
revenir tantôt à l’une, tantôt à l’autre, & laîffer
par-là de trois à quatre ans au moins à chaque
bande exploitée pour fe réenfemencer par la partie
intaéte de la forêt. Au furpJus, fi pendant ce temps
le repeuplement ne s’opéroit pas, & qu’on fût'
obligé de continuer Y exploitation fur la partie vo i-:
fine de la bande coupée, il n’y auroit d'autre moyen
de remettre en bois les parties exploitées qu’en y
faifant, à la main , des femis ou plantations.
Le femis artificiel eft néceffaire toutes les
fois qu'on ne peut faire de coupes fombres, parce
que l'enfemencement naturel qui provient de la
partie non exploitée eft ordinairement fi incomplet,
qu’on ne pourroit, fans le fecôurs de ce
femis tic de la plantation, obtenir un beau repeuplement.
Mais il eft important d’y procéder auflitôt
après l’extraélion des~ Touches & avant que le
fol ne foit recouvert d’herbes, parce qu’àlors il
s’exécute bien, & à peu de frais, & qu'on gagne
en peu d’années du côté de la croiffance bien
au-delà de ce qu’ a pu coûter cette opération.
Il y a des auteurs qui recommandent aufli s
lorfqu’une bande exploitée à blanc ne peut fe
réenfemencer affez promptement, de laijfer far
pied & intacte une bande de 30 à 40 mètres de large,
d‘en exploiter une nouvelle derrière celle-ci , & de
continuer ainfi jufquà ce que les plus anciennes bandes
exploitées foiçnt fujfifammcnt garnies de jeunes bois (1 ),
ou bien de laijfer des bouquets de bois fur pied ça &
la pour quils répandent de la femence autour d'eux.
Je ne puis approuver aucune de ces deux méthodes
; car fi le local eft expofé à de grands vents,
les bandes reftantes ou les bouquets de bois con-
fervés,qui alors font expofés à toute l’impétuo-
fité de ces vents, ne peuvent tarder à être renver-
fés. S i , au contraire , on n’a pas à craindre l’ effet
des vents fur les bandes ou bouquets non exploité
s , alors c’eft le cas de pratiquer la coupe d’enfe-
mencement, qui donne bien moins de prife au
v e n t , puifque, après cette coupe, la forêt con-
ferve encore la moitié de fon état ferré.
Je confeille donc, pour tous les cas où l’ on
n’ aura pas à craindre d’une manière évidente les"
défaftres du v ent, de pratiquer dans les forêts
d’épicias les coupes de réenfemencement telles
que je les ai indiquées 5 & quand ces coupes ne
peuvent avoir lieu, d’y fubftituer les coupes par
bandes & à blanc é to c , de femer ces bandes à la
main auflitôt après l’extraftion des Touches, &
de ne pas compter beaucoup fur le maflif non
exploité pour le réenfemencement naturel, qui
dans ce cas eft toujours incertain.
Je n’ai pas encore vu de jeunes forêts d’épi-
■ (1) On voit qu’il s’agit ici d’exploiter par bandes alternatives
, .en taillant toujours entre deux bandes coupées
une bande de bois fur pied. C’ eft le moyen que j’ai indiqué
pour favorifer la production des bois de marine dans certaines
futaies de chines.
cias bien fournies de plants également diftribués
fur la furface du fo l, qui provinffent de l'enfe-
mencement naturel dans le cas de Y exploitation
par bandes & à blanc étoc. Au contraire, j’ai
toujours remarqué que ces forêts étoient très-imparfaitement
repeuplées; qu’ il n’y avoit que des
lifières étroites, c’eft-à-dire , les bords du maffif
reliant, qui fuffent paffablement repeuplés, parce
qu’à l’époque où la femence s’échappe des cônes,
il fait quelquefois fi peu de vent, que la femence
eft à peine portée à quelques toifes du maffif.
Quant à . la manière de traiter enfuite une
jeune forêt d’épicias, pour accélérer fa croifiance
autant que poflible, elle eft la même abfolument
que celle que nous avons indiquée pour les forêts
de fapin commun, c*eft-à-dire, qu’il faut y faire,
aux mêmes époques, les éclaircies dont on a
parlé.
C h a p . VI. ■— Des forêts de pin fauvage ( 1 ) .
De la manière de conduire les forêts de pin fauvage,
' pour en obtenir le repeuplement par l 'enfemencement
naturel►
Le traitement des forêts de pin fauvage ne
diffère de celui que nous venons d’indiquer pour
les forêts de fapin commun & d’épicia , qu’en ce
que la coupe d’enfemencement doit être un peu
plus claire, & qu’ il doit y avoir un efpace de 10à
12 pieds de la pointe des branches d’ un arbre à
celles de l’autre. Cet état clair de la coupe d’enfemencement
eft néceffaire , parce que les. jeunes
pins aiment moins l’ombre & s’en accommodent
moins bien que les jeunes fapins & épicias.
Ainfi, dans les forêts de pin fauvage on établit
la coupe d’enfemencement comme nous venons
de le dire; on enlève de la coupe les fouches
des arbres abattus & tout le refte du bois coupé
avant la chute des femences; & auflitôt qu'elle a
eu lieu, on fait gratter toute la furface du terrain
avec des bourrées d’épines, ou une herfeàdents
de fer. Alors on met la coupe en défends ; &
lorfque le repeuplement eft complet & que les
jeunes plants ont atteint de 6 à 12 pouces de
haut , on enlève en une feule fo is, & autant que
poflible lorfque la terre eft couverte de neige,
tous les arbres à femences qu’on avoit réfervés
lors de la coupe d’enfemencement. Si on différoit
plus long-temps l’enlèvement de ces arbres, il
arriveroit que les jeunes plants de pin fauvage,
qui croiffent très-vîte, deviendroient trop forts,
& que, comme ils font très-caffans, ils auroient
beaucoup à fouffrir de la chute dé cès arbres, de
leur exploitation & de leur tranfport; ou bien
(1) Le pin fauvage eft connu aufli fous les noms d«
pin JilveJlre, de pin fyiffe & de pin de Genève. Vinus f f ”
veftris ( Linn. ).
» la coupe étant trop ombragée, ils dépéri-
oicnt & mourroient en grande partie , notamment
fous les arbres. , . ,
Du refte, la jeune foret de pin fauvage fe conduit
par la fuite d'après les règles que nous avons
données pour le fapin commun & l'épicia. Cependant
comme le prn fauvage croît beaucoup plus
vite dans fa jeuneffe que ces dernières efpeces ,
on pourra y faire la première éclaircie des la
, . ou la 30'. année, fi, comme cela elt allez
ordinaire dans les bons terrains, la jeune forêt a
acquis la force déterminée dans le chapitre IV,
& fi d’ailleurs elle préfente déjà beaucoup de
oerches étouffées ou tout-a-fait mortes.
r II paroît, d’après ce que dit M. de Burgfdotf,
qu’en Prulle on a adopté pour bafe de l'amenagement
des forêts de pins l'âge de 140 ans, afin
d’avoir de beaux aibres pour les conftructions &
les grands ouvrages. On divife donc ces forêts en
146 parties, lorfque leur étendue permet cette
divifion. Mais comme la coupe fombre n enlève
qu’une partie des arbres fur la divifion mife en
exploitationj il en réfulte qu’on eft obligé , pour
avoir la quantité de bois néceffaire aux befoins de
l’année , d’entamer plufieurs coupes à la fois.
Cet auteur confeille d’en entamer trois pour les
forêts de pins fauvages, & de ne prendre fur la
totalité de ces trois coupes que la quantité de
bois qu’on auroit obtenue fur une .feule qu on
eût abattue à blanc étoc. C ’ eft donc le tiers des
arbres exifians fur ces trois coupes qu’ il confeille
c’exploiter la première année. On continue 1 année
fuivante d’exploiter dans la même proportion,
tant fur les trois coupes fufdites que fur une nouvelle
coupe annuelle qu'on y ajoute.
Mais ce n’eft pas là tout-à-fait 1* leçon de
M. Hartig, qui ne confeille que deux coupes
fur chaque divifion de la forêt * favoir, la coupe
ƒombre, & , après le repeuple ment, la coupe défi-
n tive en une feulé fois. Cependant on n en fera pas
moins oblige d’entamer plufieurs coupes a la fois,
vu la nécellité d’ attendre, pour faire la coupe définitive,
que l’enfemencement foit complet, & que
vent que fur les très-hautes montagnes, que les
femences fort greffes tombent direftement fous
l’arbre, & que, dans des climats froids, les jeunes-
plants ont befoin d’abris , je confeillerai d appliquer
les plants aient de 6 à 12 pouces de haut. ( Voye^
au mot A ménagement, ce que j’ ai rapporté fur
la manière d'aménager les futaies exploitées par
éclaircies. )
C hap. V I I . — De l'exploitation des forêts de meleqe.
Pinus larix. (Linn.)
La conduite des forêts de mélèze ne diffère
en rien de celle des forêts de pin fauvage dont
nous venons de parler.
C h a p . VIII. — De Vexploitation des forêts de pin
cembro. Pir.us cembra (1).
Comme les forêts de pin cembro ne fe trou- 1
à çes forêts le mode A’exploitation que ) al
indiqué pour les forets de fapin commun.
C h a p . IX. — De l'exploitation des forêts de pin
maritime ( i) .
M. Hartig n’ a point parlé de Y exploitation des
forêts de pin maritime, parce que cette efpèce
, ne croît point en Allemagne, ni même dans le
nord de la France. Mais il n’y a point de doute
qu’on ne puiffe l'exploiter d'après les règles que
notre auteur a données pour le fapin commun,
parce que les graines du pin de Bordeaux étant à
peu près du même poids que celles du fapin , ne.
s'écartent point davantage en tombant, & que
d'un autre côté les jeunes plants de ces deux ef-
pèces ont. également befoin d’ombre. Ainfi ii y
aura lès mêmes diftances à obferver entre les
arbres à réferver lors de la coupe d enfemencement,
& les mêmes précautions à prendre pour
exécuter les coupes fecondaires. Mais comme le
pin de Bordeaux croît très-vite, il faudra y faire
es éclaircies à des époques plus rapprochées.
C h a p . X. — De l’ exploitation des forêts réfineufs
dort le majftffe trouve mêlé d'arbres propres a être
abattus , de bois plus foible, ou de bois tout-a-fait
jeune (2).
Il y a plufieurs cire on flan ces importantes à
obferver lorfqu’ il s’ agit d’exploiter des forêts ré-
fineufes qui fe trouvent mêlées de bois propres à
être abattus & d’autres bois qui ne font pas encore
parvenus à cet état. Dans ces fortes de forêts
il arrive, ou que les vieux arbres peuvent être enlevés
d’entre le jeune bois fans lui faire beau-
: coup "de to r t , ou que cet enlèvement ne peut
avoir lieu fans occafionner la dégradation de ce
jeune bois , ou enfin que le fous-bois ne mérite
par lui même-aucune attention. Il eft donc important
de-bien examiner l’état de la forêt & toutes
les circonftances qui doivent déterminer à prendre
tel ou tel parti.
voie - &c. , & c . , eft connu aufli fous les noms d e pin a
cinq feuilles, de pin alvie^, de couve, de- tinter.
: (4 ) Ou pin de Bordeaux, ou pin du Maine, ou grand
pin, k>u pin pinaftre j pinus mariùma (W illd . ).
(a) Ce chapitre, où M. Hartig donne des inftruaions
fur l’exploitation des forêts réfineufes dont l'âge du bois
eft très-mélange, mérite une grande attention, puifque
toutes nos forêts réfineufes^ q u i, jufqu à préfent, ont
été exploitées par jardinage, fe trouvent dans cet é tat, &
que fi on fe décide à les traiter d’après la méthode des
éclairciiTemens périodiques, ce chapitre indiquera la marche
à fuivre.
(1) Cet arbre qui croît fur les montagnes de la Suifle,
fur celles du Dauphiné, du T y r o id e s Alpes, de.la Sa