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gués de toutes leurs branches inférieures, qu’on 1
doit les lever pour les tranfplanter dans le lieu où
ils doivent relier. Quelquefois on attend fix ans &
plus pour avoir de plus gros troncs , mais , à mon
avis, c’eft prefqûe toujours mal-à-propos.
Les variétés de l "orme & les efpèces étrangères
fe greffe ne fur l’efpèce commune, ordinairement
à oeil dormant.
L'ormepédonculé n'eft point rare, mais cepem
dant eft peu connu , parce qu’il ne fe remarque
qu’au moment de la fleur & du fruit. Je n’ai pas
trouvé d’occafion de faire d'expériences fur la
fupériorité ou l’ inférioiité de fon bois. Je crois
cependant ce bois plus dur & plus élaftique. Je ne
fais ce que font devenus ceux , en très-grand
nombre, que j’ avois obtenus de femis dans, les
pépinières de Verfailîes.
L'orme liège n’eft pas regardé comme efpèce
par tous les botaniftes, & en effet, on trouve des
nuanceS fans nombre entre lui & l’orme commun,
mais il a ccnftairfment fix étamines.
Les autres efpèces que nous cultivons font celles
desn°*. 4, 6, 8 & 12. Comme ils n’ offrent pas plus
d’agrément que la commune, on ne les recherche
que dans les écoles de botanique & dans les collections
des amateurs. Pour affurer leur confervation,
j’ en ai fait greffer annuellement dans les pépinières
de,Verfailîes, & ils doivent être répandus
en ce moment dans beaucoup de jardins.
J’ ai rapporté des graines de la neuvième efpèce,
& elles avoient levé. Je ne la vois cependant nulle
paît. Il eft poflible qu’elle foit très-fenfible à la
gelée. ^
La douzième s’élève feulement a quelques
.pieds, & pourroit être utilifée dans beaucoup de
cas, mais elle eft rare dans nos colie&ions.
ORMEAU blanc. Un des noms du Frêne.
O R M I L L E . Ce nom s’applique aux femis
vd’ORM£.
ORMIN. C’eft une efpèce de Sauge.
ORNE. Le Frênf. a fleur porte ce nom,
ainfi que l’intervalle creux des lignes des ceps.
Voyei V igne.
ORPIMENT. Combinaifon d’un peu de Soufre
avec beaucoup d’Arsenic. Il eft jaune, &
d’ un emploi très-dangereux. Voye^ ces mots &
celui Réalgar.
O RTIAGE. Synonyme de Jaunisse dans les
végétaux.
OSIER. Toutes les efpèces de failles à rameaux
.flexibles portent'ce nom, mais il s’applique' plus
particulièrement à trois ou quatre d’entr’elles qui
font d’un emploi généra! pour faire des liens,
des corbeilles, des panitrs, des vans, & autres
articles d'économie agricole. Les tonneliers en
font une grande confommation peur attacher les
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cercles des tonneaux; aufli eft-ce dans les pays de ! vignoble qu’on en cultive le plus.
Excepté aux environs des villes du premier 1
ordre, la culture des ofiers fe fait rarement en
grand. Chacun en plante un peu au-delà de fa !
confommation, & vend le furplus aux vanniers de i
profeflion qui lont établis dans les petites villes
voifines. Aux environs de Paris, la culture des
faules qui fourniffent Yofier eft un article de grand
produit. J’ai vu fréquemment d is terres qui en
étoient plantées, rapporter cent francs & plus
par arpent, fans a titre dépenfe qu’ un léger labour
& l’opération de la coupe.
Quelqu’étendus que foient la culture & l’emploi
de Yofier, il s’ en faut de beaucoup qu’ il s’en trouve
dans le commerce autant qu’en réclament les be-
foins delà fociété.Il eft donc à defîrer que l ’un&
l’autre prennent une plus grande étendue. Ici ce ne
font pas des dépenfes exagérées, des difficultés de
culture qui arrêtent, c’ eft le manque^d’ouvriers en
état de fabriquer les divers articles auxquels s’emploie
Yofier. Il n’ eft en effet que quelques points
en France où on fâche faire des caiffes de voitures,
des paniers, des vans, & c . , & les frais de
tranfport de ces articles fabriqués en éloignent L$
c on fo mmateursT^
Cette circonftance oblige tout propriétaire qui
veut cultiver Yofier en grand, de s’affurer d’avance
s’ il pourra trouver un. emploi affuré &
avatageux de fes produits, car tout travail en
agriculture n’a pour but qu’un bénéfice.
Les faules qui font le plus communément cultivée
en France comme ofiers, font : •
i°. L’Osier jaune, falix vitellina, qui eft le !
plus liant de tous, & qui tft leplus généralement
cultivé aux environs de Paris.
2 °. L ’O s i e r Ro u g e , Jalix rubra, qui - eft un
peu moins liant & qui s’élève moins.
3°. L’Osier blanc', fd ix verminalis, qui fert
principalement pour la fabrication des caiffes de
voitures & autres articles de groffe vannerie.
4°. L ’OsiER- b ru n , falix acuminata, employé
.aux mêmes fervices que le précédent.
5°. L’Osier pentandre, falix pentandra,auquel
la même obletvation s’applique, mais qui eft
plus rare.
Les ofiers jaune & rouge demandent une terre
légère & humide. L’ofier blanc ne profpère que
fur le bord des rivières, là où il y a une grande
profondeur de terre végétale, parce que fon principal
mérite eft d’être très-long ( douze à quinze
pieds). V o fier brun, appelé vulgairement vache
bruney eft le plus mauvais de tous, mais il s’accommode
de toute efpèce de terre , & il fe cultive en
conféquence très-fréquemment aux environs de
Paris. Son emploi , coupé en feptembre, pour li
nourriture des beftiaux, n’eft pas aufli commun
qu” il feroit à defîrér. L ’ofier pentandre eft d’un
emploi moins commun. Il m’a cependant femblé
préférable au précédent fous tous les rapports.
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6°. L’Osier a feuilles opposées , falix
y ix3 Linn.j quoique très-c i fiant, eft employé dans
les pays de montagnes, où il croît très-abondamment
fur les bords des correns, fous le nom d'ofier
bleu» ï|| ll’J | .
Jecrois qu’il pourroit devenir très-avantageux de
cultiver I’Osier v i o l e t , falix âcutifolia, W illd .,
qui vient de Sibérie, & que j’ai multiplié en
conféquence dans les pépinières foumifes à ma fur-
veillance, car c’eft celui qui s’élève le plus', fans
prendre trop de groffeur à fon. pied.
II. eft-des pays en France, o-u on laiffe les
[ofiers monter en arbre, & dans ce cas , leurs pouf- '
[fesfont minces & peu longues, ce qui t 11 un avan-
[ tage lorfqu’on les utiiife pour lier la vigne, les
[efpaiiers, les légumes, & c . , mais ce qui rend leur
j coupe plus difficile & plus dangereufe.
[ Généralement on tient les ofiers en têtard prêt- *
qu’à la fur face de la terre, parce que ce n’eft
[qu’aiors qu’ils font des pouffes aufli longues qu’ il
|eft polfjble ; cependant cette vigueur eft quelquefois
nuifîble, en ce qu’elle détermine en août,
[dans les ofiers jaune & rouge principalement, la i
[fortie de rameaux axillaires, ou brindilles qui j
[empêchent la prolongation du jet principal. .A
[Paris, ces brindilles, qui font rrès-grêles & très-
[flexibles, font recherchées pour le paliffage des ef-
[paliersj ailleurs elles fervent à lier la vigne.
| La fin de l’hiver eft l’époque où les ofiers fe
[coupent, parce qu’ ils ont alors acquis toute la
[maturité dont ils font fufceptibles. Plus tôt, ils
[feroient caffans, furtoutà leur'fommet. Pius tard,
lia fève feroit en mouvement & la repouffe en
[fouffriroit.
I On doit couper les ofiers avec la ferpette, le
[plus près poflible de la tê^e, afin de retader d’au-
[tant l’élévation de cette tête , élévation q u i,
■ comme je l’ai déjà annoncé, nuit à celle des
■ pouffes. C ’eft ordinairement lorfque cette élévation
eft parvenue à deux pieds de terre que l’ofe-
[raieeft épuifée, & qu’il eft convenable de Parrainer
pour en établir une autre ailleurs.
| Les ofiers coupés font enfuice debarraffés, au
[moyen de la fèrpette, des brindilles dont il a été
[parlé plus haut. Ils font dès-lors dans le cas d’ être
[employés pour faire des liens de toutes fortes,
[j!e* Paniers, des claies , &c. Lorfqu’on veut con-
Ije&ionner des paniers fins, il faut les débarraffer de
[leur écorce. Pour cela, on les met dans une cave
Jnumidè ou dans l’eau , & lorfque leur fève s’eft
Peveloppée au printemps, on enlève cette écorce
■ aumoyen de deux morceaux de bois entre lefquels
|on les tire un à un avec rapidité.
I Plufieurs ouvriers, entr’ autres les tonneliers,
|°nt befoin de refendre Yofier pour l’employer à
■ certains objets. Pour cet effet, après avoir fendu
I e gros bout en deux ou en quatre avec un couteau,
ion introduit un morceau de fer ou de-bois tamé
Pn bifeau, & on tire à foi avec la main droite du
Pote du petit bout, la gauche retenant lç gros.
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' Pour peu qu’on ait d’ufage, cette opération réuf-
fit prefque toujours.
L'ofier qui vient d’être coupé ne doit pas être
employé dans la vannerie ni dans la tonnellerie, à
raifon du retrait qui eft la fuite de, fa defliccation ;
mais comme il n’eft pas flexible étant fec, on le
met tremper un jour ou deux dans l’ eau, au moment
| de s’en feîvir, pour lui rendre du liant.
Dépofé dans un lieu fec, Yofier peut fe garder
bon pendant un grand nombre d’années, lorfque
la vrilletre ne l’attaque pas, ce qui eft affez rare.
La multiplication de toutes les efpèces d'ofier
s’exécute txclufivement par bouujres, quoiquil
fût peut être mieux d’employer la voie des marcottes.
A cet effet, on coupe le gros bout des plus
gros brins, de la longueur d’un pied, & on les
met en terre, obliquement, en quinconce, à
quatre, cinq ou fix pieds de diftance, félon l’efpèce
8c félon la. nature, du fo l , dans un terrain
défoncé à deux pieds. Cette opération peut s’exécuter
depuis l’époque de la tonte jufqu’à celle de
l’entrée en fève. •
Si on ne pouvoir pas défoncer, il faudroit au
moins faire des tranchées d’un pied de large &
d’autant de profondeur ; 'mais, dans ce cas, les
produits feroient moins avantageux.
Une terre fraîche , je le répète , doit toujours
être préférée pour planter une oferaie; cependant
.on en voit quelquefois, furtout lorfque des ofiers
jaunes ou rouges la compofent, dans des lieux
fablonneux & arides; mais alors fes produits ne
peuvent être employés qu’à lier la vigne & à pa-
liffer les efpaliers.
Je le répète, Yofier blanc- demande une excellente
vterre profonde , parce que plus fes pouffes
font longues , mieux elles fe vendent.
L ‘ ofierbx\m fe contente des argiles les plus infertiles,
pourvu qu’elles gardent l’eau pendant
l’hiver & lé printemps.
Les pouffes de la première & de la fécondé
année ne fe coupent pas, pour donner aux racines-
le moyen de fe fortifier; & ce n’eft q ua îa
fixième que ces pouffes ont acquis toute leur longueur.
Une oferaie en bon fonds dure trente années
& plus.
Si les beftiaux n’étoient pas friands des pouffes
de Yofier3 on pourroit avec avantage en former
des haies, comme j’en ai vu dans beaucoup de
vignes, où ils n’entrent jamais., attendu qu’elles
fe garniffent à l’époque où il eft néceffaire de
mettre en défenfe les produits de la culture.
Planter plufieurs rangs d'ofiers | l long.des rivières
fujettes auÿ débordemens, feroit una opération
très-utile-, en ce qu’ arrêtant les terres &
les débris des végétaux, l’élévation du fol feroit
accélérée.
Quelques touffes d'ofier au milieu des gazons,
ou à quelque diftacce dés maflîfs des jardins payfa-
gers, produifent toujours un très-bon effet.
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