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Il eft de ces lignes qui font facilement effaça- I
blés > il en eft qu'on ne peut enlever fans qu'on
s’aperçoive qu’ ils ont dû exifter.
Les premiers font des matières colorantes ou
des fouftra&ions de poils. Les féconds font des
mutilations, des empreintes d’un fer rouge figuré
fur les cornes, fur la peau.
Très fouvent les gros beftiaux ont des taches
naturelles, différemment difpofées , qui fervent à
les diftinguer qui, lorfqu'elles ont été décrites
en préfence de témoins, font fuffifantes pour
en affurer la propriété. On appelle leur defcrip-
tion le Signalement.
Un cultivateur prudent doit faire marquer ou
fignaler tous fes beftiaux , même fes chiens.
Pour marquer les gros animaux avec un fer
rouge, portant une ou deux lettres de l’alphabet,
ou un ou deux chiffres, on choilit ordinairement
le dehors de la cuiffe, comme le lieu où il y a
moins de dangers. Le fer doit être à peine rouge
& ap diqué ferme, pour que fon empreinte foit
durable & pour qu’ il faffe moins fournir. L’habitude
feule donne le coup de main convenable.
M A R R O N . Les variétés les plus groffes de
C hâtaignes portent généralement ce nom à
Paris. ( Voye^ Châtaignier.) . Lorfqu’on parle
du fruit du Marronier d’Inde, on le carac-
térife par ce nom de pays. Voye\ Marronier.
MARRONIER. Æfculus. Genre de plantes de
l’heptandrie monogynie & de la famille des mal-
pighiacées, qui renferme cinq arbres ou arbuftes,
tous cultivés dans nos jardins , qu'ils ornent plus
ou moins, mais dont le bois eft d’ une qualité fort
inférieure pour faire du feu & pour les ufages
économiques.
Observation.
L e genre Pa v ia a été confidéré çomme dif-
tinft par quelques botaniftes, & regardé comme
devant y refter réuni par d’autres j je me range
ici de l’avis de ces derniers.
Efpeces.
la haute
1. Le Marronier d’Inde.
Æfculus hippocajlanum. Linn. J) D<
Afie.
2. Le Marronier jaune.
Æfculus flava. Linn. D De l’Amérique feptentribnale.
3. Le Marronier de l’Ohio.
Æfculus okiotenfis. Mich. J) De l ’Amérique
feptentrionale.
4. Le Marronier rouge.
Æfculus pavia. Linn. I> De l’Amérique fep-
tentrionale.
y. Le Marronier à longs épis.
Æfculus macroftachia. Mich. I) De l’Amérique
feptentrionale.
Culture.
Le marronier d’Inde a été apporte en Europe
en 15 50 , & en France, en 1615. Peu d’arbres I
peuvent rivalifer de beauté avec lui s auffi a-t il
été cultivé avec enthoufiafme & a-t-il concouru I
à faire naître le goût des arbres étrangers, goût
qui lui a nui dans ces derniers temps, en fai-
fant préférer les jardins payfagers aux jardins ré- I
guliers. Il -s’élève à foixante pieds & plus, offre
une tête conique régulière, des feuilles d'une
forme remarquable, des épis de fleurs d’un
riche afpeéfc. C ’ eft au premier priritemps qu'il I
fleurit. . t
Tout terrain , pourvu qu’ il ne folt pas maré* I
cageux , peut être planté en marroniers d Inde, I
mais c’ eft celui qui eft frais, profond & fubf-1
tantiel, qu’ il faut préférer, quand on veut qu’il
prodnife tout l’effet dont il eft fufceptible.
Dans les deux derniers fiècles, on le faifoit généralement
fervir à la formation des avenues, des
grandes allées des jardins, des falles de.verdure
, &c. On en formoit des paliffades, des
tourelles, & c . Aujourd’hui , la néceflité de tirer
un parti utile des plus petites portions de terrain,
la mauvaife qualité de fon pois & le goût des
jardins payfagers, ainfi que je l’ ai déjà indique,
ont fait reftrèindre fon emploi jamais il femble
manquer quelque .chofe à une habitation de luxe,
lorfqu’on n’en voit pas au moins quelques pieds
dans les environs de la maifon.
La diftance à laquelle il convient de placer les
marroniers d’ Inde , pour avenue , dépend de la
nature du fo l, c’eft-à-dire , qu’elle doit être d autant
plus grande qu’elle eft meilleure^ puifqua*
lors fa tête devient plus vafte > dans ce cas, trente
pieds ne font pas de trop dans les jardins & cin-i
quante dans lès avenues.
Ce n’eft que lorfque le marronier d’Inde a acquis
fix pouces de tour, qu’ il eft devenu défenfabld
comme difent les jardiniers, qu’on le plante
demeure. Le commencement de l’hiver pour les
terrains fecs & la fin pouf les terrains humides,
font les époques qu’ il faut choifir. Les branches
des pieds à planter feront raccourcies proportionnellement
à la longueur des racines confer-
vées, mais il ne fera pas touché au bourgeon terminal,
parce que c ’eft lui qui prolonge la tige, c’
qu’il faut quelquefois plufieurs années pour qu
s’en forme un autre. Voye\ Plantation.
Quelques propriétaires de jardins font tai'ler
au croiffant, en paliflade les maronniers^ d’Inde
comme les tilleu’s , mais cette difpofition leur
fait perdre la moitié de leurs agrémens, en tony
féquence je la défaprouve. / *
D’autres, au contraire, leur coupent la tete
pour faciliter le plus grand développement poH
fible des branches latérales , ce qui donne lieu3
un vafte parafol, qui plaît à quelques perfonnes.
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wais qui ne me paroît bien placé qu’ à la porte
^ l l ? été trouvé , il y a quelques années, dans
femis , une variété à fleurs d’un rouge v i f ,
n,,i produit un grand effet de loin; Elle n’eft pas
Encore très-multipliée. On la greffe en fente ou
, en écuffon fur l’efpèce. L'emploi du bois du marronier d Inde fe réduit
à faire des voliges propres à être employées dans
l'intérieur, & principalement à recevoir les ar-
doifes des toits.
D’après Varenne deFenille, ce bois pè re , vert,
! foixante livres fept onces un gros , & perd , par
I u defliccation, plus du feizième de fon volume.
Le fruit du marronier d’Inde, qu on appelle
marron d'Inde, eft d’ une grande amertume, qu’ il
11’eft pas poffible de lui enlever fans une grande
dépenfe d’alcool j mais il eft du goût des vaches,
des cochons, des chèvres, des lapins, & peut
leur être donné avec avantage, foit cru, foit
cuit. Il contient abondamment de la fécule,
I qu’on peut en extraire' par le moyen de la râpe
& employer à faire de la colle. ( Voye^ A m i don.)
On peut auffi en obtenir de i* potaffe par
fon incinération. . . . , ^ .
Henri, chef de la pharmacie des hofpices civils
de Paris , a trouvé que l’écorce du marronier
ne contenoit aucun des comçofans du quinquina,
& que , par conféquent, s'il eft vrai quelle ait
guéri de la fièvre , ce n’ eft pas par le même mode
d’aftion que ce dernier.
On peut multiplier le marronier d Inde de racines,
de rejetons, de marcottes & de boutures
} mais comme les arbres que ces moyens procurent
ne font prefque jamais vigoureux & d'une
belle forme , on n’emploie plus que la voie des
graines, dont il donne abondamment, au moins
tous les deux ans.
Les plus belles graines de cet arbre fe rama-
fent auflitôt qu’ elles font tombées naturellement
lorfqu’on a le projet d’en femer, & fe déj>ofent
de fuite dans une foffe, en terrain fec , ou elles
paffent l’hiver. Au mois de mars, on les en retire
| pour les difpofer en lignes écartées d un pied , &
: à pareille diftance les unes des autres, dans des
planches convenablement labourees & lillonnées
de rigoles. Si ces graines font germées, comme
cela a prefque toujours lieu , on caffe I extrémité
de leur radicule pour rendre plus facile la transplantation
de leurs produits.
Le plant de marronier d’Inde fe relève généra
lement à deux ans, fans qu il foit touche à fes
branches, pour être mis dans une autre place également
bien labourée , à la diftance de vingt-
quatre à trente pouces en tous fens, & pour y
refter jufqu’à plantation définitive, c eft-à-dire,
trois à quatre ans. Tous les arbres mal fait$ font !
rejetés. Pl ndant ce temps, on le taille en crochet, I
on laboure pendant l’ hiver, on bine deux fois I
pendant l’été. ( Voye\ Pépinière.) Rarement il j
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en petit» mais il eft fouvent déformé par la larve
I de l'HtpiALE, qui ronge fon coeur. Voyc^ ce
j Le marronier jaune eft un des arbres de l’Amérique
feptentrionale qui parvient à la plus grande
aroffeur. Il eft bien moins ornant que le precedent,
cependant il tient fort bien faiplace dans les
jardins payfagers, où on le plante fréquemment
ifolé, au milieu des gazons ou à quelque dittance
1 des malfifs. Il fe multiplie par fes graines, dont
il donne allez. fouvent, mais jamais beaucoup, par
marcottes & par greffe fur l'efpèce précédente,
quoique les arbres qui en réfultent ne deviennent
jamais très-beaux, à rjiifon de la différence de
grofleur des troncs. •
Le femis & la culture de cette efpèce ne diffèrent
pas de ce que j’ai indiqué plus haut. | #
J’ai trouvé dans les femis faits dans les pépinières
de Verfailles fous mon infpedion, une
variété à fleurs rougeâtres, préférable a 1 efpèce
pour l’ornement. On la greffe fur le marronier
d’ Inde, ou mieux fur l’efpèce.
Le marronier de l'Ohio eft la moins^belle efpèce
du genre, cependant il mérite d’être cultivé.
Quoiqu encore rare, attendu qu'il y a à peine
douze ans que Michaux en a apporté les premières
graines,'je puis affurer par ma propre
expérience, qü'il peut fe multiplier pofitivement
comme le précédent, & que fa greffe fur \e marronier
d'Inde, à raifôn de fa petite llature (trente
pieds au plus), n’a pas les inconvéniens de celle
du marronier jaune.
Le marronier rouge ou pavia, eft un arbriffeau que
je n’ai pas vu , dans fon pays natal, arriver à plus
de fix à huit pieds de haut. On le cultive depuis
long-temps dans nos jardins, & on le multiplie de
graines, dont il donne rarement, de marcottes
qui s’enracinent dans l’année, & par fa greffe fur
le marronier d'Inde, dont les produits ne durent
pas long-temps, par le motif contraire à celui du
marronier jaune, c’ eft-a-dire , fa foibleffe , comparativement
à la Force du fujet. On le place dans
les jardins payfagers, en avant desmaflifs, dans
le s parties les plus fraîches & les plus ombragées.
Lorfqu’ il-elt le produit des marcottes, il ne prof-
père que dans la terre de bruyere. Il fe fait remarquer
par fon élégance lorfqu’ il eft en fleur.
J’ai lieu de croire que trois efpèçes ont été
confondues fous le même nom.
Le marronier à longs épis eft peut-être la plus
agréable des acquificions que nous ajt procurées
Michaux. On ne peut le voir fans être enthou-
fiafmé de l’élégance de fa difpofition, de la beauté
& de la bonne odeur de fes longs épis de fleurs.
Audi ai-je cherché à le multiplier le plus prfhble
quand j’étois à la tête des pépinières de Ver failles,
ayant été à portée de l’apprécier a toute »a valeur
dans fon pays natal.
Pour développer toute fa beauté, le marro