S2Î y i n
les tourneurs , iorfqu’ils peuvent s’en procurer
des échantil ons d’une force convenable.
Dans quelques cantons on cultive l'épine-vinette
pour fon fruit, & alors on trouve de l’avantage
de la faire monter en arbre, en là mettant
lur un brin & en fup primant les rejetons qui
tendent toujours à pouffer de fes racines, parce
qu’elle donne alors plus de fruits, &que ces fruits
jouiffent davantage de l’influence du foleil. L à ,
o;Y doit préférer une variété à f r u i t s f a n s p é p i n s ,
depuis des ftècles connue à Çhanceau , près Dijon,
aujourd’ hui facile à fe procurer dans les grandes
pépinières des environs de Paris. Il .y a encore
des variétés a f r u i t s v i o l e t s , a f r u i t s b la n c s & a
f r u i t s m o in s a c id e s . Cette dernière eft dans le cas
d’être choifis pour les climats froids, où les fruits
du type relient, non pas feulement trop acides,
mais même trop acerbes, par défaut de complète
maturité.
C ’eft cette dernière circonftwce qui empêche
ne faire le commerce de confitures d’épine-vinette
dans le Nord , Car il faut à Paris, par
exemple, mettre dans cçs confitures, pour les
rendre mangeables,, le tiers plus de fucre qu^on
en met à Dijon.
Il eft facile de conclure de cette obfervation ,
qu’il eft avantageux de cueillir le plus tard pol- '
lible les fruits de l’épine-vinette, & de les laiffer
étendus fur des planches, dans un lieu abrité,
pendant quelques jours après leur récolte., pour
donner à la partie acide le. moyen de s’adoucir,
& à ta partie fucrée le moyen de s’augmenter;
cepèndant, il ne faut pas attendre les gelées,
qui font perdre toute faveur à ces fruits:
Les fruits de Y épine-vinette fe confifent , foit.
encore attachés à leur grappe , fans leur ôter ou
en leur ôtant les pépins , & c’eft dans ce cas que
la variété fans- pépins eft principalement denràble,
foit après les avoir égrappés, écrafés & paffés
dans un canevas. V o y e % C o n f i t u r e s .
On en fabrique aufli des lirops , des robs , ex-
cellens au goût & très-utiles dans les maladies
inflammatoires, même des liqueurs alcooliques
de table.
Les jardins payfagers réclament, malgré l’odeur
fpermatique de leurs fleurs, quelques pieds d’é pine
vinette , foit en t ig e , foit en buiffon. On
les place au fécond rang des maffifs ou au milieu
des gazons. Ils fe font remarquer par leur beau
feuillage & leurs nombrôufes grappes de fleurs
jaunes, auxquelles fuccèdent des fruits rouges
d ’une difpofition élégante.
Une fois en place , l’épine-vinette ne demande
plus que les foins généraux de propreté ; mais fi
on veut la conferver fur un brin, il faut chaque
été enlever avec la pioche les rejetons qui font
fortis de fes racines, & qui finiroient par faire
périr la tige.
Quoique l’épine-vinette, à raifon des épines
dont fes rameaux font armés & de l’épaiffeur de
y ï n
fes touffes, paroiffe très-propre à former ckS
haies , on en voit rarement qui en foient uniquement
eompofée sparce qu’elles font mangées
par les beltiaux & font de nulle défenfe contré
les voleurs ; mais elle eft très- fréqùemmenc
employée à boucher les trouées, ou à renforcer
le pied dé celles compoféès d’aubépine, de prunellier,
de charmille, d’érable, &c.
Tous les^ moyens de multiplication s’ appliquent
à l’èpihe-vinéttë.
Ses graines, Cernées auffitot leur récolte, donnent
du plant qui, l’hiver Qùvaut, peut être repiqué
autre part, & mis en place à fa tr’oifième année.
Ses rejetons font toujours nombreux à l'excès,
même gênent confidérablemènt dans fi culture,
comme je l’ai déjà obfervé. Partout ils fuffifenc
aux befoins du commerce.
Le déchirement des vieux pieds, lorfqne les
touffes font jeunes, donne de femblables réluîtats.
Ses marcottes prennent racines dans l’année,. 11
en eft de même de fes boutures.
Dans beaucoup de pays, on eft dans Popinion
que les fleurs de l’ épine-vinette font narre la
R o u i l l e & même la C a r i e fur le F r o m e n t , le
Se i g l e 8c autres céréales expôfées à leurs émanations.
En conféquence, lès cultivateurs ne fouf-
frenc pas un pied de cet arbufte dans leur voifi«*
nage, & les tribunaux , dociles à leurs réclamations,
condamnent à les arracher, même dans les
jardins & autres lieux fermés, les propriétaires
qui1 en veulent avoir.
J ai v u , pendant phifîéuts années confécutives,:
faire de très-belles récoltes, dans les champs
des environs de Dijon, qui étoient entourés,
de haies ou l’épine-vinette dominoit. J’ ai cherché,
par des obfervatiop.s répétées & fuivies, à
expliquer la polïibilicé de ce fait, fans pouvoir y
parvenir. Il m’étoit donc permis de croire, avec
un gran.l nombre d’autres naturaliftes , que l’opinion
ci-deffus ètoit erronée^. V o y e z R o u i l l e .
Mais mon collègue .Yvart, ayant lu à l'Académie
des fciences un Mémoire que j'ai fa t imprimer
tom.. LX'V des A n n a l e s a* A g r ic u l t u r e T'à d iV \s \Q ~
quel il foutient , appuyé d’expériences faites
dans l’enclos de PEcoIe vétérinaire, d’Alfort ,
que cette opinion eft bien fondée , & ayant
été nommé commiffaire avec MM. Sagerèt 8c
Vilmorin , par la Société royâîè & centrale
d'agriculture, pour conllater les refultats qu'il avoir
annoncés, nous nous fommes affurés qu’en effet,
les feigjes, les fromens, les avoines qui entou-
roient des huiffons d'épine-vinette, étoient infef-
tés de rouille, lorfque le refte du champ n’ en
offrait p as , & cé , d’autant plus qu’ ils en
étoient plus près. Comme les parties platées au
nbrd de ces buiffons étoient'moins affcêléês de
rouille que le refte , nous avons dii éearter l’idée
des influences de l’ombre & de l’humidité, influences
auxquelles on attribue généralement la
rouille.
v i o
11 faudrok, je le répète, que je puffe expliquer
fe fait par la théorie, pour que je fois convaincu ;
mais voilà le fait conftaté, peut-être pour la centième
fois, & je m'en tiens là pour le moment.
Les trois efpèces qui fuivent celle-ci dans le
tableau, fe voient dans nos écoles de botanique
& dans nos grandes collections; elles en d i f fèrent
fort peu au premier afpeét, & fe cultivent
pofitivement de même.
VIORNE. V i b u r n u m . Genre de plantes de la
pentandrie-trigynie & de la famille des chèvrefeuilles,
dans lequel fe placent vingt-fept efpèces,
dont la moitié fe cultivent dans nos écoles de botanique,
& dont deux croiffent naturellement
dans nos bois. Il eft figuré pl. 221 des l l l u f i r a -
t jo n s d e s G e n r e s d e Lama-i ck.
E fp è c e s ,,
1. La V iorne laurier-thym.
V ib u r n u m t i n u s . Linn. ft Du-midi de la France.
2. La V io rne faux-:hym»
V ib u r n u m t in o id e s . Linn. f> De l'Amérique
méridionale.
3. La V iorne à feui le.s roides.
V ib u r n u m r ig id u m . Vent, f) De Madère.
4. La V io rne velue.
V ib u r n u m v i l l o f u m . S 'w z u ' L . J) De la Jamaïque.
5. La V iorne grimpante.
V ib u r n u m f e a n d e n s . Linn. ft Du Japon.
6. La V iorne commune.
V ib u r n u m , l a n t a n a . Linn. f) Indigène..
7. La V iorne du Canada.
V ib u r n u m c a n a d e n f e . Mich. ft De l'Amérique
feptentrionale.
8. La V iorne à feuilles rongées.
V ib u r n u m e r o fu m . Thunb. ft Du Japon.
9. La V io rne à feuilles de poirier.
V ib u r n u m p y r i f o l i u m . V o u e t . ft De l’Amérique
feptentrionale.
10. La V io rne à feuilles de prunier.
V ib u r n u m p r u n i f o l iu m . Linn. ft De l’Amérique
feptentrionale.
n . La V io r n e lui fame.
' V ib u r n u m le n t a g o . Linn, ft De l’Amérique fep-
tentriôfiàle.
12. La V iorne à feuilles de caffiné.
V ib u r n u m c a f f tn o ïd e s . Miçh. ft De l’Amérique
feptentrionale.;-' .
13. La V iorne en ovale renverfé.
V ib u r n u m o f o v a t u m . Poiret. T) De l’Amérique,
feptentrionale.
14. La V iorne à feuilles.d’érable.
V ib u r n u m a ç e r i f o l iu m . Linn. ft De l’Amérique
feptentrionale.
j j . La V io rne dentée.
V ib u r n u m , d e n t a t u m . Linn. De l’Amérique
feptentrionale.
v 1 o 82 Y
1 6 . La Viorne nue.
V ib u r n u m n u d u m . Linn. T? De l’Amérique feptentrionale.
17. La V i o r n e h é r iffe e .
V ib u r n u m h i r t u m . Thunb. J) Du Japon»
18. La V io rne tortienteufe.
V ib u r n u m t o m e n t o fum . Thunb. T? Du Japon.
19. La V io rne à feuilles molles.
V ib u r n u m m o l le . Mich. T) De l'Amerique fep*
centrionale.
20. La V iorne à larges panicules.
V ib u r n u m d i l a i a t u m . Thunb. f) Du Japon.
21. La V iorne à pointe roide.
V ib u r n u m c u f p id a t u m . Thunb. T? Du Japon.
22. La V iorne obier.
■ V ib u r n u m o p u lu s . Linn. ft Indigène.
2-3. La V iorne pimina.
V ib u r n u m e d u le . Mich. ft De l'Amérique feptentrionale.
24. La V io rne à grandes feuilles.
V ib u r n u m m a c r o p h y l lu m . Thunb. T? Du Japon.
25. La V iorne écailleufe.
V ib u r n u m f q u a m m a t u m . Wïlld. ft De l’Amérique
feptentrionale.
26. La .Vio r n e pileufe.
V ib u r n u m p i lo f u m . Smaltx. ft De l’Amérique
feptentrionale.
27. La V iorne de Daoure.
V ib u r n u m d a o u r i c u m . Pallas, f) De Sibérie.
C u ltu r e .
La v i o r n e laurier-thym fe cultive fréquemment
dans les jardins, à raifon de la beauté & de la permanence
de fon feuillage, de l’agrément & de
l’époque de l’épanouiffement de fes fleurs blanches
& odorantes, époque qui eft la fin de l’hiver.
Elle craint les fortes gelées du climat de Paris
; mais comme ces gelées ne font jamais périr
fes racines, elles n’empêchent pas de la mettre
en pleine terre, furtout au nord & dans un mauvais
fol, parce qu’elle y eft moins délicate, faut à
la récéper lorfqu’elle en a été frappée.
Dans le midi de la France, on forme des tonnelles,
des paliffades avec cet arbrifieau, qui s’y
élève de huit à dix pieds, tonnelles & pa'ifudts
d’un très-bel afpeél, & très-propres à garantir des
effets d’un foleil brûlant.
Dans le climat de Paris, on le place ifolément
aux environs des habitations, foit difpofé en buif-
fon, foit formant un petit arbre globuleux, ou on
le tient en caiffe , pour pouvoir le placer dans les
appartenons & jouir de fa .verdure & de fes fleurs
p- niant l’hiver. Le tailler avec les cifeaux n’eft
propre qu'à l’empêcher de fleurir, fes corymbes
I naiffant à l ’extrémité des rameaux; aufiï doit-on fe
I borner à employer la ferpette. pour le régularifor
I lojfque.cela eft fiéceffaiie»