
8. Le Bouleau élevé.
Betula 'excelfa. Mich. 1) De T Amérique Fep-
tentrionale.
9. Le Bouleau lanuleux.
Betula lanulofa. Mich. De l'Amérique Fep-
tentrionale. 10. Le Bouleau daourique.
Betula daourica. Pallas. T? De Sibérie & du
Canada.
11. Le Bouleau à feuilles de merifier.
Betula lent-a, Linn. T) D - l'Amérique fepten-
tr rotule.
12. Le Bouleau nain.
Betula natta, Linn. T> Dé Sibérie.
15. Le Bouleau des Carpates.
Betula carpatica. Waldft. De Hongrie.
14. Le Bouleau à feuilles ovales.
Betula ovata. Schreb. T? De Hongrie.
15. Le Bouleau du Japon.
Betula japonica. Tbunb. T? Du Japon.
16. Le Bouleau crépu.
Betula crifpa. Mich. f) Du Canada.
17. Le Bouleau antarctique.
Betula antarclica. Forfter.T) De la Terre de Feu.
18- Le Bouleau glanduleux.
Betula glatidulofa. Mich. f) Du Canada.
19. Le Bouleau frutiqueux.
Betula fruticofa. Pallas. I7 De Sibérie.
20. Le Bouleau nain.
Betula nana. Linn. Du Canada.
Culture,
11 n’eft point d’arbre en Europe qui Fe-prête
1 mieux que le bouleau commun aux diverfes natures
du terrain. .11 fe plaît également entre les rochers
les moins garnis de terre , dans 'les/ables •& les
craies les plus arides. Les bonnes terrés Font pref-
que les Feules qu’ il Femble repoufler , parce qu’il
y eft étouffe, & qu'il a befoin d’air & de lumière
pour profpérer. Les climats méridionaux ne lui1
conviennent pas, mais il eft'le dernier arbre qu’on ■
trouve approchant du pôle : aufli plusieurs peuples
du Nord ne comptent-ils que fur-lui pour lechauf :
fa g e ,la bâtiffe & le charron vge. On en tire en]
France un produit des plus avantageux Fous ces ;
trois rapports, comme jeJe dirai plus bas.
Confidéré comme arbre d’ag.réman t f i le î
bouleau ne Fe diftingue ni par la beauté ni l’odeur
de Fes fleurs, il fe tait remarquer par h couleur
blanche de F>n écorce, la beauté de fon p o r t,
l ’élégance de Fes branches & la douce verdure ■
de fes feuilles : aufli un vieux bouleau ifolé -eft-il.
partout l’objet des empreffés regards deéousceux
dont les fenfations ne font pas émouffées. Une de
fes variétés lai fie retomber fes branches comme
le Faule pleureur j une autre offre des feuilles
d'une déch.iqueture fort fisigulière. .11 fait toujours
beaucoup, d'effet aux premiers rangs-ou à quelque •
difiance des maflifs des jardins où on le place..
foit pendant l’été, Foit, ce qui eft rare, parmi les
arbres qui perdent leurs feuilles en hiver.
Lés fleurs de bouleau., foit mâles, foit femelles,
Font difpofées en chatons à l'extrémité des rameaux.
Elles fe développent au printemps, avant
la pouffe des Veuilles. Les chatons femelles fubfif.
tentfitfqu’ à la fin de l'automne, & même quelquefois
jufqu au milieu de l ’hiver.
C e n’eft qu’ à fa trofftèïne année que l’épiderme
du bouleau devient blanc. Il ne peut être
■ levé .‘qu’à la cinquième ou fixième. On peut
l'employer en guife de papier, comme je le dirai
plus bas. Son écorce eft'épaiffe, rougeâtre, pref-
qu’incorruptible, & contient une halle èlFén-
tielle fort abondante. Les habitans du nord de
l'Europe en font un grand ufage pour couvrir
leurs mai fans, faire des va fes de ménage, des
louliers, des cordes ; enfin, on la mange dans
‘les momens de difette. Son huile effentielle , qui
•s'obtient par la combuftion , eft la bafe de la préparation
des cuirs dits de Ruffie ou de Rouflie.
Le bois du bouleau eft blanc, tendre, léger &
âffez folide. 11 pefe, lorfqu’il eft fec, 48 livres 2 onces y gros par-pied cube. Il brûie bien, mais
dure peu au feu. Ii s’emploie, comme je l'ai dit,
au c-harronage& à la batiffe j mais il eft., fous ces
d ux rapports, bien inférieur à p 1 u fi e ut s autres.
L’ ufage auquel il s'emploie le ,plus en France,
après le feu , eft la fabrication des fabots, qui
prennent quelquefois l’eau , mais qui font recherchés
à raifon de leur légèreté & de leur bas prix.
On le tournait autrefois pour en fabriquer des
fébiles, des afliettes, des^ vafes à. boire , 8:c.,
uftenfiles qu’ ori repouffe aujourd’hui que l'art de
. la faïencerie s'eft .perfectionné. Il eft fujet à pouffer
des loupes à intérieur marbré que Tében-if-
- terie ne dé.iajgne pas.
Les jeunes dg; s da^oa/ftfw Font excellentes pour
faire des cercles, & il eft quelques cantons, les
environs d’Orléans, par exemple, où c ’eft fou plus
fru&ue'ux emploi. Ces cercles, lorfqu’on leur a
coniervé l’é corce, durent fort long-temps. Avec
les brindilles de fes bran, hes" fe confeélion'nenc
dès‘balais économiques qui font très-recherchés,
ce qui engage à le cultiver , pour cet objet, dans
quelques endroits en têtard qu’ on' tond tous 1 s
deux ans. Avec fes feuilles, foit fraîches, foit
fâches-, on nourrit les beflïatix, & principalem-iu
les moutons, qui les aiment avec paflïon.
On peut juger par cetexpofé-, quelque peu détaillé
qu’il foit, combien la muhiplication du
bouleau doit être encouragée, & combien il eft à
defïrer que Fa culture en grand f-dr introduite
dans les mauvais terrains, fi multipliés en France,
où elle n 'eft pas connue.
La reproduction du bouleau commun fe faitpref-
qmexclufivetment par. le femis de fes graines,
mais on peut l’effeCtuerégalement, en petit, par
les marcottes, qui prennent racines dans l'année»
par rejetons, par Feétion de racines Sc même par
boutures.
Dans les pépinières, le femis du bouleau.s* exécute
ordinairement dans une planche expofée au nord ,
eu abritée du Foleil par de grands arbres , chargée
d’mr à deux pouces d’épaiffeur de terre de
bruyère-. La graine ne doit pas être du tout
enterrée, mais ’légèrement recouverte de paille
ou de moüffè. Des arrofemens pendant les grandes
féchereffes font toujours très-utiles. Les plants
provenus de ces Fèmis peuvent être relevés , dès
l'année fuivante , & être repiqués autre part à
un o-u deux pieds de diftance , Félon qu’on veut
; les mettre plus ou moins promptement en place.
Ils ne demandent, pendant toute la durée-de leur
féjour dans ce lieu, que les Foins dus aux pépinières
en général-
Mais la culture des bouleaux en pépinière eft
fort peu étendue, même aux environs de Paris ,
parce que- les befoins fe bornent aux plants def-
tinés pour les jardins p-ayfagers & pour la greffe
des autres efpëces. C ’eft donc de leur femis en
grand > pour la formation & le repeuplement des
forêts, dont je dois plus fpécialement m’occuper
içi.
Une infinité de fêmi-s de bouleaux ont manqué ,
parce que ceux qui les exécutoient ne favoient.pas
qu’une graine recouverte feulement d’une ligne de
terre, étoic une graine perdue pour la reproduction,
& que la plupart font par conféqtient trop
enterrées par le feul réfultatde la-fonte des mottes
dans les terrains nouvellement labourés.
D’après cela lorfqu'on veut f&rner un terrain
en bouleau , il faut fe contenter de le-herfer avec
uneherfe de fer en-long. &: en large, tant-pour en
ar.afher h moufle qu’en gratter la furface, & d’y
feuler, en automne, la graine à la volée, fans s’inquiéter,
lorfqu’ ilsne font pas multipliés à l’excès,
des huilions, des bruyères des g-roff-s mottes de
gizon reftés en place. Dans le cas oïl le terrain en
broie entièrement couvert, on Lecobueroit légèrement,
cette opération-étant toujours très-avan-
t g ufe à la réiuTite des femis de cette nature ,
aiufi que-le prouve la pratique fiivie-depuis longues
années dans la f r e t d’Orléans.
Un terrain ainfi femé ne demande plus aucun
autre foin que de le défendre des beftiaux ainfî.q.ue
dt-s maraudeurs , & au bout de quinze à dix-huit
a' s ri donnera line coupe de bois à b ûler de petite
groiTeur,, des cercles , des éclialas, du charbons,;
&-Cv
Si; le- ter-rain à Je mer étoit un- champ jufqu alors
cultivé en céréales ^ il convient ,, pour aiïùrer- la
reuHite, de l’ombrager pat des plantations dans la
direfiion du levant au couchant, de lignes de
topinambours écartés de cinq à frx pieds au plus,
ou de le recouvrir- de paille ou de mouffe.
On regarnit les bois de bouleau en couchant,
dans les places vides, l ’extrémité de quelques-
anes des tiges des trochées qui Jes-entoucent.. Lesmarcottes
prennent racine dars l’année , comme je
i’ai déjà obfervé, & peuvent être fevrées au printemps,
fui.vant.
Si les places à regarnir étoient trop grandes, on
y:*donnerait de loin en loin un coup de ratiffoirej
& on y femeroit une pincée de graine.
. La. nonrréuflite des femis de bouleau , lorfqu’ iîs
fe font fans les précautions qui viennent d’être in- .
di.qLiées., a fait croire à, la plupart des propriétairt s,-
& même à l'àdminiftratioji foreftière , qu’il eft
plus fur de le planter. En conféquence, ils font
lever des plants dans les foiêts ou il eft pre-fque;
toujours excefllvement abondant, &c l’emploient,
foit feul, foit intercalé avec du chêne-ou du châtaignier,
en le plaçant pendant l’hiver , les jours,
de gelée exceptés , en lignes écartées de deux
pieds au plus. - Ce plant , foit qu’on lui conferve *
foit qu’on lui. coupe la tête , réufïk affez bien lorf-
que l'année n’ eft pas trop fèche. Dans ce cas or*
peut ou labourer le terrain en totalité ou labou>.
rer feulement les lignes ou avec la charrue , on.
avec la bêche, ou avec la pioche. J'ai vu faire fort
économiquement, fort expéditivement & fors
fruôle-ufement une plantation avec des porteurs de
pioches de fe r , lefquels faifoient , en marcha;.t
devant eux , des rigo'es de quatre pouces de largeur
& de profondeur, dans le fqu elle s ils pJaçojent
un pied de bouleau de deux pieds en deux pieds,.
Je confeille donc ce mode de plantation de prêt
férence à tous les autres, lorfque la nature du fol
&y piêre..
Généralement on entremêle,, dans les plantations
, 1 e bouleau avec d’autres, arbres, principalement
avec le’ chêne & le châtaignier dans les terrains
fabionneijx & argileux, & avec le faule mar-
ceau ôc le cerifier ma h ale b dans les terrains calcaires.
J-à-mais je ne l’ai vu. fubfifter feul en taillis ,
& jamais je n’en ai vu de futaies uniquement con>
pofées, quoique j’ en ai vu des pieis de plus d’un
ftècle encore très-vigoureux^
Un des.avantages'du bouleau> e’èft la rapidité de-
fa recrue. U n’eft point rare que fes cepées at-.
teignent huit à. dix pieds dans l’année. Audi, d angles.
mauvais terrains, eft-il très-profitable de. !«
couper tous les cinq à-frx ans pour faire des fagots,,
des balais , & c ,
La tranfeription ci-deffous des notes prifes par
Lafteyrie pendant fes voyages dans le nord de l’ Europe;,,
complétera ce qu'il convient de favoir Fur
les. ufeges du bouleau.
«. Les familles des Lapons nomades que nous
avons, vues, en Norvège , à l’eft de Drontheim ,
conftruifent leurs cabanes avec des tiges de bouleau;
les branches répandues fur le foi & recouvertes
de peaux de rennes , leur fervent de fiége
durant le jour & de lit pendant k- nuit. Lis era--‘
ploient indiftinélement le fapin ou. \e bouleau pou-^
faire les vafes dans lefquels iis confervenr le lait »,
le beurre, Peau, ou ceux qui leur fervent au tare-
uag,e des peaux. Lis font encore avec le bois- d«