & vivant plus long-temps que ceux multiples
par marcottes & par bouture s, on doit employer
de préférence les fem is , dans les pépinières
d ’arbres fore ftier s ; aufli eft-ce par ce moyen qu’on
fe procure les ch ên es, les châtaigniers / les hêtres,
les frênès, les é rab le s, les charmes , les bouleaux,
les cormiers , les p oiriers , les pommiers , les coudriers
& les épines, & c , Les arbres réfineux ne
peuvent pas être multipliés autrement. Il eft ce pendant
des arbres non réfineux qui donnent rarement
de bonnes graines, & qu’on eft o bligé de r e produire
par marcottes ou pa'r b o u tu r e s t e ls que
le t illeu l, le platan e,les peupliers, les aunes, les
failles, & c .
L ’important pour un pépiniérifte, c’ eft de s’ af-
furer chaque année une quantité fufïifante de graines
de bonne qua lité , & ce n’ eft pas toujours faelle
; àufii la plupart plantent-ils des arbres uni- i
quement pour ce t objet, arbres qu’ ils Appellent en j
conféquence Porje-graines. V o ye\ ce mot.
Par la même raifon ils plantent des arbres qu’ils
coupent re z - te r re , pour 1e procurer en luffifante
quantité des marcottes & des boutures. Voye^
Mère. '
Il eft des graines qui ne lèvent que la fécondé
ou la troifième ann ée, d’autres qui ne lèvent jamais,
fi on les laiffe fe deffécher. On doit donc, ou
les femer après leur r é c o lte , ou les ftratifier dans
la te r re , pour les femer apiès l'hiver. J’ ai donné
la lifte de ces graines aux mots Germination,
Germoir, Stratification & Jauge. En général
on préfère ce dernier moyen , à raifon du
grand nombre de quadrupèdes & d’oifeaux qui
mangent ces graines , & qui favent les déterrer à
plufiëurs pouces de profondeur.
T ro is modes de femer les graines font en ufage
dans les pépinières : à la v o lé e , en rayons, .au plantoir.
Les graines fines le font indifféremment par
les deux premiers moyens $ le dernier eft réfervé
pour les g rofies , telles que les n o ix , les châtaignes
& les amandes.
Pour que l’air- & la chaleur fola ire, fans lefquels
il n^eft point de germination, puiffent agir fur les
graines, il faut les enterrer fe moins poffible;
mais comme une humidité confiante ne leur eft
pas moins nécefiaire, il faut les enterrer fuffifam-
ment. En général, les plus fines, comme celles du
b ouleau, doivent être répandues fur la furface &
r e c o u v e r t s de mou fle, & les plus g rofies, comme
les noix?'demandent à être enfoncées, de trois à
quatre pouces.
Il eft des graines q u i, comnfe celles de l’orme,
celles de l’ érable rouge, muriffent affez hâtivement
pour être Cernées l’ année de leur formation &
donner des plants avant l’hiver. Ce s graines font
très-précieufes pour les fpéculateurs.
Des arrofemens pendant les chaleurs font fou-
vent utiles au fuccès des femis, fartout à ceux des
graines fines. On ne peut les appliquer , fans une
trop grande dépenfe, à ceux des arbres foreftiers
faits en grand. V ’oyeç Arrosemëns.
U n ou deux farclages, ou mieux binages, pendant
le premier é t é , font utiles au progrès des
plants provenant des femis.
11 eft des pépiniériftes qui repiquent dès l’hiver
qui fuit les femis , le- plant qu’ ils ont fourni;
d’autres penfent qu’ il vaut mieux attendre un an
plus tard; quelques efpèces ruftiques, auxquelles
on veut donner certaines deftinations, comme le
frên e , l’érab le , le merifier, le bouleau; le poir
ie r , le pommier, pour la plantation des bois,
l’ épine pour celle des haies, le charme pour former
des palifiades, l’orme pour planter des mai-
f if f , peuvent même refter tro is , quatre & cinq
ans dans la place des femis ; cependant quelques
autres, également ruftiques, demandent impérieu*
fement d’ être repiquées la première ou la fécondé
année* fi on veut être certain de leur reprife,
tels que le chêne, le hêtre & tous les arbrçs
jéiineux.
Généralement tous les arbres gagnent a être repiqués
Couvent, parce qu’ils trouvent dans le
changement de terre une plus grande abondance
de fève nourricière & qu’ils y prennent un plus bel empâtement de-racines, f^oy. C hÊne, HÉtre,
GENEVRIER,, PlN,SAPJN & PlVOT.'
Une opération qui fembie moyenne entre les
repiquages anticipes & les repiquagés retardés,
eit celle qui tft appelée mettre en rigole, &
qui confifte à lever très-jeunes les plants & à les
placer, près, à près, dans de petites tranchées
ereufées dans une autre partie de 1a pépinière.. Rigole.
La réuflite du plant eft fouvent caufée paf la
manière de le Lever, car il ne faut pas dire, dans
ce cas, A r r a ch e r , (T'oyq; ces deux mots.)
On lève donc le plaôt en tailant à un bout de la
planehe une tranchée affez profonde pour atteindre
l’extrémité des racines, & à miner fous ces
racines pour tirer le plant fans cafter fes chevelus.
Mameuleufement, pour aller plus vite, on arrache
foüvent à la bêche, à la pioche, même à la
main. Voye[ Lever le p l a n t .
La tête & une partie des racines du plant de la
plupart des arbres font coupées avant de les mettre
en terre. Cette opération s’appelle Habiller.
: (Voy. ce mot.) felle eft fondée fur la néceflïté de fup-
. primer les racines bleffées, & de proportionner les
branches aux racines. Ainfi elle eft dans les principes,
mais on l’exécute d’une manière fi exagérée,
• qu’elle devient blâmable.
Il eft des cas où on ne peut retranchër des ra-
i cinés, comme lorfqu’on veut confer.ver U Piv o t .
(Poye{ ce mor.) Il en eft où, on ne peut fuppri-
! mer la tête, comme lorfqu’on. plante des arbres
pourvus d’une flèche, tels que les frênes, les
; marroniers. Les Arbres résineux ne fuppor-
tent la fônftraétion ni de leurs racines ni de leur
tête. V o yt\ ce mot.
La diltance à mettre entre le plant repiqu£
I dans les pépinièresvarie fans fin, félon l'efpefce
d’aphre j la nature de la terre, l’objet qu’on a en
vue, &c. J’ai eu foin d’ indiquer à chaque efpèce,
la diftance qui convenoit à cette efpèce, terme
[ moyen, abftraétion faite des autres circonftances
que fe pépiniérifte feul ^ft en pofition d’apprécier,
borfque les plants font trop rapprochés, ils s’étiolent
& s’affament réciproquement ; lorfqu’iîs
I font trop écartés, ils ne filent pas, & neconfervent
pas à leur pied une ombre tutélaire. On calcule
| ordinairement qu’ un arpent de pépinière doit contenir
24,00c plants5 mais comme il faut des allées,
qu’il meurt oeaucoup de ces plants, ce nombre
n>eft jamais le véritable. Ainfi on regarde comme
fatisfaifant d’y trouver , au moment de la vente
la moitié de ce nombre en arbres marchands.
La plantation des planches d’une pépinière s’ exé
cute de trrns manières : ou en enterrant le plane
dans une rigole de quatre pouces de la rg e , fur fix
à huit de profondeur ? ou en creufant à la pioche
une fuite de trous de même largeur & profondeur;
ou en faifant ufage du Plant.oir. Voye[
ce mot.
La fécondé de ces manières eft Je plus fouvent
employée. Voye[ Plantation.
Il eft toujours bon de placer les plants dans un
rigoureux alignement, & encore mieux en Quinconce.
Voye\ ce mot.
Les racines de certains arbres font beaucoup
plus fenfibles aux effets du defféchement qué celles
des autres. Il faut donc les garantir du foleil &
du v en t , lors même qu’on ne mettroit que quelques
heures entre leur levée & leur plantation.
Voyeç H ALE.
11 en eft de même relativement aux effets de la
g e l é e , principalement pour I’Orme. Vaye[ ce
mot.
La dire#ion des lignes doit être ce lle des vents
dominans, dans les pépinières qui ne font pas
abritées.
Les efpèces les plus fenfibles au froid feront
placées au midi, & les plus fenfibles à la féchereffe,
au nord des autres.
Un labour pendant l’ hiver & deux binages
pendant l’ été fo n t , dans les terres ordinaires , in-
difpenfables aux arbres repiqués dans une pépinière
pendant leurs trois premières années , après quoi
deux ou un peuvent fuffire. Dans celles qui font
fortes & infertiles, ils ne fuffifent pas toujours. t )n
choifira, pour les fa ire , un jour où la terre ne fera
ni trop gâcheufe ni trop fè c h e , & on fera attention
à ce que les racines ne foient ni coupées ni
bleffées par l’ inftrument employé.
Dans le cours de la première an n ée, les plants
qui n’ont pas de flèche pouffent un grand nombre
de pouffes latérales, le plus fouvent au détriment
de la pouffe principale qui doit conftituer le trfenc.
L’expérience a appris qu’ il é to it plus avantageux
de couper le tronc rez -terre l’hiver fuivant, que
de#çhercher à profiter de ce tte pouffe principale ;
en conféqu ence, on le Récèpe. Voye\ c e mot.
Le chêne & quelques autres arbres à bois dur
ne fe prêtent pas au récépage avec autant de ce rtitude
de fuccès que les autres.
Les troncs récépés donnent au printemps plus
ou moins de rejets , qu’on fupprime, au commencement
de l’ é té 5, hors les deux plus droits oppofée.
Voye1 Ebourgeonne < , ent.
Le plus foible de ces rejets eft à fon tour fup-
primé avant la (éve d'aout ; alors le reftant pouffe
fouvent avec tant de v igu eu r , qu’ il acquiert pendant
le refte de la faifon une hauteur plus confidé-
rable que celle qu’avoit l'année précédente le pied
dont il p ro v ien t, & que fes canaux féveux étant
droits & larges, il pourra, l’ année fuiva.nte, fur-
paffer. du triple', du quadruple même le pied voi-
t fin qui n’a pas-été récépé.