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n ,o o o hectares de v i g n e s , prefque toutes eh
treilles élevées & en hautins. Les meilleurs vins
fe trouvent dans les environs de Madiran pour les
rouges , & les environs de Tarbes pour les blancs.
C ’eft de ces v ig n e s que provient le c a i l l a b a s ,
le meilleur 8c le plus précoce des raifins cultivés
à la pépinière du Luxembourg. Il eft rouge 8c légèrement mufqué.
La culture de ces v ig n e s ne paroît pas différer
de celle du département du Gers.
Le d é p a r t em e n t d e s B a f f e s - P y r é n é e s poffède
16,000 hectares de v ig n e s . Celles des environs de
Jurançon donnent les excellens vins rouges &
blancs de ce nom. Celles d’Anglet, fur les bords
de la mer, en'fourniffent auffi de fort agréables.
Leur culture ne diffère pas affez de celle des
départemens dont je viens de parler, pour qu'il
foit utile de la développer.
V ig n o b l e s c o m p r is e n t r e l e s 45 e. & 42e. d e g r é s
d e la t i t u d e .
Un feul département eft compris dans cette
zone, celui des P y r é n é e s - O r i e n t a l e s , qui produit
les vins de France les plus chargés d'alcool. Les
meilleurs de ceux qu'il produit, font : en rouge,
ceux de C o l io u r e , de B u g n o l s , de G r e n a c h e , & c . ,
en blanc, ceux de R i v e f a l t e s , de C o f p e r o n y d e
S a l c e , de M a c c a b é e , & c . Leur durée eü prefqu'in-
définie, mais ils ne commencent à être potables
qu'à cinq à ftx ans.
Beaucoup d’eau-de-vie eft fabriquée dans ce département
, attendu qu'il ne faut que quatre
pièces de vin pour en avoir une de cette liqueur.
La culture de ces v ig n e s eft encore la même
que celle uittée dans le département du Gard 8c
autres voifins , c'eft-à-dire, que' les ceps font
difpofés en fouches de deux à trois pieds de
haut, dont les bourgeons pendent en forme de
parafol, & que les labours s’ y font à la charrue,
pratique excellente & économique , qu’on de-
vroit préférer, dans les pays chauds , aux treilles
& furtout aux hautins.
J'aurois voulu ne mettre ce tableau de la culture
des v ig n e s en France, fous les yeux du lecteurs
, que lorfque j'en aurai terminé fon étude
dans tous les vignobles 5 mais il me faudra encore
dix ans de travaux avant d'avoir complété la tournée
que j’ai commencée, du moins il donnera une
idée de ma manière d'opérer , 8c fera voir combien
il peut devenir utile à la profpérité de notre
commerce, que la culture des v ig n e s foit fondée
fur de meilleurs principes que ceux qui dominent
aujourdhui, foit fous le rapport de la qûalicé
des vins, foit fous celui de l'économie de la culture.
des v i g n e s .
Actuellement il ne me refte plus qu'à parler
de la culture de la v i g n e dans les jardins, 8c à
dire u$$mot des efpèces propres à l’Amérique.
La culture des v ig n e s dans les jardins eft. fôu-
vent la mêjueque dans les vignobles^ c’eft-à-diré,
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qu’oiï voit des ’ hautins , des treilles hautes &
baffes, 8c des v ig n e s baffes à tous les degrés, 8c
qu'elles fe plantent, fe taillent, fe labourent,
s’ébourgeonnent comme il a été dit plus haut. Je
vais donc me borner à parler des v ig n e s en berceau
régulier & de celles paliffadées contre les murs.
. Nos pères vouloient plutôt de l’ombre que
l’agrément du coup d'oeil dans leurs jardins. En
conféquence, ils y faifoient fréquemment conf-
truire des berceaux pleins, & ceux en v ig n e s
n’étoient jamais oubliés dans les climats où elles
profpèrent. On en voit encore aujourd’hui en
trëiilage en fer qui ont un fiècle 8c plus, mais c'eft
en lattes de chêne & de châtaignier qu’on les
établit Le plus fou vent au moment aCluel. Ces
berceaux font humides, & les grappes qui pendent
dans leur intérieur font petites & fans faveur. La
dépenfe de leur entretien eft confidérable. Je
leur préfère beaucoup les berceaux interrompus,
qui confiftent à planter des ceps à fix pieds de
diftance , des deux côtés d’une allée , à les faire
monter fur de gros échalas de huit pieds de hauteur,
furmontés d'un cercle ou d’une traverfe,
qui joint ceux d'un côté avec ceux d’un autre ,
& de faire monter les farmens fur les échalas,
de manière que deux d’entr’eux faffent une 8c
même deux guirlandes fur chacun de leurs côtés, 8c que le troifième monte fur le cercle ou fur
la traverfe. La promenade fous ces berceaux eft
bien plus faine & bien plus agtéable, & les produits
en raiiîns bien plus abondans 8c bien plus
favoureux.
. La culture de ces treilles fe réduit à les tailler
en hiver fur deux yeux , à attacher leurs farmens
confervés au treillage. Rarement on les rogne,
car cette opération les prive de leur élégance, 8c l’élégance eft importante à conferver aux arbres
des jardins.
Le midi & le levant font les expofitions où on
place des v ig n e s contre des murs dans le climat
de Paris. Les verjus s'accommodent cependant
du nord & de l’oueft.On doit les planter à quelque
diftance du mur 5 le mieux eft fous l’allée qui le
longe ordinairement pour !ts faire arriver au
mur en en couchant les ceps, afin qu'elles aient un
plus bel empâtement de racines, qu’elles profitent
mieux des pluies, & que la févefaffe un plus
long chemin avant d’arriver aux grappes.
Aux environs de Fontainebleau, ces v i g n e s parcourent
ainli fous terre vingt-cinq à trente pieds.
Il y a deux manières principales de difpoler les
v i g n e s contre les murs > foit que ces Murs foient
en Plâtre 8c qu’on les Palissade à la L oque ,
loit qu'ils foient en pierres 8c garnis d’un treillage,
aux barreaux duquel on les attache avec de l’O-
iSIER. V .o y e j tous ces mots.
La première manière eft d’en convrir la totalité
du mur ; en conléquence, on taille fur un ou deux
yeu x, de manière à pouvoir diriger le paiiffage
des bourgeons confervés fur les piaees vides.
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La fécondé, c’eft de faire courir, après avoir
laiffé le cep monter perpendiculairement jufqû'au
fommet du mur, parallèlement au fo l, un , deux ,
trois cordons, qui fe taillent fur les farmens fupéri
eut s., également à deux yeux.
Par cette dernière pratique on a des raifins plus
nombreux, plus fucrés, d une maturité plus hâtiv
e , mais moins gros.. V o y e \ C ourbure des
BRANCHES.
Lorfque les cordons font arrivés à l’extrémité
du niur, on les rabat 8c les remplace par un far-
ment, ou mieux on retarde leur arrivée à cette
extrémité en les rabattant de loin en loin,c’eft-à-
dire, chaque troifième, cinquième, fixième année.
L’txpérience a prouvé, que lorfqu’on fai foit
paffer un cordon de v ig n e âu-deffus d'un efpalier,
furtout de pêchers, l’humidité qu’ il déverfoit fur
cet efpalier favori foit les gelées , la coulure , &
par conféquent nuifoit à fes produits j aufti, quel-
qu’agréable que foit cette difpofition, ne la fouf-
fre-t-on plus dans les. jardins bien tenus.
L’ébourgeonnement eft très-févèrè fur ces fortes
de v i g n e s y parce qu’ on veut avoir principalement
de belles grappes, & que quand il y a a fiez de
feuilles fur les bourgeons fructifères-, ce'ux fté-
rïles abforbent inutilement la fève qui doit les
nourrir. On les rogne également 8c fort court.
Les effeuiller un peu fortement, ce que ne favent
pas la plupart des jardiniers, eft toujours nuifibie à
la faveur du fruit. A peine doit-on fe permettre,
à l’époque de la maturité, de* fupprimer une ou
deux de celles qui couvrent les,grappes, afin que
le foleil les coiore.
Nulle part les v i g n e s paliffadées ne viennent
mieux que dans les cours pavées, où elles ne reçoivent
par conféquent point de labours, mais
où leurs racines font conftamment dans un degré
d’humidité convenable. Je rappellerai de nouveau,
à cette occafion, que Rozier avoit fait paver fes
v i g n e s aux environs de Béziers.
Comme les raifins fe confervent beaucoup
mieux à l'air & attachés au c ep , on les renferme
dans des facs de crin, ou, à défaut, de papier-, 8c
on ne les coupe qu'à mefure du befoin.
Il a été remarqué, aux environs de Paris, que
les chaffelas cultivés dans un terrain argileux, 8c
ceux des très-vieilles v i g n e s fe confervoient mieux
que les autres. V o y . Fruitier 8c Pou r r itu r e .
Toutes les variétés de raifins peuvent être paliffadées
contre les murs $ mais, aux environs de
Paris, les chaffelas font préférés à tous les autres,
& avec raifon, parce qu’ ils y mûriffent bien, 8c
que le mucofo-fucré dominant dans leur jus, ils
font plus amis de l’eftomac que celles où le lucre
ëft complètement développé.
Voici la lifte des variétés qui, après lë chaffelas
de Fontainebleau 8c le chaffelas commun, font les
plus cultivées dans nos jardins, & celles que j ’ai
remarquées dans la pépinière du Luxembourg,
comme propres à leur être adjointes.
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Il y a plufieurs variétés de chaffelas ; celui appelé
g r o s b la n c dans le departement de la Mofelle,
qui eft peint dans .les tableaux de Van-Huyfum,
a la peau très-mince & mûrit le premier ; mais fa
faveur eft'peu agréable, 8c il ne le conferve pas
long-temps.
Le c h a f f e la s v io l e t . On le dit bon dans quelques
lieux. Je ne l’ai pas trouvé tel autour de Paris.
L € d a m a s b l a n c , le S a in t - P i e r r e de l A l l i e r , deux
très-beaux 8c très^bons raifins, doivent être rangés
parmi les chaffelas. .
Il en eft de même du c io t a t 8c du B a r - f u r - A u b e .
Il y a auffi plufieurs variétés de mufeat.
Le m u f e a t b l a n c , ou c h a f f e la s m u fq u e , qu on
cultive le plus dans les jardins de Paris, eft le
plus mauvais de tous, en ce qu’ il mûrit rarement,
fie fend toujours & a fort-peu de faveur.
Le m u f e a t n o i r du Jura & le m u f e a t n o i r du Po,
qui mûriffent un mois avant celui-ci > le m u f e a t ro u g e
de Hongrie, qui eft deux fois plus gros , 8c les
m u f e a t s b la n c s de Frontignan & autres, me paroif-
fenc préférables.
• J’ai déjà parlé du caillabas. < '•
Il eft utile que je recommande encore le m u f e a t
d 'A lexa n d rie 8c ia p an fe m u f q u é e , quoiqu’ ils niürif-
fent tard. La m a l v o i f i e blanche du Pô 6c la m ufcad
d ie du Lot font très-peu mufquées.
Les v ig n e s à raifins hâtifs , -outre le c a i l l a b a s ,
font la m a d e la in e de P a r i s } les m o r i l lo n s } gros 8c
petit, du Doubs 8c du Jura, à bois taché de brun.
Je dois dire un mot des V e r j u s , qui font de
gros raifins du Midi, qui mûriffent difficilement
dans les jardins de Paris , 8c dont, le fuc s’emploie
à l’ affaifonnement des mets , fe transforme en
C o n f i t u r e s & en C o n s e r v e s . V o y e ^ ees mots.
Outre la fabrication du vin, les raifins font
employés à la nourriture de l’homme, foit frais,,
foit fecs, foit transformés en R é s i n é . On en tire
du S i r o p 8c du S u c r e , Koyq; ces mots, & ceux
R a i s i n , A l c o o l , E a u - d e -v i e , E t h e r , L i e ,
T a r t r e , A c i d e 8c A l c a l i .
Les forêts de l’Amérique feptentrionale nour-
riffent neuf efpèces de v i g n e s , dont les fleurs font
dioïquesj ce font celles des nos. 2 , 3 ,6 , 7 , 8, 9,
10, 11 , 1 3 » qui toutes fe voient dans nos écoles de
botanique j mais dont l’utilité- eft nulle, excepte 1 a-
vant-dernière, qu’on fait monter fur les arbres des
jardins payfagers, 8c la dernière, la V i g n ê -
" v ie r g e , qui, par fa propriété radicante, s’emploie
à garnir les murs expofés au nord.
On les multiplie par marcottes avec la plus
grande facilité.
La v ig n e d * O r ie n t a été apportée de Perfe par
Olivier.
V igne appienne. Les Anciens donnoient ce
nom au-M u s c a t . V o y e ^ V16NE.
V iGn e DE l a b o u r . C ’eft cede qui, dans le midi
de la France, eft plantée en rangées écartées, dont
j les intervalles fe cultivent à la charrue 8c fe fèment
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