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d'années, mais c ’eft entre fix fk doute ans qu’ il
eft le plus avantageux à employer pour le tranf-
former en amadou.
Après avoir détaché les bolets de l'arbre à
la fin de l'automne , on en ôte de fuite l’écorce
à l’aide d’ un gros couteau ou d'une ferpe, enfuite
on met le coe u r , qui alors cède fous le doigt
comme une pelotte, pendant quelques jours dans
l ’eau, puis on le bat avec un maillet fur une
planche ou une pierre polie, jufqu’ à ce qu’ il foit
bien affoupli.
Après cette opération on coupe la maffe en
tranches d’une à deux lignes d’épaiffeur, le plus
fouvent en laiffant les tranches liées entr’ elles,
& on les bat de nouveau j on les étire de droite
& de gauche avec la main, puis on les Fait
fécher.
Lorfque ces tranches font bien fèches, oh les
bat & on les étire encore jufqu’à ce qu’elles foient
extrêmement fouples, puis on les trempe ou dans
une diffolution plus ou moins forte de falpêtre ,
c ’eft 1*amadou brun , ou dans une diffolution de
poudre à canon, c’ eft Y amadou noir. Ce dernier
s’enflamme plus rapidement que le premier, c’eft
fouvent un inconvénient > mais il a de plus celui
de tacher les doigts : en conféquence le premier,
lorfqu’ il eft bien préparé, eft toujours dans le
cas d’ être préféré.
Dans cet état Y amadou n’ a plus befoin, pour être
employé, que d’être féché & frotté dans les mains,
dans le but de l’ affouplir de nouveau. Il fe conferve
un temps indéterminé lorfqu’il eft renfermé dans
■ un lieu très-fec.
On peut fuppléer Y amadou par des chiffons brûlés
& par des poils enlevés fur les Chardons
& autres plantes.
AMADOUVIER. Efpèce de Bolet avec lequel
fe fait 1’Amadou.
AMAIOA. -Amaioua. Genre de plantes que
quelques botaniftes ont réuni aux Hamels.
11 ne renferme qu’une efpèce, qui eft un arbre
de Cayenne non encore introduit dans nos jardins.
AM AL AGO. C ’eft la même chofe que Po iv r e
-MALAMIRI.
AMALI. Nom indien de la V erveine biflore.
AMALTHÉ E. Sorte de fruit. C ’eft celui des
A igRemoiné-s.
AMANDE. C ’eft la graine de I’Amandier.
AMANDE DUNDO. Fruit d’une, efpèce de
Q u a te lé.
AMANDE DE TERRE. Synonyme d’A r a chide.
AMANDIER. Amygdalus. Genre de plantes de
ï'icofandrie monogynie & de la famille dès ro-
facées, dont on connoît une demi - douzaine
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•d’efpèces, toutes intéreffantes fous le point de
vue de l’agrément, & l’une très-importante pour
le produit de fes fruits , les amandes.
Le Pécher appartient à ce genre ; mais l’étendue
& la perfection de fa culture m’obligent de le
rendre l ’objet d'un articleTpécial.
1. Amandier commun.
Amygdalus commuais. Linn. L De l’Orient.
2. Amandier oriental.
Amygdalus orientalis. Linn.f> De l’Orient.
3. Amandier cotonneux.
Amygdalus incana. Linn. Du Caucafe.
4. Amandier de Tournefort.
Amygdalus georgica. Desfont. [7 De Géorgie.
5. Amandier nain.
Amygdalus nana. "Linn. fj De la Chine.
La culture de Y amandier en Europe remonte
probablement à l’ époque de l’arrivée des colonies
grecques en Italie, en Efpagne & à Marfeille,
car-cet arbre étant-originaire de l’Afie mineure,
a dû n’être pas oublié, par elies, dans leur émigration.
Quoi qu’il en fo it, Y amandier eft en ce moment
l ’objet d’un produit très-important popr les parties
méridionales de l'Europe. On peut même en tirer
auelqu’utilité fort avant dans le Nord, .au moins
comme propre à la greffe du pêcher.
Quoique le climat où croît naturellement Ya-
mandier ne foit guère plus chaud que celui de nos
départemens méridionaux , il fleurit de lï bonne
heure dans ces derniers ( au commencement de
janvier), qu’il arrive fouvent que fes fruits manquent
par fuite des gelées. Cet inconvénient eft
encore plus fréquent dans le climat de Paris &
plus au nord , & de plus, les fruits y ont. bien
moins cle faveur & de durée de confervarion ,
de forte qu’on ne l’y cultive que très-fecondaire-
ment pour la récolte de ces fruits.
' On peut croire que c ’eft feulement depuis Mar-
feille jufqu’ à Valence, & depuis Fréjus jufqu’ à
Perpignan , qu’il eft réellement avantageux en
France de cultiver l’amandier | mais il eft quelques
vallées du Dauphiné & des Cévennes où il prof-
p’ère également. Il craint le trop grand chaud
comme le trop grand froid. Les climats humides
lui font très-contraires, comme j'ai été à portée de
i’obferver dans l’Amérique-feptentrionale, Caroline
du Sud.
On appelle amande le fruit de Y amandier, comme
ie l'ai déjà obfervé.
Tous les arbres cultivés depuis long-temps, 8c
fous des climats différens, donnent des variétés}
ainfi Y amandier doit en offrir , & celles qu’il offre
font fi nombreufes, qu’ à peine fur cent pieds on en
” trouve un ou deux de femblables. 11 eft quelques-
unes de ces variétés qui forment des races & qui fe
reproduifent plus fouvent que les autres lorfqu’on
[ les fème dans le même canton 5 cependant ç ’eft
par
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par la greffe qu’ il faut les multiplier fi on veut être
certain de leur identité. '
D’abord on divife les variétés en deux clalies,
dont les extrémités font très-diftin&es, les amandes
amères qui fortent probablement du type de
l’efpèce, & les amandes douces qui font celles
qu’on cultive le plus généralement.
Les amandes amères, mangées en grande quantité
, peuvent donner la mort, Je principe de
leur amertume étant l’acide prufiique : aufli ne
les emploie- t-on qu’à faire'de 1 huile, de la pâte de
toilette; aufli, fi fouvent ou conferve l=s arbres qui
les portent, ne les multiplie-t-on pas par la greffe,
& ne diftingue-t-on aucune de leurs variétés.
- • Ce font donc les amandiers à amendes douCes
, qui feront principalement l’ objet de cet aub le.
! Les amandes douces offrent deux fériés de
variétés, celles à coque dure & celles à coque
tendre, c’ eft-à-dire, qui peuvent être brifees par
le fcul effoit des dents, & même du pouce. Toutes
font d'autant plus, recherchées qti'e.h s font plus
groffes ou plus multipliées, & que l’arbre qui les
porte fleurit plus tard ; cependant il en eft de
petites dont la faveur eft plus délicate, & de ha-
tives dont on aime à avoir quelques pieds.
■ * On app.lle Amandier franc les variétés à
petit fruit, à coque t/ès-dure & bombée, qu’on
emploie, dms le climat de Paris, à la greffe du pêcher.
Il y a lieu de croire que ce font celles q u i,
parmi les douces, fe rapprochent le plus du type
dauvâge.
L’Amandier a gros fruit et coque
dure eft celui qui fe cultive le plus fréquemment
dans le midi de la France,, & auquel peut s’appliquer
ce que j’ai dit plus haut de l’importance des
produits de cet arbre.
L'Amandier a gros fruit et coque
TENDRE, autrement nommé amandier des dames,
.abelan ou abrillan, eft d’un grand produit dans les
années où fa fleur ne coule pas, parce que fon
fruit eft très-recherché pour les dtfferts. Il fleurit
plus tard que le précédent, & eft par confequent
moins fujet aux défaftreux effets des gelées du
printemps. .
L’Amandier sultane & I’Amandiér pistachier
ne diffèrent du précédent que par la
grolleur de leurs fruits, ceux du dernier atteignant
rarement un demi-pouce de long.
Ces trois dernières variétés, patient pour être
plus délicates que la première, mais elles doivent
être mangées avant la fin de l’h iv e r , car elles
ranciffent très-facilement. Elles donnent aufli
moins d’huilè, ce qui dc.it engager à n’en cultiver
qu'autant qu’on eft affuré d’en vendre pour la con-
Jommation.
Je dois dire un mot de 1’Amandier pêche,
dont le brou a beaucoup d’épaiffeur & fe rapproche
quelquefois de celui de la Pêche , ce
qui a fait croire à quelques perfonnes qiie cette
D i$. des Arbres £? ÂrbufièsI
A Invl /\V
dernière n’étoic qu’une variété de l ’amande 5 opinion
qui ne peut fe foutenir lorfqu’on confidère
la différence de contexture de l ’enveloppe offeufe.
Cet amandier pouffe plus vigoureufement que les
autres , mais il ne peut fervir à la greffe , qui
réuflit difficilement fur lu i , comme fur toutes
les variétés amères, au nombre defquelles il fe
trouve.
La hauteur de Y amandier furpaffe quelquefois
quarante pieds, mais généralement elle eft entre
vingt & trente. Ii eft même bon de l’empêcher de
s’élever au-deffus de la première de ces me fur es,
pour qu’ il fe branche davantage & pour qu on
puiffe plus facilement faire la récolte de fes fruits.
Il eft rare qu’ il conf-.rve une belle tête au-ie'>à de
fa dixième année, perdant fucceflivement de groffes
branches, fan? qu’on puiffe toujours en deviner
la caufe. Le tailler eft prefque toujours nnifible.
Le rapprocher (voyeç ce m a t) femble le
rajeunir, mais le fait_îe plus fouvent périr. Le
vrai principe de fa culture, c ’eft d’en planter
tous les ans & d’ arracher , avant leur entier dépé-
riffement, ceux qui font les plus vieux.
Ainfi, lès feuls foins qu'ils demandent font un
labour & un émondement des. branches mortes
au commencement de l’hiver..
Il eft très-rare qu’on place Y amandier en efpa-
lie r , & il n’y fubfifte pas long-temps. Il en eft
de même lorfqu’on le met en queno„uiile, en
vafe, & c .
Il flue de l’écorce des amandiers , foit naturellement,
foit par incifion, une gomme d’abord
blanche & tranfparente, enfuite brune & opaque,
qui fert en médecine & dans les arts. Sa 'urabon-
dance annonce la fin de l’arbre & indique qu il
convient de l’arracher.
Les fleurs de Y amandier paroiffant de très--
bonne heure au printemps, embelliffent toujours
les jardins & les campagnes. Elles varient en
grandeur, depuis fix lignes jufqu’à plus d’ un pouce}
en couleur, depuis le rôle-foncé jufqu’au blanc;
en ro n bre , depuis quelques-unes jufqu’ à des'milliers
fur chaque branche. Ainfi que je l’ai déjà
d i t , les unes s’épanouiffent de très-bonne heure,
les autres un mois plus tard. Il y en a de. doubles
de diverfes grandeur & couleur qui fubfift.-.-nt
beaucoup plus long-temps, & qu’on préfère, pour
cetté rai fon, dans les jardins de pur agrément,
JJne terre légère & fè ch e , mais cependant
fertile, eft celle où les amandiers profpèrent le
mieux & durent plus long-temps. Ils craignent
au dernier point celles qui font aquatiques-L’ex-
pofition du midi leur eft la plus favorable dans le
climat-de Paris, quant à la qualité du fruit, mais
c’eft à -celle du nord où leurs récoltes font le
plus affurées, parce qu’ ils y fleuriffent plus tard.
C ’ eft l’ arbre des collines. Il fait fort bien dans
. les vignes, auxquelles il nuit peu , à raifon du