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La taille varie félon tes variétés, félon le s .
terrains, félon l’ âg e , félon lescirconftances antécédentes.
Un labour & deux binages font donnés aux
v ig n e s 3 en opérant obliquement pour retarder la
defcente des terres. Une houe, fourchue elt
employée à cet objet.
On échalaffe avec du fapin refendu à la fcie, &
on lie avec de la paille.
L'ébourgeonnement ne fe fait qu’après que la
fleur eft pafiee.
Lorfque les grains font arrivés a moitié de leur
groffeur, on arrête la poulie des bourgeons en
caffant leur extrémité , ce qu’ on appelle r o g n e r .
Un peu avant la vendange, on relève les far-
mens 8c on les attache à l’échalas, pour que
les raifins , qui fouvent n’ont jamais vu le fole il,
profitent un peu de la chaleur de fes rayons.
Dans quelques vignobles à fol p lat, on enterre
les ceps pour les empêcher de geler.
En faifant de nombreux égouts dans les v i g n e s ,
au moment du labour d’hiver, on a moins à craindre
les dernières gelées du printemps.
Le v ig n o b le d e S a l i n s repofe fouvent fur le plâtre
primitif dans le haut, fur le calcaire primitif dans
le milieu , & fur le fchifte dans le bas. Son fol eft
une argile mêlée des fragmens de ces trois fortes
de pierres. ^ -
La plantation de ces v ig n e s a lieu en lignes
écartées de trois pieds , avec des boutures ou des
çrocettes, Elles font en rapport à trois ans., Leur
taille a lieu fur deux yeux , mais on forme beaucoup
de courgées ou arcs çomplets aux ceps les
plus vigoureux.
Les échalas font de fapin refendu à la fcie.
Un labour d’hiver eft donné à ces v ig n e s avec
une houe carrée, à fer allez large, 8c deux binages
avec des b ig o t s ou houes fourchues, de forme
différente pour chacun.
C ’eft en couchant un cep entier qu’on regarnit
les places vides.
En général, il m’a paru que ces v i g n e s étoient
tenues trop hautes, qu'on leur donnoit trop de
branches, & que, par conféquent, le râifin n’y
éioit pas allez expofé au foleil. Ce n'eft qu'aux
approches de la vendange qu’on les ébourgeonoe,
èc cela, uniquemenc pour faciliter cette opération.
N’ayant pas, au refte, trouvé de différence remarquable
entre la culture de ces v ig n e s 8c celles
du vignoble de Lons-le-Saulnier, dont il vient
d’être queftion plus bas, j'y renvoie le leèteur.
Les variétés, de ce dernier vignoble , que j’ai
obfervées dans celui-ci, font : le p u l f a r e n o i r , très-
abondant} l e g am e t n o i r , le f a u v ig n o n n o i r , le
p in e a u ou n o i r i e n , le t r e jf e a u , le m e l o n , le g u a c h e
b l a n c , le p e t it b a c l a n 3 le B a r - f u r -A u b e .
Les variétés qui lui font propres, font : l* a r g a n 3
OU a r b o i s 3 ou m a r g i l l i n r o u g e , le ta q u e t r o u g e , le
p in e a u d e S a l i n s ou m é \ y ro u g e , fort différent des
v i G
•autres pineaux? V e n f a r in é ou g r i s 3 qui a les grains
couverts d’ une poudre grife. C ’eft encore la feule
variété qui m'ait offert cette circonftanc».
Ces trois variétés donnent du vin fans qualité.
. m u
L'égrappement eft en ufage dans ce vignoble.
On fait termenterde moût, tantôt dans des cuves,
tantôt dans des fouares.
Le vignoble des Arçures, qui touche a celui-
ci , & qui fournit le vin le plus eftimé du- département,
eft prefqu’au nord. Ses variétés 8c la culture
diffèrent extrêmement peu de celles qui viennent
d’être indiquées.
Le territoire d u v ig n o b le d e l ' E t o i l e eft le meme
que celui de Lons-le-Saulnier, mais moins humide
& plus infertile. On y creufe beaucoup de
foires pour retenir les terres entraînées par les
eaux. Il ne s'y fait pas de courgées. Son expo-
fitiôn eft en partie au midi & en partie à l’oueft.
Ce font les raifins blancs qui y dominent, 8c
c'ell le vin blanc qui y eft le plus réputé.
La principale des variétés qui s’y cultivent, eft
( l e p i n e a u b l a n c , fous le nom de f a v i n i e n y les autres
I font: le f a v o ig n ie n b la n c , ou b o u r g u ig n o n , ou m o u -
l a n , le f a v o ig n i e n n o i r , le p in e a u g r i s , le m o u la n
n o ir . J'ai déjà indiqué toutes ces variétés, excepté
la dernière, qui donne un vin généreux, très-
riche en eau-de-vie, niais il n’elt pas très-multiplié.
Le vignoble voifîn, fi eftimé, de C h â t e a u - C h â -
I o n s , au pied duquel je fuis paflé, eft expofé au
midi ; c’eft: le f a v i g n i e n b la n c qui domine. La cultu
re qu’on lui donne eft la n.ême que celle dont
je viens de parler, -
C'eft en plaine que fe trouve la majeure partie
du v ig n o b le d e P o l i g n y . Celle qui eft fur les coteaux
regarde le midi & le nord. Il ne différé pas
fenfiblement par fon fol & par le mode de fa culture
, de ceux que je viens de faire conndître.
On y provigne cependant plus fouvent.
Les terrains frais où le pulfare profpéroit feul,
font aujourd'hui fatigués d’en porter, de forte
qu’on l’arrache fans le remplacer. V o y è i A s s o l e m
e n t . | _ .
On fait peu de vin blanc'dans ce vignoble.
Voici l’opinion que m’ont tranfmile les vignerons
fur la qualité du vin des variétés qu’ ils cultivent,
qui font à peu près les mêmes que celles
des vignobles précités.
Le p u l f a r e n o i r donne le vin le plus délicat.
Il devient encore meilleur lorfqu’il eft mêlé
avec .celui du g r o s 8c du p e t it b a c l a n , ainfi qu'avec
ce]ui du m a t ù r é b la n c . Cependant il s'aigrit facilement.
Le m a r g i l l i n y mauvais vin plat qui ne fe
garde pas, -
Le m a ld o u x ; vin qui fe garde plus long-temps,
mais eft plus dur 8c aufli mauvais. .
L ’e n f a r in é , ou g r i s y vin médiocre, mais qui
gagne par i’âge.
Le f a v a h i e n b la n c ; bon vin qui fe mêle avec le 1
rouge.
, Le v a l l e t n o i r 3 ou t r o u jf e a u g ou t ro u f fe t . Il elt un
des plus multipliés ; fon vin eft délicat.
Le g u a c h e n o i r y rare.
Le p u l f a r e b la n c y rare.
b e f a v a g n i e n b l a n c , ou m a t u r e , ou f e u i l l e r o n d e y
très-commun. Bon vin. Sert principalement a
améliorer les vins.rouges.-
Le p e t it 8c le g r o s b a c la n . Le vin du premier eft
bon} celui du fécond médiocre.
Il eft trois variétés propres à ce vignoble } ce
font : . a
L e g r o s 8c p e t it p l a n t d e P r o v e n c e y fon raifin mûrit
de bonne heure 8c donne du bon vin. Il eft acquis
depuis peu, & donne beaucoup d’efpérance
pour la quantité & la qualité.
Le g r o s m o i( l n o i r y même obfervation. Cependant
il coule & fubfifte peu dans les terrains frais.
On laiffe quelquefois un an le marc dans les
foudres où il a fermenté.
Le v ig n o b le d ’A r b o i s fe rapproche infiniment du
précédent , par le terrain, l ’expofition 8c les variétés
qui s’ y cultivent, mais il a moins d e v i g n e s en
plaine, & beaucoup font en terrafle. .
Le meilleur vin blanc provient des v ig n e s du
midi, 8c le meilleur vin rouge des v ig n e s du nord.
Comme plus favorables au pulfare , les terrains
argileux fe vendent plus cher que les autres.
Le m e lo n blanc donne un vin léger, de peu de
garde, mais recherché.
Les plantations s'exécutent dans des folles parai- J
lè le s , & à deux pieds de diftance.
Une marne fehifteufe eft très en faveur pour
améliorer le fol des v ig n e s .
. On ne provigne que lorfqu’il eft séceffaire de
regarnir une placé vide.
Supprimer le quart & même le tiersde la grappe,
en pinçant fon extrémité avec l’ongle, avant la
floraifon , eft une opération propre à ce vignoble,
& qui peut fans doute être imitée avec avantage
dans beaucoup d’autres, puifqu'elle empêche la
coulure 8c fait groffir les grains réfervés.
L'égrappage a lieu dans ce vignoble.
Le moût du pulfare fermente dans des tonneaux
, 8c celui des autres variétés dans des
cuves.
Les vignerons m'ont tranfmis, ainfi qu’il fuit,
leur opinion fur la valeur relative des variétés.’
Le p u l f a r e ro u g e domine d’ un tiers} demande
une terre forte & humide}.eft fujet à couler. Son
vin eft léger 8c de garde.
Le f a u v a g n e t b la n c domine d’ un quart; demande
la même terre} coule rarement. Son vin eft excellent
8c fe garde tant qu’on veut. ^
Le t r o u jfe a u n o ir -y toute terre lui eft indifférente.
Sc n vin eft très-fort.
Le n o i r ie n ou p in e a u n o i r donne un vin fin,
irais peu abondant & de peu de garde. Il n’y en
a qu’un vingtième dans les v ig n e s . >
Le b a c la n donne un vin violent, allez bon, qui
fe mêle avec les vins rouges.
b 'e n f a r in é exige une terre fo r te } il compofe un
huitième du vignoble. Son vin eft dur, mais devient
bon en vieilliffant.
Le v a l e t n o i r ; c’eft le ta q u e t d e S a l i n s y il eft peu
abondant. Soji vin eft dur & fe mélange.
Le g am e t y il y en a peu. Son vin eft plat.
. Le m a .ld o u x y on en voit peu. Son vin eft fans
force & fe décolore rapidement.
Le m a r g i l l i n p e t i t . C ’eft le p in e a u d e B o u r g o g n e .
Le m a r g i l l i n g r o s . C'eft \ a r g a n d e S a l i n s .
Les g u a c h e s n o i r 8c b l a n c , le p u l f a r e b la n c .
Ces cinq dernières variétés font peu communes.
Les v ig n e s des environs de Dole font dans une
terre .argileufe, repofant fur le calcaire primitif.
Leur expofition générale eft le levant ; cependant
quelques-unes regardent le midi 8c le couchant.
Les plants qui s’y cultivent le plus abondamment,
font : le g a m e t n o i r 8c le m e l o n , ce dernier
fous le nom de g am e t b la n c . On y trouve quelques
pieds de p o u r r ie t y de p in e a u b l a n c , de p u l f a r e , de
p in e a u g r i s , de v a l e t t a c h é ou t e in t u r ie r .
Lesïoffes à provins font très-multipliées.
Ce n’eft qu’aux provins qu’on place des échalas
très-courts, à raifon de leur haut prix.
L'ébourgeonnemént eft très-modéré.
Du refte, on opère comme à Salins, à Lons-le-
Saulnier, 8c c .
On égrappe dans un baquet, au pied de la v i g n e ,
au moyen d’un triangle garni de broches.
Le vin eft commun, mais point défagréable.
Deux binages fe donnent en é té , 8c point en
hiver. La taille s’effeétue fur deux à trois yeux. On
ne fume point.
Les courgées n'ont lieu que fur les pieds les plus
vigoureux, 8c ils font rares en raifon de la foi-
bleffe des ceps, caufée par la mauvaife nat’ure
du fol.
Les v ig n o b le s d u d é p a r t em e n t d e P A i n font multipliés,
mais peu étendus. Leur enfemble eft de
iS ,ocq hectares.
Les variétés envoyées par ce département à la
pépinière du Luxembourg, font;: le c h e t u a n 3 le
p e r p ig n a n y \ e p e lo f a r d 3 lep e r f u n e 3\a b e r le t t e , 1 e f o i r â t 3
le n é r e t , le v e r d e t , le m é f ie r ro u g e , 1 e g am e t b la n c /le
g r o s p l a n t r o u g e , le m o r n a n b l a n c , le p e c o u r o u g e ,
le g o u a i s b l a n c , la m a t e r o l le , le t a q u in .
Dans la plaine entre Mâcon & Bourg, on
cultive, dans des enclos de, haies , beaucoup
de v ig n e s en treilles hautes , en lignes dirigées
du midi au nord, & efpacées de vingt-quatre
à trente pieds. L’intervalle eft femé en céréales 8c autres objets. Le fol eft une argile humide
mélangée de cailloux roulés. On le laboure à la