d’ où il fuit qu’ on ne peut opérer la coupe definitive
, fur un canton, que fix ans après la coupe de
réenfemencement. Or il convient, pour établir
l’ordre dans une forêt de cette nature, pour avoir
chaque année à peu près la même quantité de bois,
de commencer les exploitations fur une etendue
égale à fix coupes annuelles. Au bout de trois ans,
on ajoute chaque année la valeur d une coupe annuelle
5 de telle manière qu’ en fix ans 1 ordre ett
établi, puifqn’on peut annuellement enlever Je
refte des vieux arbres fur l ’étendue d une coupe,
tandis qu’on en entame une autre. On aura donc
toujours la valeur de huit coupes en exploitation,
pour y prendre les bois dont on aura befom chaque
année. , r ,
D'après cetteobfervation, c’ eft le temps prefume
néceffiire à une cow-pe pour fe repeupler, & aux
jeunes plants pour fe pafîèr d’ombre, qui peut déterminer
le nombre des coupes annuelles fur lefr
quelles ^exploitations doivent fe faire a la rois.
M. de Burgfiorf dit qu’il faut fix ans aux jeunes
fapins pour pouvoir fe paffer d ombre; mais
M. Hanig borne ce temps à quatre ans. Dans ce
dernier cas, & en fuppofant que les coupes fe repeuplent
dès la première année, il ne laudroit
commencer Y exploitation de la foret que fur un
efpace de quatre coupes au Heu de fix.
C 2.. De la maniéré de traiter & de repeupler les
forêts de fapin commun , qui3 arrivées au terme
le terrain fe trouve couvert d’herbes, de mauvai-
fes plantes, ou tellement difpofé que le moyen ci-
deffus indiqué ne foit pas fuffifant pour enterrer les
graines, alors , & avant la chute des femences 3 on
fera remuer à la houe toute la furface des endroits
les plus difficiles, ou bien on la fera gratter par
place Ci) s & fi l’enfemencernent naturel n'eft pas
fuffifant, on y Qipplée par des femis à la main.
Après ces opérations , on fait traîner fur le terrain
des bourrées d’épines ou une hetfe de fe r , autant
que cela eft praticable.xOn met le diftrift en défends
à. leur rvvloitation . ne font de leur exploitation , ne fon t pplluuss ddaannss uunn ééttaatt
fer ré ,
M. Hartig dit que Y exploitation & le rétabli fie-
ment des forêts de fapin , qui ne font plus dans
un état ferré, doivent fe faire d’ après les reglçs
qu’ il a données en pareil cas pour les forets de
hêtre. On fait, en effet, qu'il y_ a beaucoup de
futaies qui, pour n'avoir pas été traitées d’apres
le fyftème des éclaircies, ou pour avoir ete ma.
gouvernées, fe trouvent clair-femées, 8e ne pre-
fentent point cette confiftance ferrée -qui eft »
importante pour la profpérité de la foret. Dans
ce cas, il eft difficile 8e fouvent împoffible d en
opérer le repeuplement naturel par la coupe oe
réenfemencement, parce qu’il fe trouve des vides
qui ne recevroient point de femences, parce que
' beaucoup d’ arbres étendent confiderablement
leurs branches tout près de terre, 8e que d un
autre côté le fol fe trouve occupe en plulieuts
endroits par les herbes, la bruyère, la myrtille,. &c.
Il faut dans ce cas, examiner s’ il fe trouve encore
affez d'arbres pour qu'ils puiffent réenfemencer.
au moins la moitié de la furface du terrain, &
alors attendre une année fertile, en graines pour
m«rtre le diftriéf ed défends a uftiôt après la chute
des femences. On coupe, julqu’àla hauteur de dix
à douze pieds, les branches pendantes des gros
arbres, & on gratte toute la furface du terrain, en
faifant traîner par-deffus des bourrées d épines,
& , s’il eft poffible, une herfe de fer. Mais quand
le plus févèrement poffible , & du refte on
le traite d’après les règles preferites dans le paragraphe
précédent, c’eft-à-dire, qu’on procède à
l’ enlèvement des arbres à mefure que l’état du
repeuplement le permet.
Mais f i , par l’examen qu’on aura fait d’un tel
diftriâ, on n’a pas trouvé un nombre d’arbres fuffifant
pour fournir l’enfemencement nàturél,
même de la moitié de la furface du terrain , alors
il convient de procéder au repeuplement par des
femis ou des plantations d’ effences propres au fol,
& qui puiffent réuflir fans abris.
C hap. V . — De £ exploitation des forêts de picéas
ou épicias (z).
De U manière dont on doit traiter les forêts de cette
efpèce , arrivées au terme de leur exploitation,
& qui font dans un état, ferré, pour en opérer'lie-
repeuplement complet par le réenfemencement naturel,
& procurer par la fuite la plus grande croif
fance poffible a ce repeuplement.
M. Hartig ne partage pas l’opinion de plufieurs
auteurs allemands, qui veulent -que les forêts
d’épicias ne puiffent être exploitées autrement
qu’ù blanc & par coupes étroites , & qui fe fondent
fur cé que l’épicia n’ayant que des racines
latérales, feroit renverfé par les vents fi on 1 ex-
ploitoit par éclairciffement. On fuit, dit-il, pour
Y exploitation & la régénération de ces forêts, les
mêmes règles que pour les forêts de fapin, & je
puis affurer qu'en fe conformant exactement a
ces règles, en exécutant la coupe d’enfemence-
ment comme je l'ai indiquée, & en donnant à la
furface du fol les légers labours que j’ ai recommandés
, on obtiendra une jeune forêt de la
( i) M. Hartig ne dit pas qu’ il faille bêcher ni labourer
profondément la terre; ces cultures font inutiles dans ce
cas. Il dit qu’ il faut déchirer la furface du terrain , vcrwun-
den, blefler. ' ■ ' ■ ■ , . i>,n.
En effet, les arbres réfineux, ainfî que 1 expérienceiap
prend, pouffent beau coup-mi eux fur un terrain fimp êmefl
gratté , que fur un terrain profondément labouré.
(a) Le picéa eft connu aufli fous les noms de Japm pcJJ
ou pèce , d'épicia ou épicéa, de fapin de Norwège ou J*
fapin. P inus picea (L in n .) ; pinus picea (du ftoi ) ;
picea ( Julïieu ).
1„C belle venue. Ainfî la coupe d’enfemence-
Zlnt s’exécute dans les mêmes principes con tait
Z n rM e c . aufstôt que les arbres a femences Je irou-
V, 0C chargés de c ô n e s , à l'extraftion des louches
W, arbres coupés ; on remplit les trous qui en
moviennent; & au printemps, aufîitot apres la
chute des femences, on fait trajner des bour-
1-pes d'épines fur toute la furface du terrain. Alors
on met la coupe en défends, 8c auffitot que 1 en-
femêneement naturel fe trouve fuffifant & que
les plants ont de trois à quatre ans, on donne
un peu de jout à la coupe, en enlevant une partie
des plus forts arbres à femences qu'on avoit référés
lors de la coupe d’enfemencement. Enfin,
jorique ces plants ont de 9 à 12. pouces de haut,
on enlève, par un temps de neige, tout ce qui
refte de gros arbres, que l’ on tranfporte fans delai
hors de la coupe. . , r
Cependant, fi la fituation du focal fe trou-
voit telle qu’on* eût à craindre les mauvais effets
du vent après la coupe d’éclair,eiffement ( i ) , on
ne fe ro it point cette co.upe, 8c on attendroitque
les plants euflent de 4 à 6 ans pour enlever en
une feule fois , 8c par la neige, tous, les arbres
• réfetvés à la coupe d’enfemencement.-
S i, après l'enlèvement de tous les arbres a
femences, ii fe trouvoit encore par-ci par-là des
places vides, on les planteroit de jeunes épicias,
nu’on auroit extraits avec leur motte. Durette,
on traite par la fuite ta jeune forêt comme il a ete
dit en parlant des forêts de fapin commun. _
Cette méthode d’exploiter les. forêts d épicias
& de les repeupler par l’enfemencement naturel
n’eft, pas, il eft vrai, la plus en ufage, mais bien
certainement elle eft laplusfâre. Il ne faut donc
pas fe laitier détourner par l’opinion prefque générale
que la coupe de réenfemencement ne convient
pas aux forêts d’épicias. Ceux qui le, preten-
Il n’y a que dans les expofitions où le vent
agit'avec une violence extraordinaire, qu’on ne
peut pas établir de coupe de réenfemencement.
Dans ce cas, on exploite à blanc étoc & par bandes ,
^n opérant de la manière fuivante : ^
. '.-On attaque la forée d’après^ la règle générale
que nous avons donnée , du côté de 1 e f t , ou du
n o rd -e fi, ou du fu d -e ft, & on coupe à blanc fur
une largeur de 4 y à 46 mètres au plus, en dirigeant
dent n’en ont point fait l’effai, ou bien ils auront
tellement éclairci leurs forêts, que le vent aura
renverfé les arbres à femences ( i) . Mais fi on
conduit la coupe d'après mes inftruÇtions, & li
on obferve du refte toutes les précautions que j ai
indiquées, on obtiendra tous les bons effets que
je promets <3).
U) On doit fe rappeler que la coupe d’éclairciffement
Oü coupe claire eft celle qui fuit la coupe- d enfe tncemcnc.
N (2) On ne doit point oublier que- les épiciasin ont que
des racines traçantes ; que lorfqu^ils manquent d abris, ils
font facilement renvertës par les vents, ôc que s il eft important,
dans quelques forêts , de ne point trop enlever
d’arbres lors des coupes d’enfemencement 8c declairciUe-
ment, c’eft furtout dans les forêts d’épicias. M. Hartig
attribue au défaut de cette attention les mauvais refultats
qui auront fuivi l'application de fa méthode a ces fortes de
forêts,.- ■ '.I , -rr i WÊ
(B) M. de Burfgdorf ne penfe pas qu on puiIle, dans
aucun cas, faire de coupes d'enfemencement dans les forets
d’épicias , à caufe des vents qui renverfent lés arbres Sc^de
l’incertitude des repeu piemens , par le manque allez *re-
la coupe du haut de la montagne en en bas
& obliquement au plan de cette montagne. C e pendant
il faut donner à ces lignes ou bandes obliques
une telle dire&ion que Y exploitation s’arrête
le plus poffible au haut de la montagne ou de la
colline, & fe prolonge jufque dans la vallée. Lorsque
les arbres du maflif reliant font chargés de
cônes , on procède à l’extraétion des Couches dans
les bandes exploitées, au ravalement des trous
qui en proviennent, & à l ’enlèvement des bois
avant l’ époque de la chute des femences. Lorf-
qu’elle a eu lieu, on répand encore, à la main,
fur la furface ,du terrain, environ 6 kilogrammes
de graines épluchées , par heélare, ou 8 à 9 kilogrammes
de graines avec leurs ailes ( i ) . Puis on
fait traîner, fur la coupe , des bourrées d’épines ,
ou, s’ il eft poffible, une herfe à dents de fe r , &
on met la coupe en défends.
On ne reprend Y exploitation que lorfque la
bande exploitée fe trouve fuffifamment garnie de
jeunes épicias provenus tant des femis naturels
opérés par le maffif reliant de la foret, que des
femis faits à la main. Alors on ajoute immédiatement
à la bande exploitée une autre bande de
30 à 45 mètres de large, que l’on coupe également
à blanc étoc. On continue de la même
manière jufqu’ à l’entière exploitation & jufqu’au
parfait réenfemencement de tout le canton.
Mais afin de laiffer aux bandes exploitées à
blanc le temps de fe repeupler par les femences
de la partie voifine non exploitée , il faut établir
dans d’autres cantons de la forêt bons à être
abattus , & qui ne foient pas auffi expofés aux
vents, les coupes dites d’enfemencement pour
en tirer le bois neceffaire a la confommation.
S’ il arrivoit cependant, ce qui doit être rare,
que tous les diftri&s de la foret fe trouvaflent
dans une telle pofition que l’on dût les exploiter
par bandes à blanc é to c , alors il feroit néceffaire
d’entamer a la f o i s trois ou quatre parties exploitables
, en procédant comme il a été dit, pour
quent de graines; il confeille de les exploiter à blanc, par
bandes étroites & demi-circulaires. Cependant il ne paroit pas
compter beaucoup fur l’enfemencement naturel, 8c il veut
qu’on fafle des récoltes de graines pour y fuppléer. L ’opinion
de M. Hartig femble mériter plus de confiance.
( i) L ’ auteur donne ce confeil, parce que le réenferaence-
menc naturel que donne le maflif reftant ne peut jamais
être aufli complet que celui qui réfultc des arbres réfervé*
dans les coupes d’enfemencement.