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à angles droits fur le mur, & ceux qui ont pouffé
l'ur le devant de l’arbre. On abat encore ceux qui
font tortueux , mal venans, gommeux & atteints
de quelque vice de conformation ; les faux bourgeons,
ainfique les rameaux latéraux qui croiffent
Couvent à l’extrémité des gourmands , doivent
être coupés auflî.
» Enfin, fi les bourgeons qui ont crû fur les
côtés de l’arbre font- trop rapprochés les uns
des autres pour être paliffés à une diftance rai-
fonnable, il convient d’en fupprimer un entre
deux, & quelquefois deux de fuite : cela dépend
de la place qui e(t à garnir.
» Ces fupprelfions faites, il faut apporter attention
à conferver les bourgeons qui ont crû
à l’extrémité des deux mères-branches , à moins
tjue quelques-uns qui fe trouvent au-deffus,
n’ offrent pas de vigueur & ne foient difpofés
d’une manière favorable à la prompte formation
de l’arbre. Dans ce cas on rabat la branche-
mère fur le bourgeon qui en doit prendre
la place.
» Tous les autres bourgeons réfervés doivent
l’être dans toute leur longueur, fans être raccourcis
, ar êtes ni pincés , pratique vicieufe,
furtout pour les arbres en efpalier.
» S’ il fe trouve quelque gourmand qui ne foit
pas dilpofé à remplacer le canal direél de la fève,
il faut le conferver dans toute fa longueur, lî
peut devenir un membre très utile à l’arbre 5
mais il convient de lui donner une pofition inclinée.
» Enfin, cette première année furtout, on
doit chercher à donner à fon aibre lé plus d’é tendue
de branches qu’il eft poflible, & le garnir
à peu près également dans toutes les parties.
» Si une des deux ailes de l’arbre_fe trouvoit
plus foible que l’autre , il faudroit faire une opération
inverfe à celle de la raille, pour rétablir
l ’équilibre entre les deux parties. Au lieu de
tailler long le côté le plus vigoureux & de raccourcir
celui qui l’ eft moins, il conviendroit au
contraire de laiffer plus de bourgeons fur le
côté foible que fur le côté fort. La raifon en
eft fîmple.
» Les bourgeons garnis de leurs feuilles pompent
dans fatmofphère les fluides aériformes qui
s’ y rencontrent, & furtout une humidité favorable
à la végétation , après s’en être alimentés ,
aiiifi que les boutons qui fe trouvent à la baie
des feuilles} le furplus defeend dans les racines
& occafionne leur croiffance. Ainfî, la férié des
racines qui fe trouvent deflervies par un grand
nombre de bourgeons garnis de leurs feuilles,
fe trouve mieux nourrie & devient plus vigou-
reufe que les autres racines qui font moins fournies
de bourgeons-
» C ’eft par cette même raifon , & en même
temps pour le parfait acçroilfement des boutons,
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qu’il convient de ne fupprimer aucune des feuilles
des bourgeons réfervés.
» Cet ébourgeonage convient non-feulement
aux arbres en efpalier, mais à ceux des contr’efpa-
liers & des paliffades , qui font conduits en V
ouvert. Toute la différence confifte en ce qu’il Lut
ébourgeonner un peu moins févèrement les deux
derniers que les premiers , parce que ces arbres,
étant à l’air libre des deux côtés, font plus en état
de nourrir un plus grand nombre de rameaux,
que les efpaliers qui ne reçoivent l’air que par-
devant.
» Il eft plufieurs procédés pour opérer le palif-
f a g e l e premier confifte à lier avec du jonc, du
(parte, ou même'de l’ofier, les branches ou les
rameaux des arbres, contre un treillage pratiqué
le long des murs.
» Le fécond fe fait avec les mêmes ligatures aux
mailles d’un grillage en fil de fe r , qui a été établi
contre les murs.
3» Le troifième a lieu lorfqu’on attache les branches
immédiatement fur le mur, au moyen d’une
petite lanière d’étoffe qui enveloppe chaque branche,
& d’un clou. On appelle cetce manière, Palissage
A la LOQUE. Voye\ Ce mot.
» Chacun de ces procédés a fes avantîges &
fes inconvéniens ; mais comme on n’ eft pas toujours
le maître de choifir, à raifon de fa pofition
pécuniaire & du lieu qu’ on habite, on fe dif-
penfet-a d’entrer ici dans les détails qu’ ils fug-
gèrent 5 on fe contentera d’obferver que la théorie
du pâli fl âge eft la même , foit qu’on préfère celui
de treillage , au grillage, à la loque , foit qu’on
le fafle contre un mur ou en co*ntr’efpalier ; elle
confifte :
« 1®. A difpofer fans efforts, fans occafionnér
des coudes aigus , les branches & les rameaux, &
à leur faire occuper le plus d’ étendue poflible dans
H forme du V ouvert.
»J 2V. A faire en forte que chaque branche,
avec fes rameaux, ait la même difpofiticn que
l’arbre entier.
S 30. A ce que toutes les parties intérieures de
l’arbre foient garnies, ainfi que fa bafe & fes
côtés.
» 4°. Enfin g faire en forte que toutes les ramifications
de l’arbre foient également efpacées, à
raifon de leur groffeur , fans- confufion ni enchevêtrement
, & que l’oeil puiffe les fuivre dans
toute leur étendue. _ _ •
a» Pour remplir ce programme , il faut éviter
avec foin de contourner les bourgeons , ou de les
courber trop brufquement pour leur faire occuper
une pofition forcée & contre nature, comme, par
exemple, celle au-deffous de l’angle de 90 degrés}
de croifer les branches les unes au-deffous des
autres, ou de leur donner la forme u’anfe de panier,
excepté dans le cas de gourmands qu on
voudroit réduire , & qui feroient d ftinés à remplacer
les branches qu’ ils croifentï de gifler pafler
f ' entre
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. .. ies treillages ou grillages.& le mur, des
jLr^eons qui, grafllffant, ne pourraient plusetre
^„jlifles fans les couper.
,, Une chofe effendelle, eft de ne pas placer les
ligatures ou les loques fur les feuilles ou fur les
»veux des rameaux. I ,, ...
y » Lepaliflage fini, on enlève toute la dépouille
des arbres, on donne un léger labour à la terre qui
entoure leurs pieds, afin de diminuer l’effet du
oiétinage qui a durci le fo l , & on donne un arro-
fement fi le fol eft fec. L’ébourgeonnement, en
Supprimant beaucoup de branches couvertes de
feuilles, fatigue un peu les arbres & furtout leurs
racines, qui ne reçoivent plus la quantité de fluide
que leur foürnifîoient les feuilles. Il faut donc les
Tafraîchir par des arrofemens.
„ Voilà à peu près ce qui termine les travaux
de la fécondé année de la plantation , y compris
les menues précautions que néceflîtenc la fuppref-
gon des feuilles cloquées, la recherche des chenilles
& autres légères opérations qui appartiennent
à toute efpëce de culture,
« La fécondé taille, qui s’exécute au commencement
de la troifième année depuis la plantation
d:s arbres, commence à devenir plus compliquée }
mais comme la bafe en eft la même que la première,
on fe contente d’indiquer les différences.
>3 Par la première taille ons’eft procuré les deux
branches-mères , defqueiles font provenus autant
de bourgeons qu'elles portoient d’yeux. Il s’a g it,
dans celle-ci, d’étab ir des branches montantes &
détendantes, ou ce qu’on appelle membre. On
les choific parmi les bourgeons des deux mères-
branches.
33 Si l’ arbre a pouffé très-vigoureufement, &
que les yeux réfervés, au nombre de dix , aient
fourni chacun fon bourgeon, il convient de tailler
fur tous les rameaux qu'on a dépaliffadés, & plus
courts que l’année précédente , parce que l’arbre
a acquis de l’ étendue. . - _
>3 Mais telle vigueur qu’ ait un jeune arbre , la
fécondé année de la plantation, tous les bourgeons
ne font pas également forts & vigoureux. Ceux
qui ont crû fur les mêmes branches , dans l’intérieur
du V , fe trouvant dans une pofition plus
favorable à l’écoulement de la fève , font ordinairement
plus gros & mieux nourris que ceux qui
font placés à l'extérieur du jambage du V , & qui
fe rapprochent davantage de la pofition horizontale.
.
»» Enfin, les deux bou-geons qui font venus en
prolongement des deux branches- mère s , méritent
encore un traitement particulier, à raifon de la
place qu’ i’s occupent.
»» Dans cette fuppofition plus favorable, il convient
de tailler les quatre branches de l’ intérieur
du V, qu’ on appelle branches montantes, au-deffus
du cinquième oe il} celles de j’extérieur, ou branches
defeendantes,au troifième. Comme ces deux
bourgeons de l’extrémité des deux branches-mères
DiÜ. des Arbres & Arbudes.
font deftinés à les alonger, 8c qu’ il eft effentiei à
la formation des arbres de leur donner toute 1 ex-
tenfion dont ils font fufceptibles, on peut ne les
tailler qu'au-deffus du troifième , cinquième ou
feptième oe i l , fuivant la force 6c la vigueur de
ces bourgeons.
s» Si une des ailes de l’arbre étoit p>us vigou-
reufe que l’autre, il faudroit bien fe garder de les
tailler également. Il conviendroit au contraire de
charger beaucoup ou d'alonger la taille de 1 aile
vigoureufe , & de raccourcir au contraire celie
de l’autre. Si la vigueur de cette aile menaçoic
l’exiftence de fa voifine , il ne faudroit pas s en
tenir à la différence de 11 taille, pour maintenir
l'équilibre entre les deux ailés de l'arbre; il feroit
néceflaire de recourir à un remède plus a& if, mais
en même temps plus dangereux; c’eft celui de découvrir,
à l’automne fuivant, les racines de l arbre,
de couper quelques-unes de celles qui aboutiffent
au côté trop vigoureux, & au contraire de mettre
fur celle du côté maigre , après ïv o ir coupé juf-
qu’au v if la carie, s ’il y en avoit, une terre neuve
& fubftaotielle.
>3 Si la rupture de l’équilibre de vigueur entre
non - feulement les deux ailes de 1 arbre, mais
même entre les branches des membres d une meme
aile, provenoit de la naiffance d'un gourmand •
ce qui arrive très-fréquemment aux arbres à fruits
à noyau, & particulièrement aux pêchers, cet
événement eft dans le cas de changer tout le fyf-
tème de la taille ; il ne faudroit pas couper ce
gourmand, comme cela fe pratique dans beaucoup
de jardins, parce qu’ il en croicroic d'autres qui
abforberoient la fève & coniuiroient l’ arbre à fa
ruine ; il faut au contraire le conferver & le porter
à donner de bonnes branches à bois & à fruit. Pour
cet effet on doit lui faire de la place, & tailler
deffus l ’un des membres , ou la branche-mère fur
laquelle il fe trouve , afin qu’il la remplace. Si 1a
belle ordonnance de la diftribution des branches
de l’ arbre fait répugner à prendre ce partii, Sc
qu’on puiffe placer ce gourmand en fupp imant
quelques branches qui fe trouvent dans fon voifi-
nage, il convient alors de le tailler très-long,
comme, par exemple, depuis un pied jufquà
quatre, fuivant la force de l’arbre 8c celle du gour-
* mand. Devenu plus modéré lui-même , on le taille
comme les autres branches. Si, enfin, ce gourmand
devoit être abfolument fupprimé, il eft un moyen
de s’eri défaire fans rifquè i c’eft , lorfqu’il eft pair-
venu au maximum de fa croiffance, & lotfque fa
fève commence à defeendre , d’enlever à fa bafe
un anneau d’écorce; fa végétation s’ariêtera , il fe
formera un bourrelet à la partie fupérieure de la
plaie , & à l’ automne on pourra le couper fans
danger. S’il provient d’un arbre que vous vouliez
multiplier, & qu’ il foit garni d’ un bon bourrelet,
vous aurez bientôt, en le mettant en terre, un
nouvel arbre qui aura l’avantage d’être franc de
Pied- r , .