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d’après fon fyftème d’aménagement, prodtiîfènt
beaucoup plus que les taillis (ans futaies > que le
produit des bois augmente dans une proportion
étonnante, (i l’on retarde l’époque des exploitations
autant que les terrains peuvent le permettre,
& qu’en général il eft de l’intérêt du Gouvernement
de prolonger lesaménagemens.
Mais il eft à obferver que M. de Perthuis n’a
point calculé l’intérêt de l’argent, & que fi les
aménagemens prolongés donnent le maximum des
produits en matières & des bois de plus belles di-
menfions, ils ne donnent cependant pas toujours
le maximum des produits en argent. En effet,
M. Hartig a trouvé que, bien que les futaies aménagées
à 120 ans produififfent, dans le même ef-
pace de temps, prefqu’une fois plus de bois que
des taillis aménagés à 30 ans, le produit'en argent
de ces taillis était dé.près de f au-defi'us de
celui de ces futaies. Mais il ne demeure pas moins
confiant que fi l’intérêt des particuliers eft de préférer
l’aménagement en taillis,celui du Gouvernement
eft d’avoir des futaies, paice qu’étant le plus .
grand confommateur en bois de conliruétion , il y
trouvera des reflources qu’il fcroit obligé defe procurer
audehors ; que d’un autre côté le panage &r le
pâturage font beaucoup plus importons dans les
futaies que dans les taillis, & enfin que l’objet
principal eft de fournir à la fociété le maximum
des produits en matières.
40. Il n’y a point de règles fixes à fuivre pour
exécuter les éclaircies, (bit par rapport aux époques,
foie par rapport à la quantité de bois à extraire.
Tout cela dépend de l’état de la forêt. Ce*
pendant il eft a (fez d’ufage que dans une futaie de
hêtre aménagée à 120 ans & qui a été conduite
précédemment d’après le fyftème, on procède de
la manière fuivante :
L’en èvement des bois blancs fe fait de temps
en temps pendant les 2$ ou 30 premières années.
C e nettoiement ne peut donner lieu à aucun abus,
parce qu’il né porte que fur des effences déterminées.
On le pratique dans plufieurs futaies de l’intérieur
de la France , & j’ ai eu occafion d’en remarquer
les bons effets dans les forêts de Sénon-
ches & de VilierS‘Cotterets. Mais ce nettoiement
de bois blancs ne s’y fait point aux époques fixées
par M. Hartig. On attend que ces bois (oient par^
venus à une certaine groffeur, & qu’ils aient de 36
à 40 ans & même plus. On eft obligé d ’attendre
cet âge, parce que les futaies n’ayant pas été traitées
d’après la méthode du réenfemencement naturel
en bois durs., elles ne fe couvrent d’abord que
de trembles & de bouleaux, & que fi on enlevoit
ces effences à 15 ou 20 ans, il ne refteroît plus
rien fur les coupes. Mais fi des coupes de réenfemencement
ou coupes fombres en avoient préparé le .re-
peupleme; t en hêtres & chênes, il n’y auroit plus
d’inconvéntent à avancer l’époque du nettoiement,
parce que les bonnes effences feroient bien plus
nombre ufes.
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La première éclaircie des bois durs, qui,dans
le fyftème allemand , porte fur les bois morts 6e
étouffés & fur les bois blancs, a lieu vers la trentième
ou la quarantième année. Dans cette opération
on laiffe dépuis 3700 jufqu’à ycoo brins par
he&are, fuivant l’état de ta fo rê t, la qualité du fol
& le climat. C ’ett l’opération la plus délicate 6e la
plus difficile de tout le fyftème. Elle ne peut s’exécuter
que fous la futveilUnce des toreftiers & par
des ouvriers inteiligens. 11 eft de la dernière importance
de ne point trop dégarnit la forêt & de ne
la point priver de fon état ferré & clos. Les bons
effets de cette éclaircie, lorfqu’elle eft bien exécutée,
font incalculables; mais tes inconvéniens,
dans le cas contraire, (ont aufl'i confid'érâbles.
La deuxième éclaircie fe fait vers la foixantième
ou quatre^vingtième année , fuivant l’ époque où
la première a eu lieu. Le nombre des brins à réfer-
ver varié depuis 1250 julqu’à 2500 par hêètare,
d’après les circonftances qu’on a expliquées. Elle
eft moins difficile que la première, en Ce que lé
nombre des réferves eft moins confidérable, & que
déjà le martelage peut avoir lieu.
La troifième éclaircie fe fait à la quatre-vingtième
année, fi la deuxième a été faite à la foixantième.
La réferve ordinaire eft depuis 800 jufqu’à
iy co baliveaux par heéhre. Il eft facile d’ y procéder
en marquant à la racine les arbres à abattre.
La quatrième éclaircie a lieu à cent ans. Elle
! laiffe de 6co à iocobaliveaux par he-éhre. C ’efl la
j plus facile, puifque le nombre des arbres à mar-
, quer, foit pour être abattus, foit pour être réler-
; v és , eft encore moins confidérable que dans la précédente.
A 120 ans, on procède à la coupe dite de réenfe-
\ mencement, dans laquelle on ne laiffe que 1 yo à
; 166 baliveaux par hcétare. C*eft cetre opération
qui diftingUe particulièrement le fyftème de
M. Hartig, & qui lui donne tant d’avantages fur
ceux qui ont été propofés en France. Elle eft defti-
née à procurer le repeuplement naturel de la
coupe par les fc mer. ces des arbres réfervés. Elle
exige fans doute de l’attention comme toutes celles
qui compofent le favant fyftème des éclaircies;
mais un foreftier intelligent & zélé faura furmon-
ter.toutes les difficultés.
Dans la coupe fecondaire ou coupe claire qui a lieu
quelques années après, c’eft-à-dire j lorfque la
coupe fe trouve couverte de jeunes plants de b
à 12 pouces de haut, on ne réferve que,50 arbres
par heétare pour achever le repeuplement dans
les endroits.où il feroit incomplet.
Il arrive auffi quelquefois qu’on eft obligé de
faire une fecônde coupe claire avant de procéder
à la coupe définitive, parce que le terrain n’eftpas
affez fourni de plants.
Enfin , on procède à la coupe définitive lorfqu®
l’enfemencement eft complet, ce qui a lieu, ordinairement
neuf à dix ans après la coupe fombre ou
de réenlemepcement. S ’il fe trouve alorsquelques
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endroits qui n’aient pu être repeuplés naturellement,
on y fupplée par des femis artificiels.
On voit qu’à l’exception de la première éclaircie
toutes les opérations s’exécuteront affez facilement,
& que fi cette première éclaircie fe fait j
par économie, tout le fyftème peut marcher.
Mais, nous le répétons avec M. Hartig, on ne
doit jamais forcer les éclaircies, ni trop les réduire.
il v a un julte milieu à obferver, fans quoi le mal
feroic plus grand que le bien qu’on voudroit
opérer.
Enfin, il y a plufieurs fortes de forêts où les
règles ci-deffüs doivent être modifiées d’après un
grand nombre de circonftances expliquées dans
les chapitres que nous avons traduits.
11 eft très-avantageux de procurer de l ’air
aux futaies exploitées d’après l’ordonnance, en les
perçant de routes, de chemins & d’allées. Le produit
en bois, loin d’être moindre, fera plus confidérable,
& on fe fera ménagé d’ailleurs dés moyens
d’arrêter les incendies, d’exécuter les. débarda-
ges, &rc., &c. Les bordures dont nous avons parlé
produifent. beaucoup de bois de marine, foit que
les futaies s’exploitent par éclaircies ou par contenance,
('»rivant l’ordonnance. On peut au (fi introduire
dans quelques futaies les coupes alternatives
qui préfentent l’avantage de fa.vorifer la production
des bois'de marine, de prévenir les chablis,
& de procurer une patrie des bons effets du fyftème
des éclaircies, fans en avoir les incon-
véniens. _
T r o i s ième m ém o ir e .
J)çs futaies d’arbres réfineux y de leur exploi-
tatiorii
P r e m i è r e p a r t i e .
Recherches fur ies dijférens modes a exploitation ufités
ou propofés pour les forêts d’arbres réftneux.
Chap. ï et. — Ofervations préliminaires.
Il exifte en France des forêts affez étendues ,
qui (ont compoféesde pin$,fapins, épicias & mélèzes,
foit purs, foit mêlés avec les hêtres & les
chênes. Ces forêts ont éprouvé, comme toutes
les autres, & peut-être plus que ies autres, des
réductions confidérabies dans leur étendue & dans
leurs produits en nature, par fuite des aliénations,
des exploitations vicieufes, & des abus qui, en général,
ont porté atteinte au fol foreftier avant &
pendant la révolution.
En ce moment (1821), la contenance totale des
forêts de ce genre, foit royales, foit communales,
eft encore d’environ yyOÿdôo heétares. Voici les
départemens où elles font fuuées, & le nombre
a?proximatif d’heétares que chaque département
contient.
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heétares.
A ll ie r ......................... , 800
A r r i é g e . 16,500
Alpes (Baffes-). . . . . 18 ,7yo
Alpes (Hautes-)".. . . 5 3,000
Ardèche..................... 8,270
Aveyron........... 160
Aude.......................... 12,900
Bouches-du-Rhône.. 5,150
1 Cantal.. . . . . . . . . . . y,5yo
Corfe............... v,.. 9,700
Drôme....................... 24,400
Garonne (Haute-). • 6,706
Ifère...................... . . 41,000
Lo ire ......................... i , ico
Loire (Haute-)... . . 750
Morbihan.................. 170
Puy-de* Dôme,........... 2,700
Pyrénées (Baffes- ) . . 40,000
Pyrénées (Hautes-). 10,000
Pyrénées ( orient. ) . . 16,000
V a r .» ...................... . 18,000
Vaucîufe.................... 5,400
Mofelle.. . . . . . . . . . 6,000
Meurthe.................... 3,000
Vofge s...................... 77,806
Rhin (B a s-).............. 43,700
Rhin (Haut ) ........... 60,000
D o u b s ............. .. 22,000
Jura. . . . . . . . . . . . . . 13,600
LSiône (Haute-).. . . 2C0
Ain......... .. ., .......... .. 26,200
Beaucoup de mélèzes.
Beaucoup de mélèzes
& de pins futfas.
Pin 8c chêne kermès-.
5 4 8, IOO
Dans ce tte maffe, il y a trois cîhqtlièthes de
bois communaux, c’ eft-à-dire,, environ 300,000
he&ares.
Nul doute que l’étendue de nos forêts réfineu-
fes ne fût beaucoup plus confidérable autrefois.
Cependant nos premiers réglemens fe font peu
occupés de Y exploitation des bois réfineux. L or»*
donnance de 1669, quoiqu’elle faffe mention du
fapin dans l’article 1 " . du titre des amendes & ref-
titutions, garde le plus profond filence fur la manière
de traiter les forêts de ce genre. Mais peu de
temps après la publication de ce réglement, un
arrêt du confeil remplit cette lacune , & il paroîc
que Y exploitation par pieds d’arbres en jardinant fut
adoptée comme la plus convenable aux foiêts réfi-
neufes.
Un décret du 30 thermidor an 13 a maintenu
ce mode à l’égard des forêts de fapirrs, & des forêts
mêlées de hêtres & de fapins. Cependant ce
décret n’exclut pas formellement les autres modes
Ü exploitation. Il porte feulement que Y exploitation
en jardinant ne pourra avoir lieu que dans les forêts
dont nous venons de parler; ce qui veut dire
qu’elle fera proferite de toutes les autres foiêts,