
avoient emreprifes.Pendant la rév o lu t io n , l'admi-
nifirarion foreftière avoit organifé une récolte annuelle
deer-aines dans la f o r ê t de H aguenau, la plus
méridionale de celles où il croifle en abondance,
&- en a fait Cerner les produits dans plufieurs de ce lles
confiées à fa furveillance. J’en ai. aufS fait beaucoup
une température plus élevée que ceux des bois voi-
fins qui offrent d’ autres efpèces d'arbres ; probablement
dédiftributions pour le compte du Gouverne- ,
m en t , & j’ ai provoqué un concours à la Société
d ’ encouragement j dont les réfulçats ont été fatis-
faiftns. Cep en d an t, ce ne font pas des c. e a w n e s
d ’arpens qui peuvent fou rn ir , en quantité fufh-
fau te , à notre marine, des mâts , des planches , du
bois à nos toyers. Il fau d ro it, pendant un necle entier
, s 'occuper des moyens de recouvrir les Commets
de nos hautes montagnes, aujourd'hui fi dénudées
, au grand détriment de notre agriculture
& de nos befoins en bois de toutes fortes.
C e que je vais dire convient également à ce p m 3
de forte quç je puis m'arrêter fur ce qui le concerne.
A j.C.,
U p in d'EcpJjfe y o u p i n ro.ugt y ne paroit difterer
du précédent que parce q u i l a les feuilles moins
v e r te s , plus lan gu e s , plus épaifles; les boutons
plus g ro s , plus réfineux; les cônes pourvus de
plus fortes faillies à leur bafe; l’écorce tougeatre
dans fa vieilleffe. Rarement il s’en trouve deux
pieds parfaitement femblables dans toutes leurs
parties dans le même c an to n , à plus foi te raifon
dans des terrains & à dàg expofitions differentes.
L o r fq u i l croît dans un fable granitique aride, il devient
le p in d f G e n è v e , \ e p in d e T n r r a r e , q u e j a i
long-temps regardé comme une efpèce dmincte.
J’en ai vu fort peu de beaux pieds dans les V o f-
g e s , en Auvergne:, en Cba rolais, leuls lleux eu
fe l ’ai o bfe rvé dans fon état de natu re , & cette
circonftance , jointe aux différences, confiantes
que j’ ai remarquées depuis fa.germination jufqu'à un
âge avancé, fuffifenc pour me déterminer à le regarder
comme formant une efpèce difiinête. Il croit
abondamment dans, le centre de la France, dans les
A lp e s , en Angleterre, en E c o iîe , en Irlande, ôfc.
On le plante fréquemment dans les jardins payfa-
g e r s , à raifon de U beauté de fon p o r t .d e la permanence
de fon feuillage , de la difpofition de fes
branches, toutes circonfiances qui contraflent
avec celles des arbres à feu.iiles caduques qui s y
trouvent également, , -
Les terrains granitiques font ceux ou croit na-
turelkmen t le pin d 'É c o ffe , mais il s'accommode
de tou s ceux oùfon Je p la c e , excepté lorfqu’ ils
font marécageux. Sa croiffance eft extrêmement
r a p id e , furtout dans fa premièrejeuneffe : elle
eft-quelquefois d'un pouce de diamètre & d'un
pied de hauteur par an. Il n'y a que le p in de
C o r fe & 1© p in Wey-mouth qui le furpaffent a
cet égard. Il a atteint foixante pieds de hautemr
moyenne vers quatre-vingts an s , époque où il irft
convenable de le couper. Les plus forces gejees ,
comme les plus grandes chaleurs, font bravées,par
lui. Les bois qui en font compotes confervent
à caufe de la réfine qui domine dans fes vaif.
féaux; fes rameaux coupés jouiffent même de cette
p rop r ié té , comme l'a eonftaté M. Moitte d Eper-
n à y , en les employant à empêcher les effets de la
G e l é e fur fes V i ç n e s . Ÿoye\ ces deux mots.
La propriété du pin d 'E c o fie , de c ro ître , avec
fu c c è s , dans les lahles les plus 3tides, le rend
précieux pour tirer un parti utile de beaucoup de
, terrains impropres à toute autre ptoduélion. Les
laudes furtou t, devroient lui. ê u e exclufivement
confacrées dans le Nord, & e lles le font dans quelque
s parties de la S o lo gn e , de la Baffe-Norman-
t e , du Perche & furtout du Maine, ou M- Dela-
marre en a fait d’ immenfes plantations. Les craies
de la Champagne ne le repouffent même pas, & il
eft aujourd'hui quelques propriétaires de cette
trifte contrée qui leur doivent leur aifance ,
l entr'auttes M. d eG e in o n , lefquels.font imités pat
; beaucoup d ’au tre s , ainfi que j'ai é té en pofition
de m’en affurer. D ’après les obfervations pofitives
de M . Delarnarre, auquel on doit un excellent
[é c r it fur les p in s3 ils donnent, fur une fuiface
égale de terrain, au moins dix fois plus de ma- ^
tière combuftible que les arbres a bois dur, & ils
font exploitables au moins moitié plus tôt. On en
tire par incifion la P o i x r é s i n e , par demi-com-
bultion le G o u d r o n , par dîït'illation la T eré- j
b e n t h i n e . {^Voye\ ces mots.) Ses feuilles font j
mangées par les moutons pendant l’ h iv e r , & ehes
[ les préfer.vent de la pourriture.
Hartig prétend que le bois du pin en préférable
à tout autre pour le chauffages mais je crois
, qu'il y a erreur dans fes ca lculs , car Lopinion
contraire prévaut partout. Il fe confirme rapi-
. dement, pétille à l'e x c è s , & donne beaucoup de
fumée qui fe recueille dans beaucoup de lieu x , &
: conflit ue le noir de fum ée du commerce. Le s éclats
; de fes pieds furch argésd e réfine, fervent, de^tor-
ches ou de'fiambeaux dans les pays o u ,il croit. ,
Dans quelques forges 1 fon charbon eft elbme
■ un cinquième moins que celui du chêne.
Malus a conclu d'expériences direéfes, inférées
Vom. X X de s A nnales d'A griculture, que les
p ins épuîfés de leur réfine étoient aufli-durs,
aufli forts & auffi légers que ceux q u i n avoient
pas été exploités fous ce rapport. C e fait mente
toute l’ attention des conftrutteurs de vaifieauX,
des architectes , & c . .
Le bois du pin d ’Ecofie s'emploie avantageuie-
ment p o u r la charpente partout où on peut s en
procurer. On en fait d'excellentes planches qui
ont l ’ inconvénient de conferver long-temps leur
odeur réfineufç. D ’après Varenne de Fenil le, »
pèfe v e r t , 74 livres 10 o n c e s , & fec,_30 livres
12 onces par pied cube. Il perd un dixième
fon volume par la defliccation. L'a&ion deftructive
de l'air & de l’humidité agit fort lentement m
lu i; aufli eft-ce un des meilleurs pour fervir a ia
conduite des eaux, pour être employé en pilotis &
étais des mines, & c .
Si 1 e pin eft f i précieux dans les pays où il croît
concurremment avec les autres efpèces d’arbres ,
combien doit-il l’être davantage dans ceux ou il
fe trouve feu l, les montagnes les plus é le v é e s , ou
l'extrême nord ! Il fembleroit que dans ces derniers
on de vroit le mén ag e r , le multiplier à
l’excès, & cependant partout on le gafpille & on
ne le reproduit pas. Les habitans aifés des montagnes
fe plaignent fans cefie de fa diminution, de
là difparition mêm e, mais les pauvres ne penfent
qu’à profiter des forêts communales, fans s’ inquiéter
du lendemain j ils s’applaud'iflènt même de
voir ces forêts fe rétré c ir , pour que leurs pâturages
s’étendent d'autant. Je parle d'après mes propres
obfervations. Il eft vrai que j ’ai vu quelques
repeuplemens dans le département des Vofges ,
dans le Jura, dans les environs de Lyon ; mais
comme ils font circonfcrits comparativement aux
dévaftations anciennes & nouvelles !
Les bois de p ins s'exploitent en jardinant,
c’eft-à-dire, en coupant les arbres les plus vieux à
mefure du b e fo in , & à quelque époqqe de l’année
que ce f o i t , ce qui laifie des places v id e s , où
les graines des arbres voifins geVment, & où le
plant qui en pro v ien t, favôrifé par l’ ombre &
l'humidité, profpère fans qu'on s’en mêle. J’ai
cependant vu en Auvergne dé ces fortes de bois
exploités par bandes étroites , c'eft-à -dire, feulement
de quelques toifes dans la direction des pentes,
& j’ai du en admirer les repouffes. M. Hartig
vante aufli ce m o d e , qui en effet évite la
dellruéliort ou la mutilation des jeunes plants ,
fuite de la chuté & du tranfport de ceux qu’ on
coupe. C 'e ft principalement dans des exploitations
en délit que Cés inconvéniens ont lieu ,
parce qu'on veut aller vite.
11 eft dans les forêts communales de pins une
autre forte de dé lit autorifé par l'ufage , &
qui concourt puiflamment à leur deftruétion ;
c’eft la permiflion donnée aux pauvres de caffer
les branches inférieures & de les emporter pour
leur chauffage. J’ ai vu pa rtout, & principalement
dans les Vofg.eS, méfufer de ce tte permiflion au
point d’élaguer les pins des lifières jufqu’à leur
feitimet, ce qui les empêche de commuer à.
croître en g ro fîeu t, au point de couper les jeunes
tiges de trois à quatre ans, efpoir de l’aven ir,
pour augmenter plus facilement & plus rapidement
leurs fagots. Ç ’eft par fuite dé ces abus,
que les environs de Siinte-Marie-aux-Mines ,
jïdîs fi riches en b o is , n ’en ont plus, même
P(>ur leur confommation ordinaire, & font ob ligés
de le tirer de loin à grands frais, comme je
tn’en fuis affuré fur les lieux. Les lois font fuffi-
fantes pour empêcher ces défordtes; mais elles ne
s exécutent nulle part pour les bois communaux,
buté de gardés honnêtes, fermes & fuffifamment
p a y é s . ' . :
« Je voudrois q«le partout les communes, les propriétaires
de b o is , fuirent obligés de mettre une
petite p u rie de leurs revenus en repeuplement, &
qu’ il fut févèrement défendu aux bergers de conduire
leurs beftiaux fur leur p ou r tou r , à plus de
cinquante toifes. Je voudrois aufli que tous ces
pou rtours , ainfi que les places vagues de l ’ intér
ie u r , fufiènt artificiellement femés très-épais.
Quelques graines, à un pied de diftance, en fe -
roient la façon , ainfi la dépenfe ne pourroit être
coiifidérable. J'ai provoqué fur cela l’attention du
Gouvernement.
Dans la zon e fro id e , où croiflent naturellement
les p ins y leurs graines & leurs jeunes plants trouvent
conftamment le degré d’humidité néceff.-.ire à leur
germination & à leur développement.' Il n’ en eft
pas de même dans les plaines. Aufli combien de
femis ont manqué ! combien de graines diftri-
buées par moi, au nom du Gouvernement, ont été
perdues, faute d’avoir fait attention à ce tte cir-
conftanCe! Il faut donc, avant de faire un femis de
p in s 3 dans un canton qui en eft d ép ou rvu , corn-
| mencer par garnir le fol de brouflaillés ou dé
, grandes plantes vivaces. Les plus communes font
j conftamment à préférer; mais comme elles c o û tent
fouvent plus à réunir, je leur préfère le Topinambour,
q u i , plante en lignes dirigées du le vant
au cou ch an t, à une diftance de trois à quatre
pieds, donne fuffifâmment d ’ombre & d’ humi-
; dité pour faire arriver au but. On a de plus les tiges,
en les coupant un peu avant les premières
ge lé e s, pour la nourriture des beftiaux.
T o u t terrain deftiné à être femé en pins doit
être entouré d'un fofle ou d’une h a ie , pour être
garanti du piétinement des animaux & même des
hommes. On doit en éloigner le gros gibier & les
lapms par tous les moyens pofîibles.
Labourer le fol où on veut former un femis de
pins 3 eft non-feulement in u tile , mais même
n u ifib le , parce que les graines fechent plus facilement
dans une terre m eu b le , que lés jeunes
plants n’y trouvent pas l’ hmidité qui leur convient,
& que les vieux y réfiftent m oins bien à l’effort des
vents. C e f a i t , fi contradictoire a v e c les princi- *
p;e s , eft eonftaté par l’expérience de tous les temps
&~de tous les lieux. Ainfi il faut fe contenter de,
gratter le fol pour pouvoir enlever le co llet des
racines des graminées & autres petites plantes qui
empêcheroierit les graines de g erme r, & pour
pouvoir les recouvrir d’ une ou deux lignes de
terre. D e la moufle 8c de la menue p a ille, étendues
fur le femis, en affureroient d’ autant plus la
réuflite , car, je lë répè te , c ’eft de l’ humidité qu’ il
lui faut pendant l 'é t é , & c'eft ce qui lui manque le
plus fou ven t: c'eft pourquoi les pins croiffent naturel
ement au nord des montagnes; c ’eft pourquoi
il eft avantageux de préférer ce tte expofition,
lôrfqu’on le peut, quand il eft queftion d ’en femer.
Parmi les àrbuftes qui fe plaifent dans le même
\ terrain qne le pi» d ’E c o fie , fe diftingue le genêt à
N n n n a