
le monde fait que les réferves qui , d’après les ré-
glemens, devroient en effet former des futaies,
font aujourd’hui, pour la plupart, réduites à l’ état
de taillis ; de forte que l’ on peut dire que la France
ne poffède prefque plus de futaies , fuite déplorable
des mauvais fyftèmes d’exploitation, Sc de
T inexorable cupidité qui a fait tomber nos antiques
futaies, pour les remplacer par des taillis dont les
coupes donnent des jouiffances plus rapprochées.
Nous avons démontré dans l’article A m én a g e m
e n t , que fi l’exploitation des bois en taillis
pouvoit convenir aux propriétaires particuliers ,
il n’en étoit pas de même à l’égard de l’ Etat, qui
devoir envifager , non les plus hauts produit* eh
argent, que donnent les taillis , mais les produits
en matières, qui font beaucoup plus confidérables
& de meilleure qualité dans les futaies que dans
les taillis.
Cas ou Von aménage les bois en taillis.
Les cas où l’on aménage les bois en taillis font
les i'uivans : i° . quand les eftences ou efpèces de
bois qui les compofent, ne font point fufceptibles
de former de grands arbres, ou qu’ elles parviennent
promptement à tout leur accroiffement ; telles
que le marceau , le tremble , le bouleau , le
coudrier; i° . quand le terrain eft maigre , ou n’a
que peu de profondeur & d’épaiffeur de bonne
terre > $°. quand on manque de bois dans une contrée
, & qu’on n’a d’autre moyen, en attendant
qu’ il foit fait des plantations, que de réduire les futaies
en taillis, changement qui foulage pour le
moment, mais qui, s’ il n’eft pris de mefures pour
la fuite , tend à amener une plus grande difette 5
40. quand le propriétaire vife plus aux produits
en argent qu’aux produits en matières-5 ce qui e(t
le cas le plus ordinaire pour les particuliers;
y®, quand on a befoin, dans le pays, de jeunes
bois pour faire des cercles, des échalas, des perches,
du charbon. Voye[ à l’ article A m e n a g e m
e n t , les explications que nous avons données
fur ces différentes circonftances, ainfi que fur les
produits comparatifs des taillis & des futaies.
De Vexploitation des taillis.
Les taillis poffédés par l’Etat, les communes &
les étab'iffemens publics, s’exploitent depuis l ’âge
de dix-huit jufqu’ à trente ans; mais la plupart à
vingt-cinq ans. Ceux que poffèdent les particuliers
fe coupent depuis neuf jufqu’ à dix-huit ou même
vingt ans; l’âge le plus favorable eft ordinairement
dix-huit ans. Les particuliers ne pouvoient
autrefois les couper avant dix ans; mais la loi du
29 feptembre 1791 leur a rendu la libre joui (Tance
de leurs bois; il leur eft feulement défendu de
les défricher. t *
Pour favorr à quel âge il convient d’exploiter
un taillis & quel eft le mode d’ exploitation le plus
avantageux d’après l’état du bois, il faut examiner
les circonfiances que nous venons d?expofer, &
furtout la qualité du terrain & les effences demi-
nantes.' Nous avons donné à cet égard de grands
développemens fous le mot Exploitation, auquel
nous renvoyous.
De Vefiimation des coupes dans les bois taillis.
Nous nous bornerons à expofer ici les principales
confédérations qui doivent déterminer la valeur
efiimative d’ une Coupe. La première chofe
donc on s’affure eft l’étendue de la coupe; on
examine enfuite les effences dont elle eft peuplée,
la groffeur des brins, la confiftance plus ou moins
ferrée du bojs, les ufages auxquels ils font propres,
c’eft-à dire , fi on peut en faire de belles
perches, des cerceaux, des ridelles, & c ., & fi le
bois peut donner du tan pour la préparation des
cuirs.
Toutes ces chofes évaluées en quantité & en
argent, d’après le prix du pays, on a une eftima-
rion affez jufte dès bois qu’on veut vendre, en dé-
duifant néanmoins les frais d’exploitation, qui
forme un objet confidérable.
Pour ce dernier objet, on examine, i ° . fi les
chemins font difficiles ; i°. s’ il y a loin de la coupe
au lieu où il faut livrer le bois; 3P. combien il en
coûte de voiture, foit pour le bois de corde, foie
pour les autres bois; 40. les frais pour l’abattage,
la façon de la corde, Téquarriffage ou tous autres
[ ouvrages; y®. ce qu’on donne au garde-vente; les
I voyages qu’il faut faire à la forêt; 6°. la facilité du
| débit des marchandifes ; car fi c’eft dans un pays
où les bois font rares, les fagots, les bourrées,
les ramilles, les copeaux , les Touches & autres
menus bois peuvent rembourfer une partie des
faux frais. On efiime auffi les travaux mis à la
charge de l’adjudicataire, & enfin le bénéfice
qu’il doit faire, fie q t ’on évalue ordinairement au
dixième de la valeur des bois. Nous renvoyons au
Traité de l'exploitation des bois par Duhamel, & à
l’ article Efiimation du Di&ionnaire général des
eaux & forêts , pour les détails de l’eftimation des
bois & les calculs qu’elle exige. (Baudrillart0
TAMARLX. Tamarix. Genre de plantes de la
pervtandrie wigynie & de h famille des portulaçées,
dans lequel fe rangent fept efpèces, dont deux
croiffent naturellement dans le midi de la France
& s’y utilifent. On les cultive dans les jardins
payfagers du Nord, malgré qu’elles y craignent les
gelées.
Efpèces.
1. Le T amarix de France ou de Narbonne.
Tamarix gallica. Linn. ï) Du midi de 1 Europe.
2. Le T amarix d’Allemagne.
Tamarix gernianica. D Linn. Du midi de 1 Europe.
3. Le T a m a r i x à quatre etamrnes.
■ Tamarix teurania. Marsh, f> De la Tauride.
4. Le T amarix d’Afrique, !
Tamarix africana. Poiret. J) De la côte de ,
Barbai ie.
y. Le T amarix articulé, vulg.atlê. !
Tamarix articulata. Vahl. T> d’Egypte. 6. Le T amarix de Sibérie.
Tamarix fongarica. Pallas. De Sibérie.
7. Le T amarix herbacé.
Tamarix herbacea. Pallas. Des bords de la
mer Cafpienne.
Culture.
Le tamarix de France eft très-abondant dans les
vallées inférieures des Alpes françaifes, fur le
bord destorrens, dont il dimirme'les dévaftations,
tant à raifon de fes rameaux longs &c flexibles ,
qu’à raifon de fes racines traînantes & très-garnies
de chevelu. J’ai lieu de croire qu’il îlevroit
être planté le long de ceux où il ne fe trouve pas
naturellement, préférablement aux Sa ules, qui
y font cependant fi utiles. (Voye% leur article.)
Il croît auffi fur le bord de la mer avec le tafnarix
d’Allemagne, & y joue un autre rôle non moins
important, c’eft-à-dire, que tous deux décom-
pofent, ainfi que lesfoudes, les falicors, l’arroche
maritime, l’athanafe maritime, le fel marin des
terres que recouvrent quelquefois les eaux de la
mer, s’approprient la foude, qui eft une des parties
conftituantes de ce dernier, & la donnent au commerce
par leur combuftion: On doit à M. Julia un
très-bon Mémoire fur cette propriété, connue de
tout temps dans les environs de Narbonne. Ainfi
donc, lorfqu’ on voudra cultiver en céréales, ou
autres articles, les marais falés, les plages qu’une
tgrq ête aura momentanément couvertes d’eau de
mer, on y plantera des tamarix, on en coupera
les tiges tous les deux ans, on les brûlera pour
en retirer la foude, & au boqt.de dix ans on les
arrachera, avec la certitude que toute autre culture
pourra leur être fubftituée. Que de terrains
voifins de la mer qui, aujourd’hui font perdus
pour l’homme, pouvroient devenir des foùrces
nouvelles de richeffes l
Il eft affez fréquent, dans quelques lieux, de
compofer des haies avec les tamarix. J’en ai vu
de telles aux environs de Bayonre. Elles font
d’une facile & rapide croiffance, & ,d’une bonne
défenfe contre les animaux, qui ne touchent pas
à leurs feuilles, & d’ un bon produit par leur
coupe.
Je n’ai jamais vu de gros tamarix dans les lieux
où ils croiffent naturellement, parce qu’il eft de
l’intérêt de leurs poffeffeurs de les couper fouvent
pour le chauffage; mais il y en avoit un dans les
jardins de Trianon dont le tronc étoit de lagrof-
feur de la jambe, & la hautèur de plus de trente
pieds, qui, par fa vigueur, fembloit n’étre planté
que depuis peu. Il n’a pas été fait d’expérience
lur la nature de leur bois ; il m’a paru qu’il étoit
fort dur & qu’ il donnoit beaucoup de chaleur par
la combuftion.
La foibieffe dés rameaux des tamarix-, la perite
ffe & la couleur blanchâtre de leurs feuilles, ia
difpofition de leurs épis de fleurs, les rendent d’uti
effet agréable, furtout en buiffon, dans les jardins
payfagers ; auffi les y place-t-on très-fouvent, foit
ifolés au milieu des gazons, foit au fécond ou
troifième rang des maflifs. La première y fait
mieux que la leconde, & y eft plus commune,
quoiqu’elle foit plus fenfible aux gelées du climat
de Paris ; mais comme ces gelées n’affeélént jamais
les racines, il fuffit de couper les vieilles
tiges pour que la touffe foit rétablie, même avec
avantage, dès le milieu de l’été fuivant.
Toutes les terres, pourvu qu’elles ne foient pas
trop fèches, conviennent aux tamarix. On les multiplie
avec la plus grande facilité de boutures ou
de marcottes faites dans un lieu frais & ombragé,
au premier printemps, avec des rameaux de Tannée
précédente. Ces boutures ou ces marcottes
fe repiquent Tannée fui vante, à un pied de distance
, dans une autre partie de la pépinière, &
font dans le cas d’être mifes en place un an après.
La feule culture que demandent ces admîtes,
font un binage d’hiver, le retranchement des
tiges mortes ou pouffant trop irrégulièrement, &
leur récépage tous les cinq à fix ans.
Toutes leurs parties s’emploient en médecine
comme.aftringerrtes, à la teinture & au tannage des
cuirs. Dans l’Orient on fait des tuyaux de pipe
avec leurs rameaux, & de petits yafes avec leur
tronc.
TAMPO. Nom des Réservoirs pour I’Ir r i-
gation dans les Cévennes.
TANGUE. Mélange de détritus'de Coquilles
marines, de Poissons morts , de fable , de
V ase, qui fe ramaffe à l’embouchure des rivières
de la Manche, & qui s'emploie comme Engrais.
Il feroit à defirer que les cultivateurs euffent
partout, & en abondance, de la tangue, carêlle
porte dans les champs les principes de la plus
grande fertilité.
T A N I S E . Synonyme de Rouget. Voye%
Abeille.
TA P IO CA . On donne ce nom, au Bréfil, à la
Fécule du Manioc, dont on fait fort peu de
cas dans ce pays, mais qu’on vend fort cher en
Europe, quoiqu’elle diffère extrêmement peu de
celle de la Pomme de terre. Voye1 ces mots.
T AQUET. Dans le vignoble d’Orléans, ce
nom fe donne à la bafe du Sarment laiffée nar
la T aille, à ce qu’on appelle ailleurs Broche.
Voyei ces mots & V igne.
TARTARIGE. La Mélampyre des champs-
porte ce nom dans le centre de la France.