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h nourriture de* cochons & ck s dindon?. Quoique
fréquemment femée dans les .pépinièrs.des .
environs do. Paris, jte n'y connois au»un pied
porte-graine. i
Le chêne quercitron.y appelé chêne noir dans le '
nord de rAmérique ,'eft un des plus grands arbres
de ce pays, atteignant fréquemment 90 pieds de
hauteur. Son écorce cil très- amère, & fa décoétion
donne une couleur jaune qui s'applique avec fo-
lidité fur la laine, la fo ie , le papier, &c. Elle
eft également recherchée pour le tannage des .
cuirs, étant pins aficive qu’aucune autre. Son ^
bois, quoiqu’ iriférieiir à celui du chêne d’Eu- '
rope, ell d’un grand emploi, parce qu’ il a beau- 1
coup de force & ré fille fort longtemps à la pourriture.
Il y en a eu de grandes quantit'és de pieds
dans les pépinières de Verfailles & autres, dont
ilrefte fort peu. Efpérons que ceux qui fe Voient
en ce moment, en nombre> dans le buis de Boulogne,
profpéreront, car cette efpèce peut devenir
d’une grande importance pour nos téiritures. Elle ?
ne craint point les froids des environs de Paris. 1
Le chêne rouge eft une fivperbe efpèce, qui s’é-
lève à 80 pieds, & qui eft très-propre à oiner nos >
parcs & nos avenues; mais Ion bois eft d'une ;
qualité fort médiocre, à raifon de la largeur de ,
les tubes longitudinaux , qui lai dent palier Us !i- ,
quides & favorilènt fa pourriture. Il eft très-i
commun dans les jardins des environs de Paris,
où il ne craint pas les plus fortes gelées, & où il ;
donne du fruir.
La chêne écarlate fe diftihguê difficilement du '
précédent, quand fes feuilles font verre«4 mais •
quand elles font devenues rouges, on le reconnoît
de fort loin à leur teinte plus vive. Soîi bois,
comme celui du précédent, n’ eft nullement eftimé :
dans fon pays natal, mais fon écorce fe recherche
un peu pour le tannage. On en voit de belles plantations
aux environs de Paris, principalement à
Rambouillet, plantations que leur grand éclat en
automne fait defirer de voir multiplier dans les '
parcs & autres lieux d’agrément.
Le chêne ambigu r&(Terrible encore tant aux
deux derniers, que je n’ ai pas fu les diftinguer
dans les pépinières où je lès poffédôis tous les
trois > ’cependant, Michaux a reconnu qu’il en
différoit. San bois n’ eft pas meilleur que le
leur.
Le ' chêne noir' (quercus.ferrugjnea, Mich.) croît
principalement dans les mauvaifes. terres. Il a
l’écorce très-épailfe & ne s’élève pas à plus de
50 pieds. San bois eft de peu d’ufage dans les
arts, parce qu’il eft groflier, très-poreux &
qu’ il pourrit facilement, mais il eft excellent pour
le feu. Je ne crois pas qu’il refte un feul pied
vivant de ceux, au nombre dé plus de mille, qui
ont exiiié dans Jes pépinières de Verfailles.
Le chêne a fouilles de foule ne peut fe co nfondre
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qu’avec le chêne pumüe, mais il s’élève à jo ou
60 pieds , Sc parvient à deux pieds de diamètre.
Ce font Tes terrains humides, la- s être aquatiques,
qu’il préfère; 'nulle part je ne l’ai vu abondant. Son
bois, rougeâtre & très-poreux, eft peu eftimé.
On cultive cette efpèce en France , mars elle y
eft. rare. Le plus beau pied que je connoiffe eft au
Fetit-Trianon, & il eft greffé. Prefque tous ceux
qui fe vendent dans les pépinières, font les variétés
du chêne aquatique.
Le chêne pumite a rarement plus de deux pieds
de haut & plus de trois lignes de diamètre. ]]
trace dans les lieux humides de telle manière qu’un
feu! pied couvre des toifes de terrain , & que j’en
ai pu fouvent arracher , par la feule puillancè de
mon bras, 20 à 30 pieds à la fois. Il ’eft très-difficile
d’envoyer de fes glands en Europe , attendu
que les quadrupèdes, tels que lès écureuils & les
oifeaux, tels que les dindons, les mangent avant
leur maturité complète. On en voit cependant
quelques pieds greffés dans la pépinière de Noisette.
Le chêne maritime ne m’eft pas connu. Peut-
être n’eft-d qu’ une variété du fui vaut.
Le chêne cendré a eixifté pendant une douzaine
d’années dans les pépinières dè Verfailles. Je crois
•qu’ il exifte encore au Jardin des Plantés. C ’eft une
jolie efpèce qui ne s’élève qu’à 3.0 ou 40 pieds, Sc
«qui croît dans les terrains, fecs. Michaux a reconnu
que fon écorce dormc.it une couleur jaune. On
n’emploie: Ton bois qu’à b i filer dans fon pays
1 natal ^ où je l’ai obfervé.
Le chêne kétérophylle. Michaux n’en a vu qu’un
Seul lieu fur les bords de la rivière Schuylkill, il
il en a figuré un rameau I pl. 16 de fon ouvrage fur
les arbres de l’Amérique féptèntrionale.
Les chênes a feuilles de myrte, apetitesfeuilles, a
feuilles linéaires , ne fe voient pas encore dans nos
jardins, & nous ne favons rien des qualités de
leur bois.
Les chênes h feuilles de laurier &T a lattes existent
dans quelques jardins de France, que fon
beau feuillage concourt à orner. Michaux fils les
regarde comme une variété l’ une de l’autre. Il
croît dans les lieux humides, & s’élève à 3000
40 pieds. Son bois eft très-poreux & ne s’émplois
qu’au chauffage. On n’en fait (fes lattes que lorf-
qu’on ne peut s’en difpénfer.
Les chêneselliptique, à feuilles de magnoife'r,jau'ne,
i a feuilles variables , a feuilles de houx , macro né,
tomenteux, frangé, luifant, ridé , a grandis feuilles,
ne fe voient pas dans nos jardins, & ne me font
pas connus fous le rapport de la qualité de le. r
bois, ;
Le chêne aquatique fournit le bois le plus cùm-
paéle & le plus dur de l’Amérique feptentrionale.
Ce n'eft qu’avec une hache très-acérée que je
pouvois, pendant mon féjo.ur en Amérique , couper
ce bois lorfqu’il étoit fec , mais il fe pourrit
agilement ; aufîi ce n’eft qu’à brûler qu’on l’emp'eie
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généralement. On le trouve principalement fur les 1
bords des rivières 8c des marais. Ses feuilles va- \
rient fans fin dans fa jeuneffe, font même quelque- ji
fois linéaires, ce qui lui donne l’a'fp'ett du chêne
feule. ‘J'en ai eu des milliers de y>ieds fous ma
furveillance dans les pépinières de Verfailles,
nuis il n’a été poflible d’en conferver aucun,
lès gelées de l’hiyer les ayant frappés de mort.
Je le regrette moins pour la qualité de fon bois
que pour là beauté de fon port & de fon feuil-
Hge, qui ne tombe qu’au printemps, il ne s’élève
qu’à environ 40 pieds.
Le chêne trilobé n’eft pas très-commun en Caroline.
Il s'élève à 6ù pieds daris les plus mauvais
titrains. Son bois 'eft paffablement bon. J-en ai
cultivé quelques pieds dans les pépinières de
Verfailles qui ne fë font point prêtés à la trarif-
plantation. Michaux fils le regarde comme une variété
du fuiva’nt.
Le chêne fakate s’élève à,-plus de 80 pieds.
C ’eft un fuperbe larbrë d’ornement, mais fon
bois eft trop poreux 8c ne -s’emploie qu’ à défaut
d’autres , à toute autre chofe que pour brûler.
S >n écorce, au contraire , eft la plus eftiméë
pour le tinhagë di-s cuirs. Le petit nombre de
pieds qui ayoient réùfli dans les pépinières de
Verfailles, ont éprouvé le fort du chêne trilobé,
dont ils Bifféroient beaucoup en apparence.
Le chêne de Catesby eft un arbre irès-'élégant,
mus de peu d’élévation, qui croît dans les mauvais
terrains, 8c dont le bois eft très-sftiïné pour
le chauffage. On en voit une belle plantation à
Rambouillet, au-deffiis du marais, 8c quelques
pieds dans les jardins de Verfaillës.
Le chêne des marais fe rapproche beaucoup du
précédent par fon feuillage & la mauvaife nature
de fon bois, lardé de noeuds fans nombre, d’où
fon nom de chêne à chevilles; mais il en diffère
beaucoup pour fa grandeur d’environ 80 pieds.
Comme je n’ai pas fu le diftinguer des autres,
je ne puis en rien dire de particulier.
Les chênes a feuilles arquées 8c h feuilles blanchâtres
ne me font connus que parlés deferiptions
de Née'.
Le chêne de Banifthre n’eft prefque qu’un arbrif-
feau, mais il eft très-élégant. On le voit couvrir
feul des efpaces confidérables dans les terrains
..lés plus infertiles, offrant fes nombreux glands aux
cerfs, aux cochons, aux dindons, 8cc. Son bois-
n’eft propre qu’à brûler. Les Michaux père & fils
en opt envoyé ivnmenfément de graines qui ont
bien le v é , mais dont lés produits font reflés
rares; je ne fais pourquoi. C ’eft un des arbres
les plus convenables pour former des remifes à
gibier. Les plus fortes gelées du climat de Paris
rie pr'odüifent aucun effet fur lui.
Le chêne lobé me n’eft pas connu.
Le chêne a lobes obtus a été a fie 7 abondant dans
les pépinières confiées à ma furveillance, mais je
û’en connois aucun gros pied dans les jardins des
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environs de Paris. J’en ai beaucoup vu dans les
Carolines, ou fon bois, dont le grain eft très-ferré,
eft fort eftiméprincipalement 'pour faire des poteaux
, parce qu’il eft long à pourrir. -Sa hauteur
eft d'environ fo pieds.
Le chêne a feuilles en lyre fe rapproche beaucoup
du précédent par fës feuilles & par les qualités
de fon bois. C ’eft d»ns les grands marais
qu’il croît principalement. Je crois l'avoir cultivé
dans les pépinières de Verfaillës, où il eft mort
à fa première ttart(plantation.
Le chêne a gros fruits eft encore fort voifin de
ce dernier par fes feuilles; mais il en diffère beaucoup
par fës fruits, qui ont ordinairement plus
d’un pouce de diamètre. C ’eft un fort bel arbre.
On en pofTède quelques pieds en France, qui,
dit on, profpèrent fort bien. Je ne l'ai jamais vu
fur pied.
Les chênes de xalapa, obtufate3 en violon, a
feuilles glauques , finuê , lau>in} à feuilles lancéolées,
du Mexique , à gros pédoncules, de fer3 réticulé, à
feuilles a'or3 élégant) a épi 3 a ftipule'3 douteux,
tri denté 3 ne fe voient pas dans nos cultures, ma:s
plufieurs d’entr’eux font très-remarquables.
Le chêne foyeux paroît différer du chêne a feuilles
drapées y mais comme je n’ ai pas pu les comparer,
je n’ai rien à en dire.
Quoique la divifion. des chênes verts foit généralement
a.imife, elle eft peu régulière ; car d’un
côté, des efpèces des antres divirions ne perdent
quelquefois, leurs feuilles qu’après l’hiver, &
même les gardent deux ans; de l'autre, des efpèces
de c e lle -c i les perdent quelquefois au
printemps, par diverfes caufes qui me font peu
c'onnüés.
Lé chêne-toujours vert eft un des plus beaux arbres
d’ornement que j’aie vu, lorfqu’ il eft ifolé
& d’un grand â g e .-C ’eft aufli un des ceux dont
le bois eft le plus eftimé pour la marine, à raifon
de fon incorruptibilité'. 11 étoit autrefois très-
multiplié dans la Virginie, dans les Carolines ,
dans les Florides , &rc. ; mais il y eft devenu rare
par le grand emploi qu’on en a fait depuis que ces
pays fönt habités par les /Européens, parce qu’ il
croît avec une extrême lenteur, & que le grand
efpace de terrain-qu’exige chaque pied, force de le
proferire des lieux cultivés. En effet, au lieu de s'élancer
fur un feule tig e , il développe, à 12 ou 1 y
pieds de terre, de 3 à 6 greffes branches qui fe recourbent
à leur extrémité jufqu’à terre, & forment,
par leur enfemble, un demi-globe, fouvent
dé plus de cent pieds dè diamètre. Ses glands,
fou vert abondans à l ’excès, font doux 8c fort
recherchés par tous les animaux fauvages frugivores.
Cette fi importante efpèce viendroit fans doute
fort bien dans les parties fèches des landes da
Bordeaux, que j’ai reconnues analogues aux lieux
où il croît dans l’ Amérique feptentrionale; & ,
quelle que foit la longueur du temps qu’ il demande,