
groflîr ces pièces fur le lieu même de la coupe 3
& les faire fcier en morceaux que l'on put traîner
jufqu'au chemin. Quoique cette façon occa-
fionne toujours quelques dommages, malgré toutes
les précautions qu'on puiffe prendre, ils font
cependant moins grands que ceux qui refulteroient
d'un chemin d'une certaine longueur, qu'on au-
roit établi par un abattis jufqu'au lieu du départ.
Mais fi on ne pouvoit fe dilpenfer de former de
nouveaux chemins, il faudroit au moins le faire dans
la partie du taillis le moins dommageable, & les
tracer & établir de manière que l'on puiffe charrier
un arand nombre £ arbres par le même chemin. L’oubli
de cette précaution déterminera chaque charretier
à fe faire un chemin particulier pour rendre
fon voiturage plus fur & plus prompt, & la foret
fera dévaftée.
On doit auffi défendre expreffément aux charretiers
de faire rouler les pièces de bois dans le jeune
taillis, lorfque le recru aura 18 pouces & plus de
haut, parce que les plants feroient écrafés & très-
endommagés. Mais lorfque le recru eft plus
foib le , il n’en fouffre point, furtout quand ce
mode de tranfport s’opère par la neige.
C hap. VIIL — Réglés £ apres lesquelles on doit
conduire les futaies compofées a la fois de hetres &
de chênes , 6 arrivées a P âge £être exploitées.
Il eft très-ordinaire que les futaies de hetres
foient mêlées de chênes, & l’on remarque en ge-
neral que les chênes croiffent parfaitement Jorf-
qu’ ils fe trouvent répartis dans un maffif de hêtres,
ou de toute autre effence, dont les racines font
peu profondes. Dans ce mélange, le chêne qui enfonce
profondément fes racines dans le fein^ de la
terre, trouve un grand efpace pour fa nourriture,
& prend un accroiffement bien plus rapide qu'il
ne le fait dans les forêts où il forme l’effence unique,
& où chaque individu cherche fa nourriture
à la même profondeur* Le mélangé de ces deux
efpèces de bois eft donc très-important, &méritp
fous tous les rapports d'être favorifé.
Il faut obferver pour Y exploitation de ces for r
tes de forêts toutes les règles qui ont été indiquées
dans le chapitre II pour l’exploitation des futaies
de hêtres. Ainfi on y établit une coupe fombre
dans laquelle on réferve dès hêtres & des chênes,
on attend fenfemencèment naturel, & on a feule-
ment l’attention d ’éclaircir un peu plus tôt la
coupe fombre dans les endroits où il y auroit j
beaucoup de chênes levés, parce que les jeunes1
plants de cette effence ne Apportent pas l’ombre
auffi long-temps que ceux de hêtre. Du refte on
conduit l’exploitation & la jeune forêt mélangée
qui s'élève pendant cettq exploitation, ainfi que
pous l’avons détaille au chapitre précité, & on ne
doit point négliger d'enterrer des glands à la houe
dans les petites places qui ne feroient pas rgpeuplées
par Tenfemencement naturel pendant les
coupes fecondaire & définitive.
En outre on doit obferver cette règle : de commencer tabattage des vieux chênes par ceux du
milieu de la coupe, G* de continuer ainfi en allant chaque
année vers les limites du difirict. De cette manière,
le tranfport des bois d’oeuvre & deconftruc-
tion caufera bien moinsNde tort au recru, dans le
cas où des circonftances obligeroient de laiffer fùb-
fifter les chênes fur pied plus long-temps, que ne
l’exigeroit l ’intérêt de ce jeune recru. On fe rapprochera
tous les ans davantage des limites de la
coupe, & par conféquent l’enlèvement des derniers
chênes, qui peut-être n’aura lieu que lorfque
la jeune forêt aura déjà de io à iy ans, fera bien
moins nuifible que fi, à cette époque, on devoiç
extraire des arbres de conttru&ion, du milieu de
cette jeune forêt. ✓ ^
Mais fi, lors d’une exploitation qui fe feroit à L
iqoou n o ans^ dans une forêt de hêtres, les chênes
qui fe trouveroient dans le maffif & que l’on
deftineroit à former des bois d’oeuvre & de conf-
tru&ion, n’étpient point encore affez forts, &
qu’il fallût les attendre jufqu’ à 180 & même 2^0
ans pour leur laiffer acquérir les dimenfions nécef-
faires à ces ufages, alors il cortviendroit de réfer-
ver à l'époque de la coupe définitive des hêtres',
8 ou 10 chênes par he&are, & même 12 ou ly fi
les circonftances l’exigent. Ces chênes de réferve I
doivent être choifis parmi les plus beaux de l’âge
de ïoo à 120 ans, & être confervés jufqu’àIV- ploitation de la nouvelle forêt. Par ce moyen,, on
ménagera pour Y exploitation à venir des chenesde
' 200 à 240 ans, deftinés aux travaux de conftruétion,
& on continuera de choifir parmi les plus belles
tiges de chêne, de l’âge des hêtres, le nombre
de réferves qui fera néceffaire.
S’ il arrive, comme cela eft àffez ordinaire,
qu’ après quelques années, les chênes réfervés
viennent à fe charger d’une certaine quantité de
branches fur la longueur de la tige , depuis les racines
jufqu’ à la couronne , il faut les couper tout
près du tronc, avant qu’elles aient 3 P^ds de
long; car fans cette attention elles déroberoient
la nourriture de l ’arbre, & pourroient le faire
périr. , . ’
Cet émondage occafionne à la vente un peu
de dépenfe j mais comme il ne doit fe répéter que
quelques fois, & feulement jufqu’à ce que le bois
; (oit un peu plus élevé & puiffe s’oppofer a la
pouffe de ces bourgeons, les frais, en définitive,
feront fort peu de chofe en comparaifon des
avantages qui en feront le réfultat. J’ai remarque
les fuites funeftes de l’oubli de cette attention,
notamment fur les terrains maigres. J’y ai vu jes
plus beaux brins de chêne qu’on avoit réferves,
mourir de la tête au pied, parce que les bourgeons
attiroient à eux prefque toute la fève qui veooit
des racines, & n’en laiffojent paffer que trevpeu
vers la cime de l’arbre. Ces effets fe remarquent
• ' r ' moins
moins dans les terrains de très-bonne qualité, & les
arbres ne s’y couronnent point, parce que les racines
puifent dans le fein de la terre affez; de fubf-
rances pour la nourriture de ces bourgeons & de
la cime ; cependant les arbres y fouffrent toujours
^ la prefence de ces bourgeons, qui Tou tirent
une grande partie de la fève qui étoit deftinée à
s'élever à la partie fupérieure de l ’arbre. Ainfi
l’émondage de ces arbres, répété de temps en
temps, leur fera très-favorable, & contribuera à
l’accroiffement de leuf tête. D ’un autre côté, cet
émondage fera utile au jeune recru, fur lequel ces
branches s’étendent fouvent fort loin.
Chap. IX. — Régies d'après lefqutlles on doit exploiter
les forêts mêlées de hêtres & de chênes, &
où il fe.trouve à la fois du bois en état détre
coupé & du jeune bois.
- On a donné dans le chapitre IV les règles &
les inftru&ions à fuivre pour Y exploitation des forêts
de hêtres 3 compofées de bois exploitable & de
bois non exploitable. Toutes ces règles s appliquent
à la conduite des forêts mêlées de hêtres & de
chênes , qui fe trouvent dans le même état. Seulement
on éprouve les difficultés que nous avons
memionnées dans le chapitre V i l , pour l’extraction
à travers les gautis, des chênes deftinés aux
cor fini éti ons . Ainfi, en fe reportant aux chapitres
IV & VII, on trouvera l’enfemble des règles à
obferver dans la conduite des forêts mêlées de hetres
& de chênes dont les âges & la force, feront variables.
Je ferai pourtant remarquer encore, que
dans Y exploitation d’un femblabie canton, où il exifte
de jeunes, chênes d’âges differens, on peut réfer-
vtr parheétare de 10 à i y arbres de moyenne grof-
feur, & autant de baliveaux ou de perches de beau
choix & pas trop minces, parce que , en général,
les chênes nuifent peu, tk beaucoup moins au recru
que les autres efpèces de bois. L’expérience a
auffi démontré que les chênes que l’on coupe à 20
ouqoans, ou plus tô t , & qu’on laide repouffer
defouche, peuvent fournir par la fuite de belles
pièces dé conftruéticn , fi on a foin de faire une
éclaircie dans le taillis à 30 ans & de réferver fur
chaque fouche les plus forts brins. J’ai vu une forêt
traitée de cette manière, qui, à l’âge de iyo
ans, préfentoit les plus belles tiges pour les conf-
tmétions. Cependant j’ai remarqué auffi que, dans
< e cas, les chênes éroient creux & pourris à l’intérieur,
depuis la terre jufqu’à 2 & 4 pieds de haut,
& qu’on étoit par conféquent obligé de retrancher
cette partie des pièces de conftruétion & de l’employer
comme bois de chauffage.
Ainfi, un taillis de 40 ans & même plus jeune,
crû fur fouche, peut, fi on l’éclaircit en temps
convenable 84 en ne laiffant fubfifter fur chaque
fouche que les plus beaux brins, fournir par la
^u'te de très-belles tiges pour les conftruétions ;
ttais il ne faut pas en retarder Y exploitation au-
Dici, des Arbres & Arbufics.
delà de iyo ans, parce que la pourriture que la
première coupe a oçcafionnée dans le milieu de la
louche,s’étend trop loin, & rend-les arbres tout*
à-fait impropres à la conftruétion.
La pourriture eft d’autant plus prompte & plus
grande, que les tiges que l’on a coupées etoienc
plus fortes, c’eft-à-dire, qu’elle eft en raifon de la
grandeur de l’amputation, tandis que la coupe de
jeunes chênes, où l’amputation fe recouvre facilement,
ne peut caufer aucun dommage pour la
fuite. Mais fi on coupe des brins de 60 ans,.ou fi
on veut élever en futaie un recru provenant de
Touches qui auroient été exploitées en taillis
pendant ipo ans, on n’aura que de foibles bois de
conftruétion & de charronage, parce que la pourrir
ture qui exifte au milieu de la fouche, & qui gagne
chaque année autour du jeune- arbre, ne permet
pas qu’il prenne beaucoup d’accroiflement ni qu il
parvienne à un âge avancé. Les chenes de cette
nature ont ordinairement près de terre des ex-
eroiffances chargées de bourgeons, 8c qui annonr
.cent toujours que la tige eft au vers
pied3 & que l’emploi n’en doit pas être iongr
temps différé.
.Chap. X. —- Régies £ après lefqutlles on doit conduire
les hautes futaies qui font compofees de
charmes, £ érables, de frênes , dormes, Âfe bouleaux
j d'aunes, &c.3foit feuls 3Joit dans L état de
mélange.
La manière de traiter ces futaies ne diffère en
rien de celle des forêts de hêtre dont nous avons
traité amplement dans les IIe , IIIe & IV e chapitres
: car, quoique la coupe d’enfemencement
pourroit y être beaucoup plus claire que dans les
forées de hêtre, fi on ne confultoit que fa facilité
avec laquelle les femences des efpèces de bois ci-
deffus fe répandent au loin, toujours eft-il que
cette coupe doit être à peu près la même, pour
empêcher le fol de fe couvrir de gazon, les feuilles
mortes d’ être emportées.par les vents, la terre
de fe deffécher, & les jeunes plants de foufffir de
la gelée & de la féchereffe.
Ainfi il faut- établir dans ces forêts une coupe
de réenfemencement, moins ferrée cependant que
dans celles de hêtre, éclaircir cette coupe à une
époque un peu plus rapprochée, c’e ft-à -d ire ,
lorfque les plants ont de 6 à 9 pouces de haut;
enfin, opérer la coupe définitive de tous les vieux
arbres, dès que le jeune recru a de 18 pouces à 2,
pieds de haut. En obfervant cette marche, on atteindra
complètement le but qu’on fe propofe, celui
de faire fuccéder une jeune foret bien fourme
à celle qu’on aura exploitée.
On éclaircira cette jeune forêt a l’age de 40
ans, & on continuera les éclaircies tous les 20
ans, ainfi qu’il a été expliqué dans le chapitre II,
jufqu’ à l’époque de Y exploitation. Je fixerai cette
exploitation à 100 jufqu'à 120 ans pour les futaies J ii