
. COU VERTURE DES MAISONS. Dam cha-
que canton les cultivateurs emploient à la { o u v e r tu
re de leurs maifons les matériaux qui leur coûtent
le moins , & en cela ils ont raifon, car toute
diminution de dépenfe augmente leur capital , &
ce n’eft qu'avec un fort capital qu'ils peuvent
bien 'cultiver; cependant il eft des cas où une
petite économie conduit à de grandes pertes, &
ces cas font nombreux dans la c o u v e r t u r e d e s m a i f
o n s . Ainfî on voit fou vent des maifons couvertes
en chaume , en rofeau , brûler par accident,
air.fi on voit fouvent des maifons dans lefquélles
il pleut , parce qu'on a voulu épargner dans la
confection de leur toiture } ainfi on voit des maifons
peu anciennes , dont le toit s’effondre par
laite de la pefantéur des l a v e s , des f c h i f i e s , avec
lefquds on les couvre.
Les matériaux avec lefquels on couvre les maifons
en France, font, dans l’ordre de leur bonté :
les Ard o ises, les T uiles de toutes les fortes,
le Schistes ou anloifes larges & épailfes, les La v e s , le Bard eau , le C h aume, les Scir-
ees , les Massettes , les Roseaux.
Les ardoifes d’Angers, qui font de formation
fecoridaire, méritent la préférence , comme plus '
légères, moins fufceptibks d e fe décompofer à
l’ air 5 mais elles font chères & ne peuvent être
employées par les cultivateurs qu’à une petite
diftance de leur carrière.
Lorfque les tuiles font bien faites & bien cuites
, elles jouiffent, quoique plus pefantes, de
tous les avantages des ardoifes. Il en eft de plates*
en conve*es. Ces^dernières font
préférées dans beaucoup de cantons. Comme l’ argile
eft fort commune dans la nature, peu de
cantons font privés de tuiles'.; ainfi il n’y a
jamais que • quelques frais de tranfport à payet
au-delà de ceux de fabrication , dans les lieux les
moins favorifés. Certaines argiles contiennent
de la pierre calcaire q u i, réduite en chaux par la
cuiffon, fait écailler les tuiles, lorfque cette
chaux prend de 1 humidité, c’ eft-à-dire, un ou
deux ans après leur emploi ; de telles tuiles doivent
être rejetées ; cependant on les rend pref-
qu’auffi durables‘que les autres,’ fi on les tre.mpe
dans l’eau, à leur fortie du four, lôrfqu’elles font
encore chaudes, parce qu alors la chaux redevient
pierre calcaire & n’eft plus fujette à fe gonfler.
Les fchiftes font des ardoifes primitives d’un
pouce & plus n épaififtur, & d’une largeur indéterminée
, dont on^ fait ufage dans les pays grar
nitiques. Ils font d’une, grande durée , mais d'un
grand poids, & il eft difficile d’empêcher les
toits qui en font couverts, de faiffer pafîage à
l ’eau des pluies. . .
Il en eft de même des laves, qui font des pierres
calcaires fi Ailes, dépofées fur lefommet des montagnes
de fécondé formation,; montagnes très-
communes en France. Elles font inférieu. es aux
fchiftes, en ce que leur furface eft toujours rabo-
teufe, & qu’il eft encore plus difficile dé s’oppoft *
à l’infiltration des eaux-de pluie à travers les toits
qui en font formés.
Autrefois on faifoit un grand ufage de Bardeaux
( petites planches de chêne ou de pin refendues),
parce que le bois & la main-d’oeuvre
étoient à bon marché ; mais aujourd'hui on fe rui-
neroit en en employant, attendu que les co uve rt
u r e s qui en font faites ne durent que quatre
à cinq ans, que les grands vents les défaffembknt
très-fouvent, & que lé ,feu les détruit prefque
aulfi facilement que la paille.
Il y a deux fortes de c o u v e r t u r e s en chaume,
celle faite avec la longue paille de feigL ou de
froment, & celle faite avec le véritable chaume>
c’ eft-à-dire-, avec la partie de la tige qui eft lai {Tes
fur le fol & ramaflee plus tard avec un râteau. Ce
dernier eft le pire de tous les matériaux propres
aux c o u v e ) t a r e s .
Less c o u v e r t u r e s de chaume font propres, durables
,- légères , chaudes &r économiques, mais
elles prennent feu avec la plus grande facilité, &
un village entier eft prefque toujours viétime d’un
feul accident, lorfque les maifons en font trop
rapprochées.
Il feroit contre les principes de la liberté d’empêcher
les cultivateurs de couvrir leurs maifors
en'chaume | mais des. réglemens de police rurale
peuvent les obliger à bâtir leurs maifons à une
allez grande diftance les unes des autres pour que
le feu pu i fie rarement en atteindre plu fi-- urs.
Les c o u v e r t u r e s eh feirpes, en maffer tes, en
rofeaux, font principalement ufitées dans les pays
d’étangs & de marais, parce que ces plantes, arrivées
à leur maturité, ne coûtent que la peine de
les couper. Elles durent aùili & même peut-être
plus que celles de paille, mais font moins régulières.
Elles offrent les mêmes inconvéniens relativement
au feu.
COUVRAILLE ou COUVRAINE. Synonyme de Sema iLLE.
COUVRIR LA SEMENCE. C ’eft la mettre
dans la terre, foit au moyen de la Charrue
( v o y e i Semer sous r a ie ) , foit à l’aide de la
Herse, du Rateau , & c .
COUVRIR LES PLANTS. Opération qui a
pour but d’empêcher les gelées de les atteindre.
On l’exécute avec des Feuilles lèches, avec de
là Fougère, avec de la Litière. Tantôt ces
matières touchent immédiatement les .plants , tantôt
elles font ftîpportées par des Perches, des Cla ie s, &c.
Faire couvrir une Jumen t, une Vache, c’eft
la mettre en pofition d’engendrer , en la livrant à
un Cheval ou à un T aureau.
COUVRIR LES SEMIS. On couvre les femïs,
I i ° . avec des E pines, pour empêcher les oifeaux,
& principalement les poules, de les détruire}
2 °. avec desT011.ES, des C laies, de la Mousse,
de*la menue Paille, & c . , pour leur conferver
l’humidité néceffaire à leur réuffite.
CRAIE. Sorte de pierre fort dhftinéte par fes
caractères extérieurs & fes giffemens, quoique
rangée parmi les Calcaires par fa compofition
chimique. - . . . .
Il paroît que les formations de c r a ie s font rares dans le-globe, puifqu'on n’en connoît que deux}
la plus grande qui exifte dans le nord de la F rance’ &
de l’Angleterre, la fécondé qui fe voit en Pologne.
Le banc dé c r a ie de France traverfe toute la
ci-devant Champagne, la ci-devant Picardie & la
ci-devant Normandie, dans une largeur fort varia-' ble. Partout où il fe montre au jour, il apporte l’ infertilité.
G’ eft à lui qu’eft due la mifère, non-
feulement de la partie de la.. Champagne appelée
pouilleufe, mais encore de plufieurs autres d’ une
étendue moins comfi lérable. Aux environs de Paris,
en Picardie & en Normandie, la c r a ie eft le plus
fouvent recouverte d’une grande épaifleur d’ argile
& de* fable, de forte que fes nuifibles e ffets
pour l'agriculture ne s’y font' fentir qu’en
très-peu d’endroits. R paroît qu’ il en eft de même
en Angleterre.
Trois caufes concourent à rendre les c r a ie s fi
peu. favorables à-l’agriculture : i p. le défaut d’Hu-
mus qui eft diffous & entraïné'par les eaux aufli-
tôt qu’apporté ( v o y e ç Chaux & Calcaire) ;
2°. fa compacité telle , que les racines des plantes'
ne peuvent la pénétrer ; 3°. f3 couleur qui re-
po 11 fie les rayons du foleil & l’ëmpêche, par con- :
léquent, de prtn lre la température néceff.-ire à '
la germination des graines./
Il eft de plus une<circonftance très-défavorable
à h culture des terrains crayeux , c’ eft qu’ils fe
réduifenrèn boue à la plus petite pluie, & que,
par leur defficcation , leur furface devient une
croûte imperméable, à l’ air & qui étrangle les
tiges foibies.- Ce n’tft que par des herfages ou
des binages répétés, pendant que les plantes
font en végétation , qu’ on peut diminuer cet inconvénient,
& il eft rare qu’on les donne.
Cependant la c r a ie eft un excellent Amendement.
Elle équivaut prefque la Chaux , & dans
les terrains qui n’ont pas befoi.n d’être rendus
plus compactes par une addition d’argile, elle
peut être avantageufement fubftiruée à la Marne.
Cette propriété eft le rélultat de fa nature C al-
caire { y o y e \ c.e mot), & de la facilité avec laquelle,
elle fe réduit en poudre. J’ai expliqué aux
mots Alcali , Chaux & Humus , le mode
d’aâion qu’elle- exerce.
Mais n’y a-t-il donc aucun moyen, de ferti-
lifer les terrains crayeux ? Faut-il fe réfoudre à
n’en jamais retirer, comme dans la Champagne
pouilleufe, même après cinq à fix années de jachère,
que des feig'es, des furrafins* des avoinés
de fix pouces de hauteur? je certifierai que
ces terrains maudits fpnt par fuite d’ une induftrie
éclairée, ' & avec des dépenfe s & du temps, fuf-
ceptibles de donner des produits avantageux» car
j’ai vu tous les environs du petit nombre de villa*
ges qui s’y trouve, être dix fois plus produit fs
que le refte, & ils n’offrojent point de différence
dans leur nature.
En e ffet, les environs de ces villages font
plantés d’arbres; les propriétés y font entourées
de haies, labourées à la bêche ou à la pioche,
fouvent'fumées. Plantons donc des arbres & des
haies dans les plaines, faifons-y des foffés pour
recevoir les eaux pluviales. Labourons profondément,
au rifque d’augmenter l'infertilité
pendant deux ou trois ans. Si nous n’avons pas
a fie z de fumier, femons-y du farrafin, de la navette,
des raves, & enterrons-les par un labour
lorfqu elles entrent en fleur. Remplacez*les par le
trèfle & furtout parle fainfoin, le véritable Fourrage
des terrains calcaires. Ne laiffez pas fix mois
de fuite la terre nue, c’eft-à-dire, labourez &
femez dès que la récolte fera enlevée ; mais variez
autant que poffible vos cultures. Ne négligez
pas furtout d’y introduire les vefees, les geffes*
les pois gris, les lentilles. Herfez au moins deux
fois avant leur montée.en fleur les céréales & les
prairies artificielles , afin de rompre la croûte que
j’ai annoncée fe former fur le fol par l’effet des
pluies, & nuire aux progrès de la végétation.
De nombreux troupeaux de bêtes à laine doivent
être placés fur toutes les grandes propriétés
dans les terrains crayeux, parce qu’ils y profpè-
rent conftamment & fourniffent, & par leur parcage
& par leur fumier, les moyens d’engrailkr
le fol.
Les obfervations que j’ai faites pendant mon fé-
jotir & mes voyages en Champagne, ce qui m’a
été rapporté par plufieurs propriétaires de cette
province, me mettent dans le cas d’ affiirer qu’avec
les moyens que je viens d’indiquer, il eft poffible
de tirer de s plus mauvaifes terres craye-ufes -,
des récoltes finon bonnes, au moins .fuffifantes
pour payer les.dépenfes de la culture & l’ impôr,
& profiter d’un excédant; mais il ne faut pas fe
décourager, parce que les premières années ne
font pas profitables ; parce que, dans une férié de
dix à douze ans, qui eft celle que je fuppofe néceffaire
pour amener la terre au point convenable
, il y en aura deux' ou trois où les récoltes ne
paieront pas les frais. Cependant, je l’avoue, quelques
années d’interruption fuffironc pour obliger
à recommencer, comme fi on n avoit jamais cherché
à améliorer.
Si la quantité de terre qu’ on poffède, le peu
d’argent ou de temps qu’ on peut confacrer à l’amélioration
des terres crayeufes, s oppoCnt a
l’exécution du plan de culture que je viens de
propofer, on a la reflource de la plantation des
bois.
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