
voir plus fobfifter dans ce terrain, & marquer ainfi
l ’époque de la nouvelle exploitation.
Troiftèmè cas.
Quand une foré:, en nature de futaie, fe trouve
épuifée par des coupes forcées -, & qu'elle ne peut
plus donner » fous cette forme d'aménagement, des
produits fuffifanspour la confommation a&uelle ,
on eft forcé alors', pour ne pas manquer de bois,
de l’exploiter en taillis, foie pour toujours, foit
pendant un certain temps. Cette exploitation ,
•danslaquelle l’âge descoupes fera rapproché, donnera,
pour les befoins prefens, plus de bois que fi
on eût confervé la divifion de la forêt telle qu’elle
étoit fixée par Y aménagement en futaie. Mais comme
il eft démontré que les taillis dans une révolution
donnée, par exemple 120 ans , produifent moins
de bois que les futaies, on devra, dès que les cir-
conftances le permettront, rendre à la forêt fon
premier aménagement. Pour cet effet, il conviendra
de procéder petit à p e tit, & de réferver, à
chaque exploitation du taillis, un nombre de baliveaux
allez confidérable pour former la nouvelle
futaie»
Quatrième cas.
Le propriétaire particulier n’a point d’intérêt à
laiffer croître fes bois en futaie, à moins de cir-
conftances rares. Il a , au contraire, un intérêt réel
à fuivre Y aménagement en taillis. 11 tirera ainfi de
£a-propriété des produits rapprochés, dont la valeur
calculée avec les intérêts & les intérêts des
intérêts, lut formera, dans un temps donné, un
capital beaucoup plus confidérable que celui qu’il
auroit des coupes en futaies qu’ il lui faudroit attendre
fort long-temps. Cependant, fi ce propriétaire
poffédoit une haute futaie dans laquelle il y
auroit des bois de tout âge en quantité fuffifame
pour lui donner des produits annuels proportionnés
à l’étendue de la forêt, & que, d’un autre
cô té , il fût tenu d’exploiter cette forêt en bon père
de famille y. il devroit s’abftenir de convertir fa forêt
en taillis, parce que ce feroit diminuer beaucoup
fes produits en nature, & par conféquent fes
revenus en argent. Dans ce cas, il exploitera fa
futaie par éclaircie pour favorifer l’accroiffement
du bois , le repeuplement naturel,. & pour obtenir
des produits annuels en bois de chauffage dans les
éclaircies, & des grands arbres dans les dernières
exploitations. Mais hors le cas que nous venons
de pofer,. c’eft-à-dire, toutes les fois qu’ un proprietaire
pourra ufer de fa chofe fans avoir égard
aux intérêts de la fociécé, il trouvera un avantage
particulier à couper fes bois en taiHis* & il complétera
fon fyftème d’expIortation s’il admet la
méthode des éclaircies périodiques & du réenfe-
mencement naturel* telle qiue nous, l’avons fait
connoître»
Tels font les cas où Y aménagement en taillis eft
néceffaire ou utile.
Nous avons, en parlant des futaies, démontré
que, fous le rapport des produits en bois, Y aménagement
en futaie étoit beaucoup plus avantageux
que Y aménagement en taillis ; nous ne reviendrons
point ici fur cet objet.
Mais nous allons préfenter la têrie des expériences
qui ont été faites fur l’accroiffement des
taillis , pour en déduire Y aménagement le plus avantageux
fous les rapports des produits en matières
& en argent, & de la reproduction.
C H A P» I I . De fâccroiffement des taillis, & des
différens âges auxquels il eft avantageux de les
couper.
Il n’ y a point de partie dans l’économie foref-
tière,fur laquelle on ait fait autant d’expériences
que fur l’accroiffement des taillis, & fur laquelle
aulfi on ait préfehté des réfultats plus variés. Que
l’ on confuite les ouvrages de Duhamel, Buffon ,
Tellès d’Acofla, P inguet, Juge de Saint-Martin,
Varenne de Fenille, de Perthuis, Fohtayne,
Haffenfratz, Dralet, Burgsdorf, Hartig, War-
nek, & de tous les phyficiens qui fe font occupés
de cet objet î on verra que les réfultats qu'ils ont
préfentés, diffèrent entr’eux d'une manière quelquefois
étonnante. Cela tient, fans doute, au
mode fuivi dans ces expériences , aux localités où
elles ont été faites,à la confiftance plus ou moins
ferrée des taillis, & à d’autres circenftances particulières
qui n’auront pas été bien appréciées. Cependant
ces expériences fe réunifient-toutes pour
prouver quelques* points de do&ririe foreftière, &
furtout l’avantage des amênagemens prolongés dans
les bons fonds.
Je vais préfenter,lè plus fuccin&ement poflîble,
l’analyfe de ces expériences.
î**. M. de Buffon ( 1 ) , en'parlant de l’âge auquel
on doit couper les taillis, difoit que o’étoit
celui où l’accroiffement des bois commençoit à
diminuer, & il faifoit obferver que, dans les premières
années, le bois croiffoit de plus en plus,
c’eft-à-dire,. que la production de la fécondé année
étoit plus confidérable que celle de la première
année j l’accroiflèment de la troifième, plus grand
que celui de la fécondé, & qu ainfi l’accroiffement
, du bois augmentoit jufqu’ à un certain âge ^ après
quoi il diminuoit. et C ’eft ce point, ce maximuin,
» ajoutoit-il, qu’il faut'faifir pour tirée de fon
» taillis tout L’avantage & tout le profit poflib!e<.
» Mais comment le reconnoître? comment s’aflu-
; » furer de cet inftant? Il n’y a que des expé-
: » riences fartes en grand, des expériences lon-
» gués & pénibles, des expériences telles que
» M. Réaumur les a indiquées, qui puiffent nous
(1). Hiftoire naturelle, partie expérimental'ex
„ a^prendrefage où les bois commencent à croître
M de moins en moins.-Ces expériences confiftent
L à couper & pefer, tous les ans, le produit de
L quelques efpèces de bois pour comparer l’aug-
L mentation annuelle, & reconnoître , au bout de
L, plufieurs années, l’âge où elle commence à di-
>» minuer. >=> Il eft évident, par cette propofition,
que Buffon n’avoit en vue que le maximum des
j produits en matières, qui eft en effet le plus important
pour la confommation, abftraCtion laite
Ide*quelques efpèces de bois, qu’ il faut exploiter
| jeunes pour certains ulages.
I Mais les expériences qu’ il confeilloit de faire
[étoient d’une exécution bien difficile, & Réau-
Imur, qui les avoit indiquées, ne fe le diflimu-
[ loit pas lui-même. Varenne de Fenille trouva
quelles feroient, non-feulement peu praticables,
mais encore infuffifantes & fautives, & il s’ occupa
de rechercher une méthode à l’aide de laquelle un
propriétaire pût reconnoître de combien fon taillis,
fitué en bon comme en mauvais terrain, au-
[ roit augmenté chaque année en valeur intrinfèque.
I Plufieurs autres phyficiens ont fait des expériences
[ fur cet objet : comme il eft important de connoî-
tre ces expériences & d’en comparer les réfultats,
je vais en faire paffer les tableaux fous les yeux
| du le&eur, en lui faifant remarquer les points où
tees réfultats diffèrent entt’eu x , & ceux où ils fe
[ réunifient pour démontrer quelques vérités effen-
[ tielles.
ï 2% Duhamel eftime (1) que les bois de chêne,
[ foit taillis, haut taillis ou demi-futaie, en un mot, 1
les jeunes bois en très-bon fonds, croiffent en hauteur
d’ environ un pied chaque année, jufqu’ à 60
ou 80 ans; qu’après cet â g e , ils s’élèvent très-
peu , mais qu’ ils grofilffent pendant long-temps,
à peu près d'un demi-pouce chaque année, c’ elt-a-
dire, que le cercle qui marque la crue de chaque
année, a environ une ligne d'épaiffeur, en (tfp-
pofant toutefois qu'il y a_des années plus ou moins
favorables à la végétation, & qu’il s’agiffe d’un
bon terrain. Quant aux bois blancs qui ont la fève
plus hâtive & plus abondante , il dit qu’ils croiffent
& grofliffent plus promptement, au moins de
moitié ; mais Qu’ils vivent beaucoup moins longtemps
D’après fon eftimation, un brin de chêne me-
furé à 4 ou f pieds de terre, peut avoir :
i° . A 20 ans, 10 pouces de groffeur fur 20 pieds
de hauteur ;
2°. A 25 ans, 1 2 3 1 5 pouces de groffeur fur
25 pieds de hauteur;
5°. A 30 ans, 15 pouces de groffeur fur 30 pieds
de hauteur.
Quant aux baliveaux anciens ou moJernes, il
dit : qu ils croiffent très-peu en hauteur j mais qu’ ils
grofliffent moitié plus que les brins de tailiis, à
peu près de 9 lignes par an ; en forte que les cercles
annuels ont environ une ligne & demie d’é-
paiffeur, à compter de la coupe du taillis ou ces
arbres ont été réftrvés.
J’ai réduit, dans le tableau fuivant, ces évalua-
tions d’accroiffement, tant des brins de taillis que
des baliveaux, & des produits en matières & enr
argent, des uns & (1) Exploitation des bois, tome I , page 173. des autres, à différens âges»