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où l’on enfeigne l’économie foreftière proprement
dite. Il eil donc bien plus fimple de réunir
dans un corps unique d’inftruétion tout ce qui \
dans les fciences, peut être utile à un f o r e f i i e r , &
d’en faire l’objet de fes études fpéciaîes. Prenons
pour exemple la botanique. Ün f o r e f i ie r n’a befoin
de connoître que les arbres , arbultes & les principales
plantes qui compofent les forêts, ou qui
peuvent y être cultivésj & cependant il ne parviendra
à cette connoiffance, dans les cours ordinaires
de botanique, qu'après avoir parcouru
toute la férié des plantes. Il en eft de même de
la minéralogie, de la zoologie, de l’étude du
d ro it, des mathématiques, & c . , &c.
Quant à la leéture des ouvrages f o r e f t ie r s , elle
ne peut nullement remplacer un .cours réglé d’études
, d’abord parce qu’elle exige, pour être
fru&ueufe , des connoiffances déjà acquifes &
même de la pratiquei en fécond lieu, parce que
les différentes parties de la fcience fe trouvent
difféminées dans un grand nombre d’ouvrages où
l'erreur eft quelquefois à côté delà vérité, parce
qu’ il faudroit, pour retirer d’utiles inftruétions de
cette leâure , un jugement capable de difcerner
ce qui eft conforme à l’expérience, de ce qui n’ eft
bafé que fur des hypothèfes , & parce que, fans
un guide éclairé & fur, qui faite connoître les
motifs des principes généraux , il eft fouvent difficile
de diftinguer les applications juftes & utiles
qu’ on doit en faire, des fauffes conféquencés qui
peuvent fe préfenter à l’efprit peu exercé. Rien
de plus commun , en e f fe tq u e de voir des per-"
fonnes qui partent d’ un principe vrai pour taire
une mauvaife opération. Nous avons fans doute
de bons ouvrages qui peuvent nous éclairer fur
diverfes parties de l’économie foreftiere, & l’on
doit placer au premier rang ceux de notre favant
Duhamel, qui forment le recueil le plus étendu
d’obfervations & d’expériences relatives aux bois.
Mais quel fera l'homme allez dévoué à fon état
$£ affez ftudieux pour aller chercher dans la foule
des écrits, les lumières dont il aura befoin? & en
fuppofant qu’ il puiffe s’y déterminer, aura-t-il la
faculté de fe les procurer? aura-t-il même le
temps, au milieu de fes occupations ordinaires,
de fe livrer à cette étude? L’expérience nous répond,
qu’à l’exception de quelques f o r e f t ie r s z é l
é s i on n’en trouve point qui s’inftruifent par ce
moyen , & qu’allez ordinairement ceux qui fe di-
fent praticiens, mettent très-peu d’intérêt à la
le&nre des ouvrages fcientifiques. Au furplus ,
ce n’eft point après qu’on a obtenu un état qu’on
doit commencer à l ’étudier, car c’eft prefque
toujours aux dépens de la chofe même que fe tait
cette étude. Il réfulte de ces obfervations qu’un
recueil méthodique des principes généraux publiés
fur l’économie foreftière & l’explication
rie ces principes dans des écoles particulières,
font les premiers moyens de former des f o r e f t ie r s ,
gc que la levure des ouvrages, dans leur état ac-
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tu e l, ne peut procurer des connoiffances exa&es
qu’ à ceux qui auront paffé par le premier degré, I
d'inftruétion.
i Le noviciat de quelques-années que l’on exige- I
. roit de la part de ceux qui fe deftineroient à des
j emplois dans les forê ts , ne feroit utile que lorf-
I que les élèves feroient placés fous des officiers
qui pofféderoient eux-mêmes les diverfes parties j
qui compofent la fcience foreftière j & comme, I
jufqu’ à préfent, on a été peu exigeant à cetégard’ I
la mefure n’auroit que des réfultats douteux pour
l’avancement des connoiffances. D’ailleurs, les
moyens d’inftruétion dans lës fciences, ne fe trou-
1 vent réunis que dans les grandes villes, & non dans I
la plupart des autres localités.
Ainfî, les moyens que l’on a préfentés, comme
pouvant tenir lieu des établiffemens fpéciaux,ne
peuvent réellement remplir cet objet.
La crainte des dépenfes que pourroit occasionner
l’établiffement de ces écoles, ne doit pas
l’emporter fur les avantages qu’il promet. Les
fautes que l’ ignorance fait commettre dans la manutention
& la plantation des bois Jont fouvent
irréparables , & le tort qu’ elies occafîonnent eft I
bien plus eonfidérable que la dépenfe que né- ;
celfiteroit l’inftru&ion. Combien d’opérations im- .
portantes ont manqué, après avoir co.ûté des j
fommes énormes, pour avoir été mal dirigées, 8c
combien le^ faux fyftèmes d’aménagement n’entraînent
ils pas de pertes dans les produits ! Telle
plantation n’a eu aucun réfutât utile, tel aménagement
a détruit les reffources de l avenir,
parce que les principes de l’art ont été méconnus«
Il en eft de l'économie foreftière comme de l’économie
rurale, c’eft par l’ homme que vaut la chofe.'
Au furplus, on verra bientôt que les frais de
! ces écoles ne chargeroient pas beaucoup le tré-
for public.
Ce que nous venons d’expofer fur la nécefïité
des écoles foreftières, n’ eft point le réfulcatd une
imagination qui s’ exagère la difficulté de bien ad-
miniftrer les bois. Nos obfervations repofentfur
des faits & fur l’expérience de ce qui fe paffe chez
nos voïfins. Il s’ èft élevé en Allemagne un cri général
fur la mauvaife adminiftration des bois de ces
contrées. Les auteurs f o r e f i ie r s ont prouvé que jamais
l’économie foreftière n’y atteindroit le degre
de perfection defirable, qu’aut-ant qu’elle feroit
enfeignée méthodiquement, comme tant d’autres
parties qui font l’objet de l’inftruëtion publique.
Leurs écrits ont fait impreffion fur l’efprit des
fouverains, 8c c’ eft aux inftitutions qui ont ete
formées, à leur inftigation, que font dus les progrès
remarquables que la fcience foreftière a rai«
en Allemagne depuis, jo ans. Il exifle un grand
nombre de ces écoles, parmi lefquelles nous pour*
rons citer celles de la Pruffe, de la Bavière, de a
Saxe, de Wirtemberg, du pays de Naffau, *
Saxe-Gotha, de Dillembouïg & de Fribourg- ^
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dit même qu’ il'en exifte en Ruftie , &e. Nous lavons
que le. bel état des forêts de Venife eft dû ,
non-feulement à l’excellent C o d e f o r e f i ie r de ce
Days mais encore aux écoles foreftières.
P jqous allons indiquer les diverfes parties qui _
conftituent l’adminiltration des forêts, & nous en
déduirons les connoiffances qu’eltes exigent, en
adoptant à cet égard les principes de MM. Har-
tjo, de Burgfdorf & de Van-Recum, toutes les
fois qu’ils feront compatibles avec notre fyftème
d’adminiftration. Nous fondrons leurs obfervations
dans notre travail , de manière à former un traité
complet fur cet important objet.
^ ^ — D e s d if f é r e n t e s p a r t ie s q u i c o n f t itu e n t l e
r é g im e f o r e f i ie r .
Le régime f o r e f i ie r a trois objets principaux : la
confervation , l’ a m é l io r a t io n & Y e x p lo it a t io n d e s
Il y a deux fortes de fervices: le f e r v i c e in t é r ie u r
des forêts & l e f e r v i c e e x t é r ie u r .
Le premier comprend toutes les opérations qui
■ fe font dans le fein même des forêts, celles que
■ lesaménagemens, balivages, martelages-, eftima-
. tiens, exploitations, améliorations, & tout ce qui
; a rapport à lafurveillance & à la police intérieure,
i Le fécond fervice fe compofe de tout le travail
I quife fait hors des forêts, c’eft-àrdirë, de ce qui
eft relatif à l’adminiftration proprement dite & au
[ contentieux.
Enfin, le fervice eft réparti entré les officiers
[ de ditférens grades, qui opèrent tous pour les
mêmes fins, & correfpondent entr’eux dans l’ordre
hiérarchique. Chacun eft refponfable de fes
[propres opérations, .& en outre garant folidaire
des a êtes de fon inférieur, dans le cas de négli-
| gence à prévenir ou à conftatef fes erreurs ou fes [ Fautes.
§. y f i— D e l a f c ie n c e f o r e f t iè r e . j§
i L’inftruétion doit être proportionnée aux difficultés
& à l’étendue des fondions dans chaque
[ grade. L’officier fupérieur eft obligé de connoître,
I non-feulement tout ce qui concerne fes fondions
particulières, mais encore ce qui regarde celles
| des grades, inférieurs. Autrement fes opérations
i & fa furveillance feroient toujours incertaines.
L’enfemble des connoiffances néceffaires pour
I remplir toutes les parties de l’adminiftration, forme
I k fcience d u f o r e f i ie r . L’application de cesconnoif-
I fances dans les opérations ,*conftitue Y é c o n o m ie f o -
I refii'ere. Ainfî, il y a entre la fcience foreftière &
l l ’économie foreftière, cette différence que l’ une
| enfeigne les principes théoriques d’après lefquels
| on doit con.ferver les forêts, les améliorer & en
I tirer le parti le plus avantageux, tandis que l’éco-
I nomie foreftière confîfte à mettre ces principes
I en pratique. L’une eft donc l a th é o r ie ÔC l’autre l a
I Pratique.
D i f t . d e s A r b r e s & Â r b u f i e s .
> f u n
La fcience foreftière eft d’une étude d’autant
plus difficile, qu'elle fe compofe de parties empruntées
à un plus grand nombre d'autres fciences,
& qu’elle n'eft point,,comme les mathématiques,
par exemple, une fcience d’ une efpèce fimple. Elle
puife fes élëmens dans l ’hiftoire naturelle , la phy-
fique, les mathématiques, la technologie, la ju-
rifprudence, & dans toutes les autres fciences auxquelles
fe rattaché, plus ou moins, fon effence
particulière. #
Nous allons indiquer les rapports de ces_ fciences
avec l’adminiftration des bois, les parties qui
lui font le plus néceffaires, & les degrés de connoiffances
que l’on doit exiger, d’abord des employés
inférieurs, & enfuite des officiers fupé-
rieurs.
Comme toutes les fciences s’enchaînent & s’en-
tr’aident, nous fuivrons l’ordre qui nous paroîtra
le plus naturel & le plus avantageux dans les
études.
§. 6 . — D e s c o n n o if f a n c e s n é c e f fa ir e s a u x g a r d e s .
Les gardes doivent, pour bien remplir tous les
détails de leur fervice, pofféder plufîeurs con-
noiflances, favoir :
I. P a r m i c e lle s q u e T o n e n fe ig n e d a n s l e s é c o le s
o r d in a i r e s t la leéture, l’écriture & le calcul.
II. D a n s l e s m a t h ém a t iq u e s , les mefures de longueur,
de fuperficie S c de folidité, fuivant l'ancien
& le nouveau fyftème. ,
III. D a n s , r h i f t o i r e n a t u r e l le , ‘I les caractères
principaux qui diftinguent les corps dans les trois
règnes de la nature ; i 6. quelques notions fur les
climats & leur influence fur les plantes; $°. les
différentes efpèces & qualités des terrains, 8e:
leurs effets fur la végétation} 40. la defeription
des arbres} j ° . leur claffification foreftière 8c
botanique. ‘ . . . .
IV . D a n s l a p a r t ie é c o n om iq u e d e s b o i s , les cultures
des différentes efpèces de bois, leurs qualités
& l’emploi qu’on en fait dans le pays, leur valeur
refpe&ive, les âges auxquels font fixées les
exploitations, les différens modes fuivis pour les
exploitations, les produits de toute nature que
l’on tire des forêts, leurs ufages 8c leur valeur;
enfin, tout ce qui peut concerner la manutention
locale des bois confiés à ces gardes. On conçoit,
d’après ces détails, combien il eft important de
conferver les gardes dans les mêmes portes, &
combien un ancien garde peut être utile par les
renfeignemens qu’il eft à poitée de fournir.
V . D a n s l a p a r t ie r è g lèm e n t a ir e & a d m in i f t r a t i v e ,
la connoiffanee des. difpofitions qui concernent
leurs fon étions, la rédaction des procès-verbaux ,
leur affirmation, les citations, la tenue de leur
livre-journal, les droits d’ufage qui s’exercent
; dans leurs triages, & tout ce qui intéreffe l’ordre i la police intérieurs.
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