
AUBA. Synonyme de Saule & d’OsiER dans
le département de Lot & Garonne.
AUBARÈDE , AUBARE1N. Lieu planté en
Sa u l e s , & Bourgeon d'osier dans le départe*
-ihent de la Gironde.
AUBÉE. Synonyme d’OBiER.
AUBERGUE. On donne ce nom , dans le departement
de T Aveyron, a une Marne où I’A r -
gile domine , qui repofe fur des pierres fiflîles
remplies de bélemnites, de cOrnes d’ammcn, &c.
Cette terre eft peu fertile dans les meilleures
années, & redoute autant les longues féthereffes
que les pluies prolongées. Il eft fort difficile, en
général, de tirer un parti avantageux des fols appelés
primitif s par les géologues.
AUBERTIE. Aubertia. Arbre de. l’ île de la
Réunion, qui, avec les Am pac s de Rumohius,
conftitue un genre dans la tétrandrie monogy-
nie. On n'en cultive aucun dans nos jardins.
AUBIER. Partie la plus extérieure du bois
des arbres, qui eft généralement regardée comme
un bois encore imparfait.
En effet, il eft compofé , comme lui, de parenchyme
formant des vaiffeaux longitudinaux &
des vaiffeaux tranfverfaux 5 feulement ces vaiffeaux
font plus larges.
On diftingue d’ autant plus facilement Y aubier
du bois, que ce dernier eft plus coloré : ainfi il
eft très-viÜble dans le chêne, & à peine appréciable
dans le peuplier. Les arbres qui font dans ce
dernier cas s’ appellent généralement bois blancs.
L’ épaiffeur de Xaubier varie non-feulement dans
chaque efpèce d’ arbre, mais encore dans les individus
de la même efpèce, félon la fituation où
ils fe trouvent : ainfi un chêne 'crû fur un fol
humide, ou au milieu d’une futaie, en a plus que
celui qui végète fur un fol aride & à l’expofition
du midi. Cela fe montre même fur le même arbre,
par exemple, du côté du nord & du côté des plus
greffes racines.
Il n’y a point de moyen de féparer Xaubier du
bois, car leur union eft intime & leurs fon&ions
ne font point diftinékes : feulement le dernier
n’ a plus autant d’ influence fur la formation du
C am b ium .
Il eft difficile de fe refufer à croire que la tranfmu-
tation de Xaubier en bois s’ exécute par le dépôt de
la fève dans les vaifléaux , puifqu’il eft reconnu que
les vaiffeaux de ce dernier font d’autant moins larges
, qu’ ils font plus près du coeur, & que les arbres
dont on empêche la fève de redefeendre aux
racines, en enlevant un large anneau à leur écorce,
perdent prefque tout leur aubier avant leur mort.
Beaucoup d’obfervations tendent à faire croire
que c’eft par Xaubier que la plus grande partie de
la fève monte, & cela doit être, puifque fes vaifféaux,
ainfi que je l’ai obferyé plus haut, fontpîus I
larges.
La fève qui eft dans les vaiffeaux de 1 aubier
s’écoule en partie naturellement par les pores de
leurs utricules, puifque, lorfqi/on écorce un arbre
au mois d’avril, on la voit paroître en gouttelettes
fur fa furface. C ’eft probablement par ce moyen
que l’écorce en eft abreuvée , car il ne paroît pas
que cette dernière jouiffe de la propriété de la
charrier. Voye-{ É corce.
Toutes les obfervations tendent à faire croire
que Xaubier ne s’accroît d’ une nouvelle couche
que lorfqu’ il a tranfporté fuffifamment de fève au
fommet de l’arbre pour développer le s feuilles,1
-qui renvoient cette même fève élaboiée & fur*
i chargée de carbone, c’elt-à-dire, transformée en
C ambium, vers les racines, lequel cambium s’or-
ganife dans les vaiffeaux les plus voifins de V1 é-
corce & fe fixe à la furface de la couche la plus
extérieure de Xaubier en grains alongés, plus ou
moins gros, grains qui, par leur réunion, au I
moyen d’autres grains intermédiaires, forment |
d’un côté ure nouvelle couche d’aubier , 8c de I
l’autre une nouvelle couche très-mince d écorce. I
y ’oye^ C ouches ligneuses, C ouches corti- I
cales & L ib er .
L’arbre groffit ainfi à chacune des deux Seves,
mais plus à la fécondé, parce que la feve d août I
ne fert qu’ à l’accroiffement des tiges & des I
racines, tandis que la fève du printemps eft employée
non-feulement à la même fonction & a I
l’alongement des branches, mais encore à la pro- I
duétion des feuilles, des fleurs & des fruits.
Non-feulement Xaubier, ainfi que je 1 ai annoncé
plus haut, eft plus tendre que le coeur du
bois, mais encore il eft plus fufceptible & de
pourriture & de vermoulure5 auffi eft-on oblige
de l’enlever des bois deftinés pour les conftruétions
civiles & navales, pour le fervice de la menuiferie,
de l’ébénifterie, & c ., ce qui occafionne de grandes
pertes de bois, environ le quart dans^ le chêne.
Vaubier eft même très-peu propre à être brûlé,
donnant un feu peu aétif & peu durable. On a
donc dû defirer un moyen de le faire difparoître,
& o n a c ru le trouver dans I’Égorcement, cite
comme avantageux par Vitruve, mais très-pu»
pratiqué. > > j
Buffon , le premier, & enfuite Varenne de
Fenille , ont fait un grand nombre d’expériences
dont je crois devoir configner ici le réfultat, quoi- ,
que quelques écrivains allemands aient jeté dernièrement
quelque doute fur leur exactitude.
Voici l’ extrait que j’ en ai publié :
« En 1787, le 51 mai, Buffon fit écorcer,
fur pied, quatre chênes d'environ trente à quarante
pieds de hauteur & de cinq à fix piecU de
pourtour, très-vigoureux, bien en fève , âges
d’environ foixante-dix ans. Il fit enlever l ’écorce,
depuis le fommet de la tige jufqu’au pied d é la bré
, avec une ferpette. Cette opération eft tres'
aifée, l'écorce fe féparant facilement du corps de •
l’arbre dans le temps de la fève. Quand ils furent
entièrement dépouillés de leur écorce, il fit abattre
quatre autres chênes de la même efpèce (le chêne j
blanc, quercus peduneufata ) dans le même terrain,
& auffi femblables aux premiers qu’il put les trouver.
Il en fit encore abattre fix & écorcer fix autres.
Les fix arbres abattus furent conduits fous un hangar
, pour pouvoir fécher dans leur écorce & les
comparer avec ceux qui en étoient dépouillés.
Les arbres écorcés moururent fucceffivement
dans l’efpace de trois ans. Dès la première année ,
s Buffon fit abattre, le 27 août, un de ces arbres
S morts Ma cognée, ne pouVoit l’entamer qu’avec
peine. L'aubier fe trouva fec , &: le coeur au bois
1 humide & plein de fè v e } ce qui, fans doute,
[futcaufe que le coeur parut moins dur que l'aubier.
[Il fit feier tous ces arbres en pièces de quatorze
pieds de longueur, qui lui fournirent chacune
une folive de même hauteur, fur fix pouces d’é-
[ quarriffage. Il en fit rompre quatre de chaque efpèce,
afin de reconnoître leur force.
de 248 livres. Ayant enfuite fait la même épreuve
fur plufieurs barreaux du même chêne en écorce,
le poids moyen s’eft trouvé de 2y onces ~ t &r la
charge moyenne de 25A livre?* Ceci prouve que
Xaubier An bois écorcé eft non-feulement plus fort
que Xaubier ordinaire, mais même beaucoup plus
que le coeur du chêne non écorcé, quoiqu’il foie
bien moins pefant que ce dernier.
Deux autres épreuves confirmèrent encore cette
vérité, & même les différences furent bien plus
confiderables dans la fécondé , puifqu’ une folive
A'aubier écorcé ne rompit que fous le poids moyen
de 1253 livres, tandis qu’une autre, tirée d’un
arbre non écorcé, fe brifa fous la charge moyenne
de 997 livres.
Il faut remarquer que, dans ces expériences, la
partie extérieure de Xaubier t ll celle qui réfifte
davantage } en forte qu’ il faut conftamment une
plus grande charge pour rompre un barreau à'aubier
| La folive tirée du corps de l’arbre qui avoit
: péri le premier après l’écorcement, pefoit 242 li-
i vies , & fe trouva la moins forte de toutes, &
[rompit fous 7940 livres.
. Celle de l’arbre en écorce qu’il lui compara,
pefoit 234 livres & rompit fous 7320 livres.
[• La folive du fécond arbre écorcé pefoit 249 11-
l vres; elle plia plus que la première, & rompit fous
[,1a charge de 8362 livres.
■ Celle de l’ arbre en écorce qu’ il lui compara ,
[pefoit 23 6 livres j elle rompit fous la charge de
«7385 livres.
| La folive d’un arbre écorcé, qu’on avoit laiffé
| exprès à l’injure du temps, pefoit 258 livres,
[plia encore plus que la fécondé, & ne rompit que
Bous 8926 livres.
I Celle de l’arbre en écorce qu’il lui compara,
I pefoit 239 livres & rompit fous 7420 livres.
Ë Enfin , la folive de l ’arbre écorcé, qui fut tou-
l'jours jugé le meilleur, & qui mourut le plus tard,
Jfetrouva emeffet pefer 263 livres, & porta, avant
■ de rompre , 9046 livres.
I La lolive de l’ arbre en écorce qu’on lui com-
l'para,pefoit 238 livres & rompit fous y j’oo livres.
| Les autres arbres fe trouvèrent défectueux &
| ne fervirent pas.
I On vo it, par ces épreuves, que le bois écorcé
!■ & féché fur pied eft toujours plus pefant & con-
! ^fidérablement plus fort que le bois gardé dans fon
écorce. Ce qui fuit eft encore plus favorable.
I 1 De Xaubier d’ un des arbres écorcés, Buffon fit |
Itirer plufieurs barreaux de trois pieds de longueur I
I fur unpouce d’équarriffage, entre lefqüels il en choi-1 I fit cinq des plus pa1 faits pour les rompre. Leur |
v poids moyen étoit à peu près de 23 onces ÿ--, & la i
■ •charge moyenne qui les fit rompre, à peu près de 287 jj
■ livres. D’un des chênes en écorce, le poids moyen S I fe trouva être de 2$ onces & la charge moyenne !
pris à la circonférence de l’arbre, que pour
rompre un pareil barreau pris en dedans ; ce qui
eft tout-à-fait contraire à ce qui arrive dans ies
arbres trairés à l’ordinaire, dont le bois eft plus
léger & plus foible à mefure qu’il approche de
la circonférence.
C ’eft, comme je l’ ai déjà obfervé, à l’accumulation
de la fève qu’il faut attribuer l’ endurcif-
fement de Xaubier ; & il ne devient fi dur, que
parce qu’étant plus poreux que le bois parfait, il
tire la fève avec plus de force & en plus grande
quantité. L'aubier extérieur la pompe plus puif-
famment que Xaubier intérieur, par la même raifon 5
mais , à la longue, tout fe remplit à peu près également
} voilà pourquoi l’arbre mort la troifième
année étoit le plus fort, & l’arbre mort la première,
le plus foible. Vaubier de ces arbres ne doit donc
plus être regardé comme un bois imparfait, quoiqu’
il ait pris , en une année ou deux , la folidité
& la force qu’ il n’auroit autrement acquifes qu’ en
douze à quinze ans, qui eft à peu près, dans les
bons terrains, le temps qu’il faut pour transformer
Xaubier du chêne eri bois parfait. J’obferve,
en paffant, que le chêne pédoncule eft de tous ceux
de France celui qui a le plus d'aubier. Voyez l’article
C hêne.
Quels immenfes avantages ne peut-on donc
pas efpérer de tirer de l’écorcement des arbres?
quelle économie de bois de charpente furtout?
On ne fera plus contraint de retrancher Xaubier,
comme on l’a toujours fait jufqu’ ic i, & de le rejeter.
On emploîra les arbres dans toute leur
groffeur , ce qui fait une différence prodigieuse,
puifqu’on aura fou vent quatre folives d’un pied
dont on n’auroit pu en tirer que deux. Un arbre
de quarante ans pourra fervir à tous les ufages
auxquels on emploie un arbre de foixante ans ; en.
un mot, cette pratique aifée donne le triple avantage
d’augmenter le volume , la force , la folidité-
& la duipîé du bois.