
y°. E n f i n , i l e f i b ie n p lu s d if f ic ile d 'a p p r é c ie r l e s r e f - j
f o u r c e s d 'u n e f o r ê t e x p lo it é e e n j a r d in a n t 3 q u e c e lle s
d 'u n e f o r ê t f o u r n i f e a u n am é n a g em e n t r é g u l ie r , Dans tes forêts qu'on jardine, les bois de tous
âges fe trouvent mêlés, & il y a toujours une multitude
de vides, dont l'étendue ne peut être bien
calculée. Ces cii confiances rendent prefqu’impof-
fible l’appréciation des refiburces.de ces fortes de
forêts, parce que d’un côté on ne peut pas dire
dans quelle proportion fe trouvent les bois des
différens âges, & que de l’ aucre on ne peut également
apprécier la confiftance plus ou moins ferrée
de la forêt, ni la proportion des parties peuplées
, avec celles qui ne le font pas du tout. Il
n’en efi pas de même d’ une forêt exploitée par
coupes déterminées, où l’ on trouve réunis dans
les mêmes cantons les bois de même âge, & où
l ’ on peut également juger de leur quantité, & des
produits que chaque âge peut fournir.
Il efi inutile de pouffer plus loin la comparaifon
de Y e x p lo it a t io n par jardinage avec celle par coupes
déterminées, étant bien démontré que partout
où la première a lieu, on doit s'emprefier de
la remplacer par l’autre. Mais les avantages des
coupes réglées feront d’autant plus, affurés qu’on
les exploitera par éclaircie, d’ après les règles qui
ont été expliquées dans mes précédons Mémoires
pour les futaies de bois à feuilles, & d’après celies-
à peu près femblables qui vont être détaillées dans
la fécondé partie de celui-ci pour les forêts réfi-
neufes. tff j ;
M. Hartig me fournira encore fur cet objet la
refîource de fes favantc s infiruétipm.
Cet auteur penfe qu’on ne doit pas chercher à
effectuer tout d’un coup le changement d ' e x p lo it a t
i o n qu’il propofe. On ne peut l’ opérer que petit
à petit, & le meilleur moyen pour y parvenir
confifte à enlever d’abord, fur les cantons pourvus
d’ un recru fuffifant, tous les arbres arrivés ou
principaux qui diftinguent le fyftème des éclaircies
d’ave c-les coupes par pieds d’ arbres en jardinant, 8c j
nous avons fuffifamment prouvé que fi le premier
mode devoit être employé dans les futaies, ce de- 1
voit être principalement dans celles des arbres réfineux.
-fur le point d’arriver au terme de leur e x p lo it a t io n ,
en prenant les précautions indiquées à cet égard.
Après cette première opération , les brins reftans
feront éclaircis, coupes par coupes, à mefure
qu’ils grandiront & qu’ ils exigeront plus d’efpace.
.Quant aux befoins de la confommation, on tâ-
cnera d’ y pourvoir, d’abord par Y e x p lo it a t io n des :
vieux arbres qui fe trouveront, comme on vient
de le dire , fur les cantons fuffifamment pourvus
de jeunes plants, & enfuitepar les éclaircies périodiques
que l’on fera dans les anciens diftricts. Ces
propofitions feront fuffifamment développées dans
la partie fuivante de ce Mémoire.
S e co n de p a r t i e .
D e l 'e x p lo i t a t io n p a r é c la i r c ie & co u p e s p é r io d iq u e s
d e s b o i s r é f in e u x e n g é n é r a l .
C h a p . III. — Observations p r é l im i n a i r e s f u r cet objet.
Nous venons de faire connoître les caractères
On a vu que dans ce mode, les forêts doivent
être divifées par coupes comme dans les fo- j
rêts exploitées par contenance. Ain fi, les forêts i
réfineules que l’on foumettra au fyitème des |
éclaircies périodiques, feront aménagées d’après ■
des principes analogues, c’eft à-dire, que fi l’amé-
; nagement efi fixé à 140 ans , & que la forêt puiffe
fournir une coupe chaque année, on la divifera en
140 coupes j mais au lieu d’enlever en une feule
fois tout le bois d’une coupe, comme cela fe fait i
dans Y e x p lo it a t io n par contenance, à tire & aire, :
on ne le fera qu’en plufieurs fois, pour laiffer au j
terrain le temps de fe repeupler par les femences
des arbres réfervés jufqu a la coupe définitive.
Toutes les forêts réfineufes peuvent s’exploiter
par éclaircie, & c’eft le mode indiqué par I
M. Hartig; cependant les forêts d epicia s’exploitent
afiez généralement en Allemagne par coupes
étroites & à blanc, de manière qu’elles puifient le
repeupler par tes femences que le maffif reliant
envoie fur la partie exploitée.
Quoique les principes généraux de Y exploitation
par éclairciffement s’ appliquent à toutes les forêts
réfineufes,.il y a néanmoins des modifications à
obferver à l’égard de ces forêts, comme à l’égard
de celles qui font peuplées de bois à feuilles, fui-
vant les efpèces & l’état des bois dont elles font
compofées. Nous allons faire connoître les-inflruc-
tions de M. Hartig fur ces divers objets (1),
& nous y ajouterons quelques obfervations de
M. de Burgfdorf.
C h a p . IV . — D e l 'e x p lo i t a t io n d e s f o r ê t s de fapin
c o m m u n (2).
§. I er. D e l a m a n ié r é • d .'e x p lo it e r l e s f o r ê t s de cnit
, e fp è c e3 q u i f o n t d a n s u n é t a t f e r r é & a r r iv é e s a l âge
d ’ être a b a t t u e s , p o u r e n o p é r e r l e réenfemencement
n a t u r e l , 6* y f a v o r i f e r p a r l a f u i t e , a u ta n t que
p o f f ib le3 l'é d u c a t io n & l ’a c c r o ijf em e n t d u nouveau
.re c r u .
Quand , dit M. Hartig, une forêt de fapin
commun efi arrivée à l’âge où il convient d’en
(1) J ’ai traduit ces inftru&ions, ainfi que celles qui précèdent,
fur lés aménagemens, de l’ouvrrage de M. ,Hâr*
t ig , ayant pour titre : Lehrbuch fiir Foerfter, Iliftru Étions
■ pour les gardes. ■ :
(2) Comme les arbres réfineux font défîgncs fous plufieurs
noms , fuivant les diVerfes- Jqcalités, je rappellerai la fyno-
nymie des principales efpèces dont il fera queftion dans
ce Mémoire, en commençant ici par le fapiq commun.
Cet arbre efi: connu auifi fous les noms de fapin. blanc,
fapin argenté, de fapin de Normandie Sic dè fapin a fui e
d'if. A oies alba ' ( Jiiff. ) ; pirius abies (du Roi), j a
j taxi folia , abies argent ea.
faire la coupe, &r que l’on veut y favorifer. le re-
1 Hiplèmer.t par l’enfemencement naturel pendant
p'exploitation 3 on doit alors obferver examinent
outes les règles que nous avons données pour/’ex-
1 lo ita t io n par éclairciflement des forêts de hêtre,
parce que les forêts de fapin commun doivent être
traitées abfolumenc de la même manière. On commence
donc Y e x p lo it a t io n par la partie de la forêt
nui préfente le bois le plus âgé, ou dont la croif-
fance efi te plus ralentie, & on dirige les coupes
trs fo u e f t„ ou le f u d - o u e f t , ou le n o r d -o u e f i, de
manière qu’elles foient abritées des grands vents
par la partie reliante de.la forêt. On obferve aufii
ce qui a été dit à l’égard des forêts de hêtre^ dont
une partie fe trouve fituée en montagne, c’eft-à- ;
dire, qu’il faut commencer la coupe par cette par- ;
tie lorfqu’ on eft dans le cas de faire descendre le
bois en traîneaux, ou en le faifant glilïer jufqu’au
bas de la montagne, & qu’ il eft impoffible de le
tranfporter par voitures de l ’endroit même où il a
crû. Cette précaution eft néceflàire, parce que fi
on commençoit Y e x p lo it a t io n par le pied de la
montagne, le paflage des arbres, en defeendant,
feroit beaucoup de tort au jeune recru qui fe feroic
montré dans les coupes inférieures.
Alors on met petit à petit la forêt ou le canton
de la forêt qu'on doit exploiter, dans l’ état
d’une coupe d’enfemencement, où l’on réferve
parmi les arbres les. plus branchus & les plus ro-
biiftes un nombre de porte-graines, tel q u ' i l y a i t
un efpace d e 6 à B p i e d s de U e x t r ém it é d e s b r a n c h e s
. de l ’un a u x b r a n c h e s d e L 'a u t r e f i Y . La coupe mife
: dans cet état, on en attend le réenfemencement
i naturel, & lorfqu’il a eu lieu, on fait traîner fyr
toute là coupe des bourrées d’épines pour enterrer
les graines; après quoi on met cette coupe en
défends. Mais fi la femence étoit tombée en automne
avant l’époque de l’e x p lo i t a t io n , qui n’au-
roit lieu que dans l’hiver ou au printemps fuivant,
il feroit alors inutile de faire traîner des épines fur
le parterre, parce que le travail de Y e x p lo it a t io n
fuffiroit pour enterrer les graines & les faire entrer
fur la moufle.
On laiffe la coupe dans cet état îufqu’à ce que
l’enfemencement foit complet, & qu’il ait de trois
à quatre ans. Alors on enlève, autant que poffible
par la neige, environ la moitié des arbres à femences
réfervés, en prenant de préférence les plus
forts, & on obferve du refie toutes les règles concernant
la coupe claire, afin d’épargner les jeunes
plants. Enfin, lorfque le repeuplement a de 9 à 12
pouces (24332 centimètres ) de haut, on procède
à l’enlèvement définitif de tous les vieux arbres
refiés fur la coupe, parce qu’alors la forêt naif-
fante eft afiez forte pour fupporter la température,
& qu’en retardant cet enlèvement, on lui feroit
beaucoup de tort par la chute des arbres, ainfi
que par leur e x p lo it a t io n &. leur tranfport.
On laifle la jeune forêt en défends jufqu à ce
qu’elle foit afiez élevée pour n’avoir plus à crain-^
dre de la préfence des beftiaux, & lorfqu’elle a 40 ■
ans on commence pour la premièrefois à la débar-
raffer des b o i s é to u ffé s . . . . .
Après cette première éclaircie, il refte ordinairement
de 4500 à 5000 beaux brins par hedhre.
Le bois étouffé qu’on a enlevé confifte en perches
minces qui peuvent être utilement employées à
faire des échalas pour la vigne & le houblon, & à
faire des rames; on l’emploie aufii pour le chauffage,
à faire du charbon, 8c à plufieurs autres
ufages économiques.
Par la fuite on répète de 20 en 20 ans le meme
enlèvement de bois étouffés. Il s’exécute de manière
à laifferpar hedhre, favoir : lors de l’éclaircie
qui fe fait à 6 0 ans, de 1 yoo à 2000 des plus
beaux brins; lors de celle qui fe fait à 8o ans, de
800 à 1000 brins; 8c lors de l’éclaircie qui a lieu à
106ans, de 600 à 800, toujours des plus beaux
brins, qui refient jufqu’ à 120 ans, époque à t \ f Xm
p lo i t a t io n (1). Mais quand l’aménagement doit être
prolongé jufqu’à 140 ans, 160ou 180 ans,on continue
les éclaircies de manière à laiffer t o u jo u r s
p a r m i l e s p lu s b e a u x a r b r e s , favoir : à 120 ans, de çoo
à^oo tiges par hedlare ; à 140 ans, de 400 à 509 tiges;
& à 160 ans, de 300 à 400. Après quoi on
procède à la coupe dite de réenfemencement, comme
il a été dit précédemment.
Comme j’ai déjà fait connoître tous les avantages
qui réfultent des éclaircies bien exécutées ,
& que j’ai aufii indiqué toutes les précautions à
prendre , je ne le répéterai point ici. Je ferai feulement
obferver que dans les climats rudes & fur les
mauvais terrains, la première éclaircie doit Couvent
être retardée jufqu’à yo ou 60 ans, & qu’en général
on doit différer cette éclaircie jufqu’à ce que
les plus fortes tiges, parmi celles dominantes,
aient, dans les climats tempérés, de y à 6 pouces
de diamètre, mefurées près de terre, & dans les
climats plus rudes, de 6 à 8 pouces aufii de diamètre.
Ce feroit hafarder que de commencer plus tôt
les éclaircies; mais quand les brins ont acquis U
force dont on vient de parler, on peut & on doit
même débarraffer la forêt des bois étouffés, morts
& dépériffans; alors cette éclaircie, exécutée d’après
les règles qu’on a données, produira les effets
les plus avantageux, en favorifant la croiffance des
beaux brins, 8c en mettant un obftacle à la multiplication
des infeébs par l’enlèvement des bois
dépériffans qui les favorifent.
M , de Burgfdorf eftime qu’il faut fix ans avant
qu’une, coupe dé1 2, fapins foit repeuplée & garnie
de plants qui puifient fe paffer d’ombre 8c d’abri ;
( ! ) On ne doit pas perdre de vue qu’il s’agit d’une forée
dans (0 Ceft à peu près deux cents réfervés par he&are. un état ferré. Kkk 2