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s’ il eût été exploité tous les 20 ans. Pour cet effet,
il fuppofe que le groffiffement moyen «les brins de
la fut >ie eft Ue 3 lignes de diamètre ou de 9 lignes
de tour annuellement (quoiqu’ il foit quelquefois
de 12 & 16 lignes), & que tout le bois fera réduit
en bois de chauffage j il oblerve qu’il n’aura point
égard à l’augmentation de hauteur que les arbres
auront pu prendre au-deffus de 20 pieds, depuis 20
ans jufqu’à 80, quoiqu’à cet âge l’élévation des
arbres foit bien plus confidérable. Ces élémens ne
peuvent faire fufpedter fes calculs d’ exagération.
A 20 ans, les brins du taillis, qu’on a fuppofé
groffir de 3 lignes de diamètre par année, avoient
5 pouces de diamètre à 3 pieds de terre, & 20
pieds d’élévation. A 40 ans, ceux qui auront été
confervés lors de l’éclaircie de 20 ans, auront 10
pouces de diamètre ; à 60 ans, les brins réfervés
dans l’éclaircie de 40 ans auront 15 pouces de diamètre}
à 80 ans, les brins reftans de la dernière
éclaircie de 60 ans auront 20 pouces de diamètre.
Maintenant, pour connoïtre l’accroiffement des
brins d’après ces fuppofitions, l'auteur prend le
carré du diamètre dont l’arbre a groffi à chaque
révolution; parce,que les cercles, & par confé-
quent les cylindres de même hauteur, font entre
eux comme les carrés de leur diamètre. Maisj’ob-
fer-ve qu’ il a fait une erreur de calcul dans }e carré
du diamètre des 900 brins compolânt fon taillis
de 20 ans, & que cette erreur a influé.fur toutes
fes opérations arithmétiques. Le diamètre individuel
des 900 brins étant de 5 pouces, le carré de
5 eft de 2 5 , qui, multiplié par 900, qui eft le
nombre de brins, donne 22 500. O r , le premier
antécédent de toutes les règles de proportion à
faire, devoit être ce nombre 22,500, & il n'eft
dans les calculs de l’auteur que de 12,500. Scs ré-
fultats font donc erronés. Je procéderai d’après
fes autres données, en reélifiant cette erreur.
Les 450 brins coupés à 20 ans avoient 5 pouces
de diamètre, ce qui fait en carrant ce diamètre &
en multipliant le carré par le nombre de brins coup
és , 11,250 pouces carrés. Le taillis étant eftimé
120 francs, les 450 brins qui en formoient la moitié
valent 60 francs. Les zoo brins coupés à 40
ans avoient chacun 10 pouces de diamètre , dont
le carré pour les 200 eft de 20.000 pouces carrés.
51 11,250 ont donné 60 francs, combien donneront
20,000? On a cette proportion, 11,250 : 60
: : 20,000 : 106 francs 66 centimes.
Les n o brins que l’on coupe à 60 ans ont 15
pouces de diamètre, dont le carré, multiplié par
1 10 , tft de 24,750. Ainfi on a cette proportion ,
11,25g : 60 :: 24,750.: 132 francs.
Les 70 arbres que l’on coupe à 80 ans ont 20
pouces de diamètre, dont le carré, multiplié par
70, eft de 28,0005 on a cette proportion, 11,250
: 60 : : 28,000 : 149 francs 34 centimes.
Les 70 arbres reitans auront à ,100 ans, fuivant
l’auteur, au moins 30 pieds de tige, portant 15
pouces d’équarriffage au gros bouc, & 9 à 10
pouces à l’autre extrémité. En cet état, il les ef-
time(en 1792) à 18 francs darts le département
de l’Ain ; ils repréfenteront donc une valeur de
1,260 francs. Mais fi ces arbres continuent à croître
& qu’on en diffère la coupe jufqu’ à 150 ans,
ils acquerront depuis 100 ans une augmentation
de valeur égale à 1,^75 francs, c'eft-à-dire, qu’ils
vaudront 2,835 francs â 150 ans.
Réunifiant ces valeurs , on a :
Pour la première révolution. . . . 60 fr. » c.
Pour la deuxième........................... 106 66
Pour la troifième................................ 132 »
Pour la quatrième.............................. 149 34
Et pour la cinquième à 150 ans. .2,83 5 **
Total....................... ... 3 ,283.fr. »c.
Les calculs de l ’auteur portoient ce produit à
3,593 francs 40centimes, â caufe de l’erreur qu'il
avoit rommife. Quoi qu’ ri en foit, les 3,283 francs
ci-deffus donnent par feuille 21 francs 88 cent. ,
au lieu que Y aménagement en taillis n’eût donné
que 6 francs.
Mais comme Fauteur ne calcule ici que le maximum
fimple de la valeur du bois, fans égard à l’intérêt
de l’argent, rï ne diffimule pas que les rapports
changeront eh faifant entrer ce nouvel élément
dans la combinaifon des calculs; car il eft
clair, dit-il , que fi le propriétaire fe détermine à
vendre fon arpent de l’âge de iooans 1,260 francs,
ce capital, joint aux intérêts pendant 50 ans, s’élèvera
à 4,410 francs ; tandis que fi la coupe du
même arpent eft différée pendant cinquante ans de
plus, elle n’ équivaudra qu’ à 2,835 francs, perte
a laquelle il faut ajouter celle de la croiffance,
pendant environ 50 ans, du femis qui auroït été
fait.A
u furplus, Varenne de Fenrtle penfe que,
quant aux forêts du Gouvernement, on doit mé-
tamorphofer en futaies la plus grande partie des
taillis qui en feront fufceptibles, & qu'on ne doit
permettre l’abattage d’ une forêt que lorfqa’ il. eft
reconnu que les arbres>oui la compofent font parvenus
à leur maximumtraccroiffement individuel.
Nous allons maintenant fuivre M. de P-rthuis
dans l’expofé de fa méthode, qui tient le milieu
entre celle de Varenne de Feniile & celle des Allemands,
c’eft-à-dire, qui eft plus perfectionnée
que la première & moins complète que la dernière
, en ce qu’elle ne parle pas du repeuplement
naturel qui diftingue fi avantageufemem la méthode
allemande.
2°. M. de Perthuis, avant de paffer à l’expofi-
tion de fon fyftème, démontre aufii la néceffité de
prolonger l’époque des exploitations dans les bons
terrains, & celle d'établir des futaies pleines pour
prévenir la difette des grands arbres. Mais il n’entend
point parler de ces futaies abandonnées à la
nature, & fituées fur des terrains qui n’ont pas af-
fez de qualité pour nourrir les arbres pendant la
| commande suffi x 8é avec beaucoup de raifon, de
choilir pour réferves, dans ces éclaircifièmens,
j les effences les'meilleures, & parmi elles, les arbres
durée de leur aménagement. ïl rapporte à cette oc- J
cafion que les plus belles parties de futaies de la J
forêt de Fontainebleau, aménagées<à 300 ans, ne
fe vendoient, avant la révolution, que de 3,000
à 3,500 livres l'arpent, parce qu'elles ëtoienc
clair-femées (effet de leur trop grand-âge); ce qui
ne repréfencoic que 11 livres 13 fous 4 deniers
pour le prix de la feuille. Enfin , il reproche aux
vieilles futaies abandonnées à la nature, des vices
qui en font rejeter les arbres par les architectes &
les eonftruCteurs de marine, & l’inconvénient de
préfênter beaucoup de vides biffés par les effences,
qui n’ont pu atteindre la révolution de Y aménagement.
Il ajouté qu’on eft obligé de remplacer ces
vieilles futaies par des plantations, parce qu’elles
font incapables d'aucune reproduction lorsqu'elles
font abattues. Cependant, M. de Perthuis fixe à
225 ans Y aménagement des futaies qu’il propofe d’ éclaircir.
On verra plus loin que ce terme eft encore
trop long. Mais il a trouvé qu’à cet âge le produit
d’un arpent de futaie éclaircie, calculé d’après le
prix moyen du boisen 1788 , feroitde 20,449liv.,
faifant plus de 90 livres pour le prix de la feuille.
Voici maintenant l’expofé de fon fyftème.
Il fuppofe une futaie âgée de 30 ans', fituée fur
un bon terrain femblable à ceux qui forment la
feptième claffe de fon fyftème général ùYaménagement
, c’eft à-dire, où les bois préfentent 325 ans '
une ha tteur deqo à 50 pieds. Il prefcrit d'y faire à
cet âge un premier éciairciffement, tel que les
arbres reftans fe trouventefpacés d’environ 3 pieds
3 pouces ( 1 mètre 5 centimètres ) ; à 60 ans, un
fécond éciairciffement, tel que ces arbres foienc
efpacés d’environ 6 pieds 6 pouces ( 2 mètres 11
centimètres); à 90 ans, un troifième éciairciffement,
tel que lesaibres foient efpacés de 13 pieds
(4 mètres 22 centimètres) ; & à 120ans, un qua- :
trième, tel que les arbres reftans foient efpacés ;
d’environ 26 pieds (8 mètres46 centimètres). ■
On voit que la dittance à biffer entre les arbres
reftans augmente du double à chaque écbirciffe- I
meét, & qu'il s’agit par conféquent d’enlever chaque
fois la moitié de ces arbres après b première
éclaircie.
M. de Perthuis eftimé que le deuxième éciairciffement
enlevera 300 tiges par arpent ; le troifième
, 180; le quatrième, 35 j & qu’il reftera pour
1a coupe définitive 70 arbres.
Il démontre que les écbirciffemens , loin d’être
onéreux, feront profitables; & que la valeur du
premier, quoique peu confidérable, excédera encore
les frais de main-d’oeuvre. Quant aux trois
autres, ils préfente nt des produits très-avantageux.
Il recommande de ne pas forcer les premiers
écbirciffemens, parce qu’on ne retrouverait plus
les diftances dans lefquelles il faut faire le dernier, :
& conféquemment les 70 arbres qui doivent ref-
terfur chique arpent de ces futaies; que d’ailleurs
de trop grands écbirciffemens empêcheroient les
tigts des arbres de prendre de l'élévation. Il re-
les plus beaux, les plus fiins & les plus vigoureux.
Il y a encore quelques formes d'arbres
qui lui paroiffent d’autant plus précieufes à con-
ferver pour 1a marine, quVlles fe trouvent rarement
dans les forêts: ce font les chênes de courbure
uniforme, & les chênes fourchus à une certaine
hauteur de tige, dont les deux branches préfente
ne de fortes dimenfions.
Les bons effets de ces écbirciffemens fe trouvent
très-bieu- décrits par cet excellent obferva-
teur, & il en conclud qu’ à j 20 ans , les arbres des
futaies ainfi éclaircies auront déjà de 4 a 6 pieds de
tour ( 1 mèrre 30 centimètres à 2 mètres); à 15Ô
ans, de 5 à 9 pieds ( 1 mètre 6ô centimètres à 3 mètres
) : à 2 2 5 ans, de 8 à 11 pieds ( 2 mètres 60 centimètres
à 4 mètres) ; & que leur rige pourra prendre
une hauteur de 30 à 70 pieds ( io à i3 mètres).
D’un autre côté, ces arbres étant toujours choi-
fis à chaque éclairciff.ment parmi les plus beaux ,
les plus fains & les plus vigoureux, il s'en trouvera
bien peu de gâtés à 225 ans, & ils offriront alors
à la marine, aux conftruftions civiles, & c ., des
pièces de bois des plus grandes dimenfions.
Quant au tort que pourroient faire ces éclaircies
par la chute des arbres & leur fortie, l’autr ur fait
obferver que le premier éciairciffement fixé à 30
ans ne produira que des perches que l’on pourra
tirer à bras d’hommes de deffous les bois reftans ;
que le deuxième éclairciftement produira des arbres
de petites dimenfions, dont la fortie pourra
caufer quelques dommages aux arbres reftans;
mais que déjà cet éclairciftement procure entr’eux
un efpacement de 6 pieds & demi, intervalle qui
permettra de les enlever en traîneaux ou en char-
retins (1); qu’au troifième éciairciffement, les arbres
reftans fe trouveront efpacés de 13 pieds, 8c
qu’àlors ces dommages feront moins multipliés ;
qu’enfin, au quatrième, cet efpacement fera de
26 pieds, & l’exploitant aura toute 1a place nécef-
faire à fon exploitation (2).
(t) Ce fecorid éclaircifTement eft celui qui préfente le
plus de difficulté , foie dans le fyftème de M. de Perthuis ,
foif dans celui de M. Hartig. Cependant on peut l’exécuter
fa Jis caufer beaucoup de dommage à la jeune futaie, en
prenant les précautions qui feront indiquées <fans le quatrième
chapitre de cette fécondé partie.
(2) L ’expérience que m’oifrent tous les ans les pépinières
confiées à ma furveillance , peut faire croire que M. de
Perthuis, dwiit j’adopte au refte les principes & dont j’ai
fuivi la pratique avec le fuccès le plus complet , indique
un trop long terme au premier éclairci. Il eft généralement
reconnu que les piemières années influent prodigieufement
fur l’avenir de.s arbres; & en effet, c’ eft lorfque leur parenchyme
n’eft pas encore confolidé, lorfque les canaux feveux
ont les plus grandes dimenfions, que leur accroiflement
eft le plus rapide. Auilï, dans les pépinières, rabat-on rez-
terre , à deux ou trois ans & pendant l’hiver, tous les
P feints mal venans, pour, .en fupprimant à diverfes reprifes,
dans le courant de l’été fuivant, tous les brins qu’ ils o&t
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