
584 TU U R
A me fur 5 que la feuille eft> cueillie , on fa '
dépofe dans un panier, où on la fait fauter pour
déterminer la réparation des mûres , lefquelles
tombent au fond, & font jetées comme nui fi bl.es,
avant de . les mettre dans le ifac, au moyen ;
duquel on les tranfporte à la mai (on fâc dans ,
lequel elles ne doivent pas ê:re trop fortement
empilées. . ■ 1
Les cultivateurs aifés font couvrir, pendant ;
les jours de pluie, quelques 'mûriers de toiles
propres à les en garantir, car les feuilles mouillées j
font fort nuiiibles aux vers à foie ; mais la plu- ;
part fe contentent d'en faire cueillir le double.
de la confommation , & de les lailfer fe def-
fécber étendues dans des appartenons ou fous des
hangars.
Si les feuilles cueillies reftoiènt amoncelée1; &
preifées, elles fermenterpient, moifiroient, pour-
riroient, & feroient, par conféquènt. perdues
pour la nourriture des vers.
J’ai beaucoup élevé de chenilles dans ma jeune
Ife ,, dans le but d'en étudier les moeurs &
d'en obtenir l’ infeCte parfait pour ma collection!
Toujours je mettois une branche de la plante
fur laquelle elle vivoit , dans une bouteille pleine
d'eau* & je dépofois le tout dans la boîte où étoit
renfermée la chenille. Par ce moyen, cette chenille
fe nourriffoit plufieurs jours de fuite de feuilles
fraîches, fans quej'euffe à m'en occuper. Lever
à foie a été traité avec le même fuccès. Je me fuis
fou vient demandé pourquoi on n'opéroit pas ainfi
en grand* car je ne puis regarder comme bonne la
pratique de donner chaque jour des feuilles fanées
, dont une partie fe perd fous les excré-
mens des vers & autrement. L’ influence nuifible
de l'humidité femble pouvoir être facilement af-
foiblie par des précautions telles que celle de
lairTer le moins de communication de l’eau des
bouteilles avec Pair , d'établir un grand courant
d'air dans le lo c a l, & c .
Si je parle d'après moi, c ’eft pour appuyer
d';i' » ut la pratique i car on lit, i° . dans Je Voyage
dans l Empire Ochoman par Olivier , de l’Infticuc ,
vol. I , pag. 223 , qu’aux environs de Prufe er.
Bithynie , on coup5 chaque année aux mûriers les
poules de l'année précédente, garnies de feuilles,
pour les donner entières aux vers à foie i i ° .
dans les Voyages de Patras & de Pockocke, qu'on
en agit de même fur les bords du Volga & dans le
Liban j dans les Lettres édifiantes, que quelques
colons de la Chine préfèrent la même méthode.
Certainement il paroîtra moins coûteux à un
efprit réfléchi de'cultiver trois fois plus, de mûr
riers en têtards., que de payer la cueillette des
feuilles aufli cher qu’on le fait, d’en perdre fou-
vent une grande quantité, c’eft-à-dire, celles qui
s'échauffent ou moi fifïent avant d'être données aux
vêts , 8c journellement la portion qui n’a pas d'abord
été mangée, qui fait partie des ordures,
çotpine je le dirai plus bas.
M U R
Dans ce cas , on le fent bien, tous les mûries
feroient tenus en têtards, dont les poulies fe.
roient coupées tous les trois, ou mieux, tous les
quatre a n sm a is , comme il y auroit moins de
perte de feuilles, la compenfation auroit probablement
lieu.
Les branches dépouil'ées de leurs feuilles par
les vers pourroient encore être livrées aux mou-
tons & aux chèvres, qui en mangëroient l’extré-1
mité, puis employées à faire du feu.
C ’eft ici le moment de parler de l'emploi des
feuilles de mûrier pour la nourriture des beftiaux,
qui tous les aiment avec paflîon , & qui tous en
font nourris, foit en verr, foit en . fe c , avec
beaucoup d avantage. C ’eft aufli en têtards qu'il
faut tenir les mûners qu'on confacre à cette
nourritures mais au lieu d’ en couper les branches
au printemps , comme pour les vers à foie, c’eft
à la fin de l'é té , époque où elles font arrivées à
toute Leur grandeur & à toute leur maturité,&
o ù , par conféquènt, leur enlèvement eft moins
nuifible à l'arbre.
On fait très-peu ufage de feuillée de mûrier,
queiqu'avantageux que cela pût ê t r e , foit dans
le midi, foit dans le nord de la France. Je dois
faire des voeux pour que les cultivateurs ouvrent
les yeux fur ce mode de fpéculation. Ftyq Feuillée.
En Chine, on emploie généralement l’écorce
du mûrier pour faire du papier, des cordes, &c,
Tous les effais qui ont été tentes en Fiance ont
réuffi, mais nulle part on ne leur a donné des fuites, j
Le mûrier à papier me paroît plus piopre que
celui-ci à ces ufages, & je me réferve d'en parier
plus bas.
Il arrive quelquefois que le plant du mûrier
périt par fuite des fortes gelées ae l'hiver, mais
il eft très-rare que les gros en éprouvent de
graves atteintes, & jamais les racines de ces
derniers n'én ont été frappées, à ma connciffance.
Le rapprochement des greffes branches , ou la
coupe du tronc rez-teire, font les feuls remèdes
à ces accidens.
Aiüfi que je l'ai déjà annoncé pluficuis fois, |
i’effeuiilcment du mûrier & les tailles qu'il nécellire i
accélèrent fon depérillement} aufli, rien de plus
commun que d'en voir dont les grofies branches j
font mortes, dont te tronc eft carié, quoique peu
avancés en âge. Il n’y a d’autres remèdes contre
cet état , que les précautions fur lefquelles j'ai
infifté plus haut, relativement à la cueille des
feuilles & à la taille des branches.v
Comme tous les autres arbres, furtout plantes
en terrain fec , le mûrier eft fujec à la maladie de
la Jaunisse & de la Brulure. Voye^ ces mots.
Le Blanc des racines , produit par I’IsaiRE,
en fait quelquefois fucceffivem ent périr des rangées
entières, ainfi que je l’ai indiqué à leurt
• ■ • ' • articles.
M U R
articles. Il n’y a d’autréS moyens, pour arrêter
leufs défafireux effets , que de Lire des tranchées
profbn tes, dont la terre fera rejetée du côte des
pieds morts. ' ^ .
Le bois du tronc des mûriers eft jaune & a le
grain groflier. On en fa it , dans Je Midi, des
douves qui font bien inférieures à celles du chêne
blanc, mais avec lefquelles on fabrique, cependant
des tonneaux propres à dfontenir du vin. Il
pèle fec, d’après Va renne de Fenille, quarante-
trois livres treize onces trois gros par pied cube,
& il diminue d'un peu plus du dixième par la
defliccation. Sa qualité eft inférieure', pour le feu,
aux arbres à bois plus dur. Sa couleur eft trop
foible pour fervir à la teinture ; une fembla-
bie, plus intenfe, eft fournie par une efpèce dont
je parlerai plus bas.
Les fruits du mûrier s’appellent des Mures, j
leur petiteffe & leur favtur trop fade ne permettent
pas de les manger habituellement, mais les
enfaiis Sc tousJ.es oiféaux frugivores les aiment.
Ils font donries avec avantage aux volailles , aux
cochons, aux moutons. On en tait un firop. Si
on n’en tire pas du vin ou de l’eau-de-vie par
la fermentation & la diftillation, c’t-11 uniquement
parce que leur maturité étant fucceflive, la dé -
penfe de le ir récolte feroir trop confldérable.
Le mûrier de Tartarie, qui fe cultive dans
quelques jardins, ne m’eft pas connu. Ell-ce bien
une efpèce diftinCte de T efpèce précédente?
Le mûrier noir a de nombreux rapports avec le
précédent & parvient à la même grandeur , quoi:
qu'il refte généralement plus peut dans nos jardins.^
Ses feuilies, hériffees de poils roides, lont
p'us grandes, & fes fruits beaucoup plus gros.
C’eft principalement pour ces derniers qu'on le
cultivé j car, à raifon de leuis poils & de leur
, épaiffeurles feuilles font moins propres à la
nourriture des vers à foie que celles du mûrier
, blanc, quoique ce foit elles qui y ont d'abord été
employées. Ils font exceflivement nombreux , de
la groffeur du pouce , noirs & très-fucrés. On
en cite quelques variétés'peu diftinCtes. T o u tle .
nionde l.$ aime, mais perfonne ne petit en
rtianger beaucoup 8c fouvenc , à raifon de leur
fadeur. Leur maturité eft fucceflive : tantôt ils
tombent, naturellement »fBiorfqu’elle eft arrivée j
tantôt ils fermentent & fe deffèchent fur l’arbre.
On en fait un firop & du vin, dont on tire de
l’eau de-vie. Ce vin eft peu alcoolifé & s’altère
Promptement.
La culture du mûrier noir eft générale en Europe,
mais on en voit rarement un grand nombre
de pieds dans le même jardin. Le plus fouvent
même i un feul fuftic aux befoins & même au-delà.
C’eft dans la partie la plus fertile & la plus fraîche
de ces jardins, ou dans les cours convenablement
expofées* qu’il fe place. Il produit fem jeune &
vit long-temps. On le tient à. une hauteur médiocre,
pour en pouvoir récolter les fruits ayec
des Arbres & Arhufies.
M U R 585
ficilité. Les gelées affeCtent fouvent fes jeunes
pouffes, mais ne font jamais mourir les pieds.
Rarement on eft dans le cas de le ta il e r , parce
qu’il fait naturellement boule $ cependant fon
Rapprochement (voyeç ce mot) devi nt quelquefois
né ce flaire pour le ramener à donner de
gros fruits, v
Comme fes graines font prefque toujours avortées
, il ne fe multiplie généralement que de
rejets dans nos jardins , & de-marcottes faites
fur des mères plantées en lieu humide , dans nos
pépinières. On pourroit cependant fe le procurer
par fe&ion de racines par boutures.
Les rejet?, ainfi que les marcottes, fe lèvent lorsqu'ils
ont trois ou quatre pieds de haut, & fe
placent pendant deux ou trois ans en pépinière
pour qu’ils fe fortifient & fe forment une tête.
Voye^ Pépinière.
La transplantation des jeunes pieds s'exécute au
printemps., afin que la végétation foit retardée ôc
que les gelées ne frappent pas leurs bourgeons
naiffans.
Le bois de cette efpèce diffère peu de celui de
la précédente pour fes qualités. Il ne pèfe, cepen-
dmt, que quarante livres quatorze onces iept gros
par pied. cube.
Le mûrier rouge reffemble tant au précédent,
qu’ il eft difficile de les. diftinguer, même en les
comparant, plantés à côté l'un de l'autre , autrement
que par le port plus élancé & plus rappro hé
decélui du blanc dans mûrier rouge. Il eft originaire
de l’Amérique feprencrionale , où j'en ai vu
de grandes quantités. Ses fruits font plus petits
& beaucoup moins nombreux que ceux du mûrier
noir, mais, à mon avis, plus agréables au g o û t ,
en ce qu'ils font légèrement acides. Tantôt il eft:
dioïque , tantôt monoïque, tantôt polygame , ce
qui explique le défaut cfe réuffi te de fes graiie ,
fréquemment remarqué dans nos pépinières. J'ai
cherché à le multiplier beaucoup pendant que
j’étois à la tête des pépinières de Verfailles, à
raifo'n de ce qu'il eft très-propre à l'ornement des
jardins payfiigers , & qu’il ne craint pas les gelées
du climat de Paris ; mais je n’ ai pu le faire' facilement
que par la greffe à oeil pouffant fur le mûrier
blanc, fes marcottes reprennant peu aifément, &
fes boutures en pleine terre jamais.
Le bois de cette efpère eft encore fort rapproché
, par fes qualités , de celui du premier 5
cependant, comme il croît plus vîte & plus droit,
on peut l’ utilifer plus ficilement à faire des tonneaux
& de la mehuiferie.
Le mû'ier à papier a été connu par l'ufage
qu’on Lut de fon écorce en Chine & au Japon ,
pays dont il paroît originaire , pour fabriquer le
papier , bien long-temps avec fon introduction en
Europe , introduction qui n'a eu lieu qu’en 1749 ,
encore feulement le mâle; car il paroît que !a »e-
metle , dont on doit la connoiffa ice en France à
mon ami Brouffonnet, y eft arrivée beaucoup plus